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Wikipédia Français, Relations entre la France et l'Iran 2

Relations entre la France et l'Iran 2

1850 - 1871 Dessin représentant Amin o Dowleh, chef de la délégation perse à la cour de Napoléon III.

Ces deux décennies sont une période de compréhension et d'entente cordiale entre les deux pays, avec des délégations bien établies à Téhéran et à Paris. En 1852, le premier ministre Mirza Aqa Khan Nour Etemad al-Dawleh a besoin d'une puissance médiatrice afin de l'aider à conclure de nouveau une alliance avec les anglais. Le premier ministre perse accepte alors un traité commercial proposé par la France 3 ans plus tard, en juillet 1855. Ce traité est finalisé en 1856 et en octobre 1858, le délégué perse en France revient avec une mission militaire française en Perse[11]. Un an plus tard, un nouveau délégué perse est nommé à Paris; ce délégué est aussi en charge de l'éducation en Europe d'environ 60 étudiants, diplômés de Dar-ol Fonoun pour la plupart. À cette époque, la représentation diplomatique de l'Iran en France est relativement importante, avec un attaché militaire à Paris et plusieurs consuls à Paris et en province. Napoléon III, qui est empereur à partir de 1852, répond en établissant une légation française à Téhéran en juillet 1854. La tête de cette légation n'est considérée que comme un poste mineur depuis Paris, principalement un poste d'observation aux intérêts limités. Les fonctionnaires qui se succèdent à ce poste permettent quand même d'asseoir les bases de l'influence française en Perse à travers les rôles de protection, d'éducation, de médecins à la cour et de conseillers militaires. C'est à cette époque que sont ouverts plusieurs consulats français en Iran, à Rasht en 1864 et à Tabriz en 1866. La tradition du médecin de cour français est maintenue avec la nomination du docteur Joseph Désiré Tholozan (du corps de santé de l'armée française) à ce poste. Les conseillers militaires retrouvent eux aussi une place d'honneur avec la mission du colonel Victor Brongniart qui sert directement sous les ordres du commandant de l'armée perse, certains officiers restant même après la fin de leur contrat en tant qu'instructeurs au Collège militaire de Téhéran ou en contribuant à la création d'usines d'armes modernes comme le capitaine Michel Rous[11] Cette époque se finit par la défaite française à Sedan en 1870, la chute de l'empire pour la république et la capitulation de Paris, qui fait perdre toute confiance envers la France aux Iraniens. De 1871 à la Première Guerre mondiale Nasseredin Shah visitant l'Exposition de Paris en 1889. Mozaffaredin Shah fait la couverture du Petit Journal le 19 août 1900, lors de sa visite à Paris.

Pendant cette période, les relations sont officiellement maintenues mais n'ont pas grande importance politique, une France vaincue n'ayant que peu d'intérêt pour le gouvernement perse. Pendant cette même période, la Perse est en proie à une très grande rivalité entre la Grande-Bretagne et la Russie. La position de la France est alors inégale: influence culturelle grandissante mais déclin commercial et politique. De cette époque subsisteront d'ailleurs des emprunts au français dans la langue persane. La représentation diplomatique de la Perse en France est alors plus forte que jamais, puisqu'on compte treize consuls ou vice-consuls perses résidants en France (deux à Paris et Bastia, un à Bayonne, Béziers, Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Nice et Rouen). La relation cordiale entre les deux pays se renforce encore avec les visites officielles de Nasseredin Shah et de Mozaffaredin Shah en France, ainsi que la participation de la Perse aux grandes expositions de 1878 et 1900.

Pendant ce temps, en Perse, l'activité diplomatique et commerciale des représentants français continue, et les médecins français des Qajars fournissent une source importante d'influence à la cour. Certains Français ont agi de leur propre chef pour développer des projets économiques en Iran, comme l'établissement de raffineries de sucre dans le Gilan en 1878 par Messieurs Barral et Rambaud, l'éclairage au gaz de Téhéran en 1881 par Boital[12], ou encore l'ouverture de pharmacies à Tabriz et Téhéran par M. Coppin. En 1912, un « syndicat franco-iranien » est même créé, permettant d'exploiter du charbon et divers minéraux au sud de la mer Caspienne. Cependant, à partir des années 1890, la France commence à chercher une alliance avec la Russie, puis, quelques années plus tard, entrevoit la possibilité d'une triple alliance avec la Grande-Bretagne. La Russie limitera les ambitions de la France dans cette partie du globe. Malgré la création de l'Union franco-persane en 1909, l'aide de la France se limite à envoyer quelques conseillers en matières agricoles et financières. Malgré ces quelques réussites commerciales, et en prenant en compte les exportations d'armes et d'alcool, la France n'est que le cinquième partenaire commercial de la Perse en 1914; ce qui souligne le déclin de l'influence française[13]. Malgré ce déclin économique, les contributions culturelles, archéologiques et à l'éducation en Perse montrent un fort dynamisme. De plus, le gouvernement français accorde une protection officielle aux citoyens suisses, grecs, italiens ainsi qu'aux officiers suédois de gendarmerie en Perse à partir de 1911. Mozaffaredin Shah lors de sa visite en France (photo prise à Martigny les Bains en 1902.

