Jeudi 2 mars Ce matin le temps est ensoleillé, et bien qu'il fasse froid, je vais installer une liaison téléphonique entre le laboratoire scientifique de la plage et la base. En fait, je vais devoir tirer une nouvelle ligne car le câble existant est en piteux état. Il cours sur environ 600 mètres, parfois apparent, parfois enfoui sur plusieurs dizaines de mètres de longueur, sous l'herbe et la mousse particulièrement dense à cet endroit. Il doit être coupé à plusieurs endroits et est de ce fait irréparable. Dépolluer cet ancien câble et en tirer un nouveau va me prendre plus de temps que prévu, et comme le temps se dégrade, je dois arrêter le travail en milieu d'après-midi. J'aurai tout le temps de terminer demain si les conditions météo le permettent. Pour l'instant je préfère aller faire un footing avec Erick, et nous terminerons probablement en salle de musculation. Vendredi 3 mars La première chose que j'ai faite ce matin, c'était d'envoyer un fax à ma femme pour nos 16 ans de mariage. En temps normal nous aurions fêté ça autrement, mais dans les conditions actuelles elle devra se contenter de ce fax et d'un petit coup de fil ce soir. Le temps n'étant pas assez clément pour travailler de nouveau sur la plage, je continuerai donc mon installation demain. Samedi 4 mars La chance est avec moi car ce matin il fait de nouveau beau. J'ai donc mis les bouchées doubles pour terminer mon travail sur la plage. Je me suis imposé un long footing dans l'après-midi pour compenser à l'avance les abus de ce soir. En effet nous organisons un apéritif à la station radio avant d'aller déguster le repas créole organisé par nos amis Réunionnais. Ces moments privilégiés nous permettent d'oublier un peu l'éloignement. A la longue, la solitude est parfois pesante, la famille, les amis, le confort de la vie en métropole nous manquent. Heureusement, ces moments de blues ne sont pas si fréquents et ne durent généralement pas car les liens de camaraderie que nous avons tissés ici sont très forts.
Dimanche 5 mars Durant la nuit, un fort vent du Sud s'est levé. Arrivant directement du Pôle, il nous apporte le froid mais en même temps il chasse l'humidité. Pour une fois que nous avions beau temps un dimanche, Yvan, Erick et moi sommes allés faire quelques photos dans les environs. Nous sommes rentrés frigorifiés mais heureux.
Ce soir nous investissons la cuisine du restaurant pour faire des beignets fourrés à la compote de pomme. Nous n'avons pas de recette mais ce sera l'occasion de tenter des expériences culinaires du genre : ce serait sympa de rajouter un peu d'alcool à notre compote ou bien… et si l'on enlevait carrément la compote pour ne mettre que de l'alcool ? Ou encore : est-ce qu'on a besoin du beignet, On pourrait juste boire un verre de… je ne sais pas moi… de vodka par exemple. Enfin bref, les variantes de recettes sont nombreuses et nous ne nous faisons pas de souci pour trouver un truc sympa.
Lundi 6 mars Il faisait encore assez frais ce matin au réveil. Nous ne sommes pourtant pas encore en automne, mais sous ces latitudes, il n'est pas rare de passer directement de l'été à l'hiver. D'ailleurs, nous avons eu des nouvelles de nos collègues qui hivernent à Kerguelen, 1500 km au Sud-est de notre île, et ils ont eu aujourd'hui leur première tempête de neige, prémices d'un hiver précoce. Après les beignets aux pommes d'hier, ce soir nous squattons encore la cuisine, mais cette fois-ci pour un repas plus sérieux. Au menu : quiches lorraines, pizzas et pommes au four pour le dessert. Le cuisinier attitré y trouve son compte, puisqu'il n'aura pas à préparer le repas lui-même.
