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Carnet de voyages, Carnet de voyage - 4

Carnet de voyage - 4

Dimanche 21 novembre A huit heures ce matin, sept marcheurs, courbés sous le poids de leur sac à dos s'apprêtaient à partir pour leur première randonnée. Même à l'occasion d'une courte balade, il vaut mieux emporter avec soi des vêtements chauds. Très souvent la fin du printemps ressemble étrangement à l'hiver, et la température peut chuter très rapidement. Il est aussi important d'emporter des vêtements secs tant les averses sont fréquentes et abondantes sur cette île. Vous avez vraiment toutes les chances d'être surpris par la pluie durant une randonnée. Les appareils photos, quelques aliments et diverses boissons ajoutèrent un poids non négligeable à nos sacs à dos. A huit heures et demie, notre petite troupe se mis en route pleine d'enthousiasme, et les premiers kilomètres furent avalés en moins d'une heure. Cependant, alors que la pente se faisait plus raide, le train ralentit très nettement et nous adoptèrent un pas plus tranquille, la plupart d'entre nous n'étant pas encore habitués à fournir de tels efforts. Le chemin pour atteindre la « Baie Américaine » est une suite de rivières encaissées au fond de profondes vallées. A cette époque de l'année, les cours d'eau sont à leur plus haut niveau et quelques fois, il faut longer pendant longtemps le lit de la rivière pour trouver un passage franchissable à gué. De raides pentes rocheuses suivent et, qu'on les attaque de face ou bien de biais pour adoucir la pente, cela demande toujours un très gros effort pour les franchir. Entre chaque vallée, on trouve généralement un vaste plateau aride, et bien que le sol soit inégal, il est pratiquement plat. Nous avons d'ailleurs profité de ce terrain favorable pour faire une pause, nous désaltérer et manger un peu. Après deux heures de route nous étions enfin en vue des deux abris blottis contre une colline en pente douce, tout au bout d'une grande plage de sable gris. Une large rivière serpente majestueusement du haut de la vallée, traverse l'immense plage pour finalement se jeter dans l'océan. A l'embouchure, un tourbillon d'écume se forme lorsque le puissant courant rencontre les hautes vagues sombres de l'océan. Des dizaines d'éléphants de mer se laissent ballotter dans ce jacuzzi géant. En un long défilé, des manchots, avec leur démarche inimitable, suivent précautionneusement un chemin jusqu'à la mer à travers la plage. Nous avons finalement atteint notre but deux heures et demie après avoir quitté la base. La beauté et la tranquillité de l'endroit atténuèrent largement notre fatigue. Nous nous sommes allongés sur le sable pour soulager nos jambes endolories par la marche. Les manchots nous évitaient à peine, et continuaient à parader en nous jetant un coup d'œil discret lorsqu'ils passaient près de nous. Vers midi, nous avons ouvert quelques containers dans lesquels la nourriture pour les gens de passage est conservée pendant plusieurs mois. Quatre ou cinq fois par an, le bateau qui effectue la relève des hivernants, assure aussi le ravitaillement en carburant, différents matériels techniques et bien sur nourriture pour la base ainsi que pour les différents shelters installés en quatre endroits de l'île. L'essentiel de la nourriture est à base de boites de conserve, mais avec un peu d'imagination et quelques connaissances culinaires, il est possible de se concocter un repas complet et plus ou moins équilibré. Nous avons donné les restes de notre repas aux nombreux oiseaux – mouettes, pétrels géants, kionis, skuas – qui voltigeaient au-dessus de nous en poussant leurs cris stridents. Ces oiseaux sont constamment en quête de quelque chose à manger et font preuve d'une adresse incroyable dans cet exercice! Ils arrivaient à attraper en plein vol, sans se percuter, soit avec leurs serres, soit du bout du bec les morceaux de nourriture que nous leur lancions malgré la bousculade que cela engendrait dans leurs rangs. Parmi toutes ces espèces, les skuas sont vraiment les plus voraces. Ils sont capables d'avaler en deux ou trois secondes des proies deux fois grosses comme mon poing fermé. Ils se délectent spécialement des rats qui infestent l'île. Bien sûr, nous ne devrions pas leur donner ainsi de la nourriture si l'on en croit la théorie des scientifiques selon laquelle il ne faut pas intervenir dans la vie sauvage, au risque de perturber l'équilibre de la chaîne alimentaire. Mais ce jour-là nous étions plus enclins à nous amuser de la situation plutôt que de penser aux éventuelles conséquences.

