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Rapts et séquestrations, L'AUTRICHE SUSPENDUE AU RÉCIT DE NATASCHA

Ce qu'elle a fait ces derniers jours Hier et avant-hier, j'ai vu ma mère. Et pour la première fois ma petite sœur, Sabine. Les premières nuits, on voulait absolument que je dorme. Les gens ne comprenaient pas pourquoi j'étais encore en pleine forme à 4 heures du matin. Je les ai convaincus que je réglerais ça toute seule, sans somnifères. Je suis aussi sortie faire des courses. Je suis allée manger une glace. Incognito, avec le docteur B. Je portais des lunettes de soleil et un foulard. On a pris le métro. C'était génial de sourire aux gens. Ce qu'écrivent les journaux Ce qui me contrarie le plus? Eh bien ... Par exemple, ce sont les contre-vérités que j'ai pu lire. Qu'il aurait abusé de moi ... Et puis ces photos de ma cache. Cela ne regarde personne. Moi, je ne vais pas regarder dans la chambre à coucher des gens. Pourquoi faut-il que les gens, quand ils ouvrent le journal, se retrouvent dans ma chambre? Oui, j'écrirai peut-être un livre sur mon histoire. Mais je ne veux en aucun cas que quelqu'un d'autre se proclame expert de ma vie. Si quelqu'un écrit, ce sera moi! Son séjour à l'hôpital de Vienne Le docteur Friedrich (son pédopsychiatre) est quelqu'un de bien. Il est très intelligent et il sait toujours très précisément ce que je pense. Mes avocats et mon conseiller médiatique m'aident aussi du mieux qu'ils peuvent. Je les accepte, ils m'acceptent. Ils sont tous OK Du moins la plupart ... Car il y a eu un petit désaccord entre mon avocat et le professeur Friedrich: le premier voulait que je quitte l'hôpital, l'autre non. J'ai dû intervenir pour aplanir cette dispute. La liberté En dehors du fait que j'ai aussitôt pris froid et attrapé un rhume, je vis maintenant à peu près normalement. Je me suis très rapidement mise à la vie sociale. C'est étonnant comme c'est allé vite. Je vis maintenant avec d'autres gens, et ça ne pose aucun problème. La captivité Je me suis sans cesse posé la question de savoir pourquoi c'était justement à moi, parmi des millions d'autres, que cela est arrivé. Et j'avais toujours cette pensée : je ne suis pas venue au monde pour me faire enfermer et détruire. Cette injustice me désespérait. Je me sentais comme un poulet en batterie. Vous avez sans doute vu les images de ma cache à la télévision. Vous savez comment elle était petite.

Après six mois, j'ai pu sortir de ma cache et monter pour me laver. Au bout de deux ans, j'ai pu regarder les informations. Il y avait aussi les journaux. D'abord que les hebdomadaires, ensuite des quotidiens. Nous avons fêté les anniversaires, Noël, Pâques. Je le forçais à les fêter avec moi. Et il m'a offert beaucoup de choses. Des œufs de Pâques, des cadeaux de Noël.

Je montais tous les jours. Il y avait toujours quelque chose à faire avec lui: des petites occupations du quotidien. Mais après j'étais toujours renvoyée en bas. Quand il partait pour la journée, quand sa mère venait passer le week-end. Toujours, je devais redescendre dans ma cache.

Priklopil, son ravisseur J'avais le choix entre être seule ou en sa compagnie. Vous ne devez pas trop m'interroger sur M. Priklopil, parce qu'il ne peut plus se défendre. Attaquer un mort, ce n'est pas très beau, surtout à cause de sa mère. J'ai eu de mauvaises pensées aussi. Parfois, j'ai rêvé de le décapiter si j'avais eu une hache. Nous étions aussi forts l'un que l'autre. C'est ce qu'il disait. En fait, je pense que j'étais plus forte que lui. Il avait une personnalité instable. Il lui manquait l'assurance. Cela a été clair pour moi dans les heures qui ont suivi mon enlèvement. Quelque chose lui manquait.

