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Wikipédia Français, Matamata

Matamata

Matamata Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. La matamata ( Chelus fimbriatus ) est une tortue d'eau douce à l'aspect original détonnant des autres spécimens de son ordre, ce qui a suscité la curiosité de nombreux scientifiques. C'est un animal aux techniques de chasse très évoluées. Elle se répartit globalement en Amérique du Sud, notamment dans le bassin amazonien et le bassin de l'Orénoque. Sommaire [masquer] 1 Description 1.1 Morphologie 1.2 Couleurs 1.3 Camouflage 2 Systématique 2.1 Étymologie 2.2 Origine 2.3 Nomenclature 3 Répartition 4 Éthologie 4.1 Comportement général 4.2 Chasse et alimentation 4.3 Reproduction 4.4 En état de captivité 5 Menaces et protection 6 Apparitions dans la culture populaire 7 Annexes 7.1 Notes et références 7.2 Bibliographie 7.3 Pour aller plus loin 7.3.1 Articles connexes 7.3.2 Liens externes 7.3.3 Références externes // Description [modifier] Morphologie [modifier] Tête de matamata vue de profil On doit la première description de la matamata à Barrère en 1741[1]. Il la décrit en latin en ces termes : « testudo terrestris major putamine echinato et striato » On peut traduire celle-ci par « grande tortue terrestre aux écailles épineuses et striées ». Ici, c'est la carapace de la matamata qui a d'abord frappé Barrère. Mais, c'est la morphologie tout entière de l'animal qui frappe un oeil non averti. En effet, il paraît difficile de confondre la matamata avec une autre tortue tellement elle présente des caractéristiques inédites : sa taille peut aller jusqu'à 45 centimètres[2] à l'âge adulte, ce qui est plutôt grand pour une tortue d'eau douce ; son poids est d'environ 15 kilogrammes[2] à l'âge adulte ; sa queue est également plutôt longue pour une tortue d'eau douce ; sa carapace est composée de trois rangées de plaques bosselées par une multitude de pyramidions ; elle est dentelée, ce qui la démarque également des autres tortues ; les stries de croissance sont très marquées et permettent de déterminer l'âge du spécimen ; dans le bassin amazonien, la dossière[3] est rectangulaire alors que dans le bassin de l'Orénoque, elle est plutôt ovale ; sa tête est plate et triangulaire, couverte d'excroissances ; son museau est long et mince et est terminé par une petite trompe où se trouvent les narines ; ses yeux sont petits, situés près de son museau et se reflètent dans la nuit comme chez de nombreux autres reptiles[4] ; ses capacités visuelles ne sont pas très élevées ; sa bouche est très large et munie de deux barbillons[5] (filaments que l'on trouve de chaque côté de celle-ci) ; son cou est très long, il lui sert à atteindre la surface pour respirer quand elle est sous l'eau[4] ; ses pattes sont courtes, extensibles, munies de petites griffes et adaptées pour un habitat boueux[4]. Les femelles sont un peu plus grandes et ont un cou plus long. Néanmoins, il est difficile de différencier un mâle d'une femelle car le dimorphisme sexuel n'est pas très marqué. Des variations sont surtout observables[6] entre les différentes régions où se répartit la matamata. Celles-ci se situent surtout au niveau de la taille moyenne et de la pigmentation.

Tête de jeune matamata vue de dessus en gros plan Couleurs [modifier] La partie organique de l'animal oscille entre un brun très sombre et un gris foncé. La couleur de sa carapace oscille entre la couleur café et un gris très foncé. Quant à son plastron[3], il varie du blanchâtre (bassin amazonien) au rouge foncé (bassin de l'Orénoque). Les jeunes sont généralement plus colorés que les adultes. Ils sont aussi plus clairs. Leurs ponts[3], leurs plastrons et le bord interne de leurs marginales sont roses et cerclés par des bandes sombres. Le bord externe de chaque marginale est, pour sa part, orangé. Sur le dessus de leur tête, plus claire que celle des adultes, on peut observer trois bandes sombres. Sur leur cou, il y aussi trois bandes de couleur, cette fois-ci rougeâtres.

