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l'histoire de France, Napoléon - les batailles

Joseph sera roi d'Espagne, Louis roi de Hollande, Jérôme roi de Westphalie, Murat - époux de Caroline Bonaparte - roi de Naples; ses autres sœurs recevront des principautés et des duchés. Napoléon pratiquera aussi la politique des mariages de famille: son frère Jérôme épouse la fille du roi de Wurtemberg, son beau-fils Eugène de Beauharnais devient le gendre du roi de Bavière et lui-même, divorçant de Joséphine qui ne lui a pas donné de fils, se mariera avec la fille de l'empereur d'Autriche, Marie-Louise. Le fils de l'avocat d'Ajaccio a donc épousé la descendante de Charles Quint, de Louis XIV: de Marie-Thérèse -la nièce, aussi, de Marie-Antoinette, de sorte que l'Empereur pourra désormais répéter, non sans une satisfaction évidente: - Mon pauvre oncle Louis XVI ! ... Quand le canon se met à tonner sur Paris, le 20 mars 1811, un million de Parisiens retiennent leur souffle. Tout le monde sait que l'impératrice Marie-Louise attend un enfant. Nul n'ignore que, lorsqu'elle aura accouché, on tirera le canon: vingt et un coups pour annoncer la naissance d'une fille, cent un pour un fils Un million de Parisiens comptent : - Dix-huit ... dix-neuf ... vingt... vingt et un ... A-t-on fini? Est-ce une fille? Non! Voici que l'on tire le vingt-deuxième coup. C'est un fils ! À l'instant, les Parisiens jaillissent dans les rues, ils lancent leurs chapeaux en l'air, c'est, constate un témoin, « un long cri de joie qui part comme un mouvement électrique », Au château des Tuileries, dans le grand salon où la cour impériale attend autour de Napoléon, soudain la porte s'est ouverte et Mme de Montesquieu, gouvernante du jeune prince, est apparue, portant précieusement dans ses bras le minuscule nouveau-né. Alors, le chambellan, d'une voix forte, a annoncé: -Le roi de Rome! Tel est le titre que Napoléon a décerné à son fils, à celui qui doit hériter un jour son immense empire. Plus tard, le poète Victor Hugo, en d'inoubliables vers, ressuscitera le tumulte d'orgueil qui a dû ce jour-là soulever l'esprit de Napoléon: - L'avenir est à moi! Répétait-il. Le poète lui a répondu: - Sire, l'avenir est à Dieu ! Ici, c'est le poète qui voit juste. La guerre d'Espagne a ouvert une blessure au flanc de l'Empire. Le peuple espagnol tout entier s'est révolté contre celui qui a voulu l'asservir: c'est la guérilla dont Napoléon ne viendra jamais à bout. En 1807, le tsar de Russie, Alexandre, a signé un traité d'alliance avec Napoléon. Depuis, il ne pense qu'à prendre sa revanche. Pour frapper l'Angleterre - toujours elle - Napoléon a voulu la ruiner en décrétant le blocus continental: il est interdit aux nations européennes d'acheter et de vendre des marchandises aux Anglais. Le tsar refuse de se plier à ce blocus.

Napoléon, pour l'y contraindre, mobilise plus de soldats qu'on n'en a jamais commandé: tous ceux de l'Empire et de ses alliés, 600 000 hommes. C'est la Grande Armée. Elle pénètre en Russie, bat Alexandre, parvient à Moscou. L'incendie allumé par le comte Rostopchine livre la Grande Armée, perdue dans les steppes, au terrible hiver russe. Qui pourra oublier l'effroyable retraite de Russie et le passage par les soldats en retraite de la Bérézina prise par les glaces? La neige est semée de cadavres. Il n'y a plus de Grande Armée. La France est lasse de la guerre. Comment ne le serait-elle pas? Cette guerre dure depuis 1792! Beaucoup de jeunes Français désertent ou se mutilent volontairement. En 1813, Napoléon parvient malgré tout à reconstituer une nouvelle armée. Les nouveaux conscrits sont d'âge si tendre qu'ils font penser à des jeunes filles: on va les surnommer les « Marie-Louise », Malgré leur inexpérience, ils vont pourtant participer victorieusement aux deux batailles gagnées en Allemagne par Napoléon, à Lützen et Bautzen. Ils n'en seront pas moins écrasés avec lui à Leipzig (16-18 octobre 1813), défaite qui sonne le glas des espoirs de l'Empereur. Autrichiens, Russes, Prussiens, Anglais - les Alliés - envahissent la France. Napoléon met tout son génie à leur livrer bataille séparément. Il les bat à plusieurs reprises. Cet homme qui a vieilli et pris du ventre retrouve tout à coup les bottes du jeune Bonaparte. Sur le plan stratégique la campagne de France reste comme un chef-d'œuvre. Hélas, le rapport des forces se révèle presque de un à dix.

