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La France pendant la deuxième guerre mondiale, Pourquoi la défaite?

En pareilles circonstances, les peuples se retournent sur leur passé et demandent à l'histoire des motifs d'espérer. La France vient de connaître une de ses plus grandes défaites.

Si les peuples ne s'interrogent que rarement sur les raisons de leurs succès, qui leur paraissent aller de soi et récompenser leurs mérites propres, leurs défaites leur posent des questions lancinantes. Le besoin de comprendre est impérieux : tout effet ayant une cause, quelles sont celles de la défaite? La recherche des causes tourne vite alors à la recherche des responsabilités et au procès des coupables présumés. Toute défaite est ainsi le point de départ d'une réflexion qui prend la forme d'un examen de conscience et d'une remise en cause des habitudes, des institutions, des valeurs; en juin 1940, la France n'a pas dérogé à cette règle. Les réponses oscillent entre deux thèses extrêmes.

Pour l'une, la défaite était inéluctable, et rien ni personne n'aurait pu l'empêcher: elle était inscrite dans la nature des choses. Pour l'autre, le rôle de l'accidentel, les effets de l'imprévoyance ou de l'inintelligence sont essentiels. Si, par exemple, l'état-major avait pris en considération le mémoire que le colonel de Gaulle adressa en janvier 1940 à des politiques et militaires et où il tirait les leçons de la campagne de Pologne, la manœuvre de Hitler aurait-elle aussi bien réussi? Et si la ligne Maginot avait été prolongée jusqu'à la mer? Si Gamelin n'était pas tombé dans un piège en engageant nos meilleures divisions en Belgique? Etc. Autant de «si» qui suggèrent que la défaite n'était pas inscrite dans les astres. Entre ces positions extrêmes, se dégagent des explications possibles.

Pétain ouvrit, dès le premier jour, l'enquête sur les explications et le dossier des responsabilités. Dans l'allocution du 17 juin, outre les raisons évidentes, «trop peu d'armes, trop peu d'enfants, trop peu d'alliés », il incrimine «l'esprit de jouissance qui l'a emporté sur l'esprit de sacrifice ». Qui serait responsable de cette démission du civisme, sinon le régime et sa philosophie? Ainsi, d'entrée de jeu, le régime est impliqué. Les militaires rejettent la responsabilité du désastre sur les politiques.

Mais de quoi ceux-ci sont-ils coupables? Pour les uns, les moins nombreux, la faute mortelle est d'avoir déclaré la guerre; le parti de la paix prend sa revanche et fait le procès des bellicistes qui lui ont fermé la bouche en septembre 1939. Pour le plus grand nombre, c'est, au contraire, de ne pas avoir préparé la guerre. En juillet 1940, les deux critiques convergent contre les mêmes, auxquels on reproche à la fois d'avoir jeté le pays dans une guerre aventureuse et d'en avoir négligé la préparation. Le régime trouve peu de défenseurs.

Le caractère exceptionnel de la situation, l'état de choc de l'opinion publique, le désarroi de la classe politique et la conviction générale qu'il faut modifier les institutions créent les conditions d'une opération politique. Vichy a greffé sur la solution chirurgicale apportée à une situation de catastrophe nationale l'armistice - une entreprise d'une tout autre nature, la fondation d'un nouveau régime et la reconstruction de la France sur d'autres fondements. Si 40 millions de Français font, en juillet 1940, confiance à la personne du Maréchal pour tirer la France de l'abîme où la défaite l'a précipitée, ils ne sont plus unanimes pour cautionner une politique qui vise à rompre avec les principes et les habitudes. C'était surtout une chimère de vouloir édifier un régime et un ordre social durables tant que la guerre n'était pas finie. Il est vrai que, pour les hommes de Vichy: elle était virtuellement terminée depuis le 17 juin. Ils ont aussi commis dans l'appréciation de la durée une grosse erreur. Ils ont cru que ce serait l'affaire de quelques semaines, au plus de quelques mois. En quelques semaines Hitler en aurait fini avec l'Angleterre, et s'ouvriraient alors les pourparlers de paix. Ce choix explique l'illusion qu'on regagnera la capitale à bref délai. Il faut donc se tenir prêt à signer la paix. De même, on escompte un retour proche des prisonniers. L'opinion partage cette vision et raisonne sur des échéances proches. On ne se doute pas que les événements anéantiront ce calcul et que le temps travaillera contre le régime.