Camouflage [modifier] Matamata dont la carapace est colonisée par des algues Ces attributs particuliers permettent à la matamata de se fondre dans le milieu où elle vit[5]. La couleur et la forme de sa carapace la font ressembler à un tas de feuilles mortes, voire à du bois mort. Or, ces résidus ne sont pas rares dans la région amazonienne.

Des scientifiques ont également remarqué que la tête de la matamata ressemblait, à cause de ses excroissances entre autres, aux feuilles du moucou-moucou , une plante aquatique indigène[2] (aracée envahissante mesurant de 3 à 4 mètres).

De plus, des algues colonisent son dos et accentuent sa capacité de camouflage[5]. En effet, la matamata, sous l'eau, peut aussi se confondre avec un rocher lorsqu'elle est immobile. Ce camouflage a une part importante dans la faculté de l'animal à attraper ses proies, il est donc un avantage de survie fort qui peut expliquer l'évolution originale de cet animal par rapport aux autres tortues. Cela pourrait également expliquer comment la matamata a traversé les âges.

Systématique [modifier] Étymologie [modifier] Au Surinam et dans une partie de la Guyane française, dans la langue sranan, elle est appelée raparapa , ce fut le premier nom utilisé, par Barrère en 1741 dans sa description. Il fut repris dans le nom binomial par Gray.

Son nom courant en français, matamata , vient vraisemblablement des langues amérindiennes tupi guarani ( matamatá ), bien que l'on puisse penser aussi que ce soit une déformation du verbe espagnol matar (« tuer ») et qui donne la traduction du nom suivante : « Tue, tue »[7]. Au Venezuela, on la connaît aussi sous le nom de la fea [8], soit, « la moche » en français.

En anglais, seul l'orthographe varie, on peut le trouver écrit mata-mata ou encore mata mata . En allemand, elle s'appelle Fransenschildkröte , traduisible par « tortue à franges ». Origine [modifier] Article détaillé : Testudines (classification phylogénétique).

La classification présentée ici est la simplification de celle présentée par A. Georges, J. Birrell, K. M. Saint, W. McCord und S. C. Donnellan[9] basée sur l'analyse génétique. ──o Chelonia |--o Cryptodira `--o Pleurodira |--o | |--o Podocnemididae | `--o Pelomedusidae `--o Chelidae |--o Chelodininae `--o |--o Hydromedusinae `--o Chelidinae |--o Chelus `--o `--o Platemys , Acanthochelys , Mesoclemmys , Batrachemmys , Phrynops .

La Chelus fimbriatus est la seule tortue du genre Chelus (pas de fossile ne correspondant pas à cette espèce dans ce genre)[10].

Nomenclature [modifier] Le nom binomial de la matamata est Chelus fimbriatus . Ce nom latin peut se traduire par « tortue dentelée ». La taxonomie de cette tortue a suivie l'évolution des connaissances sur la phylogénétique des tortues, qui a défini petit à petit des taxons plus précis[11] avant que son nom binomial actuel ne soit choisi : Testudo fimbriata vient du philologue allemand Schneider qui a étudié l'animal en 1783[12] ; Testudo fimbria vient de Gmelin en 1789 ; Testudo matamata vient de Bruguière en 1792 ; Testudo bi-spinosa vient de Daudin en 1802, traduisible par « tortue à deux épines » ; Testudo rapara , Testudo raparara et Testudo raxarara viennent de Gray respectivement en 1831, 1844 et 1855 ; Chelys fimbriata vient de Günther et Boulenger respectivement en 1882 et 1889 ; Chelus fimbriatus est utilisé pour la première fois par Mertens en 1934 ; Chelus fimbriata reprend l'orthographe de Schneider et est utilisé par Iverson en 1992 ; Chelus fimbriatus est finalement utilisé par Gorzula et Señaris en 1999. Répartition [modifier] La matamata est une tortue d'eau douce, vivant en partie dans les eaux tièdes et en partie sur les berges des différents milieux où on a pu l'observer à l'état sauvage : Lacs Rivières Eaux stagnantes (marécages, zones boueuses...) Canaux d'évacuation des eaux de pluie Elle tolère les remontées d'eau salée dans le fleuve à cause des marées, même si elle préfère éviter de s'aventurer dans les estuaires. La matamata est une tortue d'Amérique du Sud : dans le bassin amazonien, les Guyanes, le nord de la Bolivie, l'est du Pérou, l'Équateur, l'est de la Colombie, le Vénézuéla (bassin de l'Orénoque) et enfin, l'île de Trinidad[13]. Elle a également été introduite en Floride à Pembroke Park en 1966 mais n'aurait pas réussi à s'adapter malgré des rumeurs persistantes dans la region[14]. Éthologie [modifier] Comportement général [modifier] La matamata est un animal qui bouge peu, capable de rester immobile de nombreuses heures[8]. Elle s'aventure sur les berges le plus souvent uniquement dans le but de pondre. Sinon, elle reste en eaux peu profondes d'où elle pourra aisément respirer à l'aide de son cou extensible qui lui permet d'atteindre l'air. Elle flotte rarement en surface, préfèrant rester au fond de l'eau. C'est une espèce plutôt docile[15]. Elle n'est pas encline à mordre et n'en est d'ailleurs pas capable (son bec est beaucoup moins développé que celui des autres tortues). Enfin, la matamata est un animal extrêmement photosensible. De ce fait, elle reste plutôt un animal crépusculaire[16].

