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La France pendant la deuxième guerre mondiale, Les Français en état de choc

Des sentiments contraires se disputent leur âme. Chez quelques-uns le désespoir est tel que, la vie ayant cessé à leurs yeux d'avoir du prix, ils y mettent fin : le grand chirurgien Thierry de Martel, le fils de Gyp, se suicide, et le préfet de l'Eure-et-Loir, Jean Moulin, tente de mettre fin à ses jours; mais il y a aussi d'obscurs Français dont l'histoire n'a pas retenu les noms. Pour quelques-uns qui vont jusqu'au bout de leur décision, combien vont vivre le désespoir au cœur jusqu'à ce qu'ils entrevoient une lueur d'espoir? Le sentiment sans doute le plus général sur le moment est le soulagement, chez les combattants comme chez les civils. A quoi bon poursuivre un combat perdu? Les mobilisés espèrent être bientôt rendus à leur famille et à leurs occupations, et leurs proches vont cesser de trembler pour eux. Les familles dispersées par l'exode pourront se regrouper. Pour l'heure, les soucis les plus élémentaires accaparent les esprits : obtenir des nouvelles des siens, se procurer de la nourriture ou de l'essence pour reprendre le chemin du retour. Mais pour pressantes que soient ces préoccupations, elles n'empêchent pas de partager le deuil de la patrie : le 25 juin, quand les armes se taisent, les Français se recueillent; le gouvernement a prescrit un jour de deuil. A vrai dire il n'était pas nécessaire de le décréter: le deuil était dans tous les cœurs et, d'eux-mêmes, les Français, où qu'ils fussent, se retrouvent dans une pensée commune; jusque dans les plus petits villages, là où l'ennemi n'est pas, les habitants s'assemblent avec les élus municipaux autour du monument aux morts vainqueurs de 1914-1918 et ont un geste de piété pour les morts d'une guerre perdue. Les Français se retrouvent unanimes dans ces sentiments profonds : toutes les divisions sont momentanément effacées ou recouvertes, Toutes les appartenances ont cédé, les partis, les syndicats ont disparu. Seules subsistent les solidarités élémentaires dont la proximité a résisté au souffle du désastre : la famille, le métier, le village ou la communauté provisoire des réfugiés, aux prises avec des nécessités quotidiennes et la communion dans le malheur collectif.

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Des sentiments contraires se disputent leur âme. Chez quelques-uns le désespoir est tel que, la vie ayant cessé à leurs yeux d'avoir du prix, ils y mettent fin : le grand chirurgien Thierry de Martel, le fils de Gyp, se suicide, et le préfet de l'Eure-et-Loir, Jean Moulin, tente de mettre fin à ses jours; mais il y a aussi d'obscurs Français dont l'histoire n'a pas retenu les noms. Pour quelques-uns qui vont jusqu'au bout de leur décision, combien vont vivre le désespoir au cœur jusqu'à ce qu'ils entrevoient une lueur d'espoir?

Le sentiment sans doute le plus général sur le moment est le soulagement, chez les combattants comme chez les civils. A quoi bon poursuivre un combat perdu? Les mobilisés espèrent être bientôt rendus à leur famille et à leurs occupations, et leurs proches vont cesser de trembler pour eux. Les familles dispersées par l'exode pourront se regrouper. Pour l'heure, les soucis les plus élémentaires accaparent les esprits : obtenir des nouvelles des siens, se procurer de la nourriture ou de l'essence pour reprendre le chemin du retour. Mais pour pressantes que soient ces préoccupations, elles n'empêchent pas de partager le deuil de la patrie : le 25 juin, quand les armes se taisent, les Français se recueillent; le gouvernement a prescrit un jour de deuil. A vrai dire il n'était pas nécessaire de le décréter: le deuil était dans tous les cœurs et, d'eux-mêmes, les Français, où qu'ils fussent, se retrouvent dans une pensée commune; jusque dans les plus petits villages, là où l'ennemi n'est pas, les habitants s'assemblent avec les élus municipaux autour du monument aux morts vainqueurs de 1914-1918 et ont un geste de piété pour les morts d'une guerre perdue.

 

Les Français se retrouvent unanimes dans ces sentiments profonds : toutes les divisions sont momentanément effacées ou recouvertes, Toutes les appartenances ont cédé, les partis, les syndicats ont disparu. Seules subsistent les solidarités élémentaires dont la proximité a résisté au souffle du désastre : la famille, le métier, le village ou la communauté provisoire des réfugiés, aux prises avec des nécessités quotidiennes et la communion dans le malheur collectif.