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l'histoire de France, De César à Clovis

Un immense cri a fait s'envoler au même instant tous les oiseaux de Lyon : -Salut César ! Cette foule qui hurle sa joie est une foule gauloise. Celui qu'elle acclame s'appelle Caligula. Debout sur son char, il répond aux acclamations en saluant les Lyonnais de larges gestes de la main.

A Rome, après que Jules César ait été assassiné en plein Sénat, son fils adoptif, Auguste, s'était fait empereur. Tibère lui a succédé, puis Caligula à Tibère, et Claude à Caligula. Comme ils appartiennent à la même famille, on les appelle tous César.

Il est tout-puissant, Caligula. Lorsqu'il vient à Lyon en visite, il n'y a que deux ans qu'il règne. Salué d'abord comme un prince, ses sujets ont appris qu'il était tombé gravement malade. Après sa guérison, il a bien fallu reconnaître que son caractère s'était modifié. Dans la foule, certains hommes informés regardent avec attention son visage pour deviner si ce qu'on murmure est vrai : l'empereur serait-il devenu fou ? Rien d'apparent, si ce n'est un regard un peu trop mobile, des yeux un peu trop troubles. Caligula ne se trouve encore que sur le chemin de la folie. Pour le moment, s'avançant dans les rues de Lyon, il admire. Lyon, désormais capitale des trois provinces gauloises est une ville superbe. Auguste a séjourné à Lyon et s'y est fait proclamer dieu. L'empereur Claude y est né. Tibère l'a visité. Tous ont aimé Lyon et ses 80 000 habitants. Ils y ont favorisé la construction de nombreux édifices dont un théâtre de 4 500 places.

Le char de Caligula s'engage dans la voie principale de la cité, longue de 300 mètres et large de 9. Des boutiques alternent avec de hauts immeubles. C'est le coin le plus animé de la ville. Un peu plus loin, l'avenue croise la rue d'Aquitaine où se pressent temples, palais, riches demeures. Caligula se sent chez lui à Lyon, comme dans toutes les grandes villes de Gaule : Narbonne, Vienne, Nîmes, Reims ou Lutèce, la ville des Parisii, nom qui se transformera plus tard en Parisien. Ces villes construites en pierre ressemblent à des villes romaines. On y trouve des cirques, des théâtres, des thermes, des places publiques appelées forum, où le peuple discute des affaires de la cité, des temples enfin pour prier Jupiter ou Apollon, tous les dieux de Rome.

Ces Gaulois sont vêtus comme des Romains, ils ont abandonnés leurs noms gaulois pour des noms latins. L'éloquence des Gaulois était depuis toujours admirée, et les plus intelligents d'entre eux ne pensent qu'à devenir citoyens romains, faveur que Rome leur accorde souvent. Caligula doit se poser la question : ces gens qui s'étaient battus avec tant d'ardeur patriotique contre César, ont-ils donc oublié qu'ils étaient gaulois ? Il n'en est rien. Simplement, les Gaulois ont emprunté à Rome ce qui pouvait le mieux améliorer leur vie quotidienne : l'eau courante que l'on achemine vers les villes avec des aqueducs, l'eau chaude que l'on fait circuler à l'intérieur des murs des maisons, adoptant ainsi le premier chauffage central. Ils ne sont pas devenus romains pour autant. Ils ont conservé leur façon de penser, leurs antiques traditions et même leur langue qui leur venaient de leurs ancêtres. C'est ce qu'on appelle l'identité. Il faudra plusieurs siècles pour que toute la gaule parle latin. Les enfants des familles aisées étudient le latin dans les écoles alors que les gens simples userons encore au IVème siècle du vieux langage celtique. Bien sûr, la langue française reste en grande partie l'héritage du latin, mais beaucoup de mots employés tous les jours viennent des Gaulois. Les mots : le cheval, la chèvre, le chat ,le taureau, l'alouette, la ruche, la charrue, le chemin, la banque, la graine, le savon et bien d'autres encore, Vercingétorix aurait pu les comprendre. Tous les noms de nos fleuves sont celtiques.

En fait, les Romains, sans le savoir, ont apporté à la Gaule ce qui lui manquait, l'unité. Pour la première fois, la Gaule tout entière est soumise aux mêmes lois. Cela, c'est capital. De cette unité, naîtra un jour la France.