Pendant la Première Guerre Mondiale, cette politique est maintenue. La Perse souhaite cependant que la France participe à l'évacuation des troupes russes et britanniques de Perse en 1917, et en septembre de cette année, la France envoie un hôpital mobile (appelé "l'Ambulance") à Tiflis (Tbilissi aujourd'hui) pour traiter les blessés russes qui combattent contre les ottomans. Cette "Ambulance" est ensuite envoyée à Orumieh après le départ des russes afin de fournir une aide humanitaire ainsi qu'un assistance militaire. Cette décision, qui a été prise par le Quartier général de Tiflis sans concertation ni avec Paris, ni avec Téhéran, aura des répercussions non voulues, puisque des combats éclatent entre les milices chrétiennes présentes dans la région et le Parti démocratique de l'Azerbaïdjan. Sur l'ensemble de la période, on voit donc que la France reste dans le cadre des relations entre l'Iran d'une part et la Grande-Bretagne ainsi que la Russie d'autre part; la politique française restant réservée par rapport à celle des autres partenaires européens. Période entre la première guerre mondiale et la chute de Mohammad Reza Shah Pahlavi Ascension de la dynastie Pahlavi À l'issue de la Première Guerre Mondiale, la Perse, théoriquement neutre, est en fait soumise à l'influence britannique. En effet, la présence des South Persia Rifles et le fait que la Brigade des Cosaques Perses soit payée par la légation britannique montre cette influence. Cette hégémonie britannique indispose Paris, puisque la Perse est adjacente à la "Bande de Mossoul", zone allouée à la France après l'accord Sykes-Picot de 1916. Le départ des Russes et des Allemands de Perse offre alors l'opportunité à la France d'avoir des ambitions dans ce pays. Les diplomates français arguent du fait que la France n'y a pas de passé colonial, et peut alors exercer une influence notable dans le pays. À cette époque, l'influence de la France diminue fortement en Perse : la Belgique avait alors plus de représentants diplomatiques en Perse que la France, et Morgan Shuster ne fait aucune référence à la France dans son livre The strangling of Persia , le récit de son poste de conseiller financier auprès du gouvernement perse en 1911. Les projets de la France pour augmenter sa présence en Iran incluent : la création d'une banque française à Téhéran, l'augmentation du nombre d'enseignants français à Dar-ol Fonoun et à la faculté de Droit de l'Université de Téhéran; la création d'un lycée français et une école d'agriculture; l'ajout d'une section commerciale à la légation française; la mise en place d'un service international de TSF pour contrer les services britanniques et allemands; la publication d'un journal en langue française en Iran; l'augmentation du nombre de consulats. Les autres projets, plus politiques, étaient d'envoyer des conseillers au gouvernement persan, et d'envoyer une mission militaire française pour entraîner l'armée iranienne. La publication de l'accord anglo-persan de 1919 ainsi que le refus des Britanniques de laisser la Perse participer à la conférence de Versailles montrent que les Britanniques sont fortement réticents à laisser la Perse décider de son sort et que d'autres puissances étrangères fassent de l'ingérence dans les relations perso-britanniques. Le premier ministre de l'époque, Wotuq-al Dawla a même essayé de convaincre Bonin, diplomate français en Iran, de se faire aider par son collègue américain afin d'obtenir auprès des britanniques l'annulation de l'accord anglo-persan après qu'il ait été signé[14]. Le coup d'état de Reza Pahlavi du 21 février 1921 amène les français à penser que la période française en Perse est enfin arrivée. En effet, le fait que les diplomates britanniques à Téhéran ne soient pas au courant de l'implication de leur gouvernement, qu'une majorité d'officiers ayant réalisé le coup d'État aient été éduqués en France ainsi que la décision de Reza Khan de refuser tout ingérence britannique dans l'organisation de l'armée le laisse à penser. De plus, Reza Khan décide en juin 1943 d'envoyer 46 élèves officiers se former dans des écoles militaires françaises[15]. Cependant, après la conférence de San Remo de mai 1920, la France, préférant mettre en place ses protectorats au Moyen-Orient, accepte de ne pas discuter de l'hégémonie britannique en Perse. Les rapports de la France avec Reza Shah Musée National d'Iran, conçu par l'architecte français André Godard au début du XXe siècle. Les Perses ne sont pas indifférents à la victoire de la France sur l'Allemagne et au prestige militaire de Clemenceau. La France est alors très bien considérée par Reza Shah, qui envoie les cadets de l'armée perse en formation en France. Ce programme de formation est autorisé par le Parlement persan en 1922 et durera une décennie. Des officiers français sont recrutés par l'armée iranienne pour former des iraniens à l'académie militaire de Téhéran[16]. De plus, la France est alors le modèle pour la formation de l'éducation secondaire en Iran, le dabirestan persan étant créé sur le modèle du lycée français. Les cursus de l'Université de Téhéran sont aussi calqués sur le modèle français, et les conseillers et professeurs français apportent une aide notable, particulièrement aux facultés de médecine et des beaux-arts[16]. Ce sont des articles dans des journaux satiriques français qui font se déteriorer les relations franco-persanes entre 1933 et 1938; des relations qui deviennent encore plus délétères avec l'arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste du Front populaire en France en 1936. En effet, les Iraniens pensent que les grèves désorganisent l'économie française, ce qui explique le manque de commandes des Iraniens à ce moment-là ainsi que le refus de la Perse de participer à l'exposition universelle de Paris de 1937. Les relations diplomatiques avec la France sont rompues en 1938 sous le prétexte d'articles satiriques dans des journaux français à propos de Reza Shah. Les relations diplomatiques sont rétablies en mars 1939 à l'occasion du mariage du prince Mohammad Reza avec Fawzia d'Égypte. Les évènements de 1940 et l'avènement du gouvernement de Vichy restaurent la confiance de Reza Shah dans la France, qui déclare à Norouz en 1941: "Les Français ont finalement compris, comme nous et après nous, que pour être fort, il faut un gouvernement fort. "[17] Mais l'occupation anglo-soviétique de l'Iran en 1941, l'abdication du Shah puis l'alliance tripartite entre les perses, les anglais et les soviétiques ont pour conséquence la fermeture des représentations diplomatiques françaises.

