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Le pays des fourrures (Jules Verne), Le lac du Grand-Ours

«Mais, ajouta le sergent Felton, après avoir donné ces détails à ses hôtes, les loutres américaines ne sont pas à dédaigner, et celles qui fréquentent le lac du Grand-Ours valent encore de deux cent cinquante à trois cents francs la pièce.» C'étaient, en effet, des loutres magnifiques que celles qui vivaient sous les eaux du lac. L'un de ces mammifères, adroitementtiré et tué par le sergent lui-même, valait presque les enhydres du Kamtchatka. Cette bête, longue de deux pieds et demi depuis l'extrémité du museau jusqu'au bout de la queue, avait les pieds palmés, les jambes courtes, le pelage brunâtre, plus foncé au dos, plus clair au ventre, des poils soyeux, longs et luisants. «Un beau coup de fusil, sergent! dit le lieutenant Hobson, qui faisait admirer à Mrs. Paulina Barnett la magnifique fourrure de l'animal abattu. -- En effet, monsieur Hobson, répondit le sergent Felton, et si chaque jour apportait ainsi sa peau de loutre, nous n'aurions pas à nous plaindre! Mais que de temps perdu à guetter ces animaux, qui nagent et plongent avec une rapidité extrême! Ils ne chassent guère que pendant la nuit, et il est très rare qu'ils se hasardent de jour hors de leur gîte, tronc d'arbre ou cavité de roche, fort difficile à découvrir, même aux chasseurs exercés. -- Et ces loutres deviennent de moins en moins nombreuses? demanda Mrs. Paulina Barnett.

-- Oui, madame, répondit le sergent, et le jour où cette espèce aura disparu, les bénéfices de la Compagnie décroîtront dans une proportion notable. Tous les chasseurs se disputent cette fourrure, et les Américains, principalement, nous font une ruineuse concurrence. Pendant votre voyage, mon lieutenant, n'avez-vous rencontré aucun agent des compagnies américaines? -- Aucun, répondit Jasper Hobson. Est-ce qu'ils fréquentent ces territoires si élevés en latitude? -- Assidûment, monsieur Hobson, dit le sergent, et quand ces fâcheux sont signalés, il est bon de se mettre sur ses gardes.

-- Ces agents sont-ils donc des voleurs de grand chemin? demanda Mrs. Paulina Barnett.

-- Non, madame, répondit le sergent, mais ce sont des rivaux redoutables, et quand le gibier est rare, les chasseurs se le disputent à coups de fusil. J'oserais même affirmer que, si la tentative de la Compagnie est couronnée de succès, si vous parvenez à établir un fort sur la limite extrême du continent, votre exemple ne tardera pas à être imité par ces Américains, que le ciel confonde! -- Bah! répondit le lieutenant, les territoires de chasse sont vastes, et il y a place au soleil pour tout le monde. Quant à nous, commençons d'abord! Allons en avant, tant que la terre solide ne manquera pas à nos pieds, et que Dieu nous garde!» Après trois heures de promenade, les visiteurs revinrent au Fort-Confidence. Un bon repas, composé de poisson et de venaison fraîche, les attendait dans la grande salle, et ils firent honneur au dîner du sergent. Quelques heures de causerie dans le salon terminèrent cette journée, et la nuit procura aux hôtes du fort un excellent sommeil.

