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Alice au pays des merveilles, Le terrain de croquet de la reine

Et Alice se joignit au cortège, en se demandant bien ce qui allait se passer ensuite.

«Il... il fait très beau aujourd'hui!» murmura une voix timide tout près d'elle. C'était le Lapin Blanc, qui marchait à son côté et fixait sur elle un regard anxieux. «Très beau, dit Alice. Où est donc la Duchesse?» «Chut! Chut!» murmura vivement le Lapin, en regardant derrière lui d'un air craintif. Puis, se dressant sur la pointe des pieds, il mit sa bouche contre l'oreille d'Alice et ajouta à voix basse : « Elle a été condamnée à avoir la tête coupée.» «Quel carnage!» «Avez-vous dit :. .Quel dommage !. .» «Non, je ne trouve pas que ce soit du tout dommage. Mais qu'a-t-elle donc fait ?» «Elle a giflé la Reine... », commença le Lapin. Comme Alice se mettait à rire aux éclats, il murmura d'une voix craintive : « Chut! je vous en prie! La Reine va vous entendre! Voyez-vous, la Duchesse était arrivée en retard, et la Reine lui a dit...» «Prenez vos places!» cria la Reine d'une voix de tonnerre. Sur quoi, tous se mirent à courir dans tous les sens, en se cognant les uns contre les autres. Néanmoins, au bout d'une ou deux minutes, chacun se trouva à son poste et la partie commença. Alice n'avait jamais vu un terrain de croquet aussi bizarre : il était tout en creux et en bosses ; les boules étaient des hérissons vivants ; les maillets, des flamants vivants ; et les soldats devaient se courber en deux, pieds et mains placés sur le sol, pour former les arceaux. Dès le début, Alice trouva que le plus difficile était de se servir de son flamant : elle arrivait sans trop de mal à le tenir à plein corps sous son bras, les pattes pendantes, mais, généralement, au moment précis où, après lui avoir mis le cou bien droit, elle s'apprêtait à cogner sur le hérisson avec sa tête, le flamant ne manquait pas de se retourner et de la regarder bien en face d'un air si intrigué qu'elle ne pouvait s'empêcher de rire ; d'autre part, quand elle lui avait fait baisser la tête et s'apprêtait à recommencer, elle trouvait on ne peut plus exaspérant de s'apercevoir que le hérisson s'était déroulé et s'éloignait lentement ; de plus, il y avait presque toujours un creux ou une bosse à l'endroit où elle se proposait d'envoyer le hérisson ; et comme, en outre, les soldats courbés en deux n'arrêtaient pas de se redresser pour s'en aller vers d'autres parties du terrain, Alice en vint bientôt à conclure que c'était vraiment un jeu très difficile. Les joueurs jouaient tous en même temps sans attendre leur tour ; ils se disputaient sans arrêt et s'arrachaient les hérissons. Au bout d'un instant, la Reine, entrant dans une furieuse colère, parcourut le terrain en tapant du pied et en criant : «Qu'on lui coupe la tête! Qu'on lui coupe la tête!» à peu près une fois par minute. Alice commençait à se sentir très inquiète ; à vrai dire, elle ne s'était pas encore disputée avec la Reine, mais elle savait que cela pouvait arriver d'un moment à l'autre. «Et dans ce cas, pensait-elle, qu'est-ce que je deviendrais? Ils sont terribles, avec leur manie de couper la tête aux gens ; ce qui est vraiment extraordinaire, c'est qu'il y ait encore des survivants!» Elle était en train de regarder autour d'elle pour voir s'il y avait moyen de s'échapper, en se demandant si elle pourrait s'éloigner sans qu'on s'en aperçût, lorsqu'elle remarqua une curieuse apparition dans l'air. Elle fut tout d'abord intriguée, car elle n'arrivait pas à distinguer ce que c'était, mais, après avoir regardé attentivement pendant une ou deux minutes, elle comprit que c'était un sourire, et elle pensa : «C'est le Chat du Cheshire : je vais enfin pouvoir parler à quelqu'un.» «Comment vas-tu?» dit le Chat, dès qu'il eut assez de bouche pour parler. Alice attendit l'apparition de ses yeux pour le saluer d'un signe de tête. «Il est inutile de lui parler, pensa-t-elle, avant que ses oreilles ne se montrent, du moins une des deux.» Au bout d'une minute, toute la tête était visible ; Alice posa alors son flamant et se mit à lui raconter la partie de croquet, tout heureuse d'avoir quelqu'un qui voulût bien l'écouter. Le Chat jugea sans doute qu'on voyait une partie suffisante de sa personne, et il n'en apparut pas davantage. «Je trouve qu'ils ne jouent pas du tout honnêtement, commença-t-elle d'un ton assez mécontent ; et ils se disputent d'une façon si épouvantable qu'on ne peut pas s'entendre parler ; et on dirait qu'il n'y a aucune règle du jeu (en tout cas, s'il y en a, personne ne les suit) ; et vous ne pouvez pas vous imaginer combien c'est déconcertant d'avoir affaire à des accessoires vivants : par exemple, l'arceau sous lequel doit passer ma boule est en train de se promener à l'autre bout du terrain, et je suis sûre que j'aurais croqué le hérisson de la Reine il y a un instant, mais il s'est enfui en voyant arriver le mien!» «Que penses-tu de la Reine?» demanda le Chat à voix basse. «Elle ne me plaît pas du tout ; elle est tellement... Juste à ce moment, elle s'aperçut que la Reine était tout près derrière eux, en train d'écouter ; c'est pourquoi elle continua ainsi, ...sûre de gagner à ce jeu que c'est presque inutile de finir la partie. » La Reine passa son chemin en souriant. «A qui diable parles-tu?» demanda le Roi, en s'approchant d'Alice et en regardant la tête du Chat avec beaucoup de curiosité. «À l'un de mes amis... un Chat du Cheshire. Permettez-moi de vous le présenter.» «Je n'aime pas du tout sa mine, déclara le Roi. Néanmoins, je l'autorise à me baiser la main, s'il le désire.» «J'aime mieux pas,» riposta le Chat. «Ne faites pas l'impertinent, dit le Roi. Et ne me regardez pas comme cela!» ajouta-t-il en se mettant derrière Alice.

