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Kilimanjaro, 5ème jour, mercredi 29 octobre

5ème jour, mercredi 29 octobre

L'ascension démarre à minuit sous le commandement de John, l'apprenti guide. Il part beaucoup trop vite et c'est l'asphyxie presque immédiate. On remet rapidement les pendules à l'heure et le pas au métronome. Le vent latéral est toujours terriblement fort et froid, l'effort soutenu. Impossible de trouver un abri dans ce couloir du glacier Rebmann pour tenter de rajouter des couches. Au terme de trois heures d'effort, soit la moitié, Charly cale, il est épuisé. Encore un ultime effort, inutile d'insister, il faut redescendre. Félix guidera Charly dans cette voie difficile et dangereuse à la descente. Nous continuons avec John.

Ce vent infernal nous perturbe et ralentit notre ascension. Il faut changer les piles de nos lampes qui faiblissent rapidement et toujours pas le moindre recoin de rocher. C'est la plus dure journée de ma vie. Encore trois heures d'effort avant d'atteindre la crête. Michel doit porter le sac de Kine. Nous doublons le groupe des dix, partis avant nous, à son tour, il nous dépasse. C'est extrêmement éprouvant pour tout le monde, l'inertie et l'élasticité de ce groupe nous coupe le rythme. Le jour va poindre, un croissant de lune luit encore dans une nuit sereine et limpide mais déjà ma vision se trouble. Un passage sur un terrain friable précède les dernières pentes. Le froid est intense et le vent tempétueux persiste. Je trébuche car ma lampe n'éclaire plus mes pas, une main secourable, inconnue et providentielle, me rattrape par les bretelles du sac à dos. Les derniers pas sont éprouvants. Nous voici enfin à Stella Point au bord du cratère, aux premières lueurs de l'aube à environ 5750m. Nous sommes transis et épuisés. J'ai la vision floue et je n'y vois pas à 3m. Il reste 1h30 aller retour pour atteindre Uhuru Point à l'ouest (liberté en swahili) Je devine cette dernière crête et pourtant plus rien de raisonnable ne répond en moi, puisque je refuse d'aller plus loin. « J'abandonne » Il semble que je n'ai plus toute ma lucidité. Décision que je regretterai toute ma vie puisqu'en plus je pénalise mes deux compagnons. Le guide a la mission de nous garder tous ensembles. Michel décide de redescendre avec sans doute une amère résignation. Je reste persuadée que, malgré ma détermination, un mot d'encouragement aurait pu faire pencher la balance.

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5ème jour, mercredi 29 octobre Day 5, Wednesday October 29

L'ascension démarre à minuit sous le commandement de John, l'apprenti guide. Il part beaucoup trop vite et c'est l'asphyxie presque immédiate. On remet rapidement les pendules à l'heure et le pas au métronome. Le vent latéral est toujours terriblement fort et froid, l'effort soutenu. Impossible de trouver un abri dans ce couloir du glacier Rebmann pour tenter de rajouter des couches. Au terme de trois heures d'effort, soit la moitié, Charly cale, il est épuisé. Encore un ultime effort, inutile d'insister, il faut redescendre. Félix guidera Charly dans cette voie difficile et dangereuse à la descente. Nous continuons avec John.

Ce vent infernal nous perturbe et ralentit notre ascension. Il faut changer les piles de nos lampes qui faiblissent rapidement et toujours pas le moindre recoin de rocher. C'est la plus dure journée de ma vie. Encore trois heures d'effort avant d'atteindre la crête. Michel doit porter le sac de Kine. Nous doublons le groupe des dix, partis avant nous, à son tour, il nous dépasse. C'est extrêmement éprouvant pour tout le monde, l'inertie et l'élasticité de ce groupe nous coupe le rythme. Le jour va poindre, un croissant de lune luit encore dans une nuit sereine et limpide mais déjà ma vision se trouble. Un passage sur un terrain friable précède les dernières pentes. Le froid est intense et le vent tempétueux persiste. Je trébuche car ma lampe n'éclaire plus mes pas, une main secourable, inconnue et providentielle, me rattrape par les bretelles du sac à dos. Les derniers pas sont éprouvants. Nous voici enfin à Stella Point au bord du cratère, aux premières lueurs de l'aube à environ 5750m. Nous sommes transis et épuisés. J'ai la vision floue et je n'y vois pas à 3m. Il reste 1h30 aller retour pour atteindre Uhuru Point à l'ouest (liberté en swahili) Je devine cette dernière crête et pourtant plus rien de raisonnable ne répond en moi, puisque je refuse d'aller plus loin. « J'abandonne » Il semble que je n'ai plus toute ma lucidité. Décision que je regretterai toute ma vie puisqu'en plus je pénalise mes deux compagnons. Le guide a la mission de nous garder tous ensembles. Michel décide de redescendre avec sans doute une amère résignation. Je reste persuadée que, malgré ma détermination, un mot d'encouragement aurait pu faire pencher la balance.