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l'histoire de France, La gloire des Bourbons – Louis XIII

Dans sa chambre du palais du Louvre, un roi de seize ans rêve. Il y a sept années que Louis XIII règne, mais en vérité peut-on parler de règne ?

Après l'assassinat d'Henry IV, sa veuve, Marie de Médicis, a été nommée régente. Mais à travers elle, des Italiens avides, Concino Concini et sa femme, Léonora Galigaï, se sont emparés du pouvoir. Quand l'un et l'autre sont arrivés d'Italie avec Marie de Médicis, ils n'étaient rien. De par la faiblesse de la reine, ils sont tout.

Comment, dans sa chambre du Louvre, l'adolescent Louis XIII oublierait-il que toute son enfance s'est déroulée sous la protection dédaigneuse des Concini ? Comment oublierait-il que l'année précédente encore, s'étant présenté au conseil, sa mère lui a montré la porte : -Mon fils, allez vous ébattre ailleurs ! Il avait quinze ans et, selon les lois du royaume, il était majeur. Il a baissé la tête et il est sorti. Mais il n'a jamais oublié le regard plein d'ironie que Concini, assis à côté de la reine, lui avait jeté. La fortune de Concini, devenu maréchal de France et marquis d'Ancre, dépasse huit millions de livres. C'est la France toute entière qu'il pille. Au conseil, il ne craint plus de s'asseoir dans le propre fauteuil du roi. Que va devenir le royaume ?

Louis XIII est un prince triste. Il a un ami, un seul, Charles de Luynes, plus âgé que lui de vingt-trois ans. Ce qui les a liés, c'est leur passion commune pour la chasse au faucon. Louis a fait de Luynes le confident de ses doutes, de ses angoisses.

Un jour, la coupe déborde. Avec Luynes, Louis va droit au but : il faut se débarrasser de Concini. Luynes acquiesce et va très vite recruter des hommes sûrs. Cinq. Le plan, c'est d'arrêter Concini quand il viendra au Louvre. Après quoi, on le jugera.

Mais ne serait-il pas plus prudent de le tuer ?

Le baron de Vitry, capitaine des gardes du corps, se déclare prêt à passer à l'action à condition que le roi lui en donne lui-même l'ordre. On le conduit chez Louis XIII - Sire, demande-t-il, si le maréchal se défend, que veut Sa Majesté que je fasse ? Louis reste immobile, il ne dit rien, mais l'un des conjurés répond pour lui : - Le roi entend qu'on le tue. Les yeux de Louis XIII se ferment. Puis se rouvrent. Rien d'autre. Vitry s'incline. - Sire, j'exécuterai vos commandements. Le dimanche 23 avril 1617, Concini se présente devant la grande porte du Louvre. On lui ouvre. Il franchit le Pont-Dormant. Il tient à la main une lettre qu'il lit en marchant. Vitry s'avance vers lui, le prend par un bras. - Monsieur, le roi m'a commandé de me saisir de vous. Derrière Vitry, les conjurés font bloc. D'instinct, Concini a mis la main sur la garde de son épée : les conjurés feignent de prendre cela pour un geste offensif. Tous les cinq, ils ouvrent le feu sur lui. Le maréchal, atteint entre les deux yeux, à la joue, à la gorge, s'écroule. Les conjurés percent ce corps déjà sans vie de coups d'épée. Vitry hurle : - Vive le roi ! Quelques instants plus tard, Louis XIII apparaît à sa fenêtre. Il crie à Vitry : - Grand merci, grand merci à vous ! A cette heure, je suis le roi !

Maintenant que Louis XIII est enfin roi, un sombre et terrifiant personnage apparaît en haut de l'Etat, le cardinal de Richelieu. Pour mieux exercer son influence sur le roi, il gouverne les Français à l'aide de tout un réseau d'espions, de policiers, d'agents secrets qui sèment autour d'eux l'épouvante. S'il est vrai que le gouvernement de Richelieu fut souvent impitoyable, il fut néanmoins l'un des plus grands hommes d'Etat que la France ait eu la chance de trouver à sa tête. Peut-être le plus grand.