Ses parents Oui, j'aime mes parents. Quelqu'un a fait courir le bruit qu'il y aurait des disputes. Ce n'est pas vrai. Pour ma famille, la situation était bien pire que pour moi. Ils croyaient que j'étais morte. C'était désespérant. J'avais l'impression d'être déjà rayée de chez les vivants. J'étais convaincue que plus personne ne partirait à ma recherche et qu'on ne me retrouverait jamais. Ses projets d'évasion À 12 ans déjà, j'en rêvais: je me disais qu'à 15 ans, quand je serais assez forte pour cela, je pourrais m'évader de ma prison. J'ai toujours pensé au moment où il serait temps. Mais je ne pouvais prendre aucun risque, surtout pas dans une tentative de fuite. Il était fortement paranoïaque et d'une méfiance chronique. Une fuite manquée, c'était le risque de ne plus jamais pouvoir sortir de ma cache. Je devais m'assurer qu'il était en confiance. C'est à 12 ans que je me suis pour ainsi dire fait cette promesse. J'ai promis à mon futur moi que jamais je ne perdrais de vue la pensée de la fuite. Les voisins qui les virent ensemble Je savais que je ne pouvais pas me permettre la moindre erreur. C'était le cas lors de la rencontre avec M. Jantschek (voisin de Priklopil). Vous devez imaginer la scène. Je n'avais pas le temps. Ils m'aurait immédiatement attrapée, étranglée et il aurait tué monsieur Jantschek. C'était bien trop risqué. Le 23 août J'ai simplement couru à travers les jardins ouvriers et j'ai sauté par dessus plusieurs barrières, j'ai tourné en rond, complètement paniquée, pour trouver quelqu'un. J'ai d'abord sonné à une porte mais cela n'a pas fonctionné, ensuite j'ai vu qu'il y avait quelqu'un dans la cuisine. Mais la dame ne m'a pas laissée entrer. Sur le coup, ça m'a choquée. Mais on peut la comprendre ... Laisser entrer une étrangère dans cette petite maison, avec son mari malade. Je ne pouvais pas me cacher derrière un buisson. J'avais peur que cet homme tue cette femme, me tue moi, ou routes les deux. Son image et les médias Dès que j'étais installée dans la voiture de police, j'ai demandé une couverture aux agents de police pour que l'on ne voie pas mon visage et que personne ne puisse faire une photo de moi ... et ensuite vendre l'image. Et maintenant?

Ce que j'envisage? Des tas de choses, sans doute. Quand on a le passé que j'ai, on envisage d'abord ce qu'il y a de plus immédiat: je veux m'immuniser contre un tas des choses. D'abord contre la grippe. Comme vous le voyez, je suis très enrhumée. Cela ne serait pas arrivé si j'étais vaccinée. Voilà, ce n'est là qu'un exemple de mon futur. Ses projets J'ai deux projets: l'un pour des femmes au Mexique, enlevées, torturées et violées, et un autre pour les gens qui ont faim en Afrique, Parce que je sais par expérience ce qu'est la faim. Quelle humiliation cela représente. Mon futur métier? Je suis encore très ouverte. De la psychologie au journalisme, en passant par le droit, je peux m'imaginer beaucoup de choses. J'ai toujours voulu devenir actrice, parce que je me suis toujours intéressée à l'art.

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Ce qu'elle a fait ces derniers jours

 

Hier et avant-hier, j'ai vu ma mère. Et pour la première fois ma petite sœur, Sabine. Les premières nuits, on voulait absolument que je dorme. Les gens ne comprenaient pas pourquoi j'étais encore en pleine forme à 4 heures du matin. Je les ai convaincus que je réglerais ça toute seule, sans somnifères. Je suis aussi sortie faire des courses. Je suis allée manger une glace. Incognito, avec le docteur B. Je portais des lunettes de soleil et un foulard. On a pris le métro. C'était génial de sourire aux gens.

 

Ce qu'écrivent les journaux

Ce qui me contrarie le plus? Eh bien ... Par exemple, ce sont les contre-vérités que j'ai pu lire. Qu'il aurait abusé de moi ... Et puis ces photos de ma cache. Cela ne regarde personne. Moi, je ne vais pas regar­der dans la chambre à coucher des gens. Pourquoi faut-il que les gens, quand ils ouvrent le journal, se retrouvent dans ma chambre? Oui, j'écrirai peut-être un livre sur mon histoire. Mais je ne veux en aucun cas que quelqu'un d'autre se proclame expert de ma vie. Si quelqu'un écrit, ce sera moi!

 

Son séjour à l'hôpital de Vienne

Le docteur Friedrich (son pédopsychiatre) est quelqu'un de bien. Il est très intelligent et il sait toujours très précisément ce que je pense. Mes avocats et mon conseiller médiatique m'aident aussi du mieux qu'ils peuvent. Je les accepte, ils m'acceptent. Ils sont tous OK Du moins la plupart ... Car il y a eu un petit désaccord entre mon avo­cat et le professeur Friedrich: le premier voulait que je quitte l'hôpital, l'autre non. J'ai dû intervenir pour aplanir cette dispute.

 

La liberté

 

En dehors du fait que j'ai aussitôt pris froid et attrapé un rhume, je vis maintenant à peu près normalement. Je me suis très rapidement mise  à la vie sociale. C'est étonnant comme c'est allé vite. Je vis maintenant avec d'autres gens, et ça ne pose aucun problème.

 

La captivité

 

Je me suis sans cesse posé la question de savoir pourquoi c'était jus­tement à moi, parmi des millions d'autres, que cela est arrivé. Et j'avais toujours cette pensée : je ne suis pas venue au monde pour me faire enfermer et détruire. Cette injustice me désespérait. Je me sentais comme un poulet en batterie. Vous avez sans doute vu les images de ma cache à la télévision. Vous savez comment elle était petite.

