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l'histoire de France, De de Gaulle à de Gaulle

Lorsque la bombe d'Hiroshima explose, anéantissant une ville entière et causant la mort de 80 000 personnes, ma mère a 20 ans. La France est de nouveau en paix, mais tant de villes sont détruites, tant d'industries anéanties, tant de voies ferrées, tant de ponts, tant de routes hors d'usage! Sa reconstruction va nécessiter de nous tous un gigantesque effort.

Le général de Gaulle est convaincu que notre défaite de 1940 a été due en grande partie à l'impuissance de nos gouvernements, trop souvent renversés par des députés ou des sénateurs qu'entraînaient des passions déraisonnables. Il souhaite que la France se donne une Constitution qui assure au gouvernement la certitude de durer. Quand il comprend que les Français refusent de l'entendre et qu'ils vont voter - les femmes aussi, car elles ont enfin le droit de vote - la Constitution de 1946 qui crée la IVe République mais accroît les risques d'instabilité, le général de Gaulle démissionne et se retire dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Églises. Comme il l'a prévu, la IVe République va connaître un grand nombre de gouvernements, renversés les uns après les autres. Les étrangers y trouvent le sujet de nombreuses plaisanteries dont les Français sont malheureusement la cible.

Ce que vous devez comprendre, c'est que, malgré cela, notre pays se relève et se reconstruit. La France, avant 1939, vivait encore souvent comme au 19ème siècle. Elle s'avance maintenant hardiment vers le 21ème siècle. Nos industries utilisent les techniques les plus modernes. On livre et on gagne la grande bataille de l'énergie. Avec d'autres, le barrage de Donzère-Mondragon sur le Rhône procure de considérables quantités d'électricité qui permettent notamment d'électrifier les chemins de fer. Nos locomotives battent les records du monde de vitesse. Les raffineries de Fos et du Havre mettent à notre disposition le pétrole dont nous avons de plus en plus besoin. Une industrie nouvelle, celle du plastique (tiré du pétrole), change toute notre vie quotidienne. La France se couvre de lignes aériennes et dispose d'un avion, la Caravelle, que l'on nous envie. La compagnie Air France relie Paris à tous les pays du monde. On produit de grandes quantités de petites voitures qui mettent l'automobile à la portée d'un nombre plus important de Français. La vie quotidienne des familles est profondément modifiée par la généralisation des accessoires ménagers : réfrigérateur, lave-vaisselle, lave-linge, etc. La télévision connaît un gigantesque essor. C'est également sous la IVe République que des hommes comme Robert Schuman et Jean Monnet créent une Communauté économique européenne qui associe plusieurs pays, y compris l'Allemagne et l'Italie, nos anciens ennemis. De tels résultats, nous devons toujours en être reconnaissants à la IVe République. Son œuvre de redressement économique est considérable. Malheureusement, elle se révèle incapable de résoudre les graves problèmes que pose le désir d'indépendance des Indochinois et des peuples d'Afrique du Nord. Une longue guerre en Indochine (1946-1954) aboutit à notre éviction de cette ancienne colonie. Sagement, nous accordons leur indépendance aux Tunisiens et aux Marocains. Mais une rébellion éclate en 1954 en Algérie.

En mai 1958, cette guerre dure toujours, sans qu'aucune solution ne soit en vue. Les Français rappellent alors le général de Gaulle, en qui ils admirent leur plus grand homme vivant.

De Gaulle crée la Vème République, avec une Constitution qui assure enfin la stabilité des gouvernements et un équilibre réel entre le président de la République - bientôt élu au suffrage universel - et les deux chambres : Assemblée nationale et Sénat. Sous le gouvernement du général de Gaulle, avec des premiers ministres tels que Michel Debré et Georges Pompidou, la France connaît une nouvelle et remarquable expansion économique. Le franc redevient une monnaie forte. Une importante industrie atomique s'implante chez nous et la première bombe atomique française explose (1960). Le problème algérien, qui a profondément divisé les Français et conduit certains à conspirer contre de Gaulle, est réglé en 1962: l'Algérie devient un État indépendant. Malgré le retour douloureux d'un million de Français d'Algérie - les pieds-noirs -les passions s'apaisent. L'indépendance est accordée à nos colonies d'Afrique qui presque toutes restent nos amies. Le prestige du général de Gaulle est grand dans le monde.