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Relations entre la France et l'Iran 2

1850 - 1871 Dessin représentant Amin o Dowleh, chef de la délégation perse à la cour de Napoléon III.

Ces deux décennies sont une période de compréhension et d'entente cordiale entre les deux pays, avec des délégations bien établies à Téhéran et à Paris. En 1852, le premier ministre Mirza Aqa Khan Nour Etemad al-Dawleh a besoin d'une puissance médiatrice afin de l'aider à conclure de nouveau une alliance avec les anglais. Le premier ministre perse accepte alors un traité commercial proposé par la France 3 ans plus tard, en juillet 1855. Ce traité est finalisé en 1856 et en octobre 1858, le délégué perse en France revient avec une mission militaire française en Perse[11]. Un an plus tard, un nouveau délégué perse est nommé à Paris; ce délégué est aussi en charge de l'éducation en Europe d'environ 60 étudiants, diplômés de Dar-ol Fonoun pour la plupart. À cette époque, la représentation diplomatique de l'Iran en France est relativement importante, avec un attaché militaire à Paris et plusieurs consuls à Paris et en province. Napoléon III, qui est empereur à partir de 1852, répond en établissant une légation française à Téhéran en juillet 1854. La tête de cette légation n'est considérée que comme un poste mineur depuis Paris, principalement un poste d'observation aux intérêts limités. Les fonctionnaires qui se succèdent à ce poste permettent quand même d'asseoir les bases de l'influence française en Perse à travers les rôles de protection, d'éducation, de médecins à la cour et de conseillers militaires. C'est à cette époque que sont ouverts plusieurs consulats français en Iran, à Rasht en 1864 et à Tabriz en 1866. La tradition du médecin de cour français est maintenue avec la nomination du docteur Joseph Désiré Tholozan (du corps de santé de l'armée française) à ce poste. Les conseillers militaires retrouvent eux aussi une place d'honneur avec la mission du colonel Victor Brongniart qui sert directement sous les ordres du commandant de l'armée perse, certains officiers restant même après la fin de leur contrat en tant qu'instructeurs au Collège militaire de Téhéran ou en contribuant à la création d'usines d'armes modernes comme le capitaine Michel Rous[11] Cette époque se finit par la défaite française à Sedan en 1870, la chute de l'empire pour la république et la capitulation de Paris, qui fait perdre toute confiance envers la France aux Iraniens. De 1871 à la Première Guerre mondiale Nasseredin Shah visitant l'Exposition de Paris en 1889. Mozaffaredin Shah fait la couverture du Petit Journal le 19 août 1900, lors de sa visite à Paris.

