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FrenchLingQ, #5 La Cuisine

#5 La Cuisine

S: Bonjour, Henry.

H: Bonjour, Steve.

S: Comment ça va, aujourd'hui? H: Comme d'habitude. S: Mal!

H : Oui.

S: Voilà.

H : (rire) S : Okay. Aujourd'hui, je veux te poser une question. Tu es en… tu es ici au Canada, donc… H : Oui. S : En voyage.

H: Voilà.

S : Moi et ma femme, on a passé cinq semaines en France au mois de septembre.

H: Hmmm.

S: Oui.

Et c'était très bien. Quand tu voyages, quand tu te déplaces, parce que là, t'es pas tellement en voyage, H: Oui… S: Tu es ici en stage, qu'est-ce qu'il te manque? Qu'est qu'il y a qui te manque de ton pays, de la France? H: Ah…la première chose qui m'a manqué, ça c'est vrai que c'est… ça m'a manqué dès les premiers jours et ça continue encore à manquer, c'est la nourriture, la cuisine française. Il y a…en… tant qu'on est… en tant que français, tant qu'on n'est pas sorti de France, je pense que… on ne peut pas trop se rendre compte que… que c'est vraiment quelque chose qui nous tient, qui nous tient beaucoup à coeur. Je… c'est, c'est vrai qu'en arrivant au Canada, j'ai été émerveillé de tous ce que j'ai vu, sauf la cuisine. J'ai pas été spécialement emballé quand je suis arrivé. Alors, à Vancouver… S: C'est parce que tu manges tous les jours à McDonald, c'est pour ça? H: Non. Non, non, non, non. J'essaie justement d'éviter tous ce qui est « fast food », pizzeria, même si c'est vrai qu'à Vancouver, on est quand même assez chanceux puisqu'il y a la communauté asiatique qui est assez développée, et moi, j'aime bien tout ce qui est à base de poisson. Le fait qu'il y ai autant de sushi bars, c'est vraiment un peu une bénédiction pour moi parce que j'en avais pas, j'avais pas eu l'occasion d'en manger beaucoup en France, c'est assez, c'est beaucoup plus rare et ici il y en a vraiment énormément. S: Bon, bon. Alors, la cuisine. Qu'est-ce que, par exemple, qu'est-ce que des fois, tu voudrais manger? Qu'est-ce que tu voudrais manger que tu ne trouves pas ici? H: Ah, alors, la première chose, c'est une bonne baguette de pain. La… le pain ici, c'est beaucoup… est beaucoup plus, je ne sais pas, il y a quelque chose, je ne vais pas dire insipide, parce que ce ne serait pas très gentil mais c'est vrai que la baguette de pain française, elle a quelque chose, elle a quelque chose. Elle est beaucoup plus… elle a un goût qui est différent, le fait qu'elle soit… puis oui, c'est plus… ce qui manque, je dirais, c'est la fraîcheur, ici. Le pain, le pain n'est pas frais. En France, il est tout à fait courant de sortir de chez soi le matin pour le petit déjeuner, d'aller acheter sa baguette, et on prend sa baguette pour le petit déjeuner pour se faire des tartines et puis, le soir, quand on rentre, on finit la baguette qui est, qui permet oui, de faire, de passer un bon repas. C'est vrai que c'est quelque chose qui est vraiment, vraiment traditionnel. En France, il y a des boulangeries partout, il y en a vraiment énormément. Ici, quand je suis arrivé, c'est vrai que j'ai pas l'impression qu'il y en ai beaucoup. Les boulangeries, c'est quelque chose d'un peu… j'ai l'impression d'un peu luxueux, d'un petit peu atypique. S: C'est-à-dire, nous…D'abord, il y a le pain blanc, H: Hmmm… S: « enrichit » H: Oui. S: Qu'on vend et qui, qu'on utilise pour les toasts etcetera, et c'est du très mauvais pain. H: Hmmm.

S: Et nous, nous ne mangeons pas ça.

H: Hmmm.