La paix romaine a eu pour conséquence un prodigieux essor économique. L'industrie accomplit des prodiges, que ce soit pour l'extraction et le travail des métaux, la fabrication de poteries, de vêtements, de chaussures, d'outillage. Les incomparables routes gauloises ont été encore améliorées. Tracées en lignes droites, elles raccourcissent singulièrement les distances.

Mais ce qui séduit le plus en Gaule, ce sont ces campagnes bien ordonnées, ces champs bien tracés, ces cultures abondantes, ces vignobles déjà renommés, ces prés aux riches herbages, ces villas éparses à travers tout le pays, ces propriétés agricoles qui appartenaient à de grandes familles et où travaillaient plusieurs milliers d'hommes et de femmes. Pourtant, dans ce pays qui semble voué au bonheur, des hommes et des femmes allaient traverser de terribles souffrances.

Retournons à Lyon. Entrons dans le cirque où une cohue incroyable se bouscule pour occuper une des 10 700 places qu'il contient. Pourquoi tant de monde se pressent dans ce cirque en cet après-midi d'été de l'année 177 ? Dans cet amphithéâtre, on va mettre à mort des chrétiens.

Entassés dans la prison édifiée sous les gradins, une centaine d'hommes et de femmes, serrés les uns contre les autres, attendent. Ils savent qu'ils vont mourir et ils prient. Un jour, des grecs, des asiatiques, des syriens qui marchandent avec la Gaule, se sont mis à parler d'un certain Jésus, qu'ils appelaient aussi Christ, qui avait vécu en Palestine et que les Romains avaient cloué sur une croix. Ce Christ, disaient les marchands, envoyé sur terre pour sauver le genre humain, était le fils de Dieu.

Avant de mourir crucifié, il leur avait laissé un dernier message : - Aimez-vous les uns les autres ! Un certain nombre de gaulois ont été frappés par ce qu'on leur disait de ce Christ. D'autres voyageurs leur ont fait connaître les récits d'hommes qui avaient suivi Jésus – les apôtres – et avaient recueilli ses paroles. Celles-ci étaient si belles, si consolantes pour les gens qui souffraient, si riches d'espoir pour tous les hommes, que, vers l'an 150, à Vienne et à Lyon notamment, des Gaulois ont voulu devenir des disciples de ce Christ, c'est-à-dire des chrétiens. Malheureusement pour eux, les Romains exigent qu'ils reconnaissent l'empereur régnant à Rome comme étant lui-même un dieu. Les chrétiens s'y refusent disant qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui a envoyé son fils Jésus parmi les hommes. C'est pourquoi on a commencé à pourchasser les chrétiens, à les arrêter et à les persécuter. S'ils renient leur religion ils sont libérés, s'ils refusent on les torture et on les exécute en public dans l'amphithéâtre. Comment procèdent les Romains ?

Les chrétiens sont livrés aux bourreaux qui les torturent toute la journée. Finalement, les gardes poussent à coups de fouet les condamnés dans l'arène. A travers les murs de la prison, des rugissements font tout à coup sursauter les prisonniers : ainsi les lions sont là ! Des lions qui sont affamés !

Sur les gradins, quand on lâche les fauves, une immense clameur s'élève. Les chrétiens tombent à genoux et prient ardemment, cependant que les lions s'élancent vers eux. Ceux qui ne sont pas déchirés par leurs griffes et leurs crocs, on les attache dans des filets, puis on les livre à un taureau qui plusieurs fois les projette en l'air. Ce que n'ont pas compris les Romains, c'est que le martyre de ces chrétiens, va inciter beaucoup de Gaulois à adopter la nouvelle religion que les persécutions n'en éloigneront d'autres. Moins de 50 ans après la mort des premiers chrétiens, de nombreuses églises seront déjà construites à travers la Gaule. Le jour approchera où, tout entière, la Gaule romaine sera chrétienne.

