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l'histoire de France, La gloire des Bourbons – Louis XIV

Derrière les rideaux clos de son grand lit, le petit roi dort. Il a onze ans. Au Palais-Royal rien ne vient troubler le silence de la nuit : il est 3 heures du matin.

A la mort de son père, on a conduit l'enfant Louis XIV, encore en jupons – il est né en 1638 – au Parlement où l'avocat général lui a déclaré à genoux : - Sire, le trône de Votre Majesté est celui du Dieu Vivant. Un Dieu vivant ! Il n'a pas compris ce que cela voulait dire. Il n'a pas compris que désormais il devenait le maître absolu de 20 millions d'hommes, de femmes, d'enfants. Comment aurait-il pu deviner que le plus long règne de toute l'histoire de la France venait de commencer – et le plus grandiose ? Tout ce qu'il sait, en tout cas, c'est que ce règne s'est mal engagé. Pourquoi ? Parce que sa mère, Anne d'Autriche, est régente et qu'elle à pris pour premier ministre un petit Italien malin et rusé formé par Richelieu, cardinal lui aussi, Jules Mazarin. Parce que les Grands – toujours eux ! – ne supportent pas ce Mazarin, dont les origines sont fort humbles : son père était maître d'hôtel et son grand-père un simple pêcheur sicilien. Parce que le Parlement croit l'heure venue de jouer le rôle dévolu aujourd'hui à l'Assemblée nationale et au sénat, c'est-à-dire celui de faire les lois, rôle que nos rois lui refusent. Le comble, c'est que la France, au-dehors, n'a jamais été aussi puissante. Nos armées, sous le commandement du prince de Condé, ont définitivement écrasé à Lens les Espagnols. On a signé les traités de Westphalie, lesquels ôtent à l'empereur sa puissance en Allemagne et donnent à la France l'Alsace ainsi que les trois évêchés : Metz, Toul, Verdun. Les Français veulent l'ignorer. Le peuple, après l'arrestation d'un parlementaire, le conseiller Broussel, s'insurge. Le duc de Beaufort s'évade de Vincennes où l'a enfermé mazarin. Paris se hérisse de 1260 barricades. Les Grands se préparent à prendre les armes contre Mazarin, tandis que Condé dispose l'armée de Flandre autour de Paris. Louis XIV va-t-il devenir le prisonnier des Parisiens insurgés ? L'orgueilleuse Anne d'Autriche prend tout à coup une décision d'une gravité extrême : en pleine nuit (6 janvier 1649), elle annonce qu'elle va s'enfuir avec le roi et Mazarin. Le petit roi s'éveille en sursaut : on lui annonce qu'il faut se lever. On le conduit avec son jeune frère Philippe jusqu'à l'un des carrosses rangés devant le Palais-Royal. Anne d'Autriche, Mazarin, puis les princes vont rejoindre le roi. Ils quittent Paris et se réfugient à Saint-Germain.

Un peu plus tard, les insurgés et le Parlement, désespérés d'avoir perdu leur roi, supplieront qu'ils reviennent. A son retour, on l'acclame mais il n'oubliera jamais l'injure reçue des parisiens, la fuite déshonorante en pleine nuit. Il fera édifier le plus beau palais du monde à Versailles et y conduira la cour et le gouvernement. Il ne reviendra plus dans cette capitale qui lui a fait connaître une si cruelle humiliation.

Le Roi-Soleil Le cardinal de Mazarin a été un grand ministre. Il a appris au jeune Louis XIV l'art de gouverner. Le 9 mars 1661 il meurt. Dès le lendemain, le roi réunit son conseil et leur déclare : - J'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal. Il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous le demanderai. Lors d'une grande parade équestre, on n'a rien trouvé de mieux, pour représenter le roi, que l'image du soleil. Louis XIV en a été frappé et a retenu le symbole comme devant rester celui de son règne. Dès qu'il a tenu toute l'étendue du pouvoir entre ses mains, il s'est juré de rétablir le prestige du roi. Au début du règne, il n'a autour de lui qu'une centaine de personnes. Délibérément, il réunira 10 000 courtisans à versailles. Les nobles qui sous le règne de Louis XIII prenaient si volontiers les armes contre le roi n'auront plus d'autre ambition que de paraître à la cour et de s'y voir confier des fonctions. L'extraordinaire habileté de Louis XIV est d'avoir changé ces grands seigneurs naguère si redoutables en de simples serviteurs. Le tour de force de M. Colbert Un petit homme au visage renfrogné se glisse dans les couloirs de Versailles jusqu'au cabinet du roi : c'est le contrôleur général des finances, M. Colbert. La politique de grandeur de Louis XIV n'aurait pu se concevoir sans de bonnes finances. Or, quand Colbert est entré en fonction en 1660, celles-ci se trouvaient une fois de plus dans un état accablant. On avait déjà dépensé les revenus des impôts des années 1661 et 1662 !