Le lendemain, 31 mai, Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson étaient sur pied dès cinq heures du matin. Le lieutenant devait consacrer tout ce jour à visiter le campement des Indiens et à recueillir les renseignements qui pouvaient lui être utiles. Il proposa à Thomas Black de l'accompagner dans cette excursion. Mais l'astronome préféra demeurer à terre. Il désirait faire quelques observations astronomiques et déterminer avec précision la longitude et la latitude du Fort-Confidence. Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson durent donc faire seuls la traversée du lac, sous la conduite d'un vieux marin nommé Norman, qui était depuis de longues années au service de la Compagnie. Les deux passagers, accompagnés du sergent Felton, se rendirent au petit port, où le vieux Norman les attendait dans son embarcation. Ce n'était qu'un canot de pêche, non ponté, mesurant seize pieds de quille, gréé en cutter, qu'un seul homme pouvait manoeuvrer aisément. Le temps était beau. Il ventait une petite brise du nord-est, très favorable à la traversée. Le sergent Felton dit adieu à ses hôtes, les priant de l'excuser s'il ne les accompagnait pas, mais il ne pouvait quitter la factorerie en l'absence de son capitaine. L'amarre de l'embarcation fut larguée, et le canot, tribord amure, ayant quitté le petit port, fila rapidement sur les fraîches eaux du lac. Ce voyage n'était véritablement qu'une promenade, et une promenade charmante. Le vieux matelot, assez taciturne de sa nature, la barre engagée sous le bras, se tenait silencieux à l'arrière de l'embarcation. Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson, assis sur les bancs latéraux, examinaient le paysage qui se déployait devant leurs yeux. Le canot prolongeait la côte septentrionale du Grand-Ours à une distance de trois milles environ, de manière à suivre une direction rectiligne. On pouvait donc observer facilement les grandes masses des coteaux boisés, qui s'abaissaient peu à peuvers l'ouest. De ce côté, la région formant la partie nord du lac semblait être entièrement plane, et la ligne de l'horizon s'y reculait à une distance considérable. Toute cette rive contrastait avec celle qui dessinait l'angle aigu au fond duquel s'élevait le Fort-Confidence, encadré dans sa bordure de sapins verts. On voyait encore le pavillon de la Compagnie, qui se déroulait au sommet du donjon. Vers le sud et l'ouest, les eaux du lac, obliquement frappées par les rayons solaires, resplendissaient par places; mais ce qui éblouissait le regard, c'étaient ces icebergs mobiles, semblables à des blocs d'argent en fusion, dont l'oeil ne pouvait soutenir la réverbération. Des glaçons soudés par l'hiver, il ne restait plus aucune trace. Seules, ces montagnes flottantes, que l'astre radieux pouvait à peine dissoudre, semblaient protester contre ce soleil polaire, qui décrivait un arc diurne très allongé, et auquel la chaleur manquait encore, sinon l'éclat. Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson causaient de ces choses, échangeant, comme toujours, les pensées que cette étrange nature provoquait en eux. Ils enrichissaient leur esprit de souvenirs, tandis que l'embarcation, ondulant à peine sur ces eaux paisibles, marchait rapidement. En effet, le canot était parti à six heures du matin, et à neuf heures, il se rapprochait sensiblement déjà de la rive septentrionale du lac qu'il devait atteindre. Le campement des Indiens se trouvait établi à l'angle nord-ouest du Grand-Ours. Avant dix heures, le vieux Norman avait rallié cet endroit, et il venait atterrir près d'une berge très accore, au pied d'une falaise de médiocre hauteur. Le lieutenant et Mrs. Paulina prirent terre aussitôt. Deux ou trois Indiens accoururent au-devant d'eux, -- entre autres leur chef, personnage assez emplumé, qui leur adressa la parole en un anglais suffisamment intelligible. Ces Indiens-Lièvres, de même que les Indiens-Cuivre, les Indiens-Castors et autres, appartiennent tous à la race des Chippeways, et conséquemment ils diffèrent peu de leurs congénères par leurs coutumes et leurs habillements. Ils sont, d'ailleurs, en fréquentes relations avec les factoreries, et ce commerce les a pour ainsi dire «britannisés», autant que peut l'être un sauvage. C'est aux forts qu'ils portent les produits de leur chasse, et c'est aux forts qu'ils les échangent contre les objets nécessaires à la vie, que, depuis quelques années, ils ne fabriquent plus eux-mêmes. Ils sont, pour ainsi dire, à la solde de la Compagnie; c'est par elle qu'ils vivent, et l'on ne s'étonnera plus qu'ils aient déjà perdu toute originalité. Pour trouver une race d'indigènes sur laquelle le contact européen n'ait pas encore laissé son empreinte, il faut remonter à des latitudes plus élevées, jusqu'à ces glaciales régions fréquentées par les Esquimaux. L'Esquimau, comme le Groënlandais, est le véritable enfant des contrées polaires. Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson se rendirent au campement des Indiens-Lièvres, situé à un demi-mille du rivage. Là, ils trouvèrent une trentaine d'indigènes, hommes, femmes et enfants, qui vivaient de pêche et de chasse, et exploitaient les environs du lac. Ces Indiens étaient précisément revenus tout récemment des territoires situés au nord du continent américain, et ils donnèrent à Jasper Hobson quelques renseignements, fort incomplets il est vrai, sur l'état actuel du littoral aux environs du soixante-dixième parallèle. Le lieutenant apprit cependant, avecune certaine satisfaction, qu'aucun détachement européen ouaméricain n'avait été vu sur les confins de la mer polaire, et que cette mer était libre à cette époque de l'année. Quand au cap Bathurst proprement dit, vers lequel il avait l'intention de se diriger, les Indiens-Lièvres ne le connaissaient pas. Leur chef parla, d'ailleurs, de la région située entre le Grand-Ours et le cap Bathurst comme d'un pays difficile à traverser, assez accidenté et coupé de rios dégelés en ce moment. Il engagea le lieutenant à descendre le cours de la Coppermine-river, dans le nord-est du lac, de manière à gagner la côte par le plus courtchemin. Une fois la mer polaire atteinte, il serait plus aisé d'en suivre les rivages, et Jasper Hobson serait maître alors de s'arrêter au point qui lui conviendrait. Jasper Hobson remercia le chef indien, et prit congé de lui, après lui avoir fait quelques présents. Puis, accompagnant Mrs. Paulina Barnett, il visita les environs du campement, et ne revint trouver l'embarcation que vers trois heures après-midi.