Les Gallo-Romains ne savaient rien de se qui se passait au-delà de leurs frontières. Ils savaient la présence d'étrangers au-delà du Rhin et qu'ils appelaient les barbares. Ces peuplades bouillaient d'envie de passer en Gaule. Jusqu'à la fin du IVème siècle, les légions romaines sont parvenues à contenir ces envahisseurs en puissance. Mais de siècle en siècle, l'empire s'est affaibli. Rome a perdu sa suprématie. L'empire s'est dédoublé avec un empereur d'Orient qui régnait à Bysance – L'Istanbul d'aujourd'hui – et un empereur d'Occident qui gouvernait à Milan. Rome a cessé d'être la capital de l'empire romain. C'est le temps où un peuple inconnu est arrivé d'Asie en Europe : les Huns. Surgis des steppes de Mongolie, ces cavaliers de race jaune ont en vain tenté de conquérir la Chine qui les a repoussés. Alors ils ont déferlé sur l'Europe, semant partout l'épouvante par leur apparence sauvage et leur cruauté. Dans une poussée formidable, ils ont fini par bousculer les défenses romaines et par franchir le Rhin, pour réaliser leur rêve : s'installer en Gaule. Puis, les Wisigoths sont venus s'établir entre la Loire et les Pyrénées où ils ont fondé un royaume. Les Burgondes vont se fixer en Savoie et dans le pays qui prendra leur nom : la Bourgogne.

Pauvres Gallo-Romains ! Ils pleurent la douceur perdue de la paix romaine. Bon gré mal gré ils ont dû s'entendre avec les barbares. Cependant, la conquête ne s'est pas accompagnée de trop de violences. En général, les barbares se sont contentés de cohabiter avec les gens du cru, édifiant non loin des villas leurs rustiques cabanes entourées de fossés.

Malgré tout, la plupart des grandes villes ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. A Lutèce, on a abandonné la rive gauche où naguère s'élevaient des temples, des thermes, des arènes et de riches villas. Il n'en reste que des ruines. La rive droite n'est plus qu'un marécage. Les habitants se sont réfugiés dans l'île de la Cité que l'on a entourée d'un mur. Mais voilà que d'autres barbares établis dans la Belgique actuelle sont intéressés par la Gaule. Ce sont les Francs. La langue qu'ils parlent n'est pas l'allemand, mais elle sonne comme de l'allemand. Celui qui les commande est un jeune homme de quinze ans. Il vient de succéder à son père, le roi Childéric. Il se nomme Clovis.

A plusieurs reprises ils ont déjà tenté des expéditions vers le sud. Toujours ils ont été repoussés. Ce n'est pas faute de savoir se battre. Le courage se lit sur leur visage. Ce qui frappe chez eux, c'est la large ceinture autour de leur taille dans laquelle passe une lourde épée et ce pantalon qui colle à leurs jambes, mais c'est surtout cette large chevelure rousse qu'ils ramènent en avant sur le front tout en laissant leur nuque découverte. Clovis porte de longs cheveux qui retombent sur ses épaules. Chez les Francs, le seul signe de commandement est une longue chevelure.

Clovis est païen. Cela signifie qu'il croit aux dieux des anciens Germains. Mais son père lui a souvent parlé de ces évêques qui jouent un rôle dans la Gaule romaine. La seule véritable autorité en Gaule était celle des évêques. Clovis sait que s'il veut réussir cette conquête de la Gaule, il lui faudra avant tout obtenir l'amitié des évêques. Clovis est non seulement un guerrier valeureux, mais il est aussi un négociateur de haute valeur en même temps qu'un politique impitoyable. Croyez-vous que ce soir par hasard qu'il ait épousé une princesse chrétienne, la douce Clothilde, fille d'un roi burgonde ? Quand la négociation se révèle impossible, il agit par la ruse. Quand la ruse échoue, il n'hésite pas à faire tuer ceux qui le gênent. Pour atteindre son but, il va mettre des années. Mais en 486, une victoire décisive contre le Romain Syagrius, le rend maître de tout le pays entre la Somme et la Loire. C'est à l'issue d'une autre grande bataille, la bataille de Tolbiac, que Clovis va se convertir au christianisme ainsi que toute son armée. Le jour de Noël 496, Clovis se fait baptiser à Reims. Ce baptême du roi des Francs va porter ses fruits : la gaule chrétienne va se rallier à lui.

A sa mort, Clovis laissera à son fils un royaume qui s'étendra pratiquement à l'ensemble de la Gaule, celui des Francs. Dans le nom Franc, il y a déjà France. Et Clovis aura choisi sa capitale : paris !

