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Vol libre en Argentine, Des phares dans la nuit 18e jour, 31 mars

Trois vols à notre actif aujourd'hui au Cerro La Cruz. Sur le petit terrain de foot, les habitants nous ont tracé à la chaux une cible et installé une manche à air. L'homme à la machette est prêt à intervenir, il a raison, Gérard récidive, il adore les épines. Enrique et Olivier volent au moins une heure, Christophe remonte au sommet et vole quatre heures.

Départ pour Cuchi Corral, la boucle est bouclée.

Nuit du 31 mars au 1er avril : on se serait passé de ce poisson d'avril ! Cruz El Eje. Il est minuit, tout le monde somnole à l'arrière de la Ford. Soudain arrêt… des phares… des hommes armés jusqu'au poing nous encerclent, menaçants. Cauchemar ou réalité ? Pour moi, il s'agit d'une embuscade perpétrée par des bandits de grands chemins, sans scrupule, ils vont nous détrousser et peut-être nous laisseront-ils vivre. L'imagination galope. Les deux chauffeurs sont un peu molestés. Bras en l'air, nous quittons le véhicule, Christophe lui, sort d'un sommeil profond et croit à un nouveau jeu inventé par ses camarades. Il se rendort d'ailleurs sur la route où les mercenaires nous ont contraints à nous coucher, bras tendus pour une fouille sommaire. C'est l'attente, interminable attente, les pourparlers de Carlos avec les policiers, car il s'agit bien de la police, forte d'au moins vingt-cinq hommes et de cinq voitures. Le rythme cardiaque s'est considérablement accéléré. Craindre pour sa vie et celle des autres. C'est un sentiment tout à fait inconnu, je mesure alors ce que peut-être l'angoisse perpétuelle de tous ceux qui ont subi un jour ou l'autre la dictature de leur pays. La vie tient à si peu de chose.

Enrique s'insurge, se lève et crie violemment sa révolte, nous avons très peur des représailles, si l'ennemi a la gâchette un peu nerveuse, il va le flinguer et nous avec. On se calme. Tout le monde au poste, contrôle des passeports, un médecin nous examine un par un, suspectant blessures, cicatrices ou piqûres. Les voitures sont fouillées mais pas les bagages, ils se sentent obligés de justifier cette monstrueuse bavure. Ils pensent nous coincer avec ce petit sachet de feuilles de coca, mais c'est tout à fait légal. Toute cette mésaventure est en fait la conséquence d'un appel anonyme, nous dénonçant comme étant un groupe suspect, détenteur de radios et d'armes. A part nos couteaux suisses, nous étions bien inoffensifs.

Pour nous, avec le recul, cette aventure restera une anecdote dans notre périple, pour nos amis argentins un évènement plus grave et profondément révoltant.

Un beau poisson d'avril ! Le campement est établi à quatre heures du matin, sous une pluie fine, au décollage de Cuchi Corral.

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Trois vols à notre actif aujourd'hui au Cerro La Cruz. Sur le petit terrain de foot, les habitants nous ont tracé à la chaux une cible et installé une manche à air. L'homme à la machette est prêt à intervenir, il a raison, Gérard récidive, il adore les épines.

Enrique et Olivier volent au moins une heure, Christophe remonte au sommet et vole quatre heures.

Départ pour Cuchi Corral, la boucle est bouclée.

Nuit du 31 mars au 1er avril : on se serait passé de ce poisson d'avril !

Cruz El Eje. Il est minuit, tout le monde somnole à l'arrière de la Ford. Soudain arrêt… des phares… des hommes armés jusqu'au poing nous encerclent, menaçants. Cauchemar ou réalité ? Pour moi, il s'agit d'une embuscade perpétrée par des bandits de grands chemins, sans scrupule, ils vont nous détrousser et peut-être nous laisseront-ils vivre. L'imagination galope. Les deux chauffeurs sont un peu molestés. Bras en l'air, nous quittons le véhicule, Christophe lui, sort d'un sommeil profond et croit à un nouveau jeu inventé par ses camarades. Il se rendort d'ailleurs sur la route où les mercenaires nous ont contraints à nous coucher, bras tendus pour une fouille sommaire. C'est l'attente, interminable attente, les pourparlers de Carlos avec les policiers, car il s'agit bien de la police, forte d'au moins vingt-cinq hommes et de cinq voitures. Le rythme cardiaque s'est considérablement accéléré.

Craindre pour sa vie et celle des autres. C'est un sentiment tout à fait inconnu, je mesure alors ce que peut-être l'angoisse perpétuelle de tous ceux qui ont subi un jour ou l'autre la dictature de leur pays. La vie tient à si peu de chose.

Enrique s'insurge, se lève et crie violemment sa révolte, nous avons très peur des représailles, si l'ennemi a la gâchette un peu nerveuse, il va le flinguer et nous avec. On se calme. Tout le monde au poste, contrôle des passeports, un médecin nous examine un par un, suspectant blessures, cicatrices ou piqûres. Les voitures sont fouillées mais pas les bagages, ils se sentent obligés de justifier cette monstrueuse bavure. Ils pensent nous coincer avec ce petit sachet de feuilles de coca, mais c'est tout à fait légal. Toute cette mésaventure est en fait la conséquence d'un appel anonyme, nous dénonçant comme étant un groupe suspect, détenteur de radios et d'armes. A part nos couteaux suisses, nous étions bien inoffensifs.

Pour nous, avec le recul, cette aventure restera une anecdote dans notre périple, pour nos amis argentins un évènement plus grave et profondément révoltant.

Un beau poisson d'avril !

Le campement est établi à quatre heures du matin, sous une pluie fine, au décollage de Cuchi Corral.