Chasse et alimentation [modifier] La matamata a un régime alimentaire carnivore[17]. Elle se nourrit d'alevins et de têtards voire de batraciens ou de poissons quand elle est adulte. Sur l'île de Trinidad, Kearney[18] a pu également observer des spécimens, en 1972, mangeant des crustacés d'eau douce et de petits mammifères nageant dans l'eau. La matamata pourrait même parfois manger de petits oiseaux.

C'est une tortue de fond de marécage qui chasse à l'affût[6], grâce notamment à son camouflage. Elle peut retenir sa respiration de longues heures, ce qui augmente encore sa dangerosité pour ses proies. Le procédé de capture est le suivant[2] : la matamata aspire ses proies en ouvrant une très large bouche et avec l'aide d'un fort mouvement de sa gorge. La manoeuvre prend environ un cinquantième de seconde. Ensuite, elle rejette lentement l'eau avalée, ce qui asphyxie les proies attrapées. En revanche, n'ayant pas le bec des autres tortues, elle ne mâche pas ses proies. Elle utiliserait également des replis de peau sensoriels qui l'aideraient à détecter ses proies, bien que cela prête parfois à controverse dans le milieu scientifique. Un test a été pratiqué pour savoir ce qu'il en était[19] : dans un premier temps, on a bandé les yeux d'une matamata qui est ensuite parvenue à se nourrir. Dans un second temps, on a coupé les excroissances qui formaient les replis dits sensoriels d'un autre animal. Celui-ci n'est pas parvenu à attraper de proies malgré le fait qu'il possédait toutes ses capacités visuelles. Néanmoins, une stimulation humaine par contact de ces replis ne provoqua que des mouvements de 1 millimètre sur le premier cobaye. Les scientifiques en ont déduit que la tortue faisait la différence entre un mouvement de proie et un simple contact. Une autre théorie dit que la matamata possède deux grands « tympans » sur les deux côtés de la tête capables de détecter les vibrations et ainsi, faire une sorte de triangulation pour savoir où est la proie[20].