«Un chat peut bien regarder un roi, fit-elle observer. J'ai lu cela dans un livre, je ne me rappelle plus où.» «C'est possible, mais il faut le faire disparaître», affirma le Roi d'un ton décidé. Puis il cria à la Reine qui se trouvait à passer à ce moment : «Ma chère amie, je voudrais bien que vous fassiez disparaître ce chat!» La Reine ne connaissait qu'une seule façon de résoudre toutes les difficultés. «Qu'on lui coupe la tête!» cria-t-elle, sans même se retourner. «Je vais aller chercher le bourreau moi-même», dit le Roi avec empressement. Et il s'éloigna en toute hâte. Alice pensa qu'elle ferait tout aussi bien de rejoindre les joueurs pour voir où en était la partie, car elle entendait dans le lointain la voix de la Reine qui hurlait de colère. Elle l'avait déjà entendue condamner trois des joueurs à avoir la tête coupée parce qu'ils avaient laissé passer leur tour, et elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les évènements, car la partie était tellement embrouillée qu'elle ne savait jamais si c'était son tour ou non de jouer. En conséquence, elle se mit à la recherche de son hérisson. Celui-ci livrait bataille à un autre hérisson, et Alice vit là une excellente occasion d'utiliser l'un pour croquer l'autre : le seul ennui était que son flamant se trouvait à l'autre extrémité du jardin, où elle pouvait le voir qui essayait vainement de s'envoler pour se percher sur un arbre. Avant qu'elle n'eût attrapé et ramené le flamant, la bataille était terminée, et les deux hérissons avaient disparu. «Mais cela n'a pas une grande importance, pensa-t-elle, puisqu'il ne reste plus un seul arceau de ce côté-ci du terrain.» Elle fourra donc le flamant sous son bras pour l'empêcher de s'échapper de nouveau, puis revint vers son ami pour continuer la conversation. Quand elle arriva à l'endroit où se trouvait le Chat du Cheshire, elle fut fort étonnée de voir qu'une foule nombreuse l'entourait : le bourreau, le Roi et la Reine se disputaient, en parlant tous à la fois, tandis que le reste de l'assistance se taisait d'un air extrêmement gêné. Dès qu'Alice apparut, les trois personnages firent appel à elle pour régler le différend. Chacun lui exposa ses arguments, mais, comme ils parlaient tous à la fois, elle eut beaucoup de mal à comprendre exactement ce qu'ils disaient. Le bourreau déclarait qu'il était impossible de couper une tête s'il n'y avait pas un corps dont on pût la séparer, qu'il n'avait jamais rien fait de semblable jusqu'à présent, et qu'il n'allait sûrement pas commencer à son âge. Le Roi déclarait que tout ce qui avait une tête pouvait être décapité, et qu'il ne fallait pas raconter de bêtises. La Reine déclarait que si on ne prenait pas une décision immédiatement, elle ferait exécuter tout le monde autour d'elle. (Cette dernière remarque expliquait l'air grave et inquiet de l'assistance.) Alice ne put trouver autre chose à dire que ceci : «Le Chat appartient à la Duchesse ; c'est à elle que vous feriez mieux de vous adresser.» «Elle est en prison, dit la Reine au bourreau. Allez la chercher et amenez-la ici.» Sur ces mots, le bourreau fila comme une flèche. Dès qu'il fut parti, la tête du Chat commença à s'évanouir ; et, avant que le bourreau ne fût revenu avec la Duchesse, elle avait complètement disparu ; le Roi et le bourreau se mirent à courir comme des fous dans tous les sens pour la retrouver, et le reste de l'assistance s'en alla reprendre la partie interrompue.