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«Mais, ajouta le sergent Felton, après avoir donné ces détails à ses hôtes, les loutres américaines ne sont pas à dédaigner, et celles qui fréquentent le lac du Grand-Ours valent encore de deux cent cinquante à trois cents francs la pièce.» 

C'étaient, en effet, des loutres magnifiques que celles qui vivaient sous les eaux du lac. L'un de ces mammifères, adroitementtiré et tué par le sergent lui-même, valait presque les enhydres du Kamtchatka. Cette bête, longue de deux pieds et demi depuis l'extrémité du museau jusqu'au bout de la queue, avait les pieds palmés, les jambes courtes, le pelage brunâtre, plus foncé au dos, plus clair au ventre, des poils soyeux, longs et luisants. 

«Un beau coup de fusil, sergent! dit le lieutenant Hobson, qui faisait admirer à Mrs. Paulina Barnett la magnifique fourrure de l'animal abattu. 

-- En effet, monsieur Hobson, répondit le sergent Felton, et si chaque jour apportait ainsi sa peau de loutre, nous n'aurions pas à nous plaindre! Mais que de temps perdu à guetter ces animaux, qui nagent et plongent avec une rapidité extrême! Ils ne chassent guère que pendant la nuit, et il est très rare qu'ils se hasardent de jour hors de leur gîte, tronc d'arbre ou cavité de roche, fort difficile à découvrir, même aux chasseurs exercés. 

-- Et ces loutres deviennent de moins en moins nombreuses? demanda Mrs. Paulina Barnett. 

-- Oui, madame, répondit le sergent, et le jour où cette espèce aura disparu, les bénéfices de la Compagnie décroîtront dans une proportion notable. Tous les chasseurs se disputent cette fourrure, et les Américains, principalement, nous font une ruineuse concurrence. Pendant votre voyage, mon lieutenant, n'avez-vous rencontré aucun agent des compagnies américaines? 