On a pu observer certaines matamatas (en captivité) qui acculaient d'abord leurs proies dans un espace confiné pour ensuite les aspirer[21]. En réalité, l'animal apprend les meilleurs moyens de capturer leurs proies selon l'environnement où il vit[22]. Il s'adapte en permanence aux conditions de son milieu. Reproduction [modifier] Les parades nuptiales sont difficilement observables, mais certains scientifiques parvinrent à relever le comportement suivant[2] : le mâle chevauche la femelle, sa tête s'étend vers elle. Il ouvre et ferme la bouche. Ses pattes se détendent et lui permettent des mouvements plus rapides que d'ordinaire et aussi de passer sur la femelle un peu plus grosse que lui. Les oeufs sont pondus sur la berge par groupe variant en moyenne de douze à vingt-huit[2]. Ceux-ci ont une coquille dure mesurant entre trente-cinq et quarante millimètres d'épaisseur[1]. Il y a plusieurs pontes par an, principalement entre novembre et décembre. L'incubation des oeufs[1] est en moyenne de deux cents jours, pour une température d'environ vingt-huit degrés celsius (observation faite en couveuse), ce qui cadre avec les températures automnales sud-américaines. C'est vers l'âge de cinq ans que la matamata devient sexuellement mature[6]. Aucune forme d'attitude maternelle n'a pu être observée chez les mères matamatas. L'espérance de vie d'une matamata tourne autour de dix ans et demi, bien que, en captivité, on l'ait vu atteindre des âges bien plus avancés (jusqu'à 15 ans[4]). En état de captivité [modifier] La matamata est une espèce très appréciée et recherchée par les zoos du monde entier pour de multiples raisons dont notamment : son aspect original ; son mode de vie plus sédentaire que la majorité des autres tortues, qui lui permet de vivre dans de petits enclos. C'est une espèce qui demande beaucoup de soins et d'attention dont nous pouvons décrire les grandes lignes[6]: elle doit vivre dans un espace relativement large mais pas nécessairement dans des eaux très profondes. Les conditions majoritairement choisies par les zoos sont une profondeur suffisante pour qu'elle s'immerge totalement en pouvant toujours sortir la tête de l'eau pour respirer. Du fait de ses conditions de vie à l'état sauvage, elle reste néanmoins dans les zones où elle se sent en sécurité. Rondins de bois, rochers et autres aménagements similaires sont inutiles aux matamatas. En revanche, en cas de ponte, un lieu est impérativement mis en place.

Elles sont en général nourries avec des vairons. Parfois, elles sont nourries avec des poissons rouges, mais certains spécimens en captivité qui n'étaient nourris que de cet aliment ont rencontré des problèmes de nutrition[23]. Les zoos vérifient en général la qualité de l'alimentation des futures proies et leur état de santé, étant donné que la matamata est une espèce à laquelle il faut faire extrêmement attention, du fait de sa rareté. En effet, du fait de l'attrait qu'elle représente, cette espèce préoccupe beaucoup d'amoureux de la nature dans le monde qui veulent la protéger des vendeurs d'animaux et collectionneurs privés peu aptes à élever un animal si particulier. Menaces et protection [modifier] Côté prédation animale, la matamata n'a pas grand-chose à craindre. En effet, comme toute tortue, en cas de menace d'un quelconque prédateur, elle se replie dans sa carapace[4]. De plus, son aspect ne lui donne pas l'air comestible, bien qu'elle le soit. Elle n'a, de ce fait, pas vraiment de prédateur naturel. L'Homme, quant à lui, n'est pas traditionnellement un prédateur de cet animal. En effet, les Amérindiens ne la consomment pas[2], à cause, une fois encore, de son aspect rébarbatif, mais aussi de l'odeur nauséabonde qu'elle dégage. Mais, du fait de sa popularité, cette tortue est ramassée en masse pour des collectionneurs peu scrupuleux. Cela a pour effet la raréfaction de la matamata dans certaines zones. Sa capture est donc devenue illégale en Guyane française[24]. En revanche, au niveau international, aucun règlement particulier ne régit sa capture. Néanmoins, peu de particuliers possèdent des matamatas étant donnée la relative difficulté des soins à leurs apporter.

Apparitions dans la culture populaire [modifier] La matamata a probablement servi d'inspiration au kaijû Kamēba[25] (カメーバ) apparu pour la première fois dans le film de monstres japonais de 1970, Space Amoeba [26] ( Gezora, Ganime, Kameba: Kessen! Nankai no daikaijû ) d'Ishirô Honda. On a pu également voir le monstre dans le film japonais de 2003 Godzilla: Tokyo S.O.S. [27] ( Gojira tai Mosura tai Mekagojira: Tôkyô S.O.S. ) de Masaaki Tezuka et dans le jeu vidéo Godzilla 3 . Suite à des décrets, en vertu de la convention de Carthagène de 1983, l'exploitation pétrolière au large des côtes de la Guyane française est interdite pour raisons écologiques (protection des cétacés et des tortues). Seule la compagnie Hardman Resources a eu un permis pour exploiter un gisement potentiel. Le nom de ce projet d'exploitation est projet Matamata [28] en clin d'oeil à l'espèce protégée.