C'est Marie de Médicis, la mère de Louis XIII, qui a fait de lui un cardinal. Et puis le jour est venu où Louis XIII, sur les conseils de sa mère, l'a appelé comme ministre en 1624. Louis XIII va peu à peu remettre toute l'étendue du pouvoir à ce Richelieu pour lequel il est loin, au début, de ressentir une amitié débordante. Très vite, il a compris que Richelieu était un homme extraordinaire et que, pour le bien de la France, il lui fallait le soutenir en tout. Des liens profonds vont finalement s'établir entre les deux hommes, chacun ayant à lutter, le roi contre ses humeurs, le cardinal contre ses colères, et tous les deux contre une santé déplorable. Louis XIII est rongé par la tuberculose. Quant à Richelieu, une fièvre continuelle le tourmente, mais surmontant ses douleurs, il vient à bout d'un travail qu'aucun de ses ministres en pleine santé ne parviendrait à assumer. C'est ainsi qu'il gouverne la France. Une immense digue, en pleine mer, barre l'accès du port de La Rochelle assiégé. Le cardinal de Richelieu, promu généralissime de l'armée royale est venu mettre le siège devant ce grand port de l'Atlantique. Mais pourquoi ? Simplement parce que La Rochelle fait partie des places fortifiées confiées aux protestants par l'Edit de Nantes. Or, quand Louis XIII a épousé une princesse espagnole, Anne d'Autriche, les protestants de France se sont inquiétés. Quant aux habitants réformés de La Rochelle, ils sont allés jusqu'à faire appel aux Anglais, eux-mêmes protestants. Le favori du roi d'Angleterre, Buckingham, a aussitôt fait débarquer une armée dans l'île de Ré. C'est pour empêcher les Anglais de rejoindre La Rochelle que le cardinal a dû faire édifier la digue. Et il va tenir en échec l'armée de Buckingham. Il lui faut une année entière, mais il triomphe. Les protestants de La Rochelle capitulent en octobre 1628. Après quoi, le cardinal va reprendre l'une après l'autre les villes insurgées. Le roi confirme aux protestants la liberté religieuse, mais supprime leurs privilèges politiques. Ils devront raser leurs fortifications.

Le but de Richelieu a été de travailler à la grandeur du royaume et à la majesté du roi. Donc, pour l'établir, il ne va reculer devant aucun moyen. Implacable, il s'oppose à tous les partis qui voudraient diviser la France, à tous les hommes et à toutes les femmes qui mettraient en péril l'unité du royaume. Il va avoir affaire à forte partie. D'incessants complots naissent et renaissent. La reine mère Marie de Médicis et la reine Anne d'Autriche elles-mêmes complotent contre le cardinal. Tantôt on complote pour le chasser du pouvoir, tantôt on tente de l'assassiner. Chaque fois, la conspiration est dévoilée par la célèbre police de richelieu. Quel que soit leur titre ou leur rang, les conjurés sont jetés en prison ou même exécutés. Richelieu sait que sa politique est impopulaire comme tout ce qui est difficile à supporter.

Le royaume que Richelieu tient dans sa main de fer est un pays en guerre. On se bat en Europe depuis que l'empereur Habsbourg Ferdinand II a voulu imposer le catholicisme à tous les princes allemands, même les protestants. Cette guerre commencée en 1618 durera jusqu'en 1648 : on l'appelle la guerre de Trente Ans. Si Richelieu y fait entrer la France, c'est parce qu'il se considère comme l'héritier de la politique traditionnelle de nos rois. Là, se révèle une fois de plus le courage et l'intraitable volonté de Richelieu. Il va triompher sur tous les champs de bataille. Dès lors, Richelieu ne remporte que des succès.

Richelieu meurt en novembre 1642. Le roi Louis XIII ne lui survivra que six mois.

Quand meurent Louis XIII et Richelieu, la France domine en Europe. Une puissante administration est en place. Partout le pouvoir du roi est respecté.