S: Chez nous, on va au supermarché, il y a du pain qui vient d'être… H : Ah oui. S: enfin… fait. Nous, on mange surtout du pain de seigle, H : Hmmm. S : enfin, ce genre de pain, pas tellement le pain, le pain blanc. Mais il est exact que ce, c'est pas la même fraîcheur qu'en France où vous avez… H : Oui. S: …des boulangers à tous les coins de rues, H: C'est ça. Quand on va, quand on va chercher le pain, il vient d'être sorti du four, et c'est vrai que c'est quelque chose qui est assez, qui est vraiment… Je sais pas si c'est unique à la France. J'ai l'impression qu'il y a aussi à peu près, il y a un peu la même chose en Espagne, en Italie, quand j'y avais été. S: La caricature du français, c'est le gars à midi avec sa baguette… H: Oui. S: sous le bras, là…qui rentre… H: Oui, oui. S: avec son journal et qui rentre chez lui.

H: Oui.

S: avec le béret basque et… H: Alors, ça…le béret basque, j'en ai pas trop trop vu, mais c'est vrai que, un français, oui, il a toujours, il doit toujours avoir sa, a toujours sa ration de pain, de pain frais chaque jour. Quand je travaille, quand je travaillais, à midi on allait se prendre un sandwich.

S: Oui.

H: C'était, entre guillemets, le « déjeuner typique », quand on n'avait pas trop le temps manger. S: Oui.

H: Ici, il y a pas trop de magasins qui vendent des sandwichs, comme ça, tout fait, avec du pain qui vient d'être fait. S: Effectivement. À part le pain?

H: À part le pain? Ah, il y a aussi le fromage. Le fromage, c'est… ici, je pense… dans une grande partie du monde, il est assez peu varié. En Europe, je ne vais pas dire en France, parce qu'en Italie, ils ont un très bon fromage. S: Et en Espagne.

H: En Espagne aussi, ils ont du très bon fromage, et même il y a des régions, je crois, en Allemagne et en Suisse, où ils font du très très bon fromage aussi.

S: Oui.

H: C'est vrai que c'est quelque chose qui est, je pense, plus spécifique à l'Europe, mais ça manque un petit peu. Mais le fromage, on peut en trouver ici même, dans…dans des marchés, dans des, même dans des supermarchés qui ont parfois un petit rayon où on peut trouver du bon fromage. Alors que le pain, c'est beaucoup plus ardu parce que le fromage, ça peut se garder plusieurs semaines… S: Oui. H: Ah ! Aussi, quelque chose d'amusant que des amis français m'ont dit, c'est que pas très loin d'ici il y a un magasin qui vend que du fromage, S: Oui. H: Et ce qu'ils me disaient c'est, ce qui est très intéressant, c'est quand il commence à être un petit peu passé, ils les mettent à moitié prix. Ils disaient pour un français c'est très intéressant parce que, ici c'est, le fromage, apparemment oui, quand il est un peu passé, pour un français, c'est là qu'il commence à être bon. Alors que, pour la plupart des gens, c'est hou! Il commence à être moisi, il sent pas très très bon, et apparemment, c'est quelque chose qui avait, qui l'avait enfin, qui nous avait beaucoup amusé. S: Bon. Donc, il y a pain, fromage, ensuite?

H: Par contre, quelque chose qui contrairement à ce qu'on aurait pu penser parce que les vins français ont une certaine réputation dans le monde, et je trouve que les vins d'ici sont très bons. Il y a pas du tout de problèmes, évidemment, on ne retrouve pas les mêmes saveurs qu'en France, mais… S: Oui. H: Il y a quand-même du bon vin et une… je pense, c'est mon opinion personnelle, mais qu'il y a… les français sont un petit peu arrogant quand il s'agit de leur vin! C'est le vin français, c'est forcément le meilleur, alors que, il y des très bons vins Californiens, des très bons vins de, qui viennent d'un peu partout. S : Oui.

H: Il ne faut pas non plus s'imaginer qu'on est « les tops ». Je pense que les, certainement, beaucoup de très très bons vins viennent de France, mais le vin, je pense que c'est quelque chose qui est beaucoup plus universel qu'on ne le croit. Et ça, c'est quelque chose qui, finalement, me manque assez peu. On peut toujours trouver des bons vins locaux, je pense en Amérique du Nord, assez facilement.

S: Oui, oui. Effectivement. Bon, donc, c'est le vin. Ensuite?