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Matamata Matamata 玛塔玛塔

Matamata Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. La matamata ( Chelus fimbriatus ) est une tortue d'eau douce à l'aspect original détonnant des autres spécimens de son ordre, ce qui a suscité la curiosité de nombreux scientifiques. C'est un animal aux techniques de chasse très évoluées. Elle se répartit globalement en Amérique du Sud, notamment dans le bassin amazonien et le bassin de l'Orénoque. Sommaire [masquer] 1 Description 1.1 Morphologie 1.2 Couleurs 1.3 Camouflage 2 Systématique 2.1 Étymologie 2.2 Origine 2.3 Nomenclature 3 Répartition 4 Éthologie 4.1 Comportement général 4.2 Chasse et alimentation 4.3 Reproduction 4.4 En état de captivité 5 Menaces et protection 6 Apparitions dans la culture populaire 7 Annexes 7.1 Notes et références 7.2 Bibliographie 7.3 Pour aller plus loin 7.3.1 Articles connexes 7.3.2 Liens externes 7.3.3 Références externes // Description [modifier] Morphologie [modifier] Tête de matamata vue de profil On doit la première description de la matamata à Barrère en 1741[1]. Il la décrit en latin en ces termes : « testudo terrestris major putamine echinato et striato » On peut traduire celle-ci par « grande tortue terrestre aux écailles épineuses et striées ». Ici, c'est la carapace de la matamata qui a d'abord frappé Barrère. Mais, c'est la morphologie tout entière de l'animal qui frappe un oeil non averti. En effet, il paraît difficile de confondre la matamata avec une autre tortue tellement elle présente des caractéristiques inédites : sa taille peut aller jusqu'à 45 centimètres[2] à l'âge adulte, ce qui est plutôt grand pour une tortue d'eau douce ; son poids est d'environ 15 kilogrammes[2] à l'âge adulte ; sa queue est également plutôt longue pour une tortue d'eau douce ; sa carapace est composée de trois rangées de plaques bosselées par une multitude de pyramidions ; elle est dentelée, ce qui la démarque également des autres tortues ; les stries de croissance sont très marquées et permettent de déterminer l'âge du spécimen ; dans le bassin amazonien, la dossière[3] est rectangulaire alors que dans le bassin de l'Orénoque, elle est plutôt ovale ; sa tête est plate et triangulaire, couverte d'excroissances ; son museau est long et mince et est terminé par une petite trompe où se trouvent les narines ; ses yeux sont petits, situés près de son museau et se reflètent dans la nuit comme chez de nombreux autres reptiles[4] ; ses capacités visuelles ne sont pas très élevées ; sa bouche est très large et munie de deux barbillons[5] (filaments que l'on trouve de chaque côté de celle-ci) ; son cou est très long, il lui sert à atteindre la surface pour respirer quand elle est sous l'eau[4] ; ses pattes sont courtes, extensibles, munies de petites griffes et adaptées pour un habitat boueux[4]. Les femelles sont un peu plus grandes et ont un cou plus long. Néanmoins, il est difficile de différencier un mâle d'une femelle car le dimorphisme sexuel n'est pas très marqué. Des variations sont surtout observables[6] entre les différentes régions où se répartit la matamata. Celles-ci se situent surtout au niveau de la taille moyenne et de la pigmentation.

Tête de jeune matamata vue de dessus en gros plan Couleurs [modifier] La partie organique de l'animal oscille entre un brun très sombre et un gris foncé. La couleur de sa carapace oscille entre la couleur café et un gris très foncé. Quant à son plastron[3], il varie du blanchâtre (bassin amazonien) au rouge foncé (bassin de l'Orénoque). Les jeunes sont généralement plus colorés que les adultes. Ils sont aussi plus clairs. Leurs ponts[3], leurs plastrons et le bord interne de leurs marginales sont roses et cerclés par des bandes sombres. Le bord externe de chaque marginale est, pour sa part, orangé. Sur le dessus de leur tête, plus claire que celle des adultes, on peut observer trois bandes sombres. Sur leur cou, il y aussi trois bandes de couleur, cette fois-ci rougeâtres.