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Dans sa chambre du palais du Louvre, un roi de seize ans rêve. Il y a sept années que Louis XIII règne, mais en vérité peut-on parler de règne ?

Après l'assassinat d'Henry IV, sa veuve, Marie de Médicis, a été nommée régente. Mais à travers elle, des Italiens avides, Concino Concini et sa femme, Léonora Galigaï, se sont emparés du pouvoir. Quand l'un et l'autre sont arrivés d'Italie avec Marie  de Médicis, ils n'étaient rien. De par la faiblesse de la reine, ils sont tout.

Comment, dans sa chambre du Louvre, l'adolescent Louis XIII oublierait-il que toute son enfance s'est déroulée sous la protection dédaigneuse des Concini ? Comment oublierait-il que l'année précédente encore, s'étant présenté au conseil, sa mère lui a montré la porte :

-Mon fils, allez vous ébattre ailleurs !

Il avait quinze ans et, selon les lois du royaume, il était majeur. Il a baissé la tête et il est sorti. Mais il n'a jamais oublié le regard plein d'ironie que Concini, assis à côté de la reine, lui avait jeté.

La fortune de Concini, devenu maréchal de France et marquis d'Ancre, dépasse huit millions de livres. C'est la France toute entière qu'il pille. Au conseil, il ne craint plus de s'asseoir dans le propre fauteuil du roi. Que va devenir le royaume ?

Louis XIII est un prince triste. Il a un  ami, un seul, Charles de Luynes, plus âgé que lui de vingt-trois ans.  Ce qui les a liés, c'est leur passion commune pour la chasse au faucon. Louis a fait de Luynes le confident de ses doutes, de ses angoisses.

Un jour, la coupe déborde. Avec Luynes, Louis va droit au but : il faut se débarrasser de Concini. Luynes acquiesce et va très vite recruter des hommes sûrs. Cinq. Le plan, c'est d'arrêter Concini quand il viendra au Louvre. Après quoi, on le jugera.

Mais ne serait-il pas plus prudent de le tuer ?

Le baron de Vitry, capitaine des gardes du corps, se déclare prêt à passer à l'action à condition que le roi lui en donne lui-même l'ordre. On le conduit chez Louis XIII

- Sire, demande-t-il, si le maréchal se défend, que veut Sa Majesté que je fasse ?

Louis reste immobile, il ne dit rien, mais l'un des conjurés répond pour lui :

- Le roi entend qu'on le tue.

Les yeux de Louis XIII se ferment. Puis se rouvrent. Rien d'autre. Vitry s'incline.

-         Sire, j'exécuterai vos commandements.

Le dimanche 23 avril 1617, Concini se présente devant la grande porte du Louvre. On lui ouvre. Il franchit le Pont-Dormant. Il tient à la main une lettre qu'il lit en marchant.

Vitry s'avance vers lui, le prend par un bras.

-         Monsieur, le roi m'a commandé de me saisir de vous.

Derrière Vitry, les conjurés font bloc. D'instinct, Concini a mis la main sur la garde de son épée : les conjurés feignent de prendre cela pour un geste offensif. Tous les cinq, ils ouvrent le feu sur lui. Le maréchal, atteint entre les deux yeux, à la joue, à la gorge, s'écroule. Les conjurés percent ce corps déjà sans vie de coups d'épée. Vitry hurle :

-         Vive le roi !

Quelques instants plus tard, Louis XIII apparaît à sa fenêtre. Il crie à Vitry :

-         Grand merci, grand merci à vous ! A cette heure, je suis le roi !

 

Maintenant que Louis XIII est enfin roi, un sombre et terrifiant personnage apparaît en haut de l'Etat, le cardinal de Richelieu. Pour mieux exercer son influence sur le roi, il gouverne les Français à l'aide de tout un réseau d'espions, de policiers, d'agents secrets qui sèment autour d'eux l'épouvante.

S'il est vrai que le gouvernement de Richelieu fut souvent impitoyable, il fut néanmoins l'un des plus grands hommes d'Etat que la France ait eu la chance de trouver à sa tête. Peut-être le plus grand.