Plusieurs d'entre nous passèrent le début de l'après-midi à explorer les environs, d'autres, consacrèrent leur temps à faire l'inventaire des stocks de nourriture et à remettre les chalets en ordre. Il faut dire qu'il y avait un tel désordre quand nous sommes arrivés ! Parfois, les rats trouvent ou même se font un passage pour pénétrer dans les chalets et dévastent tout ce qui peut traîner hors des containers hermétiquement clos. D'autres fois, ce sont les derniers locataires occasionnels peu scrupuleux qui laissent l'endroit sale, et là, c'est moins excusable ! Mais quelque soient les coupables, il y avait besoin d'un bon nettoyage. Ces abris sont si exigus qu'il n'y a de la place que pour le nécessaire. Le premier des deux chalets est plutôt rustique : deux lits superposés de chaque côté, un chauffage au gaz au milieu de la pièce fournissent un confort spartiate pour quatre personnes. Les deux ou trois mètres carrés restants sont utilisé pour entreposer des containers de nourriture, des produits d'entretiens, de l'outillage et des packs de diverses boissons, alcoolisées ou pas. Pas besoin d'eau ici, car l'eau la plus pure et la plus fraîche que l'on puisse trouver ruisselle en une longue cascade de la montagne jusqu'au pied des chalets. Le deuxième abri est plus récent et beaucoup plus confortable sinon plus large que le premier. L'électricité est produite, si besoin est par un groupe électrogène, mais un petit panneau solaire fourni suffisamment de courant pour alimenter un transmetteur radio qui permet de garder le contact avec la base. Là aussi, un chauffage au gaz procure suffisamment de chaleur pour sécher les vêtements humides et pour entretenir une douce température lorsque le vent glacial souffle en rafale au plein cœur de l'hiver. Une vieille cuisinière à gaz poussée dans un coin, une table, deux bancs, et finalement deux lits superposés complètent le mobilier de cet abri.

A quatre heures, il était temps de regagner la base. Nous avons donc rechargé nos sacs à dos et nous nous sommes remis en route. Une fois à la base, j'ai repensé avec un peu de vague à l'âme à cette excellente journée passée, ne sachant pas vraiment quand je pourrai à nouveau partir en randonnée. Cependant, cette première expérience en dehors de la base m'a donné un avant-goût de futures randonnées sur plusieurs jours.

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Carnet de voyage - 4 Travel diary - 4