Camouflage [modifier] Matamata dont la carapace est colonisée par des algues Ces attributs particuliers permettent à la matamata de se fondre dans le milieu où elle vit[5]. La couleur et la forme de sa carapace la font ressembler à un tas de feuilles mortes, voire à du bois mort. Or, ces résidus ne sont pas rares dans la région amazonienne.

Des scientifiques ont également remarqué que la tête de la matamata ressemblait, à cause de ses excroissances entre autres, aux feuilles du moucou-moucou , une plante aquatique indigène[2] (aracée envahissante mesurant de 3 à 4 mètres).

De plus, des algues colonisent son dos et accentuent sa capacité de camouflage[5]. En effet, la matamata, sous l'eau, peut aussi se confondre avec un rocher lorsqu'elle est immobile. Ce camouflage a une part importante dans la faculté de l'animal à attraper ses proies, il est donc un avantage de survie fort qui peut expliquer l'évolution originale de cet animal par rapport aux autres tortues. Cela pourrait également expliquer comment la matamata a traversé les âges.

Systématique [modifier] Étymologie [modifier] Au Surinam et dans une partie de la Guyane française, dans la langue sranan, elle est appelée raparapa , ce fut le premier nom utilisé, par Barrère en 1741 dans sa description. Il fut repris dans le nom binomial par Gray.

Son nom courant en français, matamata , vient vraisemblablement des langues amérindiennes tupi guarani ( matamatá ), bien que l'on puisse penser aussi que ce soit une déformation du verbe espagnol matar (« tuer ») et qui donne la traduction du nom suivante : « Tue, tue »[7]. Au Venezuela, on la connaît aussi sous le nom de la fea [8], soit, « la moche » en français.

En anglais, seul l'orthographe varie, on peut le trouver écrit mata-mata ou encore mata mata . En allemand, elle s'appelle Fransenschildkröte , traduisible par « tortue à franges ». Origine [modifier] Article détaillé : Testudines (classification phylogénétique).

La classification présentée ici est la simplification de celle présentée par A. Georges, J. Birrell, K. M. Saint, W. McCord und S. C. Donnellan[9] basée sur l'analyse génétique. ──o Chelonia |--o Cryptodira `--o Pleurodira |--o | |--o Podocnemididae | `--o Pelomedusidae `--o Chelidae |--o Chelodininae `--o |--o Hydromedusinae `--o Chelidinae |--o Chelus `--o `--o Platemys , Acanthochelys , Mesoclemmys , Batrachemmys , Phrynops .

La Chelus fimbriatus est la seule tortue du genre Chelus (pas de fossile ne correspondant pas à cette espèce dans ce genre)[10].

Nomenclature [modifier] Le nom binomial de la matamata est Chelus fimbriatus . Ce nom latin peut se traduire par « tortue dentelée ». La taxonomie de cette tortue a suivie l'évolution des connaissances sur la phylogénétique des tortues, qui a défini petit à petit des taxons plus précis[11] avant que son nom binomial actuel ne soit choisi : Testudo fimbriata vient du philologue allemand Schneider qui a étudié l'animal en 1783[12] ; Testudo fimbria vient de Gmelin en 1789 ; Testudo matamata vient de Bruguière en 1792 ; Testudo bi-spinosa vient de Daudin en 1802, traduisible par « tortue à deux épines » ; Testudo rapara , Testudo raparara et Testudo raxarara viennent de Gray respectivement en 1831, 1844 et 1855 ; Chelys fimbriata vient de Günther et Boulenger respectivement en 1882 et 1889 ; Chelus fimbriatus est utilisé pour la première fois par Mertens en 1934 ; Chelus fimbriata reprend l'orthographe de Schneider et est utilisé par Iverson en 1992 ; Chelus fimbriatus est finalement utilisé par Gorzula et Señaris en 1999. Répartition [modifier] La matamata est une tortue d'eau douce, vivant en partie dans les eaux tièdes et en partie sur les berges des différents milieux où on a pu l'observer à l'état sauvage : Lacs Rivières Eaux stagnantes (marécages, zones boueuses...) Canaux d'évacuation des eaux de pluie Elle tolère les remontées d'eau salée dans le fleuve à cause des marées, même si elle préfère éviter de s'aventurer dans les estuaires. La matamata est une tortue d'Amérique du Sud : dans le bassin amazonien, les Guyanes, le nord de la Bolivie, l'est du Pérou, l'Équateur, l'est de la Colombie, le Vénézuéla (bassin de l'Orénoque) et enfin, l'île de Trinidad[13]. Elle a également été introduite en Floride à Pembroke Park en 1966 mais n'aurait pas réussi à s'adapter malgré des rumeurs persistantes dans la region[14]. Éthologie [modifier] Comportement général [modifier] La matamata est un animal qui bouge peu, capable de rester immobile de nombreuses heures[8]. Elle s'aventure sur les berges le plus souvent uniquement dans le but de pondre. Sinon, elle reste en eaux peu profondes d'où elle pourra aisément respirer à l'aide de son cou extensible qui lui permet d'atteindre l'air. Elle flotte rarement en surface, préfèrant rester au fond de l'eau. C'est une espèce plutôt docile[15]. Elle n'est pas encline à mordre et n'en est d'ailleurs pas capable (son bec est beaucoup moins développé que celui des autres tortues). Enfin, la matamata est un animal extrêmement photosensible. De ce fait, elle reste plutôt un animal crépusculaire[16].