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En pareilles circonstances, les peuples se retournent sur leur passé et demandent à l'histoire des motifs d'espérer. La France vient de connaître une de ses plus grandes défaites.

Si les peuples ne s'interrogent que rarement sur les raisons de leurs succès, qui leur paraissent aller de soi et récompenser leurs mérites propres, leurs défaites leur posent des questions lancinantes. Le besoin de comprendre est impérieux : tout effet ayant une cause, quelles sont celles de la défaite? La recherche des causes tourne vite alors à la recherche des responsabilités et au procès des coupables présumés. Toute défaite est ainsi le point de départ d'une réflexion qui prend la forme d'un examen de conscience et d'une remise en cause des habitudes, des institutions, des valeurs; en juin 1940, la France n'a pas dérogé à cette règle.

Les réponses oscillent entre deux thèses extrêmes.

Pour l'une, la défaite était inéluctable, et rien ni personne n'aurait pu l'empêcher: elle était inscrite dans la nature des choses. Pour l'autre, le rôle de l'accidentel, les effets de l'imprévoyance ou de l'inintelligence sont essentiels. Si, par exemple, l'état-major avait pris en considération le mémoire que le colonel de Gaulle adressa en janvier 1940 à des politiques et militaires et où il tirait les leçons de la campagne de Pologne, la manœuvre de Hitler aurait-elle aussi bien réussi? Et si la ligne Maginot avait été prolongée jusqu'à la mer? Si Gamelin n'était pas tombé dans un piège en engageant nos meilleures divisions en Belgique? Etc. Autant de «si» qui suggèrent que la défaite n'était pas inscrite dans les astres. Entre ces positions extrêmes, se dégagent des explications possibles.

Pétain ouvrit, dès le premier jour, l'enquête sur les explications et le dossier des responsabilités. Dans l'allocution du 17 juin, outre les raisons évidentes, «trop peu d'armes, trop peu d'enfants, trop peu d'alliés », il incrimine «l'esprit de jouissance qui l'a emporté sur l'esprit de sacrifice ». Qui serait responsable de cette démission du civisme, sinon le régime et sa philosophie? Ainsi, d'entrée de jeu, le régime est impliqué. Les militaires rejettent la responsabilité du désastre sur les politiques.

Mais de quoi ceux-ci sont-ils coupables? Pour les uns, les moins nombreux, la faute mortelle est d'avoir déclaré la guerre; le parti de la paix prend sa revanche et fait le procès des bellicistes qui lui ont fermé la bouche en septembre 1939. Pour le plus grand nombre, c'est, au contraire, de ne pas avoir préparé la guerre. En juillet 1940, les deux critiques convergent contre les mêmes, auxquels on reproche à la fois d'avoir jeté le pays dans une guerre aventureuse et d'en avoir négligé la préparation. Le régime trouve peu de défenseurs.

Le caractère exceptionnel de la situation, l'état de choc de l'opinion publique, le désarroi de la classe politique et la conviction générale qu'il faut modifier les institutions créent les conditions d'une opération politique. Vichy a greffé sur la solution chirurgicale apportée à une situation de catastrophe nationale l'armistice - une entreprise d'une tout autre nature, la fondation d'un nouveau régime et la reconstruction de la France sur d'autres fondements.

Si 40 millions de Français font, en juillet 1940, confiance à la personne du Maréchal pour tirer la France de l'abîme où la défaite l'a précipitée, ils ne sont plus unanimes pour cautionner une politique qui vise à rompre avec les principes et les habitudes.

C'était surtout une chimère de vouloir édifier un régime et un ordre social durables tant que la guerre n'était pas finie. Il est vrai que, pour les hommes de Vichy: elle était virtuellement terminée depuis le 17 juin. Ils ont aussi commis dans l'appréciation de la durée une grosse erreur. Ils ont cru que ce serait l'affaire de quelques semaines, au plus de quelques mois. En quelques semaines Hitler en aurait fini avec l'Angleterre, et s'ouvriraient alors les pourparlers de paix. Ce choix explique  l'illusion qu'on regagnera la capitale à bref délai. Il faut donc se tenir prêt à signer la paix. De même, on escompte un retour proche des prisonniers. L'opinion partage cette vision et raisonne sur des échéances proches. On ne se doute pas que les événements anéantiront ce calcul et que le temps travaillera contre le régime.