H: Ensuite? Ah…il y a, il y a tout un tas de choses. Il y a… quand je… j'ai pas tellement fait la cuisine depuis que je suis arrivé, mais il y a pleins de petites choses qui manquent dans… quand on a… Quand on est, quand on est français, on est quand-même beaucoup d'ingrédients assez spécifiques dans les supermarchés qui sont difficiles à trouver ici. Par exemple, ici, il y a que de l'huile d'olive. Quand on veut trouver de la bonne huile, il y a que de l'huile d'olive, et pour trouver de l'huile de noix ou ce genre de choses… S: Oui. H: … qui permet de faire la cuisine, de changer un petit peu, c'est un petit peu, un petit peu plus difficile. Mais, ce… ça… S: Il y a quand-même l'huile de sésame, l'huile de tournesol, etcetera mais il y a pas ces huiles… H: ces huiles un peu particulières S : exotiques… H : un peu particulières, mais c'est quelque chose par contre qui a tendance un petit peu à disparaître. En France, c'est de plus en plus dur de trouver de bons ingrédients, c'est, on va pas, c'est pas pour faire le français ronchon … S: Oui. H: Mais oui, on est en, on est un petit…au niveau de la nourriture, j'ai l'impression qu'il y a un petit, peut-être un petit retour en arrière, et qu'il y a des… on est moins sur la qualité qu'avant. S: Je vais te donner mes impressions… H: Hmmm. S: … de la France parce que là, avec ma femme, on a passé… nos impressions sur les points que tu as mentionnés. Le pain, le pain français est bien meilleur en France qu'ici. H: Humm.

S: Bien qu'il y a quand-même, on peut avoir du mauvais pain en France. H: Oui.

Oui.

S: On peut avoir de mauvais croissants, on peut avoir du mauvais pain, même dans les bistros, etcetera.

H: Hmmm.

S: Et si on va chez le boulanger, généralement, on a du très bon pain.

H: Oui.

S: Le vin, effectivement, je crois que là…mais il y a quand-même pas mal de variété en France aussi.

H: Oui.

S: Mais je ne trouve pas nécessairement qu'un vin de Bordeaux, de Bourgogne, etcetera est mieux que même, par exemple, j'ai beaucoup apprécié en France les vins du Madiran H: Hmmm. S: …enfin, des vins locaux, etcetera, qui étaient excellents, mais le vin, même le vin du Canada, de l'Okanagan, en rouge et en blanc, je le trouve très bien… H: Oui, oui. S: maintenant j'aime beaucoup les vins de l'Argentine, par exemple, H: Hmmm. S: Qui sont excellents, très bonnes valeurs… H: Oui, oui. S: … et bon espagnols, enfin, portugais, il y en a partout. Ce que nous a impressionné en France, c'est les supermarchés. H: Hmmm.

S: C'est la variété non seulement de fromages, de vins aussi, mais de tous les produits de conserves, de soupes aux poissons, confits de canard… H: Hmmm. S: Mais alors la variété, là, est juste… et les poissons… H: Hmmm. S: Les poissons qu'on voit non seulement chez le marchand de poisson, dans la rue mais même dans les supermarchés, il y a pas cette variété de poissons ici. H: Oui.

S: Et poisson qui est frais et délicieux.

H: Hmmm.

S : Même la qualité des légumes est meilleure en Europe.

H : Oui.

S : Pas uniquement en France, mais on trouve que les tomates, ils ont un meilleur goût là… H : Oui. S : …que chez nous.

H : Oui.

S : Ici, ils sont peut-être plus rouges… H : Oui, un peu plus brillantes, mais… S : Voilà. Ensuite, on a été déçu par les restaurants chers, en France.

H : Oui.

Ça c'est… S : Et ça, parce que j'ai, on était avec un groupe, qui nous ont amené à un restaurant je ne sais pas combien d'étoiles, enfin… H : Hmmm. S : Où les serviteurs avaient de l'attitude, comme on dit en anglais… H : (rire) S : … de la nourriture très recherchée, mais finalement, c'était pas mieux qu'autre chose. H : Hmmm.

S : Ce qui nous a impressionné, surtout… même à Paris, mais aussi là où on était, dans le sud-ouest, c'est qu'avec soit quinze euros par personne, ou vingt-cinq, ou même quarante, si on veut vraiment être extravagant… H : Hmmm. S: …mais on mange très très très bien… H : Oui, oui. S : Au Canada, si on veut beaucoup dépenser, on peut aussi bien manger.

H : Oui.

S : Alors, le chef, peut-être qu'il vient de France, et je sais pas où. H : Hmmm.

S : Il a fait ses études. Il est allé chercher des ingrédients, et puis c'est très bon. H : Hmmm.

S : Mais, c'est cher. H : Oui, oui.

