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Le pays des fourrures (Jules Verne), Le lac du Grand-Ours

C'était une heureuse circonstance. Ces froids vifs, mais peu durables, qui marquent ordinairement certains jours du mois de mai, -- même sur les parallèles de la zone tempérée, -- suffirent à solidifier l'épaisse couche de neige. Le sol redevint favorable. Jasper Hobson se remit en route, et le détachement s'élança à sa suite de toute la vitesse des attelages. La direction de l'itinéraire fut alors légèrement modifiée. Au lieu de se porter directement au nord, l'expédition s'avança vers l'ouest, en suivant pour ainsi dire la courbure du Cercle polaire. Le lieutenant voulait atteindre le Fort-Confidence, bâti à la pointe extrême du lac du Grand-Ours. Ces quelques jours de froid servirent utilement ses projets; sa marche fut très rapide; aucun obstacle ne se présenta, et le 30 mai, sa petite troupe arrivait à la factorerie.

Le Fort-Confidence et le Fort-Good-Hope, situés sur la rivière Mackenzie, étaient alors les postes les plus avancés vers le nord que la Compagnie de la baie d'Hudson possédât à cette époque. Le Fort-Confidence, bâti à l'extrémité septentrionale du lac du Grand-Ours, point extrêmement important, se trouvait, par les eaux mêmes du lac, glacées l'hiver, libres l'été, en communication facile avec le Fort-Franklin, élevé à l'extrémité méridionale. Sans parler des échanges journellement opérés avec les Indiens chasseurs de ces hautes latitudes, ces factoreries, et plus particulièrement le Fort-Confidence, exploitaient les rives et les eaux du Grand-Ours. Ce lac est une véritable mer méditerranéenne, qui s'étend sur un espace de plusieurs degrés en longueur et en largeur. D'un dessin très irrégulier, étranglé dans sa partie centrale par deux promontoires aigus, il affecte au nord la disposition d'un triangle évasé. Sa forme générale serait à peu près celle de la peau étendue d'un grand ruminant, auquel la tête manquerait tout entière. C'était à l'extrémité de la «patte droite» qu'avait été construit le Fort-Confidence, à moins de deux cent milles du Golfe-du-Couronnement, l'un de ces nombreux estuaires qui échancrent si capricieusement la côte septentrionale de l'Amérique. Il setrouvait donc bâti au-dessus du Cercle polaire, mais encore à près de trois degrés de ce soixante-dixième parallèle, au-delà duquel la Compagnie de la baie d'Hudson tenait essentiellement à fonder un établissement nouveau. Le Fort-Confidence, dans son ensemble, reproduisait les mêmes dispositions qui se retrouvaient dans les autres factoreries du Sud. Il se composait d'une maison d'officiers, de logements pour les soldats, de magasins pour les pelleteries, -- le tout en bois et entouré d'une enceinte palissadée. Le capitaine qui le commandait était alors absent. Il avait accompagné dans l'Est un parti d'Indiens et de soldats qui s'étaient aventurés à la recherche de territoires plus giboyeux. La saison dernière n'avait pas été bonne. Les fourrures de prix manquaient. Toutefois, par compensation, les peaux de loutre, grâce au voisinage du lac, avaient pu être abondamment recueillies; mais ce stock venait précisément d'être dirigé vers les factoreries centrales du Sud, de telle sorte que les magasins du Fort-Confidence étaient vides en ce moment. En l'absence du capitaine, ce fut un sergent qui fit à Jasper Hobson les honneurs du fort. Ce sous-officier était précisément le beau-frère du sergent Long, et se nommait Felton. Il se mit entièrement à la disposition du lieutenant, qui, désirant procurer quelque repos à ses compagnons, résolut de demeurer deux ou trois jours au Fort-Confidence. Les logements ne manquaient pas en l'absence de la petite garnison. Hommes et chiens furent bientôt installés confortablement. La plus belle chambre de la maison principale fut naturellement réservée à Mrs. Paulina Barnett, qui n'eut qu'à se louer des attentions du sergent Felton. Le premier soin de Jasper Hobson avait été de demander à Felton si quelque parti d'Indiens du Nord ne battait pas en ce moment les rives du Grand-Ours. «Oui, mon lieutenant, répondit le sergent. On nous a récemment signalé un campement d'Indiens-Lièvres, qui se sont établis sur l'autre pointe septentrionale du lac. -- À quelle distance du fort? demanda Jasper Hobson.