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Un immense cri a fait s'envoler au même instant tous les oiseaux de Lyon :

-Salut César !

Cette foule qui hurle sa joie est une foule gauloise. Celui qu'elle acclame s'appelle Caligula. Debout sur son char, il répond aux acclamations en saluant les Lyonnais de larges gestes de la main.

A Rome, après que Jules César ait été assassiné en plein Sénat, son fils adoptif, Auguste, s'était fait empereur. Tibère lui a succédé, puis Caligula à Tibère, et Claude à Caligula. Comme ils appartiennent à la même famille, on les appelle tous César.

Il est tout-puissant, Caligula. Lorsqu'il vient à Lyon en visite, il n'y a que deux ans qu'il règne. Salué d'abord comme un prince, ses sujets ont appris qu'il était tombé gravement malade. Après sa guérison, il a bien fallu reconnaître que son caractère s'était modifié. Dans la foule, certains hommes informés regardent avec attention son visage pour deviner si ce qu'on murmure est vrai : l'empereur serait-il devenu fou ? Rien d'apparent, si ce n'est un regard un peu trop mobile, des yeux un peu trop troubles.

Caligula ne se trouve encore que sur le chemin de la folie. Pour le moment, s'avançant dans les rues de Lyon, il admire.

Lyon, désormais capitale des trois provinces gauloises est une ville superbe. Auguste a séjourné à Lyon et s'y est fait proclamer dieu. L'empereur Claude y est né. Tibère l'a visité. Tous ont aimé Lyon et ses 80 000 habitants. Ils y ont favorisé la construction de nombreux édifices dont un théâtre de 4 500 places.

Le char de Caligula s'engage dans la voie principale de la cité, longue de 300 mètres et large de 9. Des boutiques alternent avec de hauts immeubles. C'est le coin le plus animé de la ville. Un peu plus loin, l'avenue croise la rue d'Aquitaine où se pressent temples, palais, riches demeures.

Caligula se sent chez lui à Lyon, comme dans toutes les grandes villes de Gaule : Narbonne, Vienne, Nîmes, Reims ou Lutèce, la ville des Parisii, nom qui se transformera plus tard en Parisien. Ces villes construites en pierre ressemblent à des villes romaines. On y trouve des cirques, des théâtres, des thermes, des places publiques appelées forum, où le peuple discute des affaires de la cité, des temples enfin pour prier Jupiter ou Apollon, tous les dieux de Rome.

Ces Gaulois sont vêtus comme des Romains, ils ont abandonnés leurs noms gaulois pour des noms latins. L'éloquence des Gaulois était depuis toujours admirée, et les plus intelligents d'entre eux ne pensent qu'à devenir citoyens romains, faveur que Rome leur accorde souvent.

Caligula doit se poser la question : ces gens qui s'étaient battus avec tant d'ardeur patriotique contre César, ont-ils donc oublié qu'ils étaient gaulois ?

Il n'en est rien.

Simplement, les Gaulois ont emprunté à Rome ce qui pouvait le mieux améliorer leur vie quotidienne : l'eau courante que l'on achemine vers les villes avec des aqueducs, l'eau chaude que l'on fait circuler à l'intérieur des murs des maisons, adoptant ainsi le premier chauffage central.

Ils ne sont pas devenus romains pour autant. Ils ont conservé leur façon de penser, leurs antiques traditions et même leur langue qui leur venaient de leurs ancêtres. C'est ce qu'on appelle l'identité.

Il faudra plusieurs siècles pour que toute la gaule parle latin. Les enfants des familles aisées étudient le latin dans les écoles alors que les gens simples userons encore au IVème siècle du vieux langage celtique. Bien sûr, la langue française reste en grande partie l'héritage du latin, mais beaucoup de mots employés tous les jours viennent des Gaulois. Les mots : le cheval, la chèvre, le chat ,le taureau, l'alouette, la ruche, la charrue, le chemin, la banque, la graine, le savon et bien d'autres encore, Vercingétorix aurait pu les comprendre. Tous les noms de nos fleuves sont celtiques.

En fait, les Romains, sans le savoir, ont apporté à la Gaule ce qui lui manquait, l'unité. Pour la première fois, la Gaule tout entière est soumise aux mêmes lois. Cela, c'est capital. De cette unité, naîtra un jour la France.