S : Mais on peut pas, pour dix-huit euros ou l'équivalent… H : Hmmm. S : manger aussi bien ici qu'on le fait en France. H : Oui, oui, oui.

S : Donc, ça indique pour moi qu'il y a une profondeur de la tradition et il y a une demande de la part de tout le monde, des gens, des consommateurs… H : Hmmm. S : qui demandent un niveau, une variété, un niveau de qualité qui est plus élevé que chez nous.

H : Hmmm.

S : Et c'est le marché qui dicte finalement. H : Oui, oui.

Les français sont impitoyables là-dessus quand ils ont pas aimé un restaurant, ils reviendront jamais dans ce restaurant, même si jamais c'est le seul qui est ouvert le soir. S : Oui.

Et je crois que souvent les restaurants chers, c'est plutôt les hommes d'affaires, là qui y vont pour impressionner leurs clients et c'est pas évident que c'est, c'est un, vraiment, que ça va, que ça vaille la peine. H : Oui, oui.

J'ai, c'est vrai que j'ai pu manger dans quelques restaurants très… très chers, quand-même, d'un certain prix à Paris, et j'ai été très impressionné par un, mais sinon, ça restait un petit peu, oui, bon, la différence ne justifiait pas. Par contre oui, on peut trouver des restaurants absolument succulents dans Paris mais il faut, c'est toujours, il faut les connaître. S : Ah, oui.

H : Il faut savoir. Il y a des…il y avait un restaurant, par exemple, pas très loin d'où j'habitais Rue du château… S : Oui. H : qui a été fait par un ancien chef qui travaillait dans un très grand restaurant ; il a ouvert son petit restaurant et c'est vraiment très bon. S : Oui.

H : On peut y manger comme dans un très très grand restaurant pour quelque dizaines d'euros et c'est vraiment, c'est vraiment très bon, il y a une très très… la cuisine est splendide, le service est impeccable. S : Bon. Bien, sur ce point, on va terminer.

H : Oui.

S : Dans l'espoir que dans une prochaine conversation tu vas nous donner les noms de ces bons restaurants à Paris. H : Ah, mais peut-être, peut-être! Restez à l'écoute! S: Voilà, okay. Merci, au revoir.

H: Au revoir.

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#5 La Cuisine #5 The Kitchen

S: Bonjour, Henry.

H: Bonjour, Steve.

S: Comment ça va, aujourd'hui? H: Comme d'habitude. S: Mal!

H : Oui.

S: Voilà.

H : (rire) S : Okay. Aujourd'hui, je veux te poser une question. Tu es en… tu es ici au Canada, donc… H : Oui. S : En voyage.

H: Voilà.

S : Moi et ma femme, on a passé cinq semaines en France au mois de septembre.

H: Hmmm.

S: Oui.