-- À trente milles environ, répondit le sergent Felton. Est-ce qu'il vous conviendrait d'entrer en relation avec ces indigènes? -- Sans aucun doute, dit Jasper Hobson. Ces Indiens peuvent me donner d'utiles renseignements sur cette partie du territoire qui confine à la mer Polaire, et que termine le cap Bathurst. Si l'emplacement est propice, c'est là que je compte bâtir notre nouvelle factorerie. -- Eh bien, mon lieutenant, répondit Felton, rien n'est plus facile que de se rendre au campement des Lièvres. -- Par la rive du lac?

-- Non, par les eaux mêmes du lac. Elles sont libres en ce moment et le vent est favorable. Nous mettrons à votre disposition un canot, un matelot pour le conduire, et, en quelques heures, vous aurez atteint le campement indien.

-- Bien, sergent, dit Jasper Hobson. J'accepte votre proposition, et demain matin, si vous le voulez... -- Quand il vous conviendra, mon lieutenant», répondit le sergent Felton. Le départ fut fixé au lendemain matin. Lorsque Mrs. Paulina Barnett eut connaissance de ce projet, elle demanda à Jasper Hobson la permission de l'accompagner, -- permission qui, on le pense bien, lui fut accordée avec empressement. Mais il s'agissait d'occuper la fin de cette journée. Mrs. Paulina Barnett, Jasper Hobson, deux ou trois soldats, Madge, Mrs. Mac Napet Joliffe, guidés par Felton, allèrent visiter les rives voisines du lac. Ces rives n'étaient point dépourvues de verdure. Les coteaux, alors débarrassées des neiges, se montraient couronnés çà et là d'arbres résineux, de l'espèce des pins écossais. Ces arbres s'élevaient à une quarantaine de pieds au-dessus du sol, et ils fournissaient aux habitants du fort tout le combustible dont ils avaient besoin pendant les longs mois d'hiver. Leurs gros troncs, revêtus de branches flexibles, offraient une nuance grisâtre très caractérisée. Mais, formant d'épais massifs qui descendaient jusqu'aux rives du lac, uniformément groupés, droits, presque tous d'égale hauteur, ils donnaient peu de variété au paysage. Entre ces bouquets d'arbres, une sorte d'herbe blanchâtre revêtait le sol et parfumait l'atmosphère de la suave odeur du thym. Le sergent Felton apprit à ses hôtes que cette herbe, très odorante, portait le nom «d'herbe-encens», nom qu'elle justifiait, d'ailleurs, lorsqu'on la jetait sur des charbons ardents. Les promeneurs quittèrent le fort, et, après avoir franchi quelques centaines de pas, ils arrivèrent près d'un petit port naturel, encaissé dans de hautes roches de granit, qui le défendaient contre le ressac du large. C'est là que s'amarrait la flottille du Fort-Confidence, consistant en un unique canot depêche, -- celui-là même qui, le lendemain, devait transporter Jasper Hobson et Mrs. Paulina Barnett au campement des Indiens. De ce point, le regard embrassait une grande partie du lac, ses coteaux boisés, ses rives capricieuses, déchiquetées de caps et decriques, ses eaux faiblement ondulées par la brise, et au-dessus desquelles quelques icebergs découpaient encore leur silhouette mobile. Dans le sud, l'oeil s'arrêtait sur un véritable horizon demer, ligne circulaire, nettement tracée par le ciel et l'eau, qui s'y confondaient alors sous l'éclat des rayons solaires. Ce large espace, occupé par la surface liquide du Grand-Ours, les rives semées de cailloux et de blocs de granit, les talus tapissés d'herbes, les collines, les arbres qui les couronnaient, offraient partout l'image de la vie végétale et animale. De nombreuses variétés de canards couraient sur les eaux, en jacassant à grand bruit: c'étaient des eiders-ducks, des siffleurs, des arlequins, des «vieilles femmes», oiseaux bavards dont le bec n'est jamais fermé. Quelques centaines de puffins et de guillemots s'enfuyaient à tire-d'aile en toute direction. Sous le couvert des arbres se pavanaient des orfraies, hautes de deux pieds, sortes de faucons dont le ventre est gris-cendré, les pattes et le bec bleus, les yeux jaune orange. Les nids de ces volatiles, accrochés aux fourches des arbres, et formés d'herbes marines, présentaient un volume énorme. Le chasseur Sabine parvint à abattre une couple de ces gigantesques orfraies, dont l'envergure mesurait près de six pieds, -- magnifiques échantillons de ces oiseaux voyageurs, exclusivement ichtyophages, que l'hiver chasse jusqu'aux rivages du golfe du Mexique, et que l'été ramène vers les plus hautes latitudes de l'Amérique septentrionale. Mais ce qui intéressa particulièrement les promeneurs, ce fut la capture d'une loutre, dont la peau valait plusieurs centaines de roubles. La fourrure de ces précieux amphibies était autrefois très recherchée en Chine. Mais, si ces peaux ont notablement baissé sur les marchés du Céleste Empire, elles sont encore en grande faveursur les marchés de la Russie. Là, leur débit est toujours assuré, et à de très hauts prix. Aussi les commerçants russes, exploitant toutes les frontières du Nouveau-Cornouailles jusqu'à l'océan Arctique, pourchassent-ils incessamment les loutres marines, dont l'espèce tend singulièrement à se raréfier. Telle est la raison pour laquelle ces animaux fuient constamment devant les chasseurs, qui ont dû les poursuivre jusque sur les rivages du Kamtchatka et dans toutes les îles de l'archipel de Béring.