-- Aucun, répondit Jasper Hobson. Est-ce qu'ils fréquentent ces territoires si élevés en latitude? 

-- Assidûment, monsieur Hobson, dit le sergent, et quand ces fâcheux sont signalés, il est bon de se mettre sur ses gardes. 

-- Ces agents sont-ils donc des voleurs de grand chemin? demanda Mrs. Paulina Barnett. 

-- Non, madame, répondit le sergent, mais ce sont des rivaux redoutables, et quand le gibier est rare, les chasseurs se le disputent à coups de fusil. J'oserais même affirmer que, si la tentative de la Compagnie est couronnée de succès, si vous parvenez à établir un fort sur la limite extrême du continent, votre exemple ne tardera pas à être imité par ces Américains, que le ciel confonde! 

-- Bah! répondit le lieutenant, les territoires de chasse sont vastes, et il y a place au soleil pour tout le monde. Quant à nous, commençons d'abord! Allons en avant, tant que la terre solide ne manquera pas à nos pieds, et que Dieu nous garde!» 

Après trois heures de promenade, les visiteurs revinrent au Fort-Confidence. Un bon repas, composé de poisson et de venaison fraîche, les attendait dans la grande salle, et ils firent honneur au dîner du sergent. Quelques heures de causerie dans le salon terminèrent cette journée, et la nuit procura aux hôtes du fort un excellent sommeil. 

Le lendemain, 31 mai, Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson étaient sur pied dès cinq heures du matin. Le lieutenant devait consacrer tout ce jour à visiter le campement des Indiens et à recueillir les renseignements qui pouvaient lui être utiles. Il proposa à Thomas Black de l'accompagner dans cette excursion. Mais l'astronome préféra demeurer à terre. Il désirait faire quelques observations astronomiques et déterminer avec précision la longitude et la latitude du Fort-Confidence. Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson durent donc faire seuls la traversée du lac, sous la conduite d'un vieux marin nommé Norman, qui était depuis de longues années au service de la Compagnie.

Les deux passagers, accompagnés du sergent Felton, se rendirent au petit port, où le vieux Norman les attendait dans son embarcation. Ce n'était qu'un canot de pêche, non ponté, mesurant seize pieds de quille, gréé en cutter, qu'un seul homme pouvait manoeuvrer aisément. Le temps était beau. Il ventait une petite brise du nord-est, très favorable à la traversée. Le sergent Felton dit adieu à ses hôtes, les priant de l'excuser s'il ne les accompagnait pas, mais il ne pouvait quitter la factorerie en l'absence de son capitaine. L'amarre de l'embarcation fut larguée, et le canot, tribord amure, ayant quitté le petit port, fila rapidement sur les fraîches eaux du lac.

Ce voyage n'était véritablement qu'une promenade, et une promenade charmante. Le vieux matelot, assez taciturne de sa nature, la barre engagée sous le bras, se tenait silencieux à l'arrière de l'embarcation. Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson, assis sur les bancs latéraux, examinaient le paysage qui se déployait devant leurs yeux. Le canot prolongeait la côte septentrionale du Grand-Ours à une distance de trois milles environ, de manière à suivre une direction rectiligne. On pouvait donc observer facilement les grandes masses des coteaux boisés, qui s'abaissaient peu à peuvers l'ouest. De ce côté, la région formant la partie nord du lac semblait être entièrement plane, et la ligne de l'horizon s'y reculait à une distance considérable. Toute cette rive contrastait avec celle qui dessinait l'angle aigu au fond duquel s'élevait le Fort-Confidence, encadré dans sa bordure de sapins verts. On voyait encore le pavillon de la Compagnie, qui se déroulait au sommet du donjon. Vers le sud et l'ouest, les eaux du lac, obliquement frappées par les rayons solaires, resplendissaient par places; mais ce qui éblouissait le regard, c'étaient ces icebergs mobiles, semblables à des blocs d'argent en fusion, dont l'oeil ne pouvait soutenir la réverbération. Des glaçons soudés par l'hiver, il ne restait plus aucune trace. Seules, ces montagnes flottantes, que l'astre radieux pouvait à peine dissoudre, semblaient protester contre ce soleil polaire, qui décrivait un arc diurne très allongé, et auquel la chaleur manquait encore, sinon l'éclat.

Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson causaient de ces choses, échangeant, comme toujours, les pensées que cette étrange nature provoquait en eux. Ils enrichissaient leur esprit de souvenirs, tandis que l'embarcation, ondulant à peine sur ces eaux paisibles, marchait rapidement.

En effet, le canot était parti à six heures du matin, et à neuf heures, il se rapprochait sensiblement déjà de la rive septentrionale du lac qu'il devait atteindre. Le campement des Indiens se trouvait établi à l'angle nord-ouest du Grand-Ours. Avant dix heures, le vieux Norman avait rallié cet endroit, et il venait atterrir près d'une berge très accore, au pied d'une falaise de médiocre hauteur.

Le lieutenant et Mrs. Paulina prirent terre aussitôt. Deux ou trois Indiens accoururent au-devant d'eux, -- entre autres leur chef, personnage assez emplumé, qui leur adressa la parole en un anglais suffisamment intelligible.

Ces Indiens-Lièvres, de même que les Indiens-Cuivre, les Indiens-Castors et autres, appartiennent tous à la race des Chippeways, et conséquemment ils diffèrent peu de leurs congénères par leurs coutumes et leurs habillements. Ils sont, d'ailleurs, en fréquentes relations avec les factoreries, et ce commerce les a pour ainsi dire «britannisés», autant que peut l'être un sauvage. C'est aux forts qu'ils portent les produits de leur chasse, et c'est aux forts qu'ils les échangent contre les objets nécessaires à la vie, que, depuis quelques années, ils ne fabriquent plus eux-mêmes. Ils sont, pour ainsi dire, à la solde de la Compagnie; c'est par elle qu'ils vivent, et l'on ne s'étonnera plus qu'ils aient déjà perdu toute originalité. Pour trouver une race d'indigènes sur laquelle le contact européen n'ait pas encore laissé son empreinte, il faut remonter à des latitudes plus élevées, jusqu'à ces glaciales régions fréquentées par les Esquimaux. L'Esquimau, comme le Groënlandais, est le véritable enfant des contrées polaires.

Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson se rendirent au campement des Indiens-Lièvres, situé à un demi-mille du rivage. Là, ils trouvèrent une trentaine d'indigènes, hommes, femmes et enfants, qui vivaient de pêche et de chasse, et exploitaient les environs du lac. Ces Indiens étaient précisément revenus tout récemment des territoires situés au nord du continent américain, et ils donnèrent à Jasper Hobson quelques renseignements, fort incomplets il est vrai, sur l'état actuel du littoral aux environs du soixante-dixième parallèle. Le lieutenant apprit cependant, avecune certaine satisfaction, qu'aucun détachement européen ouaméricain n'avait été vu sur les confins de la mer polaire, et que cette mer était libre à cette époque de l'année. Quand au cap Bathurst proprement dit, vers lequel il avait l'intention de se diriger, les Indiens-Lièvres ne le connaissaient pas. Leur chef parla, d'ailleurs, de la région située entre le Grand-Ours et le cap Bathurst comme d'un pays difficile à traverser, assez accidenté et coupé de rios dégelés en ce moment. Il engagea le lieutenant à descendre le cours de la Coppermine-river, dans le nord-est du lac, de manière à gagner la côte par le plus courtchemin. Une fois la mer polaire atteinte, il serait plus aisé d'en suivre les rivages, et Jasper Hobson serait maître alors de s'arrêter au point qui lui conviendrait. 

Jasper Hobson remercia le chef indien, et prit congé de lui, après lui avoir fait quelques présents. Puis, accompagnant Mrs. Paulina Barnett, il visita les environs du campement, et ne revint trouver l'embarcation que vers trois heures après-midi.