Et c'était très bien. Quand tu voyages, quand tu te déplaces, parce que là, t'es pas tellement en voyage, H: Oui… S: Tu es ici en stage, qu'est-ce qu'il te manque? Qu'est qu'il y a qui te manque de ton pays, de la France? H: Ah…la première chose qui m'a manqué, ça c'est vrai que c'est… ça m'a manqué dès les premiers jours et ça continue encore à manquer, c'est la nourriture, la cuisine française. Il y a…en… tant qu'on est… en tant que français, tant qu'on n'est pas sorti de France, je pense que… on ne peut pas trop se rendre compte que… que c'est vraiment quelque chose qui nous tient, qui nous tient beaucoup à coeur. Je… c'est, c'est vrai qu'en arrivant au Canada, j'ai été émerveillé de tous ce que j'ai vu, sauf la cuisine. J'ai pas été spécialement emballé quand je suis arrivé. Alors, à Vancouver… S: C'est parce que tu manges tous les jours à McDonald, c'est pour ça? H: Non. Non, non, non, non. J'essaie justement d'éviter tous ce qui est « fast food », pizzeria, même si c'est vrai qu'à Vancouver, on est quand même assez chanceux puisqu'il y a la communauté asiatique qui est assez développée, et moi, j'aime bien tout ce qui est à base de poisson. Le fait qu'il y ai autant de sushi bars, c'est vraiment un peu une bénédiction pour moi parce que j'en avais pas, j'avais pas eu l'occasion d'en manger beaucoup en France, c'est assez, c'est beaucoup plus rare et ici il y en a vraiment énormément. S: Bon, bon. Alors, la cuisine. Qu'est-ce que, par exemple, qu'est-ce que des fois, tu voudrais manger? Qu'est-ce que tu voudrais manger que tu ne trouves pas ici? H: Ah, alors, la première chose, c'est une bonne baguette de pain. La… le pain ici, c'est beaucoup… est beaucoup plus, je ne sais pas, il y a quelque chose, je ne vais pas dire insipide, parce que ce ne serait pas très gentil mais c'est vrai que la baguette de pain française, elle a quelque chose, elle a quelque chose. Elle est beaucoup plus… elle a un goût qui est différent, le fait qu'elle soit… puis oui, c'est plus… ce qui manque, je dirais, c'est la fraîcheur, ici. Le pain, le pain n'est pas frais. En France, il est tout à fait courant de sortir de chez soi le matin pour le petit déjeuner, d'aller acheter sa baguette, et on prend sa baguette pour le petit déjeuner pour se faire des tartines et puis, le soir, quand on rentre, on finit la baguette qui est, qui permet oui, de faire, de passer un bon repas. C'est vrai que c'est quelque chose qui est vraiment, vraiment traditionnel. En France, il y a des boulangeries partout, il y en a vraiment énormément. Ici, quand je suis arrivé, c'est vrai que j'ai pas l'impression qu'il y en ai beaucoup. Les boulangeries, c'est quelque chose d'un peu… j'ai l'impression d'un peu luxueux, d'un petit peu atypique. S: C'est-à-dire, nous…D'abord, il y a le pain blanc, H: Hmmm… S: « enrichit » H: Oui. S: Qu'on vend et qui, qu'on utilise pour les toasts etcetera, et c'est du très mauvais pain. H: Hmmm.

S: Et nous, nous ne mangeons pas ça.

H: Hmmm.

S: Chez nous, on va au supermarché, il y a du pain qui vient d'être… H : Ah oui. S: enfin… fait. Nous, on mange surtout du pain de seigle, H : Hmmm. S : enfin, ce genre de pain, pas tellement le pain, le pain blanc. Mais il est exact que ce, c'est pas la même fraîcheur qu'en France où vous avez… H : Oui. S: …des boulangers à tous les coins de rues, H: C'est ça. Quand on va, quand on va chercher le pain, il vient d'être sorti du four, et c'est vrai que c'est quelque chose qui est assez, qui est vraiment… Je sais pas si c'est unique à la France. J'ai l'impression qu'il y a aussi à peu près, il y a un peu la même chose en Espagne, en Italie, quand j'y avais été. S: La caricature du français, c'est le gars à midi avec sa baguette… H: Oui. S: sous le bras, là…qui rentre… H: Oui, oui. S: avec son journal et qui rentre chez lui.

H: Oui.

S: avec le béret basque et… H: Alors, ça…le béret basque, j'en ai pas trop trop vu, mais c'est vrai que, un français, oui, il a toujours, il doit toujours avoir sa, a toujours sa ration de pain, de pain frais chaque jour. Quand je travaille, quand je travaillais, à midi on allait se prendre un sandwich.

S: Oui.

H: C'était, entre guillemets, le « déjeuner typique », quand on n'avait pas trop le temps manger. S: Oui.

H: Ici, il y a pas trop de magasins qui vendent des sandwichs, comme ça, tout fait, avec du pain qui vient d'être fait. S: Effectivement. À part le pain?

H: À part le pain? Ah, il y a aussi le fromage. Le fromage, c'est… ici, je pense… dans une grande partie du monde, il est assez peu varié. En Europe, je ne vais pas dire en France, parce qu'en Italie, ils ont un très bon fromage. S: Et en Espagne.

H: En Espagne aussi, ils ont du très bon fromage, et même il y a des régions, je crois, en Allemagne et en Suisse, où ils font du très très bon fromage aussi.

S: Oui.