Cependant, en mai 1968, des étudiants provoquent un vaste mouvement de protestation auquel s'associent la majorité des ouvriers et des salariés. Une longue grève paralyse le pays. Le général de Gaulle en triomphe une fois de plus et gagne les élections qui suivent. Vous saurez plus tard que les Français ne sont pas toujours logiques avec eux-mêmes. En 1969, de Gaulle les invite à s'exprimer par un vote direct sur ses projets politiques: il procède à un référendum. Le général a annoncé qu'il se retirerait si les Français répondaient négativement. Le 28 avril, constatant son échec, Charles de Gaulle quitte l'Élysée et regagne Colombey-les-Deux-Églises où il s'enferme dans le silence. Rien de plus difficile que de succéder à un personnage entré dans 1 'histoire de son vivant. Les Français savent depuis longtemps que l'héritier sera Georges Pompidou. Ce professeur de lettres - fils d'instituteur et d'origine auvergnate - a rejoint le cabinet du général en 1944. Il a travaillé de nombreuses années auprès de lui. En tant que Premier ministre, il s'est trouvé mêlé à tous les événements de la politique intérieure et étrangère de la France. Mieux que personne, il connaît la pensée de Charles de Gaulle. Le 15 juin 1969, avec 58,21 % des suffrages, il est élu président de la République. Il a cinquante-huit ans.

Son programme se résume en une phrase qui frappe l'opinion: il veut le « changement dans la continuité ». Cela veut dire qu'il n'hésitera pas à prendre des mesures audacieuses pour moderniser la France mais qu'il veillera en même temps à ce que l'on ne s'écarte pas des idées du général de Gaulle. Il reprend deux de celles-ci, les principales à ses yeux: il faut assurer plus de pouvoir aux régions (la régionalisation) et une place plus grande aux salariés dans l'entreprise (la participation). Il ne suit pas cependant jusqu'au bout son Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, lorsque celui-ci propose une « nouvelle société ». D'emblée, Pompidou engage notre pays dans une politique d'industrialisation. Il accélère la modernisation des transports. C'est sous son septennat que roule le premier métro à grande vitesse (RER), que vole le premier avion supersonique transporteur de passagers (Concorde), qu'est lancé, en collaboration avec plusieurs pays européens, le programme des avions Airbus. La France commence à se couvrir d'autoroutes, tandis que sont engagés les projets qui aboutiront au TGV (train à grande vitesse) et à la fusée Ariane, lanceur de satellites. Comme le pétrole se paie en dollars, la France a définitivement choisi le nucléaire : grâce à des centrales atomiques qui commencent à porter leurs fruits dans les années 1970, nous produisons nous-mêmes toute notre électricité et même nous en exportons.

Entre 1960 et 1970, notre agriculture a doublé sa production.

Grâce à elle - mais aussi grâce à l'automobile -la France devient le quatrième pays exportateur du monde. Le 9 novembre 1970, une nouvelle frappe la France de plein fouet: Charles de Gaulle vient de mourir à Colombey-les-Deux-Églises. Les télévisions, les radios, les journaux expriment le chagrin d'un peuple tout entier. Ce jour-là les journaux invitent les Parisiens à défiler de la Concorde à l'Arc de Triomphe pour exprimer un dernier hommage à de Gaulle. La nuit était tombée. Il pleuvait mais personne ne semblait y prendre garde. Hommes, femmes, enfants avaient envahi les trottoirs et avançaient d'un mouvement si lent qu'on pouvait le croire immobile. De Gaulle a tenu à être enterré dans l'intimité, chez lui, à Colombey-les-Deux-Églises, mais une messe solennelle a été célébrée, le 12 novembre 1970 à 11 heures du matin, à Notre Dame. Point d'obsèques nationales: de Gaulle l'a interdit. Tout ce qui compte sur la planète se serre dans la nef autour du président de la République et de Mme Georges Pompidou. Voici Richard Nixon, président des États-Unis, et le président communiste de la République polonaise, voici l'empereur d'Iran et l'Israélien Ben Gourion. Au-delà de ces voûtes où ont été exaltées toutes les gloires de la France, cent millions de téléspectateurs reçoivent l'impression d'une grandeur si rare que même les plus hostiles à de Gaulle la ressentiront.