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C'était une heureuse circonstance. Ces froids vifs, mais peu durables, qui marquent ordinairement certains jours du mois de mai, -- même sur les parallèles de la zone tempérée, -- suffirent à solidifier l'épaisse couche de neige. Le sol redevint favorable. Jasper Hobson se remit en route, et le détachement s'élança à sa suite de toute la vitesse des attelages. 

La direction de l'itinéraire fut alors légèrement modifiée. Au lieu de se porter directement au nord, l'expédition s'avança vers l'ouest, en suivant pour ainsi dire la courbure du Cercle polaire. Le lieutenant voulait atteindre le Fort-Confidence, bâti à la pointe extrême du lac du Grand-Ours. Ces quelques jours de froid servirent utilement ses projets; sa marche fut très rapide; aucun obstacle ne se présenta, et le 30 mai, sa petite troupe arrivait à la factorerie.

Le Fort-Confidence et le Fort-Good-Hope, situés sur la rivière Mackenzie, étaient alors les postes les plus avancés vers le nord que la Compagnie de la baie d'Hudson possédât à cette époque. Le Fort-Confidence, bâti à l'extrémité septentrionale du lac du Grand-Ours, point extrêmement important, se trouvait, par les eaux mêmes du lac, glacées l'hiver, libres l'été, en communication facile avec le Fort-Franklin, élevé à l'extrémité méridionale. Sans parler des échanges journellement opérés avec les Indiens chasseurs de ces hautes latitudes, ces factoreries, et plus particulièrement le Fort-Confidence, exploitaient les rives et les eaux du Grand-Ours. Ce lac est une véritable mer méditerranéenne, qui s'étend sur un espace de plusieurs degrés en longueur et en largeur. D'un dessin très irrégulier, étranglé dans sa partie centrale par deux promontoires aigus, il affecte au nord la disposition d'un triangle évasé. Sa forme générale serait à peu près celle de la peau étendue d'un grand ruminant, auquel la tête manquerait tout entière.