Quand les Alliés s'emparent de Paris, l'Empereur abdique à Fontainebleau (31 mars 1814). Ce sont les fameux « adieux ». Au moment où celui que l'on appelle le petit caporal embrasse le drapeau tricolore, ses « grognards » qui l'ont suivi jusqu'aux Pyramides, à Berlin, à Madrid, à Moscou pleurent. .. Les Alliés lui ont conservé son titre et accordé un royaume dérisoire: l'île d'Elbe, entre la Corse et l'Italie. L'homme qui avait fait trembler l'Europe ne règne plus que sur quelques kilomètres carrés ! On pourrait croire que l'épopée est achevée. Pas du tout. Napoléon sait que les Français le regrettent. Avec la poignée de grenadiers que lui ont laissée ses vainqueurs il s'évade de l'île d'Elbe, débarque en France entre Antibes et Cannes, à Golfe Juan, marche sur Paris. Il est seul contre le roi Louis XVIII rétabli sur son trône par les Alliés, seul contre l'armée, la gendarmerie, la police, l'administration. Seul contre un peuple de 25 millions d'habitants. Il s'écrie, faisant allusion à l'emblème qu'il s'est choisi, l'aigle: les aigles impériales voleront, de clocher en clocher, jusqu'aux tours de Notre-Dame! Il tient parole.

Dès qu'il a été prévenu du débarquement de « l'usurpateur », Louis XVIII a envoyé des troupes contre lui. Le général Marchand, qui défend Grenoble, a reçu l'ordre d'arrêter la marche des « brigands de Buonaparte », Napoléon n'ignore pas que c'est son sort qui va se jouer. À Laffrey, un bourg de montagne, va se situer la rencontre historique. Sous le commandement du capitaine Randon les soldats du 5eme régiment de ligne s'avancent pour barrer la route à la petite armée elboise. _ Halte! Faire face! Ordonne Randon à des hommes « pâles comme la mort », Un homme seul marche vers eux: Napoléon, revêtu de la fameuse redingote grise et du non moins célèbre petit chapeau. Fou d'angoisse, Randon hurle: - Le voilà! Feu!

Pas un homme n'obéit. L'Empereur, à son tour, s'est arrêté. Il dit, d'une voix forte : _ Soldats du 5ème, je suis votre empereur. Reconnaissez-moi.

Il reprend sa marche, fait deux ou trois pas, entrouvre les pans de sa redingote et crie : _ S'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son empereur, me voilà! Ce qui lui répond, c'est un immense cri de Vive l'Empereur! Les hommes du 5ème brisent les rangs, se ruent en désordre vers Napoléon, l'entourent, l'acclament, s'agenouillent. Certains touchent ses bottes, son épée, sa redingote, comme ils le feraient d'une idole. À chaque rencontre la scène se reproduira. Un plaisantin affichera aux grilles des Tuileries, à Paris, ce prétendu message de Napoléon à Louis XVIII: « Mon bon frère, il est inutile de m'envoyer encore des soldats. J'en ai assez. » L'Empereur acclamé surtout par les ouvriers et les paysans qui voient en lui l'héritier des idées de la Révolution, va rentrer dans Paris et retrouver son trône sans qu'ait été tiré un seul coup de feu. Jamais dans l'histoire on n'avait vu rien de comparable au « vol de l'aigle ». Sans doute ne le reverra-t-on jamais.

Ce nouveau règne n'en restera pas moins sans lendemain: il ne durera que cent jours. L'Europe ne veut décidément plus de Napoléon. Contre lui, elle mobilise de nouvelles armées que l'Empereur rencontrera en Belgique, à Waterloo. Un affrontement gigantesque qui, tout au long de la journée du 18 juin 1815, restera indécis.

Malgré des prodiges d'héroïsme - tels que les charges de cavalerie du maréchal Ney - Napoléon perd la bataille. Il se livrera aux Anglais qui l'enfermeront dans une île de l'Atlantique Sud, à soixante-douze jours de mer de l'Europe: Sainte-Hélène. Il y mourra le 5 mai 1821.

Quand il était écolier à Brienne, il avait de sa main, dans son cahier de géographie, énuméré les possessions anglaises. À la dernière ligne, il avait écrit: « Sainte-Hélène, petite isle. » Après quoi il avait fermé le cahier pour ne plus jamais l'ouvrir. Comme s'il avait deviné que, pour lui, la dernière page serait toujours Sainte-Hélène.