La paix romaine a eu pour conséquence un prodigieux essor économique. L'industrie accomplit des prodiges, que ce soit pour l'extraction et le travail des métaux, la fabrication de poteries, de vêtements, de chaussures, d'outillage. Les incomparables routes gauloises ont été encore améliorées. Tracées en lignes droites, elles raccourcissent singulièrement les distances.

Mais ce qui séduit le plus en Gaule, ce sont ces campagnes bien ordonnées, ces champs bien tracés, ces cultures abondantes, ces vignobles déjà renommés, ces prés aux riches herbages, ces villas éparses à travers tout le pays, ces propriétés agricoles qui appartenaient à de grandes familles et où travaillaient plusieurs milliers d'hommes et de femmes.

Pourtant, dans ce pays qui semble voué au bonheur, des hommes et des femmes allaient traverser de terribles souffrances.

 

Retournons à Lyon. Entrons dans le cirque où une cohue incroyable se bouscule pour occuper une des 10 700 places qu'il contient. Pourquoi tant de monde se pressent dans ce cirque en cet après-midi d'été de l'année 177 ?

Dans cet amphithéâtre, on va mettre à mort des chrétiens.

Entassés dans la prison édifiée sous les gradins, une centaine d'hommes et de femmes, serrés les uns contre les autres, attendent. Ils savent qu'ils vont mourir et ils prient.

Un jour, des grecs, des asiatiques, des syriens qui marchandent avec la Gaule, se sont mis à parler d'un certain Jésus, qu'ils appelaient aussi Christ, qui avait vécu en Palestine et que les Romains avaient cloué sur une croix. Ce Christ, disaient les marchands, envoyé sur terre pour sauver le genre humain, était le fils de Dieu.

Avant de mourir crucifié, il leur avait laissé un dernier message :

-         Aimez-vous les uns les autres !

Un certain nombre de gaulois ont été frappés par ce qu'on leur disait de ce Christ. D'autres voyageurs leur ont fait connaître les récits d'hommes qui avaient suivi Jésus – les apôtres – et avaient recueilli ses paroles. Celles-ci étaient si belles, si consolantes pour les gens qui souffraient, si riches d'espoir pour tous les hommes, que, vers l'an 150, à Vienne et à Lyon notamment, des Gaulois ont voulu devenir des disciples de ce Christ, c'est-à-dire des chrétiens.

Malheureusement pour eux, les Romains exigent qu'ils reconnaissent l'empereur régnant à Rome comme étant lui-même un dieu. Les chrétiens s'y refusent disant qu'il n'y  a qu'un seul Dieu, celui qui a envoyé son fils Jésus parmi les hommes. C'est pourquoi on a commencé à pourchasser les chrétiens, à les arrêter et à les persécuter. S'ils renient leur religion ils sont libérés, s'ils refusent on les torture et on les exécute en public dans l'amphithéâtre.

Comment procèdent les Romains ?

Les chrétiens sont livrés aux bourreaux qui les torturent toute la journée. Finalement, les gardes poussent à coups de fouet les condamnés dans l'arène. A travers les murs de la prison, des rugissements font tout à coup sursauter les prisonniers : ainsi les lions sont là ! Des lions qui sont affamés !

Sur les gradins, quand on lâche les fauves, une immense clameur s'élève. Les chrétiens tombent à genoux et prient ardemment, cependant que les lions s'élancent vers eux. Ceux qui ne sont pas déchirés par leurs griffes et leurs crocs, on les attache dans des filets, puis on les livre à un taureau qui plusieurs fois les projette en l'air.

Ce que n'ont pas compris les Romains, c'est que le martyre de ces chrétiens, va inciter beaucoup de Gaulois à adopter la nouvelle religion que les persécutions n'en éloigneront d'autres. Moins de 50 ans après la mort des premiers chrétiens, de nombreuses églises seront déjà construites à travers la Gaule. Le jour approchera où, tout entière, la Gaule romaine sera chrétienne.

 

Les Gallo-Romains ne savaient rien de se qui se passait au-delà de leurs frontières. Ils savaient la présence d'étrangers au-delà du Rhin et qu'ils appelaient les barbares. Ces peuplades bouillaient d'envie de passer en Gaule. Jusqu'à la fin du IVème siècle, les légions romaines sont parvenues à contenir ces envahisseurs en puissance.

