×

Nous utilisons des cookies pour rendre LingQ meilleur. En visitant le site vous acceptez nos Politique des cookies.

image

l'histoire de France, L’épopée industrielle – Révolution en 1848, guerre en 1870

Tout à coup, le 23 février 1848, à 10 heures du soir, un coup de feu part. Une colonne de manifestants s'avance dans le boulevard des Capucines, brandissant des torches et agitant un drapeau rouge. À cette époque, c'est là que se trouve le ministère des affaires étrangères sur lequel veille un détachement du 14ème régiment de ligne. Qui a tiré ? Un sergent, semble-t-il.

Ce premier coup de feu est comme un signal: tous les fusils partent. Dans l'instant, des cadavres jonchent la chaussée, une quarantaine. Et aussi des blessés qui hurlent.

C'est ainsi qu'a éclaté la révolution de 1848. Depuis deux ans, un puissant mouvement réclamait en France une véritable réforme qui devrait faire « bouger» enfin la société que Louis-Philippe et son Premier ministre Guizot gardaient immobile. On réclamait le droit de vote pour tous les Français : le suffrage universel.

À la fin de 1847, le mouvement a pris d'autant plus d'ampleur que, cette année-là, la récolte - dans toute l'Europe - a été très mauvaise. Dans l'hiver 1847-1848, un million d'Irlandais sont morts de faim! En France, on a manqué de blé et surtout de pommes de terre. Les paysans appauvris n'ont plus rien acheté et les industries ont fermé leurs portes : quatre ouvriers du textile sur dix ont perdu leur travail, deux mineurs sur dix. On a dû arrêter les chantiers des chemins de fer.

Faute de pouvoir se faire entendre, les « réformistes» organisent des banquets qui remportent un énorme succès. L'annulation par le gouvernement, le 22 février 1848, de l'un d'eux, annoncée aux Champs-Élysées, soulève la colère des Parisiens. D'où la manifestation, d'où la fusillade du 23. En quelques heures, Paris se couvre de barricades. Louis-Philippe renvoie Guizot, mais la garde nationale bourgeoise et les troupes commandées par le général Bugeaud sont peu à peu gagnées par l'insurrection qui s'empare de l'Hôtel de Ville et marche sur les Tuileries. Louis-Philippe comprend qu'il ne lui reste qu'une solution: il abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris (24 février). Après quoi, avec Marie-Amélie, il doit fuir Paris. En fiacre.

À l'Hôtel de Ville, le poète Lamartine prend la tête d'un gouvernement provisoire et proclame la république. La formidable acclamation qui salue l'annonce du poète au balcon reflète très exactement la réaction du peuple français. D'un seul coup, tous les Français - des légitimistes aux socialistes - se retrouvent unis pour acclamer le nouveau régime. Hugo et Blanqui sont de ceux qui s'y rallient. La constitution qui va être votée prévoit l'élection au suffrage universel d'une assemblée nationale et d'un président de la république. Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l'Empereur, est élu pour quatre ans par une énorme majorité: 5 millions et demi de voix, 74,2 % des suffrages. Trois ans plus tard (2 décembre 1851), Louis Napoléon, par un coup d'État, s'empare de la totalité du pouvoir et, l'année suivante, rétablit l'Empire. Ne voulant pas oublier que le roi de Rome a été proclamé empereur par les Chambres en 1815, il devient Napoléon III. Blanqui, qui a voulu rendre plus révolutionnaire la Seconde République, est en prison. Hugo, qui s'est opposé au coup d'État, est en exil. De la rue de Rivoli montent des acclamations frénétiques. Il est 6 heures du soir, ce 14 juin 1856.

Une haie ininterrompue de spectateurs enthousiastes garnit les trottoirs, des Tuileries jusqu'à Notre-Dame. Voici que s'approche le cortège, une longue file de carrosses. Dans une première voiture, on peut deviner, dans les bras de sa nourrice, un bébé en forme de petit paquet blanc. Ce n'est autre que le fils de l'Empereur, le Prince impérial, celui qui, pour les Parisiens, sera toujours « le petit prince », Des maréchaux aux uniformes brodés d'or cavalcadent aux portières du carrosse impérial. Napoléon III salue la foule et, à côté de lui, l'impératrice Eugénie, une Espagnole, en fait autant. Plus tard celle-ci confiera que de toutes les heures qui ont jalonné son règne, la plus radieuse, la plus éblouissante a été celle où, à Notre-Dame, son fils avait reçu le baptême.