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Lorsque la bombe d'Hiroshima explose, anéantissant une ville entière et causant la mort de 80 000 personnes, ma mère a 20 ans.

La France est de nouveau en paix, mais tant de villes sont détruites, tant d'industries anéanties, tant de voies ferrées, tant de ponts, tant de routes hors d'usage! Sa reconstruction va nécessiter de nous tous un gigantesque effort. 

Le général de Gaulle est convaincu que notre défaite de 1940 a été due en grande partie à l'impuissance de nos gouverne­ments, trop souvent renversés par des députés ou des sénateurs qu'entraînaient des passions déraisonnables. Il souhaite que la France se donne une Constitution qui assure au gouvernement la certitude de durer. Quand il comprend que les Français refusent de l'entendre et qu'ils vont voter - les femmes aussi, car elles ont enfin le droit de vote - la Constitution de 1946 qui crée la IVe République mais accroît les risques d'instabilité, le général de Gaulle démissionne et se retire dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Églises.

Comme il l'a prévu, la IVe République va connaître un grand nombre de gouvernements, renversés les uns après les autres. Les étrangers y trouvent le sujet de nombreuses plaisanteries dont les Français sont malheureusement la cible.

Ce que vous devez comprendre, c'est que, malgré cela, notre pays se relève et se reconstruit. La France, avant 1939, vivait encore souvent comme au 19ème siècle. Elle s'avance maintenant hardiment vers le 21ème siècle. Nos industries utilisent les tech­niques les plus modernes. On livre et on gagne la grande bataille de l'énergie. Avec d'autres, le barrage de Donzère-Mondragon sur le Rhône procure de considérables quantités d'électricité qui permettent notamment d'électrifier les chemins de fer. Nos locomotives battent les records du monde de vitesse. Les raffi­neries de Fos et du Havre mettent à notre disposition le pétrole dont nous avons de plus en plus besoin. Une industrie nouvelle, celle du plastique (tiré du pétrole), change toute notre vie quo­tidienne. La France se couvre de lignes aériennes et dispose d'un avion, la Caravelle, que l'on nous envie. La compagnie Air France relie Paris à tous les pays du monde. On produit de grandes quantités de petites voitures qui mettent l'automobile à la portée d'un nombre plus important de Français.

La vie quotidienne des familles est profondément modifiée par la généralisation des accessoires ménagers : réfrigérateur, lave-vaisselle, lave-linge, etc. La télévision connaît un gigantesque essor. C'est également sous la IVe République que des hommes comme Robert Schuman et Jean Monnet créent une Communauté économique européenne qui associe plusieurs pays, y compris l'Allemagne et l'Italie, nos anciens ennemis.

De tels résultats, nous devons toujours en être reconnaissants à la IVe République. Son œuvre de redressement économique est considérable. Malheureusement, elle se révèle incapable de résoudre les graves problèmes que pose le désir d'indépendance des Indochinois et des peuples d'Afrique du Nord. Une longue guerre en Indochine (1946-1954) aboutit à notre éviction de cette ancienne colonie. Sagement, nous accordons leur indépen­dance aux Tunisiens et aux Marocains. Mais une rébellion éclate en 1954 en Algérie.

En mai 1958, cette guerre dure toujours, sans qu'aucune solu­tion ne soit en vue. Les Français rappellent alors le général de Gaulle, en qui ils admirent leur plus grand homme vivant.

De Gaulle crée la Vème République, avec une Constitution qui assure enfin la stabilité des gouvernements et un équilibre réel entre le président de la République - bientôt élu au suffrage universel - et les deux chambres : Assemblée nationale et Sénat. Sous le gouvernement du général de Gaulle, avec des premiers ministres tels que Michel Debré et Georges Pompidou, la France connaît une nouvelle et remarquable expansion économique. Le franc redevient une monnaie forte. Une importante industrie ato­mique s'implante chez nous et la première bombe atomique fran­çaise explose (1960). Le problème algérien, qui a profondément divisé les Français et conduit certains à conspirer contre de Gaulle, est réglé en 1962: l'Algérie devient un État indépendant. Malgré le retour douloureux d'un million de Français d'Algérie - ­les pieds-noirs -les passions s'apaisent. L'indépendance est accor­dée à nos colonies d'Afrique qui presque toutes restent nos amies.

Le prestige du général de Gaulle est grand dans le monde.