Mais de siècle en siècle, l'empire s'est affaibli. Rome a perdu sa suprématie. L'empire s'est dédoublé avec un empereur d'Orient qui régnait à Bysance – L'Istanbul d'aujourd'hui – et un empereur d'Occident qui gouvernait à Milan. Rome a cessé d'être la capital de l'empire romain.

C'est le temps où un peuple inconnu est arrivé d'Asie en Europe : les Huns. Surgis des steppes de Mongolie, ces cavaliers de race jaune ont en vain tenté de conquérir la Chine qui les a repoussés. Alors ils ont déferlé sur l'Europe, semant partout l'épouvante par leur apparence sauvage et leur cruauté. Dans une poussée formidable, ils ont fini par bousculer les défenses romaines et par franchir le Rhin, pour réaliser leur rêve : s'installer en Gaule.

Puis, les Wisigoths sont venus s'établir entre la Loire et les Pyrénées où ils ont fondé un royaume. Les Burgondes vont se fixer en Savoie et dans le pays qui prendra leur nom : la Bourgogne.

Pauvres Gallo-Romains ! Ils pleurent la douceur perdue de la paix romaine. Bon gré mal gré ils ont dû s'entendre avec les barbares.

Cependant, la conquête ne s'est pas accompagnée de trop de violences. En général, les barbares se sont contentés de cohabiter avec les gens du cru, édifiant non loin des villas leurs rustiques cabanes entourées de fossés.

Malgré tout, la plupart des grandes villes ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. A Lutèce, on a abandonné la rive gauche où naguère s'élevaient des temples, des thermes, des arènes et de riches villas. Il n'en reste que des ruines. La rive droite n'est plus qu'un marécage. Les habitants se sont réfugiés dans l'île de la Cité que l'on a entourée d'un mur.

 

Mais voilà que d'autres barbares établis dans la Belgique actuelle sont intéressés par la Gaule.

Ce sont les Francs. La langue qu'ils parlent n'est pas l'allemand, mais elle sonne comme de l'allemand. Celui qui les commande est un jeune homme de quinze ans. Il vient de succéder à son père, le roi Childéric. Il se nomme Clovis.

A plusieurs reprises ils ont déjà tenté des expéditions vers le sud. Toujours ils ont été repoussés. Ce n'est pas faute de savoir se battre. Le courage se lit sur leur visage. Ce qui frappe chez eux, c'est la large ceinture autour de leur taille dans laquelle passe une lourde épée et ce pantalon qui colle à leurs jambes, mais c'est surtout cette large chevelure rousse qu'ils ramènent en avant sur le front tout en laissant leur nuque découverte. Clovis porte de longs cheveux qui retombent sur ses épaules. Chez les Francs, le seul signe de commandement est une longue chevelure.

Clovis est païen. Cela signifie qu'il croit aux dieux des anciens Germains. Mais son père lui a souvent parlé de ces évêques qui jouent un rôle dans la Gaule romaine. La seule véritable autorité en Gaule était celle des évêques. Clovis sait que s'il veut réussir cette conquête de la Gaule, il lui faudra avant tout obtenir l'amitié des évêques. Clovis est non seulement un guerrier valeureux, mais il est aussi un négociateur de haute valeur en même temps qu'un politique impitoyable.

Croyez-vous que ce soir par hasard qu'il ait épousé une princesse chrétienne, la douce Clothilde, fille d'un roi burgonde ?

Quand la négociation se révèle impossible, il agit par la ruse. Quand la ruse échoue, il n'hésite pas à faire tuer ceux qui le gênent.

Pour atteindre son but, il va mettre des années. Mais en 486, une victoire décisive contre le Romain Syagrius, le rend maître de tout le pays entre la Somme et la Loire. C'est à l'issue d'une autre grande bataille, la bataille de Tolbiac, que Clovis va se convertir au christianisme ainsi que toute son armée.

Le jour de Noël 496, Clovis se fait baptiser à Reims. Ce baptême du roi des Francs va porter ses fruits : la gaule chrétienne va se rallier à lui.

A sa mort, Clovis laissera à son fils un royaume qui s'étendra pratiquement à l'ensemble de la Gaule, celui des Francs. Dans le nom Franc, il y a déjà France. Et Clovis aura choisi sa capitale : paris !