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l'histoire de France, La grande guerre

Le 28 juin 1914, une automobile roule dans Sarajevo, alors petite ville de Bosnie. Une typique cité d'Orient. Son Altesse impériale l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, accompagné de son épouse Sophie, est venu jusque-là en visite officielle. Tout à coup, sur le passage du cortège, des coups de feu partent. Dans la voiture, l'archiduc et sa femme s'effondrent. Les médecins s'empressent. Tout est inutile. François-Ferdinand et Sophie succomberont quelques instants plus tard.

La police parviendra à arrêter les coupables, des nationalistes qui refusaient d'accepter l'occupation de leur pays par l'Autriche. Trois d'entre eux seront pendus. Les autres mourront en prison.

Qui pourrait alors prévoir que cet attentat va se trouver à l'origine de l'une des plus terribles guerres de l'histoire ? Le gouvernement autrichien, convaincu que les assassins de l'archiduc ont été encouragés par la Serbie, déclare la guerre à celle-ci. Mais la Serbie est l'alliée de la Russie. La Russie, pour faire honneur à son traité avec la Serbie, déclare la guerre à l'Autriche. Mais l'Allemagne est l'alliée de l'Autriche! Et la France est l'alliée de la Russie cependant que la Grande-Bretagne est l'alliée de la France! Alors, il semble que chaque pays soit entraîné, presque malgré soi, vers le gouffre. L'Allemagne déclare la guerre à la France (3 août 1914) et envahit la Belgique pour mieux attaquer notre pays. Ce qui décide aussitôt la Grande-Bretagne à entrer dans le conflit.

D'abord, il semble que rien ne puisse résister au déferlement des armées allemandes. Paris est menacé. Une superbe manœuvre des généraux Joffre, commandant en chef, et Gallieni arrête l'ennemi sur la Marne (septembre 1914). Commence alors ce que l'on a appelé la guerre de position. Les armées, de part et d'autre immobilisées, ont creusé tout au long du front des tranchées dans lesquelles elles s'enfouissent. Rarement des hommes ont connu d'aussi terribles souffrances que dans les tranchées de la Grande Guerre, comme on a pris l'habitude d'appeler ce conflit. Pendant quatre ans, un à deux millions de fantassins vivent là, dans des trous innombrables. Souvent on s'enfonce jusqu'aux genoux dans la boue ou dans l'eau. Les soldats appellent cela: la « colle ». Il faut y vivre, y manger, y dormir.

On passe des nuits entières à veiller, en plein air, le fusil à la main, par quelquefois -20 C. Quand la soupe arrive, elle est froide. On doit mener une lutte de chaque instant contre les rats et les poux. Les cadavres pourrissent entre les lignes où l'on est incapable d'aller les chercher. Il y a pire: impossible de porter secours, sous la mitraille qui s'abat, aux blessés qui hurlent à quelques mètres des remblais. Imaginez la puanteur qui naît des morts non ensevelis, des excréments que personne ne peut évacuer. Imaginez le fracas incessant des canons. Imaginez l'obus qui s'abat sur la tranchée, les hommes écrabouillés, éclatés, dépecés. Et les attaques! Les hommes sont là, prêts à bondir. L'officier regarde sa montre. Il hurle: - En avant! D'en face vient le feu roulant des fusils et des mitrailleuses. Les soldats savent que, dès qu'ils seront sortis, ils seront exposés à ce feu. Pourtant ils sortent. Tous. Ils avancent, sans regarder ceux qui tombent autour d'eux pour ne plus se relever. Serions-nous capables d'endurer chaque jour, pendant quatre ans, de telles horreurs. La plus grande bataille de la guerre s'est livrée à Verdun. Des millions d'hommes s'y sont battus. La grande offensive lancée par les Allemands sur Verdun (février-juin 1916) échoue grâce au général Pétain et à l'héroïsme des combattants. Peu à peu, la guerre devient totale: la population entière est concernée. Tous les hommes valides se battent, pendant que les femmes, à l'arrière, les remplacent, en particulier dans les usines où l'on fabrique les armes et les munitions. On ne combat plus seulement sur terre et sur mer, mais dans les airs - où des aviateurs tels que Guynemer accomplissent des prodiges - et sous la mer: les sous-marins coulent les navires ennemis. On voit apparaître les premiers chars fabriqués par Schneider et Renault.