Quant aux Parisiens, le même jour, ils n'ont cessé de répéter, parlant de Napoléon III : - Quelle chance il a ! Rien de plus vrai. La France, engagée en Crimée avec l'Angleterre, vient de gagner la guerre contre la Russie. L'Europe entière se réunit en congrès à Paris pour signer la paix. La France retrouve sa primauté et les traités humiliants qui avaient marqué la défaite de Napoléon sont abolis. Le neveu a vengé l'oncle! Une exposition internationale (1855) vient de démontrer avec éclat que notre pays a retrouvé sa prospérité. Une extraordinaire expansion est en marche. Sous Napoléon III, la France moderne est en train de naître.

La France de Napoléon III vit sous ce que l'on appelle un régime autoritaire. Les députés sont élus au suffrage universel, mais ce qui l'emporte toujours, c'est la volonté de l'empereur. Celui-ci qui, tout jeune, n'a pas caché ses sympathies pour le socialisme, a remis en usage la Constitution du premier Empire pour mieux assurer son pouvoir. Après le coup d'État de 1851, beaucoup d'opposants ont été arrêtés et envoyés de force en Algérie. Mais, à mesure que les années passent, l'empereur va chercher à rendre aux Français leurs libertés. Il y parviendra dans la dernière partie de son règne, lorsqu'il établira un véritable régime constitutionnel, l'Empire libéral. La France est un pays centralisé, ce qui veut dire que le pouvoir s'exerce à Paris, aux Tuileries où résident l'empereur et l'impératrice. Napoléon III y a réuni la cour la plus brillante d'Europe. Il faut remonter au règne de Louis XV pour découvrir autant de faste autour du souverain. Les soirs de bals, trois à quatre mille danseurs et danseuses évoluent dans la salle des Maréchaux au rythme de la musique d'Offenbach et de l'orchestre de Strauss. Les tenues des invités, les robes et les bijoux de leurs épouses, tout cela démontre que l'élégance peut faire bon ménage avec la richesse. D'un tel bal, le grand écrivain Flaubert sort en s'écriant: - Sans blague, c'était splendide! Il faut dire que des fortunes immenses se sont édifiées en peu d'années. C'est le triomphe définitif de la grande industrie, celui de la machine, de la vapeur. Il y avait en France 973 locomotives en 1850, il y en aura 4855 en 1870. Les machines utilisées dans l'industrie passent de 5 322 à 27 958 ! La construction bénéficie de l'invention du ciment. On met au point l'éclairage au gaz. La première lampe à pétrole apparaît en 1851. Et aussi les premiers fourneaux à gaz utilisés par les particuliers. La machine à coudre pénètre dans les foyers.

Dans les mines, la production augmente de 160 %. De plus en plus le fer remplace le bois. Et l'aluminium devient un métal industriel. En 1861, La Roche-sur-Foron peut s'enorgueillir d'être la première localité française éclairée par l'électricité. Avec le développement de l'industrie, du commerce, des travaux publics, des chemins de fer, il faut faire appel à des capitaux de plus en plus importants. L'activité de la Bourse s'accroît sans cesse. Plusieurs grandes banques sont créées, telles que la Société Générale et le Crédit Lyonnais.

Paris est remodelé de fond en comble sous l'inspiration du préfet Haussmann. C'est grâce à lui que nous pouvons circuler aujourd'hui. Des grands magasins tels que le Bon Marché facilitent les achats et contribuent à faire baisser les prix.