Chasse et alimentation [modifier] La matamata a un régime alimentaire carnivore[17]. Elle se nourrit d'alevins et de têtards voire de batraciens ou de poissons quand elle est adulte. Sur l'île de Trinidad, Kearney[18] a pu également observer des spécimens, en 1972, mangeant des crustacés d'eau douce et de petits mammifères nageant dans l'eau. La matamata pourrait même parfois manger de petits oiseaux.

C'est une tortue de fond de marécage qui chasse à l'affût[6], grâce notamment à son camouflage. Elle peut retenir sa respiration de longues heures, ce qui augmente encore sa dangerosité pour ses proies. Le procédé de capture est le suivant[2] : la matamata aspire ses proies en ouvrant une très large bouche et avec l'aide d'un fort mouvement de sa gorge. La manoeuvre prend environ un cinquantième de seconde. Ensuite, elle rejette lentement l'eau avalée, ce qui asphyxie les proies attrapées. En revanche, n'ayant pas le bec des autres tortues, elle ne mâche pas ses proies. Elle utiliserait également des replis de peau sensoriels qui l'aideraient à détecter ses proies, bien que cela prête parfois à controverse dans le milieu scientifique. Un test a été pratiqué pour savoir ce qu'il en était[19] : dans un premier temps, on a bandé les yeux d'une matamata qui est ensuite parvenue à se nourrir. Dans un second temps, on a coupé les excroissances qui formaient les replis dits sensoriels d'un autre animal. Celui-ci n'est pas parvenu à attraper de proies malgré le fait qu'il possédait toutes ses capacités visuelles. Néanmoins, une stimulation humaine par contact de ces replis ne provoqua que des mouvements de 1 millimètre sur le premier cobaye. Les scientifiques en ont déduit que la tortue faisait la différence entre un mouvement de proie et un simple contact. Une autre théorie dit que la matamata possède deux grands « tympans » sur les deux côtés de la tête capables de détecter les vibrations et ainsi, faire une sorte de triangulation pour savoir où est la proie[20].

