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Nouvelles et faits divers, Sur les traces du tueur

Sur les traces du tueur

Paradoxe de la police moderne : de l'homme qui viole et tue des femmes depuis trois ans dans Paris, les enquêteurs de la brigade criminelle savent presque tout. Ils possèdent ses empreintes digitales et son code génétique. Grâce à un témoignage, ils connaissent son apparence, sa façon de parler et d'aborder ses victimes. Il ne manque que son nom… Les débuts de l'enquête remontent au 10 décembre 1994. A cette date, un homme violente et égorge Agnès Nijkamp, une architecte d'intérieur, à son domicile, proche de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Le 16 juin 1995, il s'attaque à une étudiante habitant rue des Tournelles, qui, par miracle, lui échappe. Le 8 juillet de la même année, Hélène Frinting, une autre étudiante, n'a pas la même chance. On la retrouvera tuée de manière identique dans son appartement du faubourg Saint-Martin. Les enquêteurs établissent alors que le tueur en série est un homme d'une trentaine d'années, mesurant entre 1,75 et 1,80 mètre, pesant environ 80 kilos. Lors de l'agression manquée, il était vêtu d'un blouson Bordeaux et portait une lanière de cuir autour du cou. Il s'exprimait correctement, sans accent et se serait appelé « Eric » ou « Flo ». Les enquêteurs savent même, par une trace ensanglantée recueillie sur une moquette – car il se déchausse – qu'il présente une particularité physique assez peu répandue ; le deuxième doigt de son pied est plus long que son gros orteil ; ce qu'on appelle le « pied égyptien ». Ces pistes prometteuses sont restées sans suite, les empreintes digitales du tueur n'apparaissant pas dans le fichier national des personnes connues. Impossible donc, de mettre un nom sur le portrait-robot établi grâce à l'étudiante qui lui a échappé – son agresseur l'avait poussée en pénétrant dans son appartement ; il l'avait ensuite attachée, déclarant qu'il était «en cavale » et qu'il ne lui ferait pas de mal… Pendant qu'il montait éteindre une lumière à l'étage supérieur de son duplex, la jeune fille était parvenue à défaire ses liens et à sauter par la fenêtre. Après le 8 juillet 1995 – mort de sa troisième victime – Eric-Flo cesse de faire parler de lui. Les enquêteurs de la brigade criminelle ont émis comme hypothèse, entre autres, qu'il aurait pu regagner un pays du maghreb. Le cauchemar a repris le 23 septembre dernier. Une étudiante de 19 ans, Magali Sirotti, est découverte à son domicile de la rue d'Hautpoul (19ème arrondissement), toujours dans le quart nord-est de Paris, où le tueur sévit. Le 16 novembre, enfin, ce dernier viole et égorge Estelle Magd, une secrétaire de 25 ans, rue de la Forge-Royale, non loin de la Bastille. Les premiers indices recueillis ont permis d'imputer ces deux nouveaux meurtres à l'homme qui avait mystérieusement disparu pendant deux ans. Les analyses d'ADN en cours doivent, dans la semaine, en apporter la preuve. Mais, en attendant cette confirmation, les policiers ont dû changer de stratégie. Ils espéraient, dans un premier temps, en privilégiant le secret de l'enquête, parvenir à arrêter le tueur sans lui donner l'alarme, ce qui revenait à le neutraliser définitivement. Toutefois, devant la multiplication des crimes, ils ont décidé de rendre l'affaire publique. Une méthode qui peut faire fuir l'égorgeur, mais permet l'apparition de nouveaux témoignages. Le filet est donc lancé. Et, dans cette traque, la police peut malheureusement se prévaloir d'une lourde expérience des tueurs en série. Outre Francis Heaulme (une dizaine de meurtres) ou Thierry Paulin (21 vieilles dames assassinées à Paris entre 1984 et 1987), ses hommes ont déjà mis fin aux agissements de Mamadou Traoré, un tueur à mains nues (5 agressions dans la capitale), de Patrice Alègre (5 viols et 4 meurtres en France) ou encore de Rémy Roy (4 agressions contre des homosexuels, rencontrés par Minitel).

Avec le dernier tueur en série de Paris, les policiers ne veulent pas prendre de risque, même s'ils savent que, en diffusant son portrait-robot, ils risquent aussi de crouler sous les faux renseignements.