De cette situation, Colbert accusera le surintendant Fouquet que le roi fera arrêter par D'Artagnan – l'épisode n'a pas été inventé par Dumas – et jeter en prison jusqu'à sa mort. Dès lors, Colbert va accomplir de réels prodiges. Pour la première fois, un véritable budget de l'Etat est établi. Pour en arriver à la prospérité qu'il souhaite, Colbert va fonder des manufactures, développer le commerce, créer des compagnies pour favoriser l'exportation, donner à la France la flotte qui lui manque et développer ses colonies. Enchanté des tours de force accomplis par son ministre, louis XIV va peu à peu confier toute la besogne du gouvernement – excepté le département de la guerre réservé à Louvois – à celui qu'autrefois Mazarin appelait « mon domestique » c'est-à-dire Colbert. Celui-ci va occuper tous les ministères en même temps : Finances, Beaux-Arts, travaux Publics, Commerce, industrie, Marine, Agriculture, Colonie ! Peu d'hommes auront travaillé autant que Colbert. Peu d'hommes auront souffert autant que lui de l'indiscutable propension qu'avait le roi pour la dépense. La construction de Versailles, Colbert ne cesse de la critiquer : cela coûte trop cher !

Autres critiques de Colbert : les fêtes magnifiques que le roi offre à ses courtisans. Il accorde aux écrivains, aux musiciens, aux artistes, une place qu'ils n'avaient jamais obtenue dans aucune cour parce qu'il estime que leur œuvre contribue à l'éclat de son règne ; et il a raison ! Un jour, Louis XIV s'est écrié : « l'Etat c'est moi ! » Tout au long de son règne, il l'a prouvé. Lui, le Roi Très Chrétien, a voulu que la religion ne découle que de sa personne. Il est entré en conflit avec le pape. Il a persécuté les catholiques intransigeants et voulu contraindre par la force les protestants à devenir catholiques. Mais il a aussi jeté le royaume dans d'interminables guerres. A la paix de Nimègue en 1678, la France a gagné la Franche-Comté. C'est le temps de la plus grande gloire de Louis XIV, auquel Paris décerne le nom de Louis le Grand. L'Europe s'unit de nouveau contre lui. On se bat pendant neuf ans, jusqu'à la paix de Ryswick en 1697. Louis XIV doit rendre presque toutes les provinces annexées après le traité de Nimègue. A quoi bon tant de sang répandu, tant d'argent dépensé, tant de Français ruinés par des impôts trop lourds ? Comme le roi Charles II d'Espagne n'a pas d'héritier, il a désigné pour lui succéder l'un des petits-fils du roi de France, le duc d'Anjou qui deviendra Philippe V. Mais l'Europe va refuser cet accroissement de la puissance Française. Les coalisés envahissent la France par le Nord. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Miracle : le maréchal de Villars les bat à Denain. La paix est signée à Utrecht en 1713. Philippe V garde son trône, mais celui que l'on nommait « le plus grand roi du monde » a senti vaciller le sien. Rien de plus triste que cette fin de règne. Le roi a perdu son fils, son petit-fils, presque toute sa famille. Comme héritier il ne lui reste qu'un enfant de cinq ans, son arrière-petit-fils. Le soleil s'éteint Il est midi, le 25 août 1715, quand le petit dauphin entre dans la chambre de son arrière-grand-père. Le roi l'embrasse et lui dit : - Mignon, vous allez être un grand roi. Ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j'ai eu pour la guerre… Suivez toujours les bons conseils, tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux pour n'avoir pas su faire… Un peu plus tard, il prononce cette phrase qui résume toute la pensée de son règne : - Je m'en vais, mais l'Etat demeurera toujours. Le 1er septembre 1715, il meurt. Impopulaire, comme les rois qui ont régné trop longtemps.

Mais les peuples oublieront ses erreurs. Ils ne voudront se souvenir que de cet inestimable capital laissé à son pays par le roi : la grandeur.