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Joseph sera roi d'Espagne, Louis roi de Hollande, Jérôme roi de Westphalie, Murat - époux de Caroline Bonaparte - roi de Naples; ses autres sœurs recevront des principautés et des duchés. Napoléon pratiquera aussi la poli­tique des mariages de famille: son frère Jérôme épouse la fille du roi de Wurtemberg, son beau-fils Eugène de Beauharnais devient le gendre du roi de Bavière et lui-même, divorçant de Joséphine qui ne lui a pas donné de fils, se mariera avec la fille de l'empereur d'Autriche, Marie-Louise.

Le fils de l'avocat d'Ajaccio a donc épousé la descendante de Charles Quint, de Louis XIV: de Marie-Thérèse -la nièce, aussi, de Marie-Antoinette, de sorte que l'Empereur pourra désormais répéter, non sans une satisfaction évidente:

-         Mon pauvre oncle Louis XVI ! ...

Quand le canon se met à tonner sur Paris, le 20 mars 1811, un million de Parisiens retiennent leur souffle. Tout le monde sait que l'impératrice Marie-Louise attend un enfant. Nul n'ignore que, lorsqu'elle aura accouché, on tirera le canon: vingt et un coups pour annoncer la naissance d'une fille, cent un pour un fils Un million de Parisiens comptent :

- Dix-huit ... dix-neuf ... vingt... vingt et un ...

 

A-t-on fini? Est-ce une fille? Non! Voici que l'on tire le vingt-deuxième coup. C'est un fils ! À l'instant, les Parisiens jaillissent dans les rues, ils lancent leurs chapeaux en l'air, c'est, constate un témoin, « un long cri de joie qui part comme un mouvement électrique »,

 

Au château des Tuileries, dans le grand salon où la cour impé­riale attend autour de Napoléon, soudain la porte s'est ouverte et Mme de Montesquieu, gouvernante du jeune prince, est apparue, portant précieusement dans ses bras le minuscule nouveau-né.

Alors, le chambellan, d'une voix forte, a annoncé: -Le roi de Rome!

 

Tel est le titre que Napoléon a décerné à son fils, à celui qui doit hériter un jour son immense empire. Plus tard, le poète Victor Hugo, en d'inoubliables vers, ressuscitera le tumulte d'orgueil qui a dû ce jour-là soulever l'esprit de Napoléon:

- L'avenir est à moi! Répétait-il. Le poète lui a répondu:

- Sire, l'avenir est à Dieu !

 

Ici, c'est le poète qui voit juste. La guerre d'Espagne a ouvert une blessure au flanc de l'Empire. Le peuple espagnol tout entier s'est révolté contre celui qui a voulu l'asservir: c'est la guérilla dont Napoléon ne viendra jamais à bout.

En 1807, le tsar de Russie, Alexandre, a signé un traité d'alliance avec Napoléon. Depuis, il ne pense qu'à prendre sa revanche. Pour frapper l'Angleterre - toujours elle - Napoléon a voulu la ruiner en décrétant le blocus continental: il est interdit aux nations européennes d'acheter et de vendre des marchan­dises aux Anglais. Le tsar refuse de se plier à ce blocus.

Napoléon, pour l'y contraindre, mobilise plus de soldats qu'on n'en a jamais commandé: tous ceux de l'Empire et de ses alliés, 600 000 hommes. C'est la Grande Armée. Elle pénètre en Russie, bat Alexandre, parvient à Moscou. L'incendie allumé par le comte Rostopchine livre la Grande Armée, perdue dans les steppes, au terrible hiver russe.

Qui pourra oublier l'effroyable retraite de Russie et le passage par les soldats en retraite de la Bérézina prise par les glaces? La neige est semée de cadavres. Il n'y a plus de Grande Armée.

 

La France est lasse de la guerre. Comment ne le serait-elle pas? Cette guerre dure depuis 1792! Beaucoup de jeunes Français désertent ou se mutilent volontairement. En 1813, Napoléon parvient malgré tout à reconstituer une nouvelle armée. Les nouveaux conscrits sont d'âge si tendre qu'ils font penser à des jeunes filles: on va les surnommer les « Marie-Louise »,

Malgré leur inexpérience, ils vont pourtant participer victo­rieusement aux deux batailles gagnées en Allemagne par Napoléon, à Lützen et Bautzen. Ils n'en seront pas moins écrasés avec lui à Leipzig (16-18 octobre 1813), défaite qui sonne le glas des espoirs de l'Empereur.

Autrichiens, Russes, Prussiens, Anglais - les Alliés - envahis­sent la France. Napoléon met tout son génie à leur livrer bataille séparément. Il les bat à plusieurs reprises. Cet homme qui a vieilli et pris du ventre retrouve tout à coup les bottes du jeune Bonaparte. Sur le plan stratégique la campagne de France reste comme un chef-d'œuvre. Hélas, le rapport des forces se révèle presque de un à dix.