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Et Alice se joignit au cortège, en se demandant bien ce qui allait se passer ensuite.

«Il... il fait très beau aujourd'hui!» murmura une voix timide tout près d'elle. C'était le Lapin Blanc, qui marchait à son côté et fixait sur elle un regard anxieux.

«Très beau, dit Alice. Où est donc la Duchesse?»

«Chut! Chut!» murmura vivement le Lapin, en regardant derrière lui d'un air craintif. Puis, se dressant sur la pointe des pieds, il mit sa bouche contre l'oreille d'Alice et ajouta à voix basse :

« Elle a été condamnée à avoir la tête coupée.»

«Quel carnage!»

«Avez-vous dit :. . .Quel dommage !. . .»

«Non, je ne trouve pas que ce soit du tout dommage. Mais qu'a-t-elle donc fait ?»

«Elle a giflé la Reine... », commença le Lapin.

Comme Alice se mettait à rire aux éclats, il murmura d'une voix craintive :

« Chut! je vous en prie! La Reine va vous entendre! Voyez-vous, la Duchesse était arrivée en retard, et la Reine lui a dit...»

«Prenez vos places!» cria la Reine d'une voix de tonnerre.

Sur quoi, tous se mirent à courir dans tous les sens, en se cognant les uns contre les autres. Néanmoins, au bout d'une ou deux minutes, chacun se trouva à son poste et la partie commença.

