La France et Mohammad Reza Shah C'est de Gaulle qui aide à restaurer le prestige de la France auprès du Shah d'Iran. En effet, le dirigeant de la France libre s'arrête à Téhéran en novembre 1944, sur le chemin de Moscou afin d'assurer au nouveau monarque, Mohammad Reza Shah de l'importance que la France attache à la continuité monarchique en Iran. Le règne du nouveau Shah apparait prometteur, car il a été éduqué dans une école de langue française (à l'institut Le Rosey, en Suisse) et choisit des gouvernantes françaises pour ses enfants. De plus, le langage politique et idéologique des hommes politiques iraniens, dont Mossadegh, est français; nombres de premiers ministres qui suivirent Mossadegh parlaient d'ailleurs couramment le français. Toutefois, la position de la France au cours des guerres de décolonisation (Guerre d'Algérie, d'Indochine) ternit son image auprès du peuple iranien. La France est à cette époque très présente en Perse au point de vue culturel mais n'a qu'une importance mineure du point de vue diplomatique, comme le montre l'attribution de seulement 6% des parts à la Compagnie française des pétroles après la crise de 1953 et le démantèlement de l'Anglo-Iranian Oil Company. Les réserves de la France vis-à-vis de la politique de grandeur du Shah et son appui à Washington se perçoivent aussi par le fait que le président Pompidou envoie Jacques Chaban-Delmas aux célébrations de Persépolis en 1971 (pour le 2500e anniversaire de la monarchie perse).
Malgré ces réserves, la France profite de l'augmentation du pouvoir d'achat de l'Iran suite au premier choc pétrolier en vendant sa technologie nucléaire, par un contrat signé en 1975 dans lequel Framatome se voit confier la construction de 5 centrales nucléaires et l'Iran se voit attribuer une participation dans Eurodif, une compagnie créée pour fournir de l'uranium enrichi. La révocation du contrat par le gouvernement de Bakhtiar en 1979 et l'arrivée de la république islamique mettent en péril les relations franco-perses. République islamique d'Iran Relations pendant la révolution iranienne Les relations franco-persanes connaissent un développement nouveau avec l'arrivée inattendue de l'ayatollah Rouhollah Khomeini en France le 6 octobre 1978; qui, arrivant de son exil de Nadjaf, s'installe à Neauphle-le-Château, à une trentaine de kilomètres de Paris. Il y restera jusqu'au 31 janvier 1979, date de son retour en Iran. Mohammad Reza Shah, pensant que la popularité de l'ayatollah baisserait une fois éloigné de Nadjaf, demande au gouvernement français de le garder là-bas, son expulsion ou extradition étant rendue impossible par la fascination que le personnage suscite alors. Malgré la sympathie ressentie par les Iraniens envers la France pour avoir accueilli le nouvel homme fort du pays et les opposants de tous bords au régime Pahlavi, aucun privilège particulier n'est accordé à la France par le nouveau régime. Après la victoire de la révolution, des vagues successives de réfugiés (monarchistes, puis nationalistes libéraux puis marxistes et enfin musulmans libéraux) arrivent à Paris et en France, aggravant alors la tension entre les deux pays. Shapour Bakhtiar, ancien premier ministre, est le premier réfugié dont l'extradition est demandée par la république islamique, régime qui tente de l'assassiner une première fois en juillet 1980, sans succès, avant d'y réussir à son domicile de Suresnes en 1991. A la fin des années 1980, une série d'attaques terroristes en France est attribuée à la république islamique d'Iran (cf article sur le programme nucléaire iranien), qui cause la fermeture du Centre Culturel Persan par la police française (le centre réouvre en 1996). A partir de 1981, le nouveau gouvernement français, socialiste et laïc, a des inimitiés fortes avec le nouveau régime iranien, ayant des velléités théocratiques. Les dirigeants de l'opposition iranienne, particulièrement ceux des moudjahiddines du peuple iranien ainsi que Abolhassan Bani Sadr (qui avait fait une partie de ses études en France) se réfugient en France à partir de 1981. Ces dirigeants partagent la vision de François Mitterrand selon laquelle la "dictature des mollahs" est à portée de main[18]. Guerre Iran-Irak Après le bombardement le 7 juin 