Cependant, en mai 1968, des étudiants provoquent un vaste mouvement de protestation auquel s'associent la majorité des ouvriers et des salariés. Une longue grève paralyse le pays. Le général de Gaulle en triomphe une fois de plus et gagne les élec­tions qui suivent. Vous saurez plus tard que les Français ne sont pas toujours logiques avec eux-mêmes. En 1969, de Gaulle les invite à s'ex­primer par un vote direct sur ses projets politiques: il procède à un référendum. Le général a annoncé qu'il se retirerait si les Français répondaient négativement. Le 28 avril, constatant son échec, Charles de Gaulle quitte l'Élysée et regagne Colombey-­les-Deux-Églises où il s'enferme dans le silence.

 

Rien de plus difficile que de succéder à un personnage entré dans 1 'histoire de son vivant.

Les Français savent depuis longtemps que l'héritier sera Georges Pompidou. Ce professeur de lettres - fils d'instituteur et d'origine auvergnate - a rejoint le cabinet du général en 1944. Il a travaillé de nombreuses années auprès de lui. En tant que Premier ministre, il s'est trouvé mêlé à tous les événements de la politique intérieure et étrangère de la France. Mieux que per­sonne, il connaît la pensée de Charles de Gaulle. Le 15 juin 1969, avec 58,21 % des suffrages, il est élu président de la République. Il a cinquante-huit ans.

Son programme se résume en une phrase qui frappe l'opinion: il veut le « changement dans la continuité ». Cela veut dire qu'il n'hésitera pas à prendre des mesures audacieuses pour moderni­ser la France mais qu'il veillera en même temps à ce que l'on ne s'écarte pas des idées du général de Gaulle. Il reprend deux de celles-ci, les principales à ses yeux: il faut assurer plus de pouvoir aux régions (la régionalisation) et une place plus grande aux sala­riés dans l'entreprise (la participation). Il ne suit pas cependant jusqu'au bout son Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, lorsque celui-ci propose une « nouvelle société ».

D'emblée, Pompidou engage notre pays dans une politique d'industrialisation. Il accélère la modernisation des transports. C'est sous son septennat que roule le premier métro à grande vitesse (RER), que vole le premier avion supersonique trans­porteur de passagers (Concorde), qu'est lancé, en collaboration avec plusieurs pays européens, le programme des avions Airbus. La France commence à se couvrir d'autoroutes, tandis que sont engagés les projets qui aboutiront au TGV (train à grande vitesse) et à la fusée Ariane, lanceur de satellites. Comme le pétrole se paie en dollars, la France a définitivement choisi le nucléaire : grâce à des centrales atomiques qui commencent à porter leurs fruits dans les années 1970, nous produisons nous­-mêmes toute notre électricité et même nous en exportons.

Entre 1960 et 1970, notre agriculture a doublé sa production.

Grâce à elle - mais aussi grâce à l'automobile -la France devient le quatrième pays exportateur du monde.

 

Le 9 novembre 1970, une nouvelle frappe la France de plein fouet: Charles de Gaulle vient de mourir à Colombey-les-Deux-­Églises. Les télévisions, les radios, les journaux expriment le chagrin d'un peuple tout entier.

 

 Ce jour-là les journaux invitent les Parisiens à défiler de la Concorde à l'Arc de Triomphe pour exprimer un dernier hommage à de Gaulle. La nuit était tombée. Il pleuvait mais personne ne semblait y prendre garde. Hommes, femmes, enfants avaient envahi les trottoirs et avançaient d'un mouvement si lent qu'on pouvait le croire immobile. 

 

 

De Gaulle a tenu à être enterré dans l'intimité, chez lui, à Colombey-les-Deux-Églises, mais une messe solennelle a été célébrée, le 12 novembre 1970 à 11 heures du matin, à Notre Dame. Point d'obsèques nationales: de Gaulle l'a interdit. Tout ce qui compte sur la planète se serre dans la nef autour du président de la République et de Mme Georges Pompidou. Voici Richard Nixon, président des États-Unis, et le président communiste de la République polonaise, voici l'empereur d'Iran et l'Israélien Ben Gourion. Au-delà de ces voûtes où ont été exaltées toutes les gloires de la France, cent millions de télé­spectateurs reçoivent l'impression d'une grandeur si rare que même les plus hostiles à de Gaulle la ressentiront.