2. INTRODUCTION. Êtes-vous polyglotte?
Comme je vois les choses, tout le monde est potentiellement polyglotte. Je veux dire que chacun peut parler couramment une autre langue. Vous n'avez pas besoin d'être un intellectuel ou un universitaire. Après tout, un polyglotte est défini de façon très simple par le Petit Robert : Polyglotte : adj. et n. Qui parle plusieurs langues. Ceci correspond à la définition du mot anglais "linguist" dans le Concise Oxford Dictionary : Linguist: n. Personne compétente en langues étrangères. Une personne qui ne parle qu'une langue étrangère est déjà polyglotte. Devenir polyglotte est une affaire de choix, et demande un certain état d'esprit. Un polyglotte aime les langues étrangères et apprécie les différentes façons dont les idées sont organisées et exprimées dans des cultures différentes. Un polyglotte est à l'aise avec les personnes parlant une autre langue et confiant lorsqu'il apprend de nouvelles langues. La première étape pour devenir polyglotte - apprendre une seconde langue - est de réaliser que la réussite dépend de celui qui apprend et non du professeur. L'apprenant doit découvrir la langue, progressivement et de sa propre manière. Le professeur ne peut que stimuler et inspirer. S'inscrire dans une école de langue ou prendre des cours ne suffit pas pour parler couramment. Si l'apprenant n'accepte pas ce simple fait, le temps et l'argent dépensés en programmes linguistiques seront gaspillés. Les écoles de langue et les systèmes d'apprentissage peuvent enseigner, mais seul l'apprenant peut apprendre. Grandissant dans la zone anglophone de Montréal, une ville à prédominance francophone, je me souviens n'avoir parlé que l'anglais jusqu'à l'âge de dix-sept ans. Je n'étais pas intéressé par l'apprentissage d'une autre langue, bien que j'aie étudié le français à l'école pendant dix ans et que je sois entouré de la langue française. Cependant aujourd'hui je peux parler neuf langues, j'en ai été bien récompensé et je tire un sentiment immense de satisfaction du fait de pouvoir parler le chinois mandarin, le français, le japonais, l'espagnol, l'allemand, le suédois, le cantonais et l'italien. Pour essayer de comprendre comment cela est arrivé, j'ai commencé à écrire l'histoire de mon propre apprentissage des langues. J'ai réalisé que je n'étais capable d'apprendre que si j'avais un véritable désir de communiquer ou d'apprendre quelque chose de concret dans une nouvelle langue. Quand le sujet de l'étude concernait les détails de la langue elle-même, je résistais. Quand des professeurs ont essayé d'imposer des principes abstraits de grammaire et de me tester sur leur connaissance, je suis resté passif. Mais une fois que j'avais décidé que j'avais besoin de cette langue pour être en contact avec des personnes réelles ou une nouvelle culture, je me jetais dans l'étude de la langue avec passion et résolution. Et j'avais besoin de passion, puisque pour moi l'apprentissage des langues était un travail très dur. C'est quand j'ai appris le cantonais à l'âge de cinquante-cinq ans que je me suis rendu compte que l'apprentissage des langues était devenu plus facile. La technologie électronique moderne et Internet ont révolutionné l'étude des langues. Premièrement, Internet fournit un large éventail de contenus intéressants et authentiques de langues étrangères que les apprenants peuvent choisir, soit en format audio soit en texte électronique. Deuxièmement, les contenus au format électronique offrent au lecteur un accès aux logiciels de dictionnaire automatiques et l'utilisation des nouveaux systèmes d'apprentissage basés sur le contexte. Enfin, Internet peut servir de pivot pour une communauté d'apprenants et de locuteurs natifs. Tout en écrivant ma propre histoire, j'ai décidé d'essayer de concevoir une nouvelle approche de l'apprentissage des langues basée sur les principes qui ont marché pour moi, mais en profitant de la technologie moderne afin qu'une nouvelle génération d'apprenants de langues puisse apprendre plus facilement que je ne l'ai fait. Sous ma direction, un petit groupe d'apprenants de langues et de programmeurs informatiques ont immédiatement commencé à développer ces idées en un nouveau système complet d'apprentissage des langues. Plus nous travaillions sur ce projet, et plus nous étions enthousiastes à propos de notre possibilité d'augmenter le nombre de véritables polyglottes dans le monde, en rendant l'apprentissage des langues accessible, agréable et efficace. Le mot "mondialisation" est généralement utilisé pour décrire l'afflux d'échanges internationaux auquel nous assistons de nos jours. Certaines personnes se déclarent en faveur de la mondialisation, et d'autres sont contre. Pour moi la mondialisation est un courant auquel on ne peut résister, dans le sens inévitable de l'évolution de notre monde. Il ne sert à rien d'être "pour" ou "contre" quelque chose qui est inévitable. Il est plus utile d'investir du temps et de l'énergie à profiter et tirer avantage de la mondialisation, en devenant polyglotte. Je ne pense pas que la mondialisation doive aboutir à la domination d'une langue, telle que l'anglais. Je vois plutôt cela comme une possibilité pour tous, y compris les anglophones, de plus se familiariser avec d'autres cultures. Paradoxalement, c'est alors que le monde semble de plus en plus petit, que nous assistons à un regain d'intérêt général pour les langues et identités régionales. Il y a une demande accrue pour des méthodes d'apprentissage des langues efficaces, non seulement pour les langues dominantes telles que l'anglais, mais aussi pour les langues parlées par un plus petit nombre de personnes. Le coût de la préparation du matériel didactique pour ces langues et l'effort nécessaire à les apprendre peuvent être considérablement réduits. La technologie moderne peut rendre le langage vivant naturel lui-même un moyen actif et efficace d'apprendre. J'ai confiance dans le fait que ce livre et les méthodes qui y sont décrites puissent aider les gens à devenir polyglottes.