Les Français se battent aussi au sud de l'Europe dans les Balkans. Dans les deux camps, les combattants sont à bout de souffrances. Les Russes se révoltent, remplacent le tsar par un gouvernement communiste présidé par Lénine (octobre 1917), avant de signer la paix avec l'Allemagne. Sur le front français, des mutineries éclatent. On procède à une cinquantaine d'exécutions « pour l'exemple »; 1917 est aussi l'année de l'entrée en guerre des États-Unis. Les premiers contingents américains débarquent à Boulogne.

Pour galvaniser l'énergie des Français, le président de la République Poincaré confie le gouvernement à Georges Clemenceau - que l'on surnommera le Tigre. Celui-ci, qui a soixante-seize ans, résume son programme à la Chambre: - Je fais la guerre!

Au printemps de 1918, les Allemands attaquent, menacent de nouveau Paris. Les armées alliées, placées sous le commandement unique du maréchal français Foch, les arrêtent et lancent une grande offensive qui sera victorieuse. Le 11 novembre 1918, les Allemands en déroute signent l'armistice. Le soir de ce jour qui met fin à tant de mois d'espoir et de deuils, Clemenceau s'est rendu au Café de la Paix, place de l'Opéra. Dans un cabinet particulier du premier étage, debout devant la fenêtre, il regarde et il écoute. Sans doute songe-t-il aux 1 300 000 Français morts au cours de cette Première Guerre mondiale. Ce qui monte vers lui, c'est la joie folle de tout un peuple. Une cantatrice, Marthe Chenal, sur les marches de l'Opéra, chante la Marseillaise. La porte du cabinet particulier s'ouvre. Clemenceau tourne la tête, étonné. Il reconnaît son petit-fils qui se prénomme Georges, devant lui. De sa voix bourrue, il interroge: - D'où viens-tu ? - Du collège.

- On a donc congé ?

- J'ai « fait» le mur. - Allons, viens m'embrasser. Le petit Georges Clemenceau saute dans les bras de son grand-père. Alors, il voit des larmes dans ses yeux.

Clemenceau l'a entraîné vers la fenêtre. Tous les deux ils écoutent la rumeur, les chants, les cris de joie qui montent de la place. Un instant plus tard, le Tigre déclare à l'enfant : - Tu dînes avec moi. Puis il va jusqu'au téléphone, demande le directeur du collège d'où, quelques heures plus tôt, a fui le petit Georges. Il dit simplement: - Ici, Clemenceau ... Vous me ferez le plaisir de coller dimanche mon petit-fils qui a quitté le collège sans autorisation. Le 28 juin 1919, à Versailles, le soleil brille sur le parc de Louis XIV d'un extraordinaire éclat. A 2 heures et quart de l'après-midi, une automobile vient se ranger dans la cour du château. Un vieillard en descend : Georges Clemenceau. Depuis l'armistice, les Français ne l'appellent plus que le « père la Victoire ». Quand, de son pas brusque, il pénètre dans la Galerie des glaces, il y trouve une foule d'hommes en habit noir : les délégués de vingt-six Etats. Ils représentent des pays qui, tous, ont participé à la guerre de 1914-1918. Ils sont là pour faire la paix avec les représentants de l'Allemagne. Chacun, à son tour, va apposer sa signature sur le texte du traité. A 4 heures, on appelle Clemenceau : - Monsieur le président de la conférence. Il se lève, très ému, car à cet instant, l'Alsace et la Lorraine redeviennent françaises. Il se dirige vers la table où l'attend le document déjà paraphé par tous les autres. Il signe.

A l'heure où, par le traité de Versailles, la paix est redonnée au monde, des salves triomphales éclatent dans le parc. Les grandes eaux jaillissent.

Apothéose dont les témoins garderont éternellement le souvenir !