Après six mois, j'ai pu sortir de ma cache et monter pour me laver. Au bout de deux ans, j'ai pu regarder les informations. Il y avait aussi les journaux. D'abord que les hebdomadaires, ensuite des quoti­diens. Nous avons fêté les anniversaires, Noël, Pâques. Je le forçais à les fêter avec moi. Et il m'a offert beaucoup de choses. Des œufs de Pâques, des cadeaux de Noël.

Je montais tous les jours. Il y avait toujours quelque chose à faire avec lui: des petites occupations du quotidien. Mais après j'étais toujours ren­voyée en bas. Quand il partait pour la journée, quand sa mère venait pas­ser le week-end. Toujours, je devais redescendre dans ma cache.

 

Priklopil, son ravisseur

J'avais le choix entre être seule ou en sa compagnie. Vous ne devez pas trop m'interroger sur M. Priklopil, parce qu'il ne peut plus se défendre. Attaquer un mort, ce n'est pas très beau, surtout à cause de sa mère. J'ai eu de mauvaises pensées aussi. Parfois, j'ai rêvé de le décapiter si j'avais eu une hache.

Nous étions aussi forts l'un que l'autre. C'est ce qu'il disait. En fait, je pense que j'étais plus forte que lui. Il avait une personnalité instable. Il lui manquait l'assurance. Cela a été clair pour moi dans les heures qui ont suivi mon enlèvement. Quelque chose lui manquait.

 

Ses parents

Oui, j'aime mes parents. Quelqu'un a fait courir le bruit qu'il y aurait des disputes. Ce n'est pas vrai. Pour ma famille, la situation était bien pire que pour moi. Ils croyaient que j'étais morte. C'était désespérant. J'avais l'impression d'être déjà rayée de chez les vivants. J'étais convaincue que plus personne ne partirait à ma recherche et qu'on ne me retrouverait jamais.

 

Ses projets d'évasion

 

À 12 ans déjà, j'en rêvais: je me disais qu'à 15 ans, quand je serais assez forte pour cela, je pourrais m'évader de ma prison. J'ai toujours pensé au moment où il serait temps. Mais je ne pouvais prendre aucun risque, surtout pas dans une tentative de fuite. Il était fortement paranoïaque et d'une méfiance chronique. Une fuite manquée, c'était le risque de ne plus jamais pouvoir sortir de ma cache. Je devais m'assurer qu'il était en confiance. C'est à 12 ans que je me suis pour ainsi dire fait cette promesse. J'ai promis à mon futur moi que jamais je ne perdrais de vue la pensée de la fuite.

 

 Les voisins qui les virent ensemble

 

Je savais que je ne pouvais pas me permettre la moindre erreur. C'était le cas lors de la rencontre avec M. Jantschek (voisin de Priklopil). Vous devez imaginer la scène.  Je n'avais pas le temps. Ils m'aurait immédiatement attrapée, étranglée et il aurait tué monsieur Jantschek. C'était bien trop risqué.

 

Le 23 août

 

J'ai simplement couru à travers les jardins ouvriers et j'ai sauté par dessus plusieurs barrières, j'ai tourné en rond, complètement paniquée, pour trouver quelqu'un. J'ai d'abord sonné à une porte mais cela n'a pas fonctionné, ensuite j'ai vu qu'il y avait quelqu'un dans la cuisine. Mais la dame ne m'a pas laissée entrer. Sur le coup, ça m'a choquée. Mais on peut la comprendre ... Laisser entrer une étrangère dans cette petite mai­son, avec son mari malade. Je ne pouvais pas me cacher derrière un buis­son. J'avais peur que cet homme tue cette femme, me tue moi, ou routes les deux.

 

Son image et les médias

 

Dès que j'étais installée dans la voiture de police, j'ai demandé une couverture aux agents de police pour que l'on ne voie pas mon visage et que personne ne puisse faire une photo de moi ... et ensuite vendre l'image.

 

Et maintenant?

 

Ce que j'envisage? Des tas de choses, sans doute. Quand on a le passé que j'ai, on envisage d'abord ce qu'il y a de plus immédiat: je veux m'immuniser contre un tas des choses. D'abord contre la grippe. Comme vous le voyez, je suis très enrhumée. Cela ne serait pas arrivé si j'étais vaccinée. Voilà, ce n'est là qu'un exemple de mon futur.

Ses projets

 

J'ai deux projets: l'un pour des femmes au Mexique, enlevées, tortu­rées et violées, et un autre pour les gens qui ont faim en Afrique, Parce que je sais par expérience ce qu'est la faim. Quelle humiliation cela représente. Mon futur métier? Je suis encore très ouverte. De la psycho­logie au journalisme, en passant par le droit, je peux m'imaginer beau­coup de choses. J'ai toujours voulu devenir actrice, parce que je me suis toujours intéressée à l'art.