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Alice au pays des merveilles, Descente dans le terrier du lapin

Plus bas, encore plus bas, toujours plus bas. Est-ce que cette chute ne finirait jamais?

« Je me demande combien de kilomètres j'ai pu parcourir ? dit-elle à haute voix. Je ne dois pas être bien loin du centre de la terre. Voyons : cela ferait une chute de six à sept mille kilomètres, du moins je le crois… (car, voyez-vous, Alice avait appris en classe pas mal de choses de ce genre, et, quoique le moment fût mal choisi pour faire parade de ses connaissances puisqu'il n'y avait personne pour l'écouter, c'était pourtant un bon exercice que de répéter tout cela)… Oui, cela doit être la distance exacte… mais, par exemple, je me demande à quelle latitude et à quelle longitude je me trouve? » (Alice n'avait pas la moindre idée de ce qu'était la latitude, pas plus d'ailleurs que la longitude, mais elle jugeait que c'étaient de très jolis mots, impressionnants à prononcer.) Bientôt, elle recommença : « Je me demande si je vais traverser la terre d'un bout à l'autre! Cela sera rudement drôle d'arriver au milieu de ces gens qui marchent la tête en bas! On les appelle les Antipattes, je crois — (cette fois, elle fut tout heureuse de ce qu'il n'y eût personne pour écouter, car il lui sembla que ce n'était pas du tout le mot qu'il fallait) — mais, je serai alors obligée de leur demander quel est le nom du pays, bien sûr. S'il vous plaît, madame, suis-je en Nouvelle-Zélande ou en Australie? (et elle essaya de faire la révérence tout en parlant — imaginez ce que peut être la révérence pendant qu'on tombe dans le vide! Croyez-vous que vous en seriez capable?) Et la dame pensera que je suis une petite fille ignorante! Non, il vaudra mieux ne rien demander ; peut-être que je verrai le nom écrit quelque part. » Plus bas, encore plus bas, toujours plus bas. Comme il n'y avait rien d'autre à faire, Alice se remit bientôt à parler. « Je vais beaucoup manquer à Dinah ce soir, j'en ai bien peur! (Dinah était sa chatte.) J'espère qu'on pensera à lui donner sa soucoupe de lait à l'heure du thé. Ma chère Dinah, comme je voudrais t'avoir ici avec moi ! Il n'y a pas de souris dans l'air, je le crains fort, mais tu pourrais attraper une chauve-souris, et cela, vois-tu, cela ressemble beaucoup à une souris. Mais est-ce que les chats mangent les chauves-souris? Je me le demande. » A ce moment, Alice commença à se sentir toute somnolente, et elle se mit à répéter, comme si elle rêvait : « Est-ce que les chats mangent les chauves-souris? Est-ce que les chats mangent les chauves-souris? » et parfois : « Est-ce que les chauves-souris mangent les chats? » car, voyez-vous, comme elle était incapable de répondre à aucune des deux questions, peu importait qu'elle posât l'une ou l'autre. Elle sentit qu'elle s'endormait pour de bon, et elle venait de commencer à rêver qu'elle marchait avec Dinah, la main dans la patte, en lui demandant très sérieusement : « Allons, Dinah, dis-moi la vérité : as-tu jamais mangé une chauve-souris? » quand, brusquement, patatras! elle atterrit sur un tas de branchages et de feuilles mortes, et sa chute prit fin.

Alice ne s'était pas fait le moindre mal, et fut sur pied en un moment ; elle leva les yeux, mais tout était noir au-dessus de sa tête. Devant elle s'étendait un autre couloir où elle vit le Lapin Blanc en train de courir à toute vitesse. Il n'y avait pas un instant à perdre : voilà notre Alice partie, rapide comme le vent. Elle eut juste le temps d'entendre le Lapin dire, en tournant un coin : « Par mes oreilles et mes moustaches, comme il se fait tard! » Elle tourna le coin à son tour, très peu de temps après lui, mais, quand elle l'eut tourné, le Lapin avait disparu. Elle se trouvait à présent dans une longue salle basse éclairée par une rangée de lampes accrochées au plafond.