Pendant cette période, les relations sont officiellement maintenues mais n'ont pas grande importance politique, une France vaincue n'ayant que peu d'intérêt pour le gouvernement perse. Pendant cette même période, la Perse est en proie à une très grande rivalité entre la Grande-Bretagne et la Russie. La position de la France est alors inégale: influence culturelle grandissante mais déclin commercial et politique. De cette époque subsisteront d'ailleurs des emprunts au français dans la langue persane. La représentation diplomatique de la Perse en France est alors plus forte que jamais, puisqu'on compte treize consuls ou vice-consuls perses résidants en France (deux à Paris et Bastia, un à Bayonne, Béziers, Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Nice et Rouen). La relation cordiale entre les deux pays se renforce encore avec les visites officielles de Nasseredin Shah et de Mozaffaredin Shah en France, ainsi que la participation de la Perse aux grandes expositions de 1878 et 1900.

Pendant ce temps, en Perse, l'activité diplomatique et commerciale des représentants français continue, et les médecins français des Qajars fournissent une source importante d'influence à la cour. Certains Français ont agi de leur propre chef pour développer des projets économiques en Iran, comme l'établissement de raffineries de sucre dans le Gilan en 1878 par Messieurs Barral et Rambaud, l'éclairage au gaz de Téhéran en 1881 par Boital[12], ou encore l'ouverture de pharmacies à Tabriz et Téhéran par M. Coppin. En 1912, un « syndicat franco-iranien » est même créé, permettant d'exploiter du charbon et divers minéraux au sud de la mer Caspienne. Cependant, à partir des années 1890, la France commence à chercher une alliance avec la Russie, puis, quelques années plus tard, entrevoit la possibilité d'une triple alliance avec la Grande-Bretagne. La Russie limitera les ambitions de la France dans cette partie du globe. Malgré la création de l'Union franco-persane en 1909, l'aide de la France se limite à envoyer quelques conseillers en matières agricoles et financières. Malgré ces quelques réussites commerciales, et en prenant en compte les exportations d'armes et d'alcool, la France n'est que le cinquième partenaire commercial de la Perse en 1914; ce qui souligne le déclin de l'influence française[13]. Malgré ce déclin économique, les contributions culturelles, archéologiques et à l'éducation en Perse montrent un fort dynamisme. De plus, le gouvernement français accorde une protection officielle aux citoyens suisses, grecs, italiens ainsi qu'aux officiers suédois de gendarmerie en Perse à partir de 1911. Mozaffaredin Shah lors de sa visite en France (photo prise à Martigny les Bains en 1902.