H: C'est vrai que c'est quelque chose qui est, je pense, plus spécifique à l'Europe, mais ça manque un petit peu. Mais le fromage, on peut en trouver ici même, dans…dans des marchés, dans des, même dans des supermarchés qui ont parfois un petit rayon où on peut trouver du bon fromage. Alors que le pain, c'est beaucoup plus ardu parce que le fromage, ça peut se garder plusieurs semaines… S: Oui. H: Ah ! Aussi, quelque chose d'amusant que des amis français m'ont dit, c'est que pas très loin d'ici il y a un magasin qui vend que du fromage, S: Oui. H: Et ce qu'ils me disaient c'est, ce qui est très intéressant, c'est quand il commence à être un petit peu passé, ils les mettent à moitié prix. Ils disaient pour un français c'est très intéressant parce que, ici c'est, le fromage, apparemment oui, quand il est un peu passé, pour un français, c'est là qu'il commence à être bon. Alors que, pour la plupart des gens, c'est hou! Il commence à être moisi, il sent pas très très bon, et apparemment, c'est quelque chose qui avait, qui l'avait enfin, qui nous avait beaucoup amusé. S: Bon. Donc, il y a pain, fromage, ensuite?

H: Par contre, quelque chose qui contrairement à ce qu'on aurait pu penser parce que les vins français ont une certaine réputation dans le monde, et je trouve que les vins d'ici sont très bons. Il y a pas du tout de problèmes, évidemment, on ne retrouve pas les mêmes saveurs qu'en France, mais… S: Oui. H: Il y a quand-même du bon vin et une… je pense, c'est mon opinion personnelle, mais qu'il y a… les français sont un petit peu arrogant quand il s'agit de leur vin! C'est le vin français, c'est forcément le meilleur, alors que, il y des très bons vins Californiens, des très bons vins de, qui viennent d'un peu partout. S : Oui.

H: Il ne faut pas non plus s'imaginer qu'on est « les tops ». Je pense que les, certainement, beaucoup de très très bons vins viennent de France, mais le vin, je pense que c'est quelque chose qui est beaucoup plus universel qu'on ne le croit. Et ça, c'est quelque chose qui, finalement, me manque assez peu. On peut toujours trouver des bons vins locaux, je pense en Amérique du Nord, assez facilement.

S: Oui, oui. Effectivement. Bon, donc, c'est le vin. Ensuite?

H: Ensuite? Ah…il y a, il y a tout un tas de choses. Il y a… quand je… j'ai pas tellement fait la cuisine depuis que je suis arrivé, mais il y a pleins de petites choses qui manquent dans… quand on a… Quand on est, quand on est français, on est quand-même beaucoup d'ingrédients assez spécifiques dans les supermarchés qui sont difficiles à trouver ici. Par exemple, ici, il y a que de l'huile d'olive. Quand on veut trouver de la bonne huile, il y a que de l'huile d'olive, et pour trouver de l'huile de noix ou ce genre de choses… S: Oui. H: … qui permet de faire la cuisine, de changer un petit peu, c'est un petit peu, un petit peu plus difficile. Mais, ce… ça… S: Il y a quand-même l'huile de sésame, l'huile de tournesol, etcetera mais il y a pas ces huiles… H: ces huiles un peu particulières S : exotiques… H : un peu particulières, mais c'est quelque chose par contre qui a tendance un petit peu à disparaître. En France, c'est de plus en plus dur de trouver de bons ingrédients, c'est, on va pas, c'est pas pour faire le français ronchon … S: Oui. H: Mais oui, on est en, on est un petit…au niveau de la nourriture, j'ai l'impression qu'il y a un petit, peut-être un petit retour en arrière, et qu'il y a des… on est moins sur la qualité qu'avant. S: Je vais te donner mes impressions… H: Hmmm. S: … de la France parce que là, avec ma femme, on a passé… nos impressions sur les points que tu as mentionnés. Le pain, le pain français est bien meilleur en France qu'ici. H: Humm.

S: Bien qu'il y a quand-même, on peut avoir du mauvais pain en France. H: Oui.

Oui.

S: On peut avoir de mauvais croissants, on peut avoir du mauvais pain, même dans les bistros, etcetera.

H: Hmmm.

S: Et si on va chez le boulanger, généralement, on a du très bon pain.

H: Oui.

S: Le vin, effectivement, je crois que là…mais il y a quand-même pas mal de variété en France aussi.

H: Oui.

S: Mais je ne trouve pas nécessairement qu'un vin de Bordeaux, de Bourgogne, etcetera est mieux que même, par exemple, j'ai beaucoup apprécié en France les vins du Madiran H: Hmmm. S: …enfin, des vins locaux, etcetera, qui étaient excellents, mais le vin, même le vin du Canada, de l'Okanagan, en rouge et en blanc, je le trouve très bien… H: Oui, oui. S: maintenant j'aime beaucoup les vins de l'Argentine, par exemple, H: Hmmm. S: Qui sont excellents, très bonnes valeurs… H: Oui, oui. S: … et bon espagnols, enfin, portugais, il y en a partout. Ce que nous a impressionné en France, c'est les supermarchés. H: Hmmm.