On a pu observer certaines matamatas (en captivité) qui acculaient d'abord leurs proies dans un espace confiné pour ensuite les aspirer[21]. En réalité, l'animal apprend les meilleurs moyens de capturer leurs proies selon l'environnement où il vit[22]. Il s'adapte en permanence aux conditions de son milieu. Reproduction [modifier] Les parades nuptiales sont difficilement observables, mais certains scientifiques parvinrent à relever le comportement suivant[2] : le mâle chevauche la femelle, sa tête s'étend vers elle. Il ouvre et ferme la bouche. Ses pattes se détendent et lui permettent des mouvements plus rapides que d'ordinaire et aussi de passer sur la femelle un peu plus grosse que lui. Les oeufs sont pondus sur la berge par groupe variant en moyenne de douze à vingt-huit[2]. Ceux-ci ont une coquille dure mesurant entre trente-cinq et quarante millimètres d'épaisseur[1]. Il y a plusieurs pontes par an, principalement entre novembre et décembre. L'incubation des oeufs[1] est en moyenne de deux cents jours, pour une température d'environ vingt-huit degrés celsius (observation faite en couveuse), ce qui cadre avec les températures automnales sud-américaines. C'est vers l'âge de cinq ans que la matamata devient sexuellement mature[6]. Aucune forme d'attitude maternelle n'a pu être observée chez les mères matamatas. L'espérance de vie d'une matamata tourne autour de dix ans et demi, bien que, en captivité, on l'ait vu atteindre des âges bien plus avancés (jusqu'à 15 ans[4]). En état de captivité [modifier] La matamata est une espèce très appréciée et recherchée par les zoos du monde entier pour de multiples raisons dont notamment : son aspect original ; son mode de vie plus sédentaire que la majorité des autres tortues, qui lui permet de vivre dans de petits enclos. C'est une espèce qui demande beaucoup de soins et d'attention dont nous pouvons décrire les grandes lignes[6]: elle doit vivre dans un espace relativement large mais pas nécessairement dans des eaux très profondes. Les conditions majoritairement choisies par les zoos sont une profondeur suffisante pour qu'elle s'immerge totalement en pouvant toujours sortir la tête de l'eau pour respirer. Du fait de ses conditions de vie à l'état sauvage, elle reste néanmoins dans les zones où elle se sent en sécurité. Rondins de bois, rochers et autres aménagements similaires sont inutiles aux matamatas. En revanche, en cas de ponte, un lieu est impérativement mis en place.

Elles sont en général nourries avec des vairons. Parfois, elles sont nourries avec des poissons rouges, mais certains spécimens en captivité qui n'étaient nourris que de cet aliment ont rencontré des problèmes de nutrition[23]. Les zoos vérifient en général la qualité de l'alimentation des futures proies et leur état de santé, étant donné que la matamata est une espèce à laquelle il faut faire extrêmement attention, du fait de sa rareté. En effet, du fait de l'attrait qu'elle représente, cette espèce préoccupe beaucoup d'amoureux de la nature dans le monde qui veulent la protéger des vendeurs d'animaux et collectionneurs privés peu aptes à élever un animal si particulier. Menaces et protection [modifier] Côté prédation animale, la matamata n'a pas grand-chose à craindre. En effet, comme toute tortue, en cas de menace d'un quelconque prédateur, elle se replie dans sa carapace[4]. De plus, son aspect ne lui donne pas l'air comestible, bien qu'elle le soit. Elle n'a, de ce fait, pas vraiment de prédateur naturel. L'Homme, quant à lui, n'est pas traditionnellement un prédateur de cet animal. En effet, les Amérindiens ne la consomment pas[2], à cause, une fois encore, de son aspect rébarbatif, mais aussi de l'odeur nauséabonde qu'elle dégage. Mais, du fait de sa popularité, cette tortue est ramassée en masse pour des collectionneurs peu scrupuleux. Cela a pour effet la raréfaction de la matamata dans certaines zones. Sa capture est donc devenue illégale en Guyane française[24]. En revanche, au niveau international, aucun règlement particulier ne régit sa capture. Néanmoins, peu de particuliers possèdent des matamatas étant donnée la relative difficulté des soins à leurs apporter.

Apparitions dans la culture populaire [modifier] La matamata a probablement servi d'inspiration au kaijû Kamēba[25] (カメーバ) apparu pour la première fois dans le film de monstres japonais de 1970, Space Amoeba [26] ( Gezora, Ganime, Kameba: Kessen! Nankai no daikaijû ) d'Ishirô Honda. On a pu également voir le monstre dans le film japonais de 2003 Godzilla: Tokyo S.O.S. [27] ( Gojira tai Mosura tai Mekagojira: Tôkyô S.O.S. ) de Masaaki Tezuka et dans le jeu vidéo Godzilla 3 . Suite à des décrets, en vertu de la convention de Carthagène de 1983, l'exploitation pétrolière au large des côtes de la Guyane française est interdite pour raisons écologiques (protection des cétacés et des tortues). Seule la compagnie Hardman Resources a eu un permis pour exploiter un gisement potentiel. Le nom de ce projet d'exploitation est projet Matamata [28] en clin d'oeil à l'espèce protégée.