C'est Marie de Médicis, la mère de Louis XIII, qui a fait de lui un cardinal. Et puis le jour est venu où Louis XIII, sur les conseils de sa mère, l'a appelé comme ministre en 1624.

Louis XIII va peu à peu remettre toute l'étendue du pouvoir à ce Richelieu pour lequel il est loin, au début, de ressentir une amitié débordante. Très vite, il a compris que Richelieu était un homme extraordinaire et que, pour le bien de la France, il lui fallait le soutenir en tout. Des liens profonds vont finalement s'établir entre les deux hommes, chacun ayant à lutter, le roi contre ses humeurs, le cardinal contre ses colères, et tous les deux  contre une santé déplorable. Louis XIII est rongé par la tuberculose. Quant à Richelieu, une fièvre continuelle le tourmente, mais surmontant ses douleurs, il vient à bout d'un travail qu'aucun de ses ministres en pleine santé ne parviendrait à assumer. C'est ainsi qu'il gouverne la France.

 

Une immense digue, en pleine mer, barre l'accès du port de La Rochelle assiégé. Le cardinal de Richelieu, promu généralissime de l'armée royale est venu mettre le siège devant ce grand port de l'Atlantique. Mais pourquoi ? Simplement parce que La Rochelle fait partie des places fortifiées confiées aux protestants par l'Edit de Nantes. Or, quand Louis XIII a épousé une princesse espagnole, Anne d'Autriche, les protestants de France se sont inquiétés.

Quant aux habitants réformés de La Rochelle, ils sont allés jusqu'à faire appel aux Anglais, eux-mêmes protestants. Le favori du roi d'Angleterre, Buckingham, a aussitôt fait débarquer une armée dans l'île de Ré. C'est pour empêcher les Anglais de rejoindre La Rochelle que le cardinal a dû faire édifier la digue. Et il va tenir en échec l'armée de Buckingham.

Il lui faut une année entière, mais il triomphe. Les protestants de La Rochelle capitulent en octobre 1628. Après quoi, le cardinal va reprendre l'une après l'autre les villes insurgées. Le roi confirme aux protestants la liberté religieuse, mais supprime leurs privilèges politiques. Ils devront raser leurs fortifications.

 

Le but de Richelieu a été de travailler à la grandeur du royaume et à la majesté du roi. Donc, pour l'établir, il ne va reculer devant aucun moyen. Implacable, il s'oppose à tous les partis qui voudraient diviser la France, à tous les hommes et à toutes les femmes qui mettraient en péril l'unité du royaume.

Il va avoir  affaire à forte partie. D'incessants complots naissent et renaissent. La reine mère Marie de Médicis et la reine Anne d'Autriche elles-mêmes complotent contre le cardinal.

Tantôt on complote pour le chasser du pouvoir, tantôt on tente de l'assassiner.

Chaque fois, la conspiration est dévoilée par la célèbre police de richelieu. Quel que soit leur titre ou leur rang, les conjurés sont jetés en prison ou même exécutés. Richelieu sait que sa politique est impopulaire comme tout ce qui est difficile à supporter.

Le royaume que Richelieu tient dans sa main de fer est un pays en guerre. On se bat en Europe depuis que l'empereur Habsbourg Ferdinand II a voulu imposer le catholicisme à tous les princes allemands, même les protestants. Cette guerre commencée en 1618 durera jusqu'en 1648 : on l'appelle la guerre de Trente Ans. Si Richelieu y fait entrer la France, c'est parce qu'il se considère comme l'héritier de la politique traditionnelle de nos rois.

Là, se révèle une fois de plus le courage et l'intraitable volonté de Richelieu. Il va triompher sur tous les champs de bataille. Dès lors, Richelieu ne remporte que des succès.

 

Richelieu meurt en novembre 1642. Le roi Louis XIII ne lui survivra que six mois.

Quand meurent Louis XIII et Richelieu, la France domine en Europe. Une puissante administration est en place. Partout le pouvoir du roi est respecté.