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Le 28 juin 1914, une automobile roule dans Sarajevo, alors petite ville de Bosnie. Une typique cité d'Orient. Son Altesse impériale l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, accompagné de son épouse Sophie, est venu jusque-là en visite officielle.

Tout à coup, sur le passage du cortège, des coups de feu partent. Dans la voiture, l'archiduc et sa femme s'effondrent. Les médecins s'empressent. Tout est inutile. François-Ferdinand et Sophie succomberont quelques instants plus tard.

La police parviendra à arrêter les coupables, des nationalistes qui refusaient d'accepter l'occupation de leur pays par l'Autriche. Trois d'entre eux seront pendus. Les autres mourront en prison.

Qui pourrait alors prévoir que cet attentat va se trouver à l'origine de l'une des plus terribles guerres de l'histoire ?

Le gouvernement autrichien, convaincu que les assassins de l'archiduc ont été encouragés par la Serbie, déclare la guerre à celle-ci. Mais la Serbie est l'alliée de la Russie.

La Russie, pour faire honneur à son traité avec la Serbie, déclare la guerre à l'Autriche. Mais l'Allemagne est l'alliée de l'Autriche! Et la France est l'alliée de la Russie cependant que la Grande-Bretagne est l'alliée de la France! Alors, il semble que chaque pays soit entraîné, presque malgré soi, vers le gouffre. L'Allemagne déclare la guerre à la France (3 août 1914) et envahit la Belgique pour mieux attaquer notre pays. Ce qui décide aussitôt la Grande-Bretagne à entrer dans le conflit.

D'abord, il semble que rien ne puisse résister au déferlement des armées allemandes. Paris est menacé. Une superbe manœuvre des généraux Joffre, commandant en chef, et Gallieni arrête l'ennemi sur la Marne (septembre 1914).

Commence alors ce que l'on a appelé la guerre de position. Les armées, de part et d'autre immobilisées, ont creusé tout au long du front des tranchées dans lesquelles elles s'enfouissent. Rarement des hommes ont connu d'aussi terribles souffrances que dans les tranchées de la Grande Guerre, comme on a pris l'habitude d'appeler ce conflit. Pendant quatre ans, un à deux millions de fantassins vivent là, dans des trous innombrables. Souvent on s'enfonce jusqu'aux genoux dans la boue ou dans l'eau. Les soldats appellent cela: la « colle ». Il faut y vivre, y manger, y dormir.

On passe des nuits entières à veiller, en plein air, le fusil à la main, par quelquefois -20 C. Quand la soupe arrive, elle est froide. On doit mener une lutte de chaque instant contre les rats et les poux. Les cadavres pourrissent entre les lignes où l'on est incapable d'aller les chercher. Il y a pire: impossible de porter secours, sous la mitraille qui s'abat, aux blessés qui hurlent à quelques mètres des remblais. Imaginez la puanteur qui naît des morts non ensevelis, des excréments que personne ne peut éva­cuer. Imaginez le fracas incessant des canons. Imaginez l'obus qui s'abat sur la tranchée, les hommes écrabouillés, éclatés, dépecés.

 

Et les attaques! Les hommes sont là, prêts à bondir. L'officier regarde sa montre. Il hurle:

- En avant!

D'en face vient le feu roulant des fusils et des mitrailleuses.

Les soldats savent que, dès qu'ils seront sortis, ils seront expo­sés à ce feu. Pourtant ils sortent. Tous. Ils avancent, sans regar­der ceux qui tombent autour d'eux pour ne plus se relever.

 Serions-nous capables d'endurer chaque jour, pendant quatre ans, de telles horreurs. La plus grande bataille de la guerre s'est livrée à Verdun. Des millions d'hommes s'y sont battus. La grande offensive lancée par les Allemands sur Verdun (février-juin 1916) échoue grâce au général Pétain et à l'héroïsme des combattants.

Peu à peu, la guerre devient totale: la population entière est concernée. Tous les hommes valides se battent, pendant que les femmes, à l'arrière, les remplacent, en particulier dans les usines où l'on fabrique les armes et les munitions. On ne combat plus seulement sur terre et sur mer, mais dans les airs - où des avia­teurs tels que Guynemer accomplissent des prodiges - et sous la mer: les sous-marins coulent les navires ennemis. On voit appa­raître les premiers chars fabriqués par Schneider et Renault.