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Derrière les rideaux clos de son grand lit, le petit roi dort. Il a onze ans. Au Palais-Royal rien ne vient troubler le silence de la nuit : il est 3 heures du matin.

A la mort de son père, on a conduit l'enfant Louis XIV,  encore en jupons – il est né en 1638 –  au Parlement où l'avocat général lui a déclaré à genoux :

- Sire, le trône de Votre Majesté est celui du Dieu Vivant.

Un Dieu vivant ! Il n'a pas compris ce que cela voulait dire. Il n'a pas compris que désormais il devenait le maître absolu de 20 millions d'hommes, de femmes, d'enfants. Comment aurait-il pu deviner que le plus long règne de toute l'histoire de la France venait de commencer – et le plus grandiose ?

Tout ce qu'il sait, en tout cas, c'est que ce règne s'est mal engagé. Pourquoi ? Parce que sa mère, Anne d'Autriche, est régente et qu'elle à pris pour premier ministre un petit Italien malin et rusé formé par Richelieu, cardinal lui aussi, Jules Mazarin. Parce que les Grands – toujours eux ! – ne supportent pas ce Mazarin, dont les origines sont fort humbles : son père était maître d'hôtel et son grand-père un simple pêcheur sicilien. Parce que le Parlement croit l'heure venue de jouer le rôle dévolu aujourd'hui à l'Assemblée nationale et au sénat, c'est-à-dire celui de faire les lois, rôle que nos rois lui refusent.

Le comble, c'est que la France, au-dehors, n'a jamais été aussi puissante. Nos armées, sous le commandement du prince de Condé, ont définitivement écrasé à Lens les Espagnols. On a signé les traités de Westphalie, lesquels ôtent à l'empereur sa puissance en Allemagne et donnent à la France l'Alsace ainsi que les trois évêchés : Metz, Toul, Verdun.

Les Français veulent l'ignorer. Le peuple, après l'arrestation d'un parlementaire, le conseiller Broussel, s'insurge. Le duc de Beaufort s'évade de Vincennes où l'a enfermé mazarin. Paris se hérisse de 1260 barricades. Les Grands se préparent à prendre les armes contre Mazarin, tandis que Condé dispose l'armée de Flandre autour de Paris.

Louis XIV va-t-il devenir le prisonnier des Parisiens insurgés ? L'orgueilleuse Anne d'Autriche prend tout à coup une décision d'une gravité extrême : en pleine nuit (6 janvier 1649), elle annonce qu'elle va s'enfuir avec le roi et Mazarin.

Le petit roi s'éveille en sursaut : on lui annonce qu'il faut se lever. On le conduit avec son jeune frère Philippe jusqu'à l'un des carrosses rangés devant le Palais-Royal. Anne d'Autriche, Mazarin, puis les princes vont rejoindre le roi. Ils quittent Paris et se réfugient à Saint-Germain.

Un peu plus tard, les insurgés et le Parlement, désespérés d'avoir perdu leur roi, supplieront qu'ils reviennent. A son retour, on l'acclame mais il n'oubliera jamais l'injure reçue des parisiens, la fuite déshonorante en pleine nuit. Il fera édifier le plus beau palais du monde à Versailles et y conduira la cour et le gouvernement. Il ne reviendra plus dans cette capitale qui lui a fait connaître une si cruelle humiliation.

 

Le Roi-Soleil

 

Le cardinal de Mazarin a été un grand ministre. Il a appris au jeune Louis XIV l'art de gouverner. Le 9 mars 1661 il meurt. Dès le lendemain, le roi réunit son conseil et leur déclare :

-         J'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal. Il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous le demanderai.

Lors d'une grande parade équestre, on n'a rien trouvé de mieux, pour représenter le roi, que l'image du soleil. Louis XIV en a été frappé et a retenu le symbole comme devant rester celui de son règne. Dès qu'il a tenu toute l'étendue du pouvoir entre ses mains, il s'est juré de rétablir le prestige du roi. Au début du règne, il n'a autour de lui qu'une centaine de personnes. Délibérément, il réunira 10 000 courtisans à versailles. Les nobles qui sous le règne de Louis XIII prenaient si volontiers les armes contre le roi n'auront plus d'autre ambition que de paraître à la cour et de s'y voir confier des fonctions.

L'extraordinaire habileté de Louis XIV est d'avoir changé ces grands seigneurs naguère si redoutables en de simples serviteurs.