C'était à l'extrémité de la «patte droite» qu'avait été construit le Fort-Confidence, à moins de deux cent milles du Golfe-du-Couronnement, l'un de ces nombreux estuaires qui échancrent si capricieusement la côte septentrionale de l'Amérique. Il setrouvait donc bâti au-dessus du Cercle polaire, mais encore à près de trois degrés de ce soixante-dixième parallèle, au-delà duquel la Compagnie de la baie d'Hudson tenait essentiellement à fonder un établissement nouveau.

Le Fort-Confidence, dans son ensemble, reproduisait les mêmes dispositions qui se retrouvaient dans les autres factoreries du Sud. Il se composait d'une maison d'officiers, de logements pour les soldats, de magasins pour les pelleteries, -- le tout en bois et entouré d'une enceinte palissadée. Le capitaine qui le commandait était alors absent. Il avait accompagné dans l'Est un parti d'Indiens et de soldats qui s'étaient aventurés à la recherche de territoires plus giboyeux. La saison dernière n'avait pas été bonne. Les fourrures de prix manquaient. Toutefois, par compensation, les peaux de loutre, grâce au voisinage du lac, avaient pu être abondamment recueillies; mais ce stock venait précisément d'être dirigé vers les factoreries centrales du Sud, de telle sorte que les magasins du Fort-Confidence étaient vides en ce moment.

En l'absence du capitaine, ce fut un sergent qui fit à Jasper Hobson les honneurs du fort. Ce sous-officier était précisément le beau-frère du sergent Long, et se nommait Felton. Il se mit entièrement à la disposition du lieutenant, qui, désirant procurer quelque repos à ses compagnons, résolut de demeurer deux ou trois jours au Fort-Confidence. Les logements ne manquaient pas en l'absence de la petite garnison. Hommes et chiens furent bientôt installés confortablement. La plus belle chambre de la maison principale fut naturellement réservée à Mrs. Paulina Barnett, qui n'eut qu'à se louer des attentions du sergent Felton.

Le premier soin de Jasper Hobson avait été de demander à Felton si quelque parti d'Indiens du Nord ne battait pas en ce moment les rives du Grand-Ours.

«Oui, mon lieutenant, répondit le sergent. On nous a récemment signalé un campement d'Indiens-Lièvres, qui se sont établis sur l'autre pointe septentrionale du lac. 

-- À quelle distance du fort? demanda Jasper Hobson. 

-- À trente milles environ, répondit le sergent Felton. Est-ce qu'il vous conviendrait d'entrer en relation avec ces indigènes? 

-- Sans aucun doute, dit Jasper Hobson. Ces Indiens peuvent me donner d'utiles renseignements sur cette partie du territoire qui confine à la mer Polaire, et que termine le cap Bathurst. Si l'emplacement est propice, c'est là que je compte bâtir notre nouvelle factorerie. 

-- Eh bien, mon lieutenant, répondit Felton, rien n'est plus facile que de se rendre au campement des Lièvres. 

-- Par la rive du lac? 

-- Non, par les eaux mêmes du lac. Elles sont libres en ce moment et le vent est favorable. Nous mettrons à votre disposition un canot, un matelot pour le conduire, et, en quelques heures, vous aurez atteint le campement indien. 

-- Bien, sergent, dit Jasper Hobson. J'accepte votre proposition, et demain matin, si vous le voulez... 

-- Quand il vous conviendra, mon lieutenant», répondit le sergent Felton.

Le départ fut fixé au lendemain matin. Lorsque Mrs. Paulina Barnett eut connaissance de ce projet, elle demanda à Jasper Hobson la permission de l'accompagner, -- permission qui, on le pense bien, lui fut accordée avec empressement.