1981 par Israël de la centrale nucléaire irakienne de Tammuz (nom irakien de la centrale, en français:Osirak), dont les réacteurs ont été livrés par les Français, la France réagit en prenant parti pour l'Irak. Presque tous les citoyens français résidant en Iran sont évacués en août 1981, et, à la demande des états arabes de la région, l'aide française à l'Irak s'intensifie. Des Mirage F1, commandés en 1977 sont alors livrés à l'Irak. En octobre 1983, la France prête cinq Super-Étendard transportant des missiles Exocet[19] afin de détruire les installations iraniennes leur permettant d'exporter leur pétrole. La réponse de la république islamique ne se fait pas attendre et prend la forme de prise d'otages au Liban et d'attaques terroristes sur le sol français[20]. Malgré le fait que la France ait clairement pris parti pour l'Irak lors de ce conflit, elle réussit tout de même à continuer à vendre des armes à l'Iran grâce à des canaux indirects. Suite à la révolution de 1979 la France refuse de fournir de l'uranium enrichi à l'Iran. L'Iran n'a pas non plus pu cautionner son investissement dans Eurodif, société anonyme fondée en 1973 par la France, la Belgique, l'Espagne et la Suède. En 1975, la part suédoise de 10% dans Eurodif est attribuée à l'Iran à la suite d'un accord entre la France et l'Iran. Le compagnie française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien fondent alors la Sofidif ( Société franco–iranienne pour l'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse ), possédant respectivement 60% et 40% des parts. En retour, la Sofidif a acquis une part de 25% dans Eurodif, ce qui donne à l'Iran sa part de 10% dans Eurodif. Reza Shah Pahlavi prête un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l'usine Eurodif, afin d'avoir le droit d'acheter 10% de la production du site. En 1982, le président François Mitterrand refuse de donner le moindre uranium à l'Iran, qui a aussi réclamé la dette de un milliard de US$. Le 17 novembre 1986, l'ex-président du directoire d'Eurodif Georges Besse (alors président de la régie Renault) est assassiné. L'assasinat intervient le même jour que le premier remboursement français à l'Iran dans le cadre d'Eurodif (330 millions USD). L'acte est revendiqué par des militants d'extrême-gauche d'Action directe. Cependant, ils ont nié toute responsabilité pendant leur procès.[21]. Dans leur enquête La République atomique, France-Iran le pacte nucléaire , David Carr-Brown et Dominique Lorentz insistent sur la responsabilité des services secrets iraniens, qui auraient manipulé Action Directe à travers les liens de cette organisation avec les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL). Plus important encore, ils montrent comment l'affaire des otages français est liée au chantage iranien. Le chantage iranien s'est également exprimé lors de la série d'attentats en France en 1985-1986[22]. Finalement, un accord est trouvé en 1991: la France rend plus de 1,6 milliards de US$. L'Iran reste actionnaire de Eurodif via la Sofidif, un consortium franco-iranien actionnaire à hauteur de 25% d'Eurodif. Cependant, l'Iran s'est abstenu de demander l'uranium produit. [23] [24] La France se lance à partir de 1987 dans une « guerre diplomatique » pour contrer les attaques terroristes. Paris demande d'abord à ce qu'un traducteur de l'ambassade d'Iran à Paris sans statut diplomatique, Wahid Gordji, comparaisse devant les autorités judiciaires françaises pour sa collaboration présumée avec un groupe terroriste; c'est ensuite au tour de Téhéran d'accuser le consul français, Paul Torri, d'espionnage. Cette crise diplomatique se solde par une rupture des relations le 17 juillet 1987, les diplomates étant confinés dans leurs ambassades jusqu'en décembre, les relations diplomatiques ne reprenant complètement qu'en juin 1988. La révolution puis la guerre Iran-Irak ont complètement détruit ce qui restait de culture française en Iran. Le départ de la famille royale et de la haute bourgeoisie, dont la deuxième langue était le français, puis la fermeture des instituts culturels français sont des facteurs déterminants dans cette perte d'influence. Seul l'Institut français de recherche en Iran (IFRI) reste actif, bien qu'il soit officiellement fermé.