Pâques
L'oeuf de Pâques est le symbole de l'éclosion d'une vie nouvelle et de la fertilité. La tradition d'offrir des oeufs décorés, teints ou travaillés est bien antérieure au christianisme. L'oeuf est sans doute le plus vieux et le plus universel symbôle de vie et de renaissance notamment et de multiples rituels lui ont été associés depuis la nuit des temps. Pour certains, la coutume des oeufs de Pâques se rattacherait à l'établissement du Carême. Dès le IVème siècle, l'usage des oeufs pendant la pénitence de quarante jours est interdit par l'Eglise. Une grande quantité d'oeufs se trouvant entassée dans les provisions de ménage, le moyen le plus expéditif de s'en débarrasser était de les donner aux enfants. Dès le jeudi saint, les enfants en commençaient la collecte. Ils allaient en bande, précédés des enfants de choeur et ramassaient dans des corbeilles les oeufs qu'on leur donnait. Dans le Béarn, cette quête se faisait la veille de Pâques, appelée alors " le samedi des oeufs ". Et le jour de Pâques, tous ces oeufs étaient dégustés en omelette.
Dès le XIIème siècle, dans de nombreux pays européens, les gens du peuple avaient l'habitude de s'échanger des oeufs tout simples, bénis à l'église, une coutume que les nobles vont vite adopter, mais en s'adressant à des peintres, des orfèvres et des graveurs pour se faire faire des oeufs-joyaux, c'est à dire décorés de peintures délicates, d'émaux ou de pierres précieuses. Quant à la surprise contenue dans l'oeuf, c'est une tradition qui remonte au XVIème siècle, et certaines sont même passées à l'histoire tant elles étaient exceptionnelles : c'est le cas de la statuette de Cupidon renfermée dans un énorme oeuf de Pâques offert par Louis XV à Madame du Barry, du brûle-parfum trouvé en 1770 par Catherine II ou encore de la minuscule poulette cachée dans un précieux oeuf conservé à Copenhague dans les collections royales du château de Rosemborg. La coutume des oeufs de Pâques n'est certifiée qu'au cours du XVIème siècle à la cour des rois de France. Louis XIV faisait bénir solennellement le jour de Pâques de grandes corbeilles d'oeufs dorés qu'il remettait en cérémonie à ses proches ; Madame Victoire,fille du roi Louis XV, avait même reçu deux oeufs de Pâques peints et historiés par Lancret et Watteau..... L'on pourrait citer d'autres exemples royaux d'oeufs de Pâques célèbres..... Au XVIIème et XVIIIème siècles jusqu'à la révolution qui y mit un terme, " l'oeuf " était l'apanage de la cour et de la noblesse. L'oeuf le plus gros du royaume, pondu pendant la Semaine Sainte, revenait de droit au roi. On peut distinguer les oeufs teints que l'on consomme, des oeufs décorés que l'on conserve et que l'on offre à sa famille, à ses amis en témoignage d'amour et d'amitié. C'est au XVIIIe siècle, en France, qu'on décida de vider un oeuf frais et de le remplir de chocolat. En France et dans les autres pays européens les cloches ne sonnent pas du Vendredi Saint au Dimanche de Pâques.
Une légende dit que les cloches se rendent à Rome où elles se chargent d'oeufs de Pâques qu'elles répandent à leur retour dans les jardins. Les enfants n'ont alors plus qu'à les chercher. Depuis la nuit des temps, une mystérieuse chasse aux trésors s'organise au petit matin de Pâques : les enfants et les adultes gourmands se ruent dans les jardins, à la recherche des oeufs, cloches, cocottes, lièvres et autres gourmandises en chocolat. Le jour de Pâques, au XIIIème siècle, à Paris, les clercs des églises, les étudiants de l'Université ainsi que les jeunes gens des différents quartiers s'assemblaient sur les places publiques et formaient un long cortège en tête duquel on retrouvait bannières, tambours et trompettes. Ils se rendaient en choeur sur le parvis de l'église cathédrale, où ils chantaient une partie de l'office appelée "Laudes" puis ils s'éparpillaient dans les rues où ils faisaient la quête des oeufs de Pâques.