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Sur les traces du tueur On the trail of the killer

Paradoxe de la police moderne : de l'homme qui viole et tue des femmes depuis trois ans dans Paris, les enquêteurs de la brigade criminelle savent presque tout. Ils possèdent ses empreintes digitales et son code génétique. Grâce à un témoignage, ils connaissent son apparence, sa façon de parler et d'aborder ses victimes. Il ne manque que son nom… Les débuts de l'enquête remontent au 10 décembre 1994. A cette date, un homme violente et égorge Agnès Nijkamp, une architecte d'intérieur, à son domicile, proche de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Le 16 juin 1995, il s'attaque à une étudiante habitant rue des Tournelles, qui, par miracle, lui échappe. Le 8 juillet de la même année, Hélène Frinting, une autre étudiante, n'a pas la même chance. On la retrouvera tuée de manière identique dans son appartement du faubourg Saint-Martin. Les enquêteurs établissent alors que le tueur en série est un homme d'une trentaine d'années, mesurant entre 1,75 et 1,80 mètre, pesant environ 80 kilos. Lors de l'agression manquée, il était vêtu d'un blouson Bordeaux et portait une lanière de cuir autour du cou. Il s'exprimait correctement, sans accent et se serait appelé « Eric » ou « Flo ». Les enquêteurs savent même, par une trace ensanglantée recueillie sur une moquette – car il se déchausse – qu'il présente une particularité physique assez peu répandue ; le deuxième doigt de son pied est plus long que son gros orteil ; ce qu'on appelle le « pied égyptien ». Ces pistes prometteuses sont restées sans suite, les empreintes digitales du tueur n'apparaissant pas dans le fichier national des personnes connues. Impossible donc, de mettre un nom sur le portrait-robot établi grâce à l'étudiante qui lui a échappé – son agresseur l'avait poussée en pénétrant dans son appartement ; il l'avait ensuite attachée, déclarant qu'il était  «en  cavale » et qu'il ne lui ferait pas de mal… Pendant qu'il montait éteindre une lumière à l'étage supérieur de son duplex, la jeune fille était parvenue à défaire ses liens et à sauter par la fenêtre. Après le 8 juillet 1995 – mort de sa troisième victime – Eric-Flo cesse de faire parler de lui. Les enquêteurs de la brigade criminelle ont émis comme hypothèse, entre autres, qu'il aurait pu regagner un pays du maghreb. Le cauchemar a repris le 23 septembre dernier. Une étudiante de 19 ans, Magali Sirotti, est découverte à son domicile de la rue d'Hautpoul (19ème arrondissement), toujours dans le quart nord-est de Paris, où le tueur sévit. Le 16 novembre, enfin, ce dernier viole et égorge Estelle Magd, une secrétaire de 25 ans, rue de la Forge-Royale, non loin de la Bastille. Les premiers indices recueillis ont permis d'imputer ces deux nouveaux meurtres à l'homme qui avait mystérieusement disparu pendant deux ans. Les analyses d'ADN en cours doivent, dans la semaine, en apporter la preuve. Mais, en attendant cette confirmation, les policiers ont dû changer de stratégie. Ils espéraient, dans un premier temps, en privilégiant le secret de l'enquête, parvenir à arrêter le tueur sans lui donner l'alarme, ce qui revenait à le neutraliser définitivement. Toutefois, devant la multiplication des crimes, ils ont décidé de rendre l'affaire publique. Une méthode qui peut faire fuir l'égorgeur, mais permet l'apparition de nouveaux témoignages. Le filet est donc lancé. Et, dans cette traque, la police peut malheureusement se prévaloir d'une lourde expérience des tueurs en série. Outre Francis Heaulme (une dizaine de meurtres) ou Thierry Paulin (21 vieilles dames assassinées à Paris entre 1984 et 1987), ses hommes ont déjà mis fin aux agissements  de Mamadou Traoré, un tueur à mains nues (5 agressions dans la capitale), de Patrice Alègre (5 viols et 4 meurtres en France) ou encore de Rémy Roy (4 agressions contre des homosexuels, rencontrés par Minitel).

Avec le dernier tueur en série de Paris, les policiers ne veulent pas prendre de risque, même s'ils savent que, en diffusant son portrait-robot, ils risquent aussi de crouler sous les faux renseignements.