S: C'est la variété non seulement de fromages, de vins aussi, mais de tous les produits de conserves, de soupes aux poissons, confits de canard… H: Hmmm. S: Mais alors la variété, là, est juste… et les poissons… H: Hmmm. S: Les poissons qu'on voit non seulement chez le marchand de poisson, dans la rue mais même dans les supermarchés, il y a pas cette variété de poissons ici. H: Oui.

S: Et poisson qui est frais et délicieux.

H: Hmmm.

S : Même la qualité des légumes est meilleure en Europe.

H : Oui.

S : Pas uniquement en France, mais on trouve que les tomates, ils ont un meilleur goût là… H : Oui. S : …que chez nous.

H : Oui.

S : Ici, ils sont peut-être plus rouges… H : Oui, un peu plus brillantes, mais… S : Voilà. Ensuite, on a été déçu par les restaurants chers, en France.

H : Oui.

Ça c'est… S : Et ça, parce que j'ai, on était avec un groupe, qui nous ont amené à un restaurant je ne sais pas combien d'étoiles, enfin… H : Hmmm. S : Où les serviteurs avaient de l'attitude, comme on dit en anglais… H : (rire) S : … de la nourriture très recherchée, mais finalement, c'était pas mieux qu'autre chose. H : Hmmm.

S : Ce qui nous a impressionné, surtout… même à Paris, mais aussi là où on était, dans le sud-ouest, c'est qu'avec soit quinze euros par personne, ou vingt-cinq, ou même quarante, si on veut vraiment être extravagant… H : Hmmm. S: …mais on mange très très très bien… H : Oui, oui. S : Au Canada, si on veut beaucoup dépenser, on peut aussi bien manger.

H : Oui.

S : Alors, le chef, peut-être qu'il vient de France, et je sais pas où. H : Hmmm.

S : Il a fait ses études. Il est allé chercher des ingrédients, et puis c'est très bon. H : Hmmm.

S : Mais, c'est cher. H : Oui, oui.

S : Mais on peut pas, pour dix-huit euros ou l'équivalent… H : Hmmm. S : manger aussi bien ici qu'on le fait en France. H : Oui, oui, oui.

S : Donc, ça indique pour moi qu'il y a une profondeur de la tradition et il y a une demande de la part de tout le monde, des gens, des consommateurs… H : Hmmm. S : qui demandent un niveau, une variété, un niveau de qualité qui est plus élevé que chez nous.

H : Hmmm.

S : Et c'est le marché qui dicte finalement. H : Oui, oui.

Les français sont impitoyables là-dessus quand ils ont pas aimé un restaurant, ils reviendront jamais dans ce restaurant, même si jamais c'est le seul qui est ouvert le soir. S : Oui.

Et je crois que souvent les restaurants chers, c'est plutôt les hommes d'affaires, là qui y vont pour impressionner leurs clients et c'est pas évident que c'est, c'est un, vraiment, que ça va, que ça vaille la peine. H : Oui, oui.

J'ai, c'est vrai que j'ai pu manger dans quelques restaurants très… très chers, quand-même, d'un certain prix à Paris, et j'ai été très impressionné par un, mais sinon, ça restait un petit peu, oui, bon, la différence ne justifiait pas. Par contre oui, on peut trouver des restaurants absolument succulents dans Paris mais il faut, c'est toujours, il faut les connaître. S : Ah, oui.

H : Il faut savoir. Il y a des…il y avait un restaurant, par exemple, pas très loin d'où j'habitais Rue du château… S : Oui. H : qui a été fait par un ancien chef qui travaillait dans un très grand restaurant ; il a ouvert son petit restaurant et c'est vraiment très bon. S : Oui.

H : On peut y manger comme dans un très très grand restaurant pour quelque dizaines d'euros et c'est vraiment, c'est vraiment très bon, il y a une très très… la cuisine est splendide, le service est impeccable. S : Bon. Bien, sur ce point, on va terminer.

H : Oui.

S : Dans l'espoir que dans une prochaine conversation tu vas nous donner les noms de ces bons restaurants à Paris. H : Ah, mais peut-être, peut-être! Restez à l'écoute! S: Voilà, okay. Merci, au revoir.

H: Au revoir.