Mais il s'agissait d'occuper la fin de cette journée. Mrs. Paulina Barnett, Jasper Hobson, deux ou trois soldats, Madge, Mrs. Mac Napet Joliffe, guidés par Felton, allèrent visiter les rives voisines du lac. Ces rives n'étaient point dépourvues de verdure. Les coteaux, alors débarrassées des neiges, se montraient couronnés çà et là d'arbres résineux, de l'espèce des pins écossais. Ces arbres s'élevaient à une quarantaine de pieds au-dessus du sol, et ils fournissaient aux habitants du fort tout le combustible dont ils avaient besoin pendant les longs mois d'hiver. Leurs gros troncs, revêtus de branches flexibles, offraient une nuance grisâtre très caractérisée. Mais, formant d'épais massifs qui descendaient jusqu'aux rives du lac, uniformément groupés, droits, presque tous d'égale hauteur, ils donnaient peu de variété au paysage. Entre ces bouquets d'arbres, une sorte d'herbe blanchâtre revêtait le sol et parfumait l'atmosphère de la suave odeur du thym. Le sergent Felton apprit à ses hôtes que cette herbe, très odorante, portait le nom «d'herbe-encens», nom qu'elle justifiait, d'ailleurs, lorsqu'on la jetait sur des charbons ardents.

Les promeneurs quittèrent le fort, et, après avoir franchi quelques centaines de pas, ils arrivèrent près d'un petit port naturel, encaissé dans de hautes roches de granit, qui le défendaient contre le ressac du large. C'est là que s'amarrait la flottille du Fort-Confidence, consistant en un unique canot depêche, -- celui-là même qui, le lendemain, devait transporter Jasper Hobson et Mrs. Paulina Barnett au campement des Indiens. De ce point, le regard embrassait une grande partie du lac, ses coteaux boisés, ses rives capricieuses, déchiquetées de caps et decriques, ses eaux faiblement ondulées par la brise, et au-dessus desquelles quelques icebergs découpaient encore leur silhouette mobile. Dans le sud, l'oeil s'arrêtait sur un véritable horizon demer, ligne circulaire, nettement tracée par le ciel et l'eau, qui s'y confondaient alors sous l'éclat des rayons solaires.

Ce large espace, occupé par la surface liquide du Grand-Ours, les rives semées de cailloux et de blocs de granit, les talus tapissés d'herbes, les collines, les arbres qui les couronnaient, offraient partout l'image de la vie végétale et animale. De nombreuses variétés de canards couraient sur les eaux, en jacassant à grand bruit: c'étaient des eiders-ducks, des siffleurs, des arlequins, des «vieilles femmes», oiseaux bavards dont le bec n'est jamais fermé. Quelques centaines de puffins et de guillemots s'enfuyaient à tire-d'aile en toute direction. Sous le couvert des arbres se pavanaient des orfraies, hautes de deux pieds, sortes de faucons dont le ventre est gris-cendré, les pattes et le bec bleus, les yeux jaune orange. Les nids de ces volatiles, accrochés aux fourches des arbres, et formés d'herbes marines, présentaient un volume énorme. Le chasseur Sabine parvint à abattre une couple de ces gigantesques orfraies, dont l'envergure mesurait près de six pieds, -- magnifiques échantillons de ces oiseaux voyageurs, exclusivement ichtyophages, que l'hiver chasse jusqu'aux rivages du golfe du Mexique, et que l'été ramène vers les plus hautes latitudes de l'Amérique septentrionale.

Mais ce qui intéressa particulièrement les promeneurs, ce fut la capture d'une loutre, dont la peau valait plusieurs centaines de roubles. 

La fourrure de ces précieux amphibies était autrefois très recherchée en Chine. Mais, si ces peaux ont notablement baissé sur les marchés du Céleste Empire, elles sont encore en grande faveursur les marchés de la Russie. Là, leur débit est toujours assuré, et à de très hauts prix. Aussi les commerçants russes, exploitant toutes les frontières du Nouveau-Cornouailles jusqu'à l'océan Arctique, pourchassent-ils incessamment les loutres marines, dont l'espèce tend singulièrement à se raréfier. Telle est la raison pour laquelle ces animaux fuient constamment devant les chasseurs, qui ont dû les poursuivre jusque sur les rivages du Kamtchatka et dans toutes les îles de l'archipel de Béring.