Pendant la Première Guerre Mondiale, cette politique est maintenue. La Perse souhaite cependant que la France participe à l'évacuation des troupes russes et britanniques de Perse en 1917, et en septembre de cette année, la France envoie un hôpital mobile (appelé "l'Ambulance") à Tiflis (Tbilissi aujourd'hui) pour traiter les blessés russes qui combattent contre les ottomans. Cette "Ambulance" est ensuite envoyée à Orumieh après le départ des russes afin de fournir une aide humanitaire ainsi qu'un assistance militaire. Cette décision, qui a été prise par le Quartier général de Tiflis sans concertation ni avec Paris, ni avec Téhéran, aura des répercussions non voulues, puisque des combats éclatent entre les milices chrétiennes présentes dans la région et le Parti démocratique de l'Azerbaïdjan. Sur l'ensemble de la période, on voit donc que la France reste dans le cadre des relations entre l'Iran d'une part et la Grande-Bretagne ainsi que la Russie d'autre part; la politique française restant réservée par rapport à celle des autres partenaires européens. Période entre la première guerre mondiale et la chute de Mohammad Reza Shah Pahlavi Ascension de la dynastie Pahlavi À l'issue de la Première Guerre Mondiale, la Perse, théoriquement neutre, est en fait soumise à l'influence britannique. En effet, la présence des South Persia Rifles et le fait que la Brigade des Cosaques Perses soit payée par la légation britannique montre cette influence. Cette hégémonie britannique indispose Paris, puisque la Perse est adjacente à la "Bande de Mossoul", zone allouée à la France après l'accord Sykes-Picot de 1916. Le départ des Russes et des Allemands de Perse offre alors l'opportunité à la France d'avoir des ambitions dans ce pays. Les diplomates français arguent du fait que la France n'y a pas de passé colonial, et peut alors exercer une influence notable dans le pays. À cette époque, l'influence de la France diminue fortement en Perse : la Belgique avait alors plus de représentants diplomatiques en Perse que la France, et Morgan Shuster ne fait aucune référence à la France dans son livre The strangling of Persia , le récit de son poste de conseiller financier auprès du gouvernement perse en 1911. Les projets de la France pour augmenter sa présence en Iran incluent : la création d'une banque française à Téhéran, l'augmentation du nombre d'enseignants français à Dar-ol Fonoun et à la faculté de Droit de l'Université de Téhéran; la création d'un lycée français et une école d'agriculture; l'ajout d'une section commerciale à la légation française; la mise en place d'un service international de TSF pour contrer les services britanniques et allemands; la publication d'un journal en langue française en Iran; l'augmentation du nombre de consulats. Les autres projets, plus politiques, étaient d'envoyer des conseillers au gouvernement persan, et d'envoyer une mission militaire française pour entraîner l'armée iranienne. La publication de l'accord anglo-persan de 1919 ainsi que le refus des Britanniques de laisser la Perse participer à la conférence de Versailles montrent que les Britanniques sont fortement réticents à laisser la Perse décider de son sort et que d'autres puissances étrangères fassent de l'ingérence dans les relations perso-britanniques. Le premier ministre de l'époque, Wotuq-al Dawla a même essayé de convaincre Bonin, diplomate français en Iran, de se faire aider par son collègue américain afin d'obtenir auprès des britanniques l'annulation de l'accord anglo-persan après qu'il ait été signé[14]. Le coup d'état de Reza Pahlavi du 21 février 1921 amène les français à penser que la période française en Perse est enfin arrivée. En effet, le fait que les diplomates britanniques à Téhéran ne soient pas au courant de l'implication de leur gouvernement, qu'une majorité d'officiers ayant réalisé le coup d'État aient été éduqués en France ainsi que la décision de Reza Khan de refuser tout ingérence britannique dans l'organisation de l'armée le laisse à penser. De plus, Reza Khan décide en juin 1943 d'envoyer 46 élèves officiers se former dans des écoles militaires françaises[15]. Cependant, après la conférence de San Remo de mai 1920, la France, préférant mettre en place ses protectorats au Moyen-Orient, accepte de ne pas discuter de l'hégémonie britannique en Perse. Les rapports de la France avec Reza Shah Musée National d'Iran, conçu par l'architecte français André Godard au début du XXe siècle. Les Perses ne sont pas indifférents à la victoire de la France sur l'Allemagne et au prestige militaire de Clemenceau. La France est alors très bien considérée par Reza Shah, qui envoie les cadets de l'armée perse en formation en France. Ce programme de formation est autorisé par le Parlement persan en 1922 et durera une décennie. Des officiers français sont recrutés par l'armée iranienne pour former des iraniens à l'académie militaire de Téhéran[16]. De plus, la France est alors le modèle pour la formation de l'éducation secondaire en Iran, le dabirestan persan étant créé sur le modèle du lycée français. Les cursus de l'Université de Téhéran sont aussi calqués sur le modèle français, et les conseillers et professeurs français apportent une aide notable, particulièrement aux facultés de médecine et des beaux-arts[16]. Ce sont des articles dans des journaux satiriques français qui font se déteriorer les relations franco-persanes entre 1933 et 1938; des relations qui deviennent encore plus délétères avec l'arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste du Front populaire en France en 1936. En effet, les Iraniens pensent que les grèves désorganisent l'économie française, ce qui explique le manque de commandes des Iraniens à ce moment-là ainsi que le refus de la Perse de participer à l'exposition universelle de Paris de 1937. Les relations diplomatiques avec la France sont rompues en 1938 sous le prétexte d'articles satiriques dans des journaux français à propos de Reza Shah. Les relations diplomatiques sont rétablies en mars 1939 à l'occasion du mariage du prince Mohammad Reza avec Fawzia d'Égypte. Les évènements de 1940 et l'avènement du gouvernement de Vichy restaurent la confiance de Reza Shah dans la France, qui déclare à Norouz en 1941: "Les Français ont finalement compris, comme nous et après nous, que pour être fort, il faut un gouvernement fort. "[17] Mais l'occupation anglo-soviétique de l'Iran en 1941, l'abdication du Shah puis l'alliance tripartite entre les perses, les anglais et les soviétiques ont pour conséquence la fermeture des représentations diplomatiques françaises.