Alice n'avait jamais vu un terrain de croquet aussi bizarre : il était tout en creux et en bosses ; les boules étaient des hérissons vivants ; les maillets, des flamants vivants ; et les soldats devaient se courber en deux, pieds et mains placés sur le sol, pour former les arceaux. Dès le début, Alice trouva que le plus difficile était de se servir de son flamant : elle arrivait sans trop de mal à le tenir à plein corps sous son bras, les pattes pendantes, mais, généralement, au moment précis où, après lui avoir mis le cou bien droit, elle s'apprêtait à cogner sur le hérisson avec sa tête, le flamant ne manquait pas de se retourner et de la regarder bien en face d'un air si intrigué qu'elle ne pouvait s'empêcher de rire ; d'autre part, quand elle lui avait fait baisser la tête et s'apprêtait à recommencer, elle trouvait on ne peut plus exaspérant de s'apercevoir que le hérisson s'était déroulé et s'éloignait lentement ; de plus, il y avait presque toujours un creux ou une bosse à l'endroit où elle se proposait d'envoyer le hérisson ; et comme, en outre, les soldats courbés en deux n'arrêtaient pas de se redresser pour s'en aller vers d'autres parties du terrain, Alice en vint bientôt à conclure que c'était vraiment un jeu très difficile.

Les joueurs jouaient tous en même temps sans attendre leur tour ; ils se disputaient sans arrêt et s'arrachaient les hérissons. Au bout d'un instant, la Reine, entrant dans une furieuse colère, parcourut le terrain en tapant du pied et en criant :

«Qu'on lui coupe la tête! Qu'on lui coupe la tête!» à peu près une fois par minute.

Alice commençait à se sentir très inquiète ; à vrai dire, elle ne s'était pas encore disputée avec la Reine, mais elle savait que cela pouvait arriver d'un moment à l'autre.

«Et dans ce cas, pensait-elle, qu'est-ce que je deviendrais? Ils sont terribles, avec leur manie de couper la tête aux gens ; ce qui est vraiment extraordinaire, c'est qu'il y ait encore des survivants!»

Elle était en train de regarder autour d'elle pour voir s'il y avait moyen de s'échapper, en se demandant si elle pourrait s'éloigner sans qu'on s'en aperçût, lorsqu'elle remarqua une curieuse apparition dans l'air. Elle fut tout d'abord intriguée, car elle n'arrivait pas à distinguer ce que c'était, mais, après avoir regardé attentivement pendant une ou deux minutes, elle comprit que c'était un sourire, et elle pensa :

«C'est le Chat du Cheshire : je vais enfin pouvoir parler à quelqu'un.»

«Comment vas-tu?» dit le Chat, dès qu'il eut assez de bouche pour parler.

Alice attendit l'apparition de ses yeux pour le saluer d'un signe de tête.
«Il est inutile de lui parler, pensa-t-elle, avant que ses oreilles ne se montrent, du moins une des deux.»

Au bout d'une minute, toute la tête était visible ; Alice posa alors son flamant et se mit à lui raconter la partie de croquet, tout heureuse d'avoir quelqu'un qui voulût bien l'écouter. Le Chat jugea sans doute qu'on voyait une partie suffisante de sa personne, et il n'en apparut pas davantage.

«Je trouve qu'ils ne jouent pas du tout honnêtement, commença-t-elle d'un ton assez mécontent ; et ils se disputent d'une façon si épouvantable qu'on ne peut pas s'entendre parler ; et on dirait qu'il n'y a aucune règle du jeu (en tout cas, s'il y en a, personne ne les suit) ; et vous ne pouvez pas vous imaginer combien c'est déconcertant d'avoir affaire à des accessoires vivants : par exemple, l'arceau sous lequel doit passer ma boule est en train de se promener à l'autre bout du terrain, et je suis sûre que j'aurais croqué le hérisson de la Reine il y a un instant, mais il s'est enfui en voyant arriver le mien!»

«Que penses-tu de la Reine?» demanda le Chat à voix basse.

«Elle ne me plaît pas du tout ; elle est tellement... Juste à ce moment, elle s'aperçut que la Reine était tout près derrière eux, en train d'écouter ; c'est pourquoi elle continua ainsi,  ...sûre de gagner à ce jeu que c'est presque inutile de finir la partie. »

La Reine passa son chemin en souriant.

«A qui diable parles-tu?» demanda le Roi, en s'approchant d'Alice et en regardant la tête du Chat avec beaucoup de curiosité.

«À l'un de mes amis... un Chat du Cheshire. Permettez-moi de vous le présenter.»