 

Le tour de force de M. Colbert

 

Un petit homme au visage renfrogné se glisse dans les couloirs de Versailles jusqu'au cabinet du roi : c'est le contrôleur général des finances, M. Colbert.

La politique de grandeur de Louis XIV n'aurait pu se concevoir sans de bonnes finances. Or, quand Colbert est entré en fonction en 1660, celles-ci se trouvaient une fois de plus dans un état accablant. On avait déjà dépensé les revenus des impôts des années 1661 et 1662 !

De cette situation, Colbert accusera le surintendant Fouquet que le roi fera arrêter par D'Artagnan – l'épisode n'a pas été inventé par Dumas – et jeter en prison jusqu'à sa mort. Dès lors, Colbert va accomplir de réels prodiges. Pour la première fois, un véritable budget de l'Etat est établi. Pour en arriver à la prospérité qu'il souhaite, Colbert va fonder des manufactures, développer le commerce, créer des compagnies pour favoriser l'exportation, donner à la France la flotte qui lui manque et développer ses colonies.

Enchanté des tours de force accomplis par son ministre, louis XIV va peu à peu confier toute la besogne du gouvernement – excepté le département de la guerre réservé à Louvois – à celui qu'autrefois Mazarin appelait « mon domestique » c'est-à-dire Colbert. Celui-ci va occuper tous les ministères en même temps : Finances, Beaux-Arts, travaux Publics, Commerce, industrie, Marine, Agriculture, Colonie ! Peu d'hommes auront travaillé autant que Colbert. Peu d'hommes auront souffert autant que lui de l'indiscutable propension qu'avait le roi pour la dépense. La construction de Versailles, Colbert ne cesse de la critiquer : cela coûte trop cher !

Autres critiques de Colbert : les fêtes magnifiques que le roi offre à ses courtisans. Il accorde aux écrivains, aux musiciens, aux artistes, une place qu'ils n'avaient jamais obtenue dans aucune cour parce qu'il estime que leur œuvre contribue à l'éclat de son règne ; et il a raison !

 

Un jour, Louis XIV s'est écrié : «  l'Etat c'est moi ! »

Tout au long de son règne, il l'a prouvé. Lui, le Roi Très Chrétien, a voulu que la religion ne découle que de sa personne. Il est entré en conflit avec le pape. Il a persécuté les catholiques intransigeants et voulu contraindre par la force les protestants à devenir catholiques. Mais il a aussi jeté le royaume dans d'interminables guerres. A la paix  de Nimègue en 1678, la France a gagné la Franche-Comté. C'est le temps de la plus grande gloire de Louis XIV, auquel Paris décerne le nom de Louis le Grand.

L'Europe s'unit de nouveau contre lui. On se bat pendant neuf ans, jusqu'à la paix de Ryswick en 1697. Louis XIV doit rendre presque toutes les provinces annexées après le traité de Nimègue. A quoi bon tant de sang répandu, tant d'argent dépensé, tant de Français ruinés par des impôts trop lourds ?

Comme le roi Charles II d'Espagne n'a pas d'héritier, il a désigné pour lui succéder l'un des petits-fils du roi de France, le duc d'Anjou qui deviendra Philippe V. Mais l'Europe va refuser cet accroissement de la puissance Française.

Les coalisés envahissent la France par le Nord. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Miracle : le maréchal de Villars les bat à Denain. La paix est signée à Utrecht en 1713. Philippe V garde son trône, mais celui que l'on nommait « le plus grand roi du monde » a senti vaciller le sien.

Rien de plus triste que cette fin de règne. Le roi a perdu son fils, son petit-fils, presque toute sa famille. Comme héritier il ne lui reste qu'un enfant de cinq ans, son arrière-petit-fils.

 

Le soleil s'éteint

 

Il est midi, le 25 août 1715, quand le petit dauphin entre dans la chambre de son arrière-grand-père. Le roi l'embrasse et lui dit :

-         Mignon, vous allez être un grand roi. Ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j'ai eu pour la guerre… Suivez toujours les bons conseils, tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux pour n'avoir pas su faire…

Un peu plus tard, il prononce cette phrase qui résume toute la pensée de son règne :

-         Je m'en vais, mais l'Etat demeurera toujours.

Le 1er septembre 1715, il meurt. Impopulaire, comme les rois qui ont régné trop longtemps.

Mais les peuples oublieront ses erreurs. Ils ne voudront se souvenir que de cet inestimable capital laissé à son pays par le roi : la grandeur.