Quand les Alliés s'emparent de Paris, l'Empereur abdique à Fontainebleau (31 mars 1814). Ce sont les fameux « adieux ». Au moment où celui que l'on appelle le petit caporal embrasse le drapeau tricolore, ses « grognards » qui l'ont suivi jusqu'aux Pyramides, à Berlin, à Madrid, à Moscou pleurent. ..

 

Les Alliés lui ont conservé son titre et accordé un royaume dérisoire: l'île d'Elbe, entre la Corse et l'Italie. L'homme qui avait fait trembler l'Europe ne règne plus que sur quelques kilomètres carrés !

 

On pourrait croire que l'épopée est achevée. Pas du tout. Napoléon sait que les Français le regrettent. Avec la poignée de grenadiers que lui ont laissée ses vainqueurs il s'évade de l'île d'Elbe, débarque en France entre Antibes et Cannes, à Golfe­ Juan, marche sur Paris.

Il est seul contre le roi Louis XVIII rétabli sur son trône par les Alliés, seul contre l'armée, la gendarmerie, la police, l'admi­nistration. Seul contre un peuple de 25 millions d'habitants.

Il s'écrie, faisant allusion à l'emblème qu'il s'est choisi, l'aigle: les aigles impériales voleront, de clocher en clocher,

jusqu'aux tours de Notre-Dame!

Il tient parole.

Dès qu'il a été prévenu du débarquement de « l'usurpateur »,

Louis XVIII a envoyé des troupes contre lui. Le général Marchand, qui défend Grenoble, a reçu l'ordre d'arrêter la marche des « brigands de Buonaparte », Napoléon n'ignore pas que c'est son sort qui va se jouer.

À Laffrey, un bourg de montagne, va se situer la rencontre historique. Sous le commandement du capitaine Randon les soldats du 5eme régiment de ligne s'avancent pour barrer la route à la petite armée elboise.

_ Halte! Faire face! Ordonne Randon à des hommes « pâles comme la mort »,

Un homme seul marche vers eux: Napoléon, revêtu de la fameuse redingote grise et du non moins célèbre petit chapeau. Fou d'angoisse, Randon hurle:

- Le voilà! Feu!

Pas un homme n'obéit. L'Empereur, à son tour, s'est arrêté.

Il dit, d'une voix forte :

_ Soldats du 5ème, je suis votre empereur. Reconnaissez-moi.

Il reprend sa marche, fait deux ou trois pas, entrouvre les pans de sa redingote et crie :

_ S'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son empereur, me voilà!

Ce qui lui répond, c'est un immense cri de Vive l'Empereur!

Les hommes du 5ème brisent les rangs, se ruent en désordre vers Napoléon, l'entourent, l'acclament, s'agenouillent. Certains tou­chent ses bottes, son épée, sa redingote, comme ils le feraient d'une idole. À chaque rencontre la scène se reproduira. Un plai­santin affichera aux grilles des Tuileries, à Paris, ce prétendu message de Napoléon à Louis XVIII: « Mon bon frère, il est inutile de m'envoyer encore des soldats. J'en ai assez. »

L'Empereur acclamé surtout par les ouvriers et les paysans qui voient en lui l'héritier des idées de la Révolution, va rentrer dans Paris et retrouver son trône sans qu'ait été tiré un seul coup de feu. Jamais dans l'histoire on n'avait vu rien de comparable au « vol de l'aigle ». Sans doute ne le reverra-t-on jamais.

Ce nouveau règne n'en restera pas moins sans lendemain: il ne durera que cent jours. L'Europe ne veut décidément plus de Napoléon. Contre lui, elle mobilise de nouvelles armées que l'Empereur rencontrera en Belgique, à Waterloo. Un affronte­ment gigantesque qui, tout au long de la journée du 18 juin 1815, restera indécis.

Malgré des prodiges d'héroïsme - tels que les charges de cavalerie du maréchal Ney - Napoléon perd la bataille.

Il se livrera aux Anglais qui l'enfermeront dans une île de l'Atlantique Sud, à soixante-douze jours de mer de l'Europe: Sainte-Hélène. Il y mourra le 5 mai 1821.

Quand il était écolier à Brienne, il avait de sa main, dans son cahier de géographie, énuméré les possessions anglaises. À la dernière ligne, il avait écrit:

« Sainte-Hélène, petite isle. »

Après quoi il avait fermé le cahier pour ne plus jamais l'ouvrir.

Comme s'il avait deviné que, pour lui, la dernière page serait toujours Sainte-Hélène.