Les Français se battent aussi au sud de l'Europe dans les Balkans. Dans les deux camps, les combattants sont à bout de souffrances. Les Russes se révoltent, remplacent le tsar par un gouvernement communiste présidé par Lénine (octobre 1917), avant de signer la paix avec l'Allemagne.

Sur le front français, des mutineries éclatent. On procède à une cinquantaine d'exécutions « pour l'exemple »; 1917 est aussi l'année de l'entrée en guerre des États-Unis. Les premiers contingents américains débarquent à Boulogne.

Pour galvaniser l'énergie des Français, le président de la République Poincaré confie le gouvernement à Georges Clemenceau - que l'on surnommera le Tigre. Celui-ci, qui a soixante-seize ans, résume son programme à la Chambre: - Je fais la guerre!

Au printemps de 1918, les Allemands attaquent, menacent de nouveau Paris. Les armées alliées, placées sous le commande­ment unique du maréchal français Foch, les arrêtent et lancent une grande offensive qui sera victorieuse. Le 11 novembre 1918, les Allemands en déroute signent l'armistice.

 

Le soir de ce jour qui met fin à tant de mois d'espoir et de deuils, Clemenceau s'est rendu au Café de la Paix, place de l'Opéra. Dans un cabinet particulier du premier étage, debout devant la fenêtre, il regarde et il écoute. Sans doute songe-t-il aux 1 300 000 Français morts au cours de cette Première Guerre mondiale. Ce qui monte vers lui, c'est la joie folle de tout un peuple. Une cantatrice, Marthe Chenal, sur les marches de l'Opéra, chante la Marseillaise.

La porte du cabinet particulier s'ouvre. Clemenceau tourne la tête, étonné. Il reconnaît son petit-fils qui se prénomme Georges, devant lui. De sa voix bourrue, il interroge:

- D'où viens-tu ?

- Du collège.

- On a donc congé ?

- J'ai « fait» le mur.

- Allons, viens m'embrasser.

Le petit Georges Clemenceau saute dans les bras de son grand-père. Alors, il voit des larmes dans ses yeux.

Clemenceau l'a entraîné vers la fenêtre. Tous les deux ils écou­tent la rumeur, les chants, les cris de joie qui montent de la place. Un instant plus tard, le Tigre déclare à l'enfant :

- Tu dînes avec moi.

Puis il va jusqu'au téléphone, demande le directeur du collège d'où, quelques heures plus tôt, a fui le petit Georges. Il dit simplement:

- Ici, Clemenceau ... Vous me ferez le plaisir de coller dimanche mon petit-fils qui a quitté le collège sans autorisation.

 

Le 28 juin 1919, à Versailles, le soleil brille sur le parc de Louis XIV d'un extraordinaire éclat. A 2 heures et quart de l'après-midi, une automobile vient se ranger dans la cour du château. Un vieillard en descend : Georges Clemenceau. Depuis l'armistice, les Français ne l'appellent plus que le « père la Victoire ».

Quand, de son pas brusque, il pénètre dans la Galerie des glaces, il y trouve une foule d'hommes en habit noir : les délégués de vingt-six Etats. Ils représentent des pays qui, tous, ont participé à la guerre de 1914-1918. Ils sont là pour faire la paix avec les représentants de l'Allemagne.

Chacun, à son tour, va apposer sa signature sur le texte du traité. A 4 heures, on  appelle Clemenceau :

-         Monsieur le président de la conférence.

Il se lève, très ému, car à cet instant, l'Alsace et la Lorraine redeviennent françaises. Il se dirige vers la table où l'attend le document déjà paraphé par tous les autres. Il signe.

A l'heure où, par le traité de Versailles, la paix est redonnée au monde, des salves triomphales éclatent dans le parc. Les grandes eaux jaillissent.

Apothéose dont les témoins garderont éternellement le souvenir !