La fortune de la France est en train de s'édifier. Nous allons peu à peu prêter à tant de pays étrangers que l'on pourra dire que nous sommes devenus les banquiers du monde entier. Cela durera jusqu'en 1914.Tous ces succès expliquent que la popularité de Napoléon III soit longtemps restée grande: à la suite d'une guerre victorieuse en Italie (1859) n'a-t-il pas agrandi la France de Nice et la Savoie ? Le 8 mars 1870, un plébiscite – vote par lequel le corps électoral répond à une question – accorde encore une fois à napoléon III une majorité considérable : 7 358 000 oui contre 1 572 000 non. Cela malgré une guerre désastreuse au Mexique et malgré les assauts de plus en plus violents des républicains. A l'annonce de cette victoire, Napoléon III élève le prince impérial dans ses bras : - Mon enfant, tu es sacré par ce plébiscite ! Deux mois plus tard, la France déclare la guerre à la Prusse qui a voulu placer un souverain allemand sur le trône d'Espagne, mais qui y a renoncé. Il n'y aura jamais de Napoléon IV. Debout dans son grand atelier vitré établi au sommet de sa maison de Guernesey – une île Anglaise de la Manche – Victor Hugo domine la mer.

Depuis le coup d'État du 2 décembre 1851, il s'est exilé. Là, dans son atelier de Guernesey, il a écrit de nouveaux chefs-d'œuvre: la Légende des siècles, les Misérables. Et il n'a cessé de condamner le pouvoir de celui qu'il appelle Napoléon le Petit. Il a vieilli, sa barbe est maintenant toute blanche. Comme il a l'air soucieux, en lisant les journaux venus de France! La guerre a mal commencé. Les armées françaises, malgré des combats héroïques comme la charge de Reichshoffen - se font battre par les Prussiens Victor Hugo a toujours dit qu'il ne rentrerait en France que lorsque Napoléon III en serait chassé. L'heure va-t-elle sonner? Le grand poète part pour Bruxelles. Une terrible nouvelle parvient jusqu'à lui: Napoléon III, battu à Sedan, a été fait prisonnier. Mais voici ce qu'apprend bientôt le poète: le peuple de Paris a marché sur le Palais-Bourbon, s'en est emparé et a proclamé la déchéance de Napoléon III (4 septembre 1870). Le lendemain, avec toute sa famille - dont ses deux petits enfants Georges et Jeanne - Victor Hugo prend à Bruxelles le train pour Paris. Quand il arrive à la gare du Nord, 100 000 personnes l'attendent. Un immense cri s'élève : « Vive Victor Hugo! » Mais une autre acclamation lui succède aussitôt: - Vive la République!

Learn languages from TV shows, movies, news, articles and more! Try LingQ for FREE

Tout à coup, le 23 février 1848, à 10 heures du soir, un coup de feu part. Une colonne de manifestants s'avance dans le bou­levard des Capucines, brandissant des torches et agitant un dra­peau rouge. À cette époque, c'est là que se trouve le ministère des affaires étrangères sur lequel veille un détachement du 14ème régiment de ligne. Qui a tiré ? Un sergent, semble-t-il.

Ce premier coup de feu est comme un signal: tous les fusils partent. Dans l'instant, des cadavres jonchent la chaussée, une quarantaine. Et aussi des blessés qui hurlent.

C'est ainsi qu'a éclaté la révolution de 1848. Depuis deux ans, un puissant mouvement réclamait en France une véritable réforme qui devrait faire « bouger» enfin la société que Louis-Philippe et son Premier ministre Guizot gardaient immobile. On réclamait le droit de vote pour tous les Français : le suffrage universel.

À la fin de 1847, le mouvement a pris d'autant plus d'ampleur que, cette année-là, la récolte - dans toute l'Europe - a été très mauvaise. Dans l'hiver 1847-1848, un million d'Irlandais sont morts de faim! En France, on a manqué de blé et surtout de pommes de terre. Les paysans appauvris n'ont plus rien acheté et les industries ont fermé leurs portes : quatre ouvriers du textile sur dix ont perdu leur travail, deux mineurs sur dix. On a dû arrêter les chantiers des chemins de fer.

Faute de pouvoir se faire entendre, les « réformistes» organi­sent des banquets qui remportent un énorme succès. L'annulation par le gouvernement, le 22 février 1848, de l'un d'eux, annoncée aux Champs-Élysées, soulève la colère des Parisiens. D'où la manifestation, d'où la fusillade du 23.

En quelques heures, Paris se couvre de barricades. Louis-­Philippe renvoie Guizot, mais la garde nationale bourgeoise et les troupes commandées par le général Bugeaud sont peu à peu gagnées par l'insurrection qui s'empare de l'Hôtel de Ville et marche sur les Tuileries.