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Plus bas, encore plus bas, toujours plus bas. Est-ce que cette chute ne finirait jamais?

« Je me demande combien de kilomètres j'ai pu parcourir ? dit-elle à haute voix. Je ne dois pas être bien loin du centre de la terre. Voyons : cela ferait une chute de six à sept mille kilomètres, du moins je le crois… (car, voyez-vous, Alice avait appris en classe pas mal de choses de ce genre, et, quoique le moment fût mal choisi pour faire parade de ses connaissances puisqu'il n'y avait personne pour l'écouter, c'était pourtant un bon exercice que de répéter tout cela)… Oui, cela doit être la distance exacte… mais, par exemple, je me demande à quelle latitude et à quelle longitude je me trouve? » (Alice n'avait pas la moindre idée de ce qu'était la latitude, pas plus d'ailleurs que la longitude, mais elle jugeait que c'étaient de très jolis mots, impressionnants à prononcer.)

Bientôt, elle recommença : « Je me demande si je vais traverser la terre d'un bout à l'autre! Cela sera rudement drôle d'arriver au milieu de ces gens qui marchent la tête en bas! On les appelle les Antipattes, je crois — (cette fois, elle fut tout heureuse de ce qu'il n'y eût personne pour écouter, car il lui sembla que ce n'était pas du tout le mot qu'il fallait) — mais, je serai alors obligée de leur demander quel est le nom du pays, bien sûr. S'il vous plaît, madame, suis-je en Nouvelle-Zélande ou en Australie? (et elle essaya de faire la révérence tout en parlant — imaginez ce que peut être la révérence pendant qu'on tombe dans le vide! Croyez-vous que vous en seriez capable?) Et la dame pensera que je suis une petite fille ignorante! Non, il vaudra mieux ne rien demander ; peut-être que je verrai le nom écrit quelque part. »

Plus bas, encore plus bas, toujours plus bas. Comme il n'y avait rien d'autre à faire, Alice se remit bientôt à parler.

« Je vais beaucoup manquer à Dinah ce soir, j'en ai bien peur! (Dinah était sa chatte.) J'espère qu'on pensera à lui donner sa soucoupe de lait à l'heure du thé. Ma chère Dinah, comme je voudrais t'avoir ici avec moi ! Il n'y a pas de souris dans l'air, je le crains fort, mais tu pourrais attraper une chauve-souris, et cela, vois-tu, cela ressemble beaucoup à une souris. Mais est-ce que les chats mangent les chauves-souris? Je me le demande. »

A ce moment, Alice commença à se sentir toute somnolente, et elle se mit à répéter, comme si elle rêvait : « Est-ce que les chats mangent les chauves-souris? Est-ce que les chats mangent les chauves-souris? » et parfois : « Est-ce que les chauves-souris mangent les chats? » car, voyez-vous, comme elle était incapable de répondre à aucune des deux questions, peu importait qu'elle posât l'une ou l'autre.

Elle sentit qu'elle s'endormait pour de bon, et elle venait de commencer à rêver qu'elle marchait avec Dinah, la main dans la patte, en lui demandant très sérieusement : « Allons, Dinah, dis-moi la vérité : as-tu jamais mangé une chauve-souris? » quand, brusquement, patatras! elle atterrit sur un tas de branchages et de feuilles mortes, et sa chute prit fin.

Alice ne s'était pas fait le moindre mal, et fut sur pied en un moment ; elle leva les yeux, mais tout était noir au-dessus de sa tête. Devant elle s'étendait un autre couloir où elle vit le Lapin Blanc en train de courir à toute vitesse. Il n'y avait pas un instant à perdre : voilà notre Alice partie, rapide comme le vent. Elle eut juste le temps d'entendre le Lapin dire, en tournant un coin : « Par mes oreilles et mes moustaches, comme il se fait tard! »

Elle tourna le coin à son tour, très peu de temps après lui, mais, quand elle l'eut tourné, le Lapin avait disparu. Elle se trouvait à présent dans une longue salle basse éclairée par une rangée de lampes accrochées au plafond.