«Je n'aime pas du tout sa mine, déclara le Roi. Néanmoins, je l'autorise à me baiser la main, s'il le désire.»

«J'aime mieux pas,» riposta le Chat.

«Ne faites pas l'impertinent, dit le Roi. Et ne me regardez pas comme cela!» ajouta-t-il en se mettant derrière Alice.

«Un chat peut bien regarder un roi, fit-elle observer. J'ai lu cela dans un livre, je ne me rappelle plus où.»

«C'est possible, mais il faut le faire disparaître», affirma le Roi d'un ton décidé. Puis il cria à la Reine qui se trouvait à passer à ce moment :

«Ma chère amie, je voudrais bien que vous fassiez disparaître ce chat!»

La Reine ne connaissait qu'une seule façon de résoudre toutes les difficultés.

«Qu'on lui coupe la tête!» cria-t-elle, sans même se retourner.

«Je vais aller chercher le bourreau moi-même», dit le Roi avec empressement. Et il s'éloigna en toute hâte. Alice pensa qu'elle ferait tout aussi bien de rejoindre les joueurs pour voir où en était la partie, car elle entendait dans le lointain la voix de la Reine qui hurlait de colère. Elle l'avait déjà entendue condamner trois des joueurs à avoir la tête coupée parce qu'ils avaient laissé passer leur tour, et elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les évènements, car la partie était tellement embrouillée qu'elle ne savait jamais si c'était son tour ou non de jouer. En conséquence, elle se mit à la recherche de son hérisson. Celui-ci livrait bataille à un autre hérisson, et Alice vit là une excellente occasion d'utiliser l'un pour croquer l'autre : le seul ennui était que son flamant se trouvait à l'autre extrémité du jardin, où elle pouvait le voir qui essayait vainement de s'envoler pour se percher sur un arbre. Avant qu'elle n'eût attrapé et ramené le flamant, la bataille était terminée, et les deux hérissons avaient disparu.

«Mais cela n'a pas une grande importance, pensa-t-elle, puisqu'il ne reste plus un seul arceau de ce côté-ci du terrain.»

Elle fourra donc le flamant sous son bras pour l'empêcher de s'échapper de nouveau, puis revint vers son ami pour continuer la conversation. Quand elle arriva à l'endroit où se trouvait le Chat du Cheshire, elle fut fort étonnée de voir qu'une foule nombreuse l'entourait : le bourreau, le Roi et la Reine se disputaient, en parlant tous à la fois, tandis que le reste de l'assistance se taisait d'un air extrêmement gêné.

Dès qu'Alice apparut, les trois personnages firent appel à elle pour régler le différend. Chacun lui exposa ses arguments, mais, comme ils parlaient tous à la fois, elle eut beaucoup de mal à comprendre exactement ce qu'ils disaient. Le bourreau déclarait qu'il était impossible de couper une tête s'il n'y avait pas un corps dont on pût la séparer, qu'il n'avait jamais rien fait de semblable jusqu'à présent, et qu'il n'allait sûrement pas commencer à son âge. Le Roi déclarait que tout ce qui avait une tête pouvait être décapité, et qu'il ne fallait pas raconter de bêtises. La Reine déclarait que si on ne prenait pas une décision immédiatement, elle ferait exécuter tout le monde autour d'elle. (Cette dernière remarque expliquait l'air grave et inquiet de l'assistance.) Alice ne put trouver autre chose à dire que ceci :

«Le Chat appartient à la Duchesse ; c'est à elle que vous feriez mieux de vous adresser.»

«Elle est en prison, dit la Reine au bourreau. Allez la chercher et amenez-la ici.»

Sur ces mots, le bourreau fila comme une flèche. Dès qu'il fut parti, la tête du Chat commença à s'évanouir ; et, avant que le bourreau ne fût revenu avec la Duchesse, elle avait complètement disparu ; le Roi et le bourreau se mirent à courir comme des fous dans tous les sens pour la retrouver, et le reste de l'assistance s'en alla reprendre la partie interrompue.