Louis-Philippe comprend qu'il ne lui reste qu'une solution: il abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris (24 février). Après quoi, avec Marie-Amélie, il doit fuir Paris. En fiacre.

À l'Hôtel de Ville, le poète Lamartine prend la tête d'un gou­vernement provisoire et proclame la république. La formidable acclamation qui salue l'annonce du poète au balcon reflète très exactement la réaction du peuple français. D'un seul coup, tous les Français - des légitimistes aux socialistes - se retrouvent unis pour acclamer le nouveau régime. Hugo et Blanqui sont de ceux qui s'y rallient.

La constitution qui va être votée prévoit l'élection au suffrage universel d'une assemblée nationale et d'un président de la république. Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l'Empereur, est élu pour quatre ans par une énorme majorité: 5 millions et demi de voix, 74,2 % des suffrages. Trois ans plus tard (2 décembre 1851), Louis Napoléon, par un coup d'État, s'empare de la totalité du pouvoir et, l'année suivante, rétablit l'Empire. Ne voulant pas oublier que le roi de Rome a été proclamé empereur par les Chambres en 1815, il devient Napoléon III. Blanqui, qui a voulu rendre plus révolutionnaire la Seconde République, est en prison. Hugo, qui s'est opposé au coup d'État, est en exil.

 

 

De la rue de Rivoli montent des acclamations frénétiques. Il est 6 heures du soir, ce 14 juin 1856.

Une haie ininterrompue de spectateurs enthousiastes garnit les trottoirs, des Tuileries jusqu'à Notre-Dame. Voici que s'ap­proche le cortège, une longue file de carrosses. Dans une pre­mière voiture, on peut deviner, dans les bras de sa nourrice, un bébé en forme de petit paquet blanc. Ce n'est autre que le fils de l'Empereur, le Prince impérial, celui qui, pour les Parisiens, sera toujours « le petit prince »,

Des maréchaux aux uniformes brodés d'or cavalcadent aux portières du carrosse impérial. Napoléon III salue la foule et, à côté de lui, l'impératrice Eugénie, une Espagnole, en fait autant. Plus tard celle-ci confiera que de toutes les heures qui ont jalonné son règne, la plus radieuse, la plus éblouissante a été celle où, à Notre-Dame, son fils avait reçu le baptême.

Quant aux Parisiens, le même jour, ils n'ont cessé de répéter, parlant de Napoléon III :

- Quelle chance il a !

Rien de plus vrai. La France, engagée en Crimée avec l'Angleterre, vient de gagner la guerre contre la Russie. L'Europe entière se réunit en congrès à Paris pour signer la paix. La France retrouve sa primauté et les traités humiliants qui avaient marqué la défaite de Napoléon sont abolis. Le neveu a vengé l'oncle!

Une exposition internationale (1855) vient de démontrer avec éclat que notre pays a retrouvé sa prospérité. Une extraordinaire expansion est en marche. Sous Napoléon III, la France moderne est en train de naître.

 

La France de Napoléon III vit sous ce que l'on appelle un régime autoritaire. Les députés sont élus au suffrage universel, mais ce qui l'emporte toujours, c'est la volonté de l'empereur. Celui-ci qui, tout jeune, n'a pas caché ses sympathies pour le socialisme, a remis en usage la Constitution du premier Empire pour mieux assurer son pouvoir. Après le coup d'État de 1851, beaucoup d'opposants ont été arrêtés et envoyés de force en Algérie. Mais, à mesure que les années passent, l'empereur va chercher à rendre aux Français leurs libertés. Il y parviendra dans la dernière partie de son règne, lorsqu'il établira un véri­table régime constitutionnel, l'Empire libéral.

La France est un pays centralisé, ce qui veut dire que le pou­voir s'exerce à Paris, aux Tuileries où résident l'empereur et l'im­pératrice. Napoléon III y a réuni la cour la plus brillante d'Europe. Il faut remonter au règne de Louis XV pour découvrir autant de faste autour du souverain. Les soirs de bals, trois à quatre mille danseurs et danseuses évoluent dans la salle des Maréchaux au rythme de la musique d'Offenbach et de l'orchestre de Strauss. Les tenues des invités, les robes et les bijoux de leurs épouses, tout cela démontre que l'élégance peut faire bon ménage avec la richesse. D'un tel bal, le grand écrivain Flaubert sort en s'écriant:

- Sans blague, c'était splendide!