Dimanche 21 novembre A huit heures ce matin, sept marcheurs, courbés sous le poids de leur sac à dos s'apprêtaient à partir pour leur première randonnée. Même à l'occasion d'une courte balade, il vaut mieux emporter avec soi des vêtements chauds. Très souvent la fin du printemps ressemble étrangement à l'hiver, et la température peut chuter très rapidement. Il est aussi important d'emporter des vêtements secs tant les averses sont fréquentes et abondantes sur cette île. Vous avez vraiment toutes les chances d'être surpris par la pluie durant une randonnée. Les appareils photos, quelques aliments et diverses boissons ajoutèrent un poids non négligeable à nos sacs à dos. A huit heures et demie, notre petite troupe se mis en route pleine d'enthousiasme, et les premiers kilomètres furent avalés en moins d'une heure. Cependant, alors que la pente se faisait plus raide, le train ralentit très nettement et nous adoptèrent un pas plus tranquille, la plupart d'entre nous n'étant pas encore habitués à fournir de tels efforts. Le chemin pour atteindre la « Baie Américaine » est une suite de rivières encaissées au fond de profondes vallées. A cette époque de l'année, les cours d'eau sont à leur plus haut niveau et quelques fois, il faut longer pendant longtemps le lit de la rivière pour trouver un passage franchissable à gué. De raides pentes rocheuses suivent et, qu'on les attaque de face ou bien de biais pour adoucir la pente, cela demande toujours un très gros effort pour les franchir. Entre chaque vallée, on trouve généralement un vaste plateau aride, et bien que le sol soit inégal, il est pratiquement plat. Nous avons d'ailleurs profité de ce terrain favorable pour faire une pause, nous désaltérer et manger un peu. Après deux heures de route nous étions enfin en vue des deux abris blottis contre une colline en pente douce, tout au bout d'une grande plage de sable gris. Une large rivière serpente majestueusement du haut de la vallée, traverse l'immense plage pour finalement se jeter dans l'océan. A l'embouchure, un tourbillon d'écume se forme lorsque le puissant courant rencontre les hautes vagues sombres de l'océan. Des dizaines d'éléphants de mer se laissent ballotter dans ce jacuzzi géant. En un long défilé, des manchots, avec leur démarche inimitable, suivent précautionneusement un chemin jusqu'à la mer à travers la plage. Nous avons finalement atteint notre but deux heures et demie après avoir quitté la base. La beauté et la tranquillité de l'endroit atténuèrent largement notre fatigue. Nous nous sommes allongés sur le sable pour soulager nos jambes endolories par la marche. Les manchots nous évitaient à peine, et continuaient à parader en nous jetant un coup d'œil discret lorsqu'ils passaient près de nous. Vers midi, nous avons ouvert quelques containers dans lesquels la nourriture pour les gens de passage est conservée pendant plusieurs mois. Quatre ou cinq fois par an, le bateau qui effectue la relève des hivernants, assure aussi le ravitaillement en carburant, différents matériels techniques et bien sur nourriture pour la base ainsi que pour les différents shelters installés en quatre endroits de l'île. L'essentiel de la nourriture est à base de boites de conserve, mais avec un peu d'imagination et quelques connaissances culinaires, il est possible de se concocter un repas complet et plus ou moins équilibré. Nous avons donné les restes de notre repas aux nombreux oiseaux – mouettes, pétrels géants, kionis, skuas – qui voltigeaient au-dessus de nous en poussant leurs cris stridents. Ces oiseaux sont constamment en quête de quelque chose à manger et font preuve d'une adresse incroyable dans cet exercice! Ils arrivaient à attraper en plein vol, sans se percuter, soit avec leurs serres, soit du bout du bec les morceaux de nourriture que nous leur lancions malgré la bousculade que cela engendrait dans leurs rangs. Parmi toutes ces espèces, les skuas sont vraiment les plus voraces. Ils sont capables d'avaler en deux ou trois secondes des proies deux fois grosses comme mon poing fermé. Ils se délectent spécialement des rats qui infestent l'île. Bien sûr, nous ne devrions pas leur donner ainsi de la nourriture si l'on en croit la théorie des scientifiques selon laquelle il ne faut pas intervenir dans la vie sauvage, au risque de perturber l'équilibre de la chaîne alimentaire. Mais ce jour-là nous étions plus enclins à nous amuser de la situation plutôt que de penser aux éventuelles conséquences.

Plusieurs d'entre nous passèrent le début de l'après-midi à explorer les environs, d'autres, consacrèrent leur temps à faire l'inventaire des stocks de nourriture et à remettre les chalets en ordre. Il faut dire qu'il y avait un tel désordre quand nous sommes arrivés ! Parfois, les rats trouvent ou même se font un passage pour pénétrer dans les chalets et dévastent tout ce qui peut traîner hors des containers hermétiquement clos. D'autres fois, ce sont les derniers locataires occasionnels peu scrupuleux qui laissent l'endroit sale, et là, c'est moins excusable ! Mais quelque soient les coupables, il y avait besoin d'un bon nettoyage. Ces abris sont si exigus qu'il n'y  a de la place que pour le nécessaire. Le premier des deux chalets est plutôt rustique : deux lits superposés de chaque côté, un chauffage au gaz au milieu  de la pièce fournissent un confort spartiate pour quatre personnes. Les deux ou trois mètres carrés restants sont utilisé pour entreposer des containers de nourriture, des produits d'entretiens, de l'outillage et des packs de diverses boissons, alcoolisées ou pas. Pas besoin d'eau ici, car l'eau la plus pure et la plus fraîche que l'on puisse trouver ruisselle en une longue cascade de la montagne jusqu'au pied des chalets. Le deuxième abri est plus récent et beaucoup plus confortable sinon plus large que le premier. L'électricité est produite, si besoin est par un groupe électrogène, mais un petit panneau solaire fourni suffisamment de courant pour alimenter un transmetteur radio qui permet de garder le contact avec la base. Là aussi, un chauffage au gaz procure suffisamment de chaleur pour sécher les vêtements humides et pour entretenir une douce température lorsque le vent glacial souffle en rafale au plein cœur de l'hiver. Une vieille cuisinière à gaz poussée dans un coin, une table, deux bancs, et finalement deux lits superposés complètent le mobilier de cet abri.

A quatre heures, il était temps de regagner la base. Nous avons donc rechargé nos sacs à dos et nous nous sommes remis en route. Une fois à la base, j'ai repensé avec un peu de vague à l'âme à cette excellente journée passée, ne sachant pas vraiment quand je pourrai à nouveau partir en randonnée. Cependant, cette première expérience en dehors de la base m'a donné un avant-goût de futures randonnées sur plusieurs jours.