Il faut dire que des fortunes immenses se sont édifiées en peu d'années. C'est le triomphe définitif de la grande industrie, celui de la machine, de la vapeur. Il y avait en France 973 locomotives en 1850, il y en aura 4855 en 1870. Les machines utilisées dans l'industrie passent de 5 322 à 27 958 !

La construction bénéficie de l'invention du ciment. On met au point l'éclairage au gaz. La première lampe à pétrole apparaît en 1851. Et aussi les premiers fourneaux à gaz utilisés par les particuliers. La machine à coudre pénètre dans les foyers.

Dans les mines, la production augmente de 160 %. De plus en plus le fer remplace le bois. Et l'aluminium devient un métal industriel. En 1861, La Roche-sur-Foron peut s'enorgueillir d'être la première localité française éclairée par l'électricité.

Avec le développement de l'industrie, du commerce, des travaux publics, des chemins de fer, il faut faire appel à des capitaux de plus en plus importants. L'activité de la Bourse s'accroît sans cesse. Plusieurs grandes banques sont créées, telles que la Société Générale et le Crédit Lyonnais.

Paris est remodelé de fond en comble sous l'inspiration du préfet Haussmann. C'est grâce à lui que nous pouvons circuler aujourd'hui. Des grands magasins tels que le Bon Marché facili­tent les achats et contribuent à faire baisser les prix.

La fortune de la France est en train de s'édifier. Nous allons peu à peu prêter à tant de pays étrangers que l'on pourra dire que nous sommes devenus les banquiers du monde entier. Cela durera jusqu'en 1914.Tous ces succès expliquent que la popula­rité de Napoléon III soit longtemps restée grande: à la suite d'une guerre victorieuse en Italie (1859) n'a-t-il pas agrandi la France de Nice et la Savoie ? Le 8 mars 1870, un plébiscite – vote par lequel le corps électoral répond à une question – accorde encore une fois à napoléon III une majorité considérable : 7 358 000 oui contre 1 572 000 non. Cela malgré une guerre désastreuse au Mexique et malgré les assauts de plus en plus violents des républicains. A l'annonce de cette victoire, Napoléon III élève le prince impérial dans ses bras :

- Mon enfant, tu es sacré par ce plébiscite !

Deux mois plus tard, la France déclare la guerre à la Prusse qui a voulu placer un souverain allemand sur le trône d'Espagne, mais qui y a renoncé. Il n'y aura jamais de Napoléon IV.

 

Debout dans son grand atelier vitré établi au sommet de sa maison de Guernesey – une île Anglaise de la Manche – Victor Hugo domine la mer.

Depuis le coup d'État du 2 décembre 1851, il s'est exilé. Là, dans son atelier de Guernesey, il a écrit de nouveaux chefs-­d'œuvre: la Légende des siècles, les Misérables. Et il n'a cessé de condamner le pouvoir de celui qu'il appelle Napoléon le Petit.

Il a vieilli, sa barbe est maintenant toute blanche. Comme il a l'air soucieux, en lisant les journaux venus de France! La guerre a mal commencé. Les armées françaises, malgré des combats héroïques ­comme la charge de Reichshoffen - se font battre par les Prussiens

Victor Hugo a toujours dit qu'il ne rentrerait en France que lorsque Napoléon III en serait chassé. L'heure va-t-elle sonner? Le grand poète part pour Bruxelles. Une terrible nouvelle par­vient jusqu'à lui: Napoléon III, battu à Sedan, a été fait prison­nier. Mais voici ce qu'apprend bientôt le poète: le peuple de Paris a marché sur le Palais-Bourbon, s'en est emparé et a pro­clamé la déchéance de Napoléon III (4 septembre 1870).

Le lendemain, avec toute sa famille - dont ses deux petits ­enfants Georges et Jeanne - Victor Hugo prend à Bruxelles le train pour Paris. Quand il arrive à la gare du Nord, 100 000 per­sonnes l'attendent. Un immense cri s'élève : « Vive Victor Hugo! » Mais une autre acclamation lui succède aussitôt:

- Vive la République!