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l'histoire de France, Deux saints pour la France

Deux saints pour la France

Louis, petit-fils de Philippe Auguste, fils de Louis VIII, devient à douze ans Louis IX (1226). Sa mère, Blanche de Castille, qui gouverne le royaume en attendant que Louis soit en âge d'en prendre la charge, se montre dotée d'une volonté, d'une ténacité, d'une force de caractère qui font trembler la cour entière. Elle aime son fils passionnément, mais elle estime qu'il ne faut pas faire de lui une poule mouillée. En tout elle exige qu'il soit le premier : le meilleur cavalier, le meilleur escrimeur, le meilleur nageur, le meilleur chasseur. Ses professeurs ne lui ont laissé aucun répit et il a tiré de leurs leçons plus de profit que tout autre enfant de son âge.

Blanche a exigé que dans ce programme, Dieu ait toujours la première place. L'enfant-roi assiste chaque jour à la messe et à quantité d'offices. Louis se sent particulièrement proche de Dieu. Il ne supporte pas que des gens puissent être si pauvres qu'ils ne mangent pas à leur faim. Dès qu'il en rencontre, il leur donne le peu d'argent que sa mère lui laisse. Il a horreur des gros mots ; il tient aussi cela de sa mère.

Alors, un enfant parfait, un apprenti saint déjà ? Presque.

Les grands seigneurs dont Philippe Auguste avait rogné les griffes ont pris déjà leur élan, prêts à bondir, en fauves qu'ils restent, sur un royaume confié à une femme et à un enfant. Ils ont été vite remis à leur place par l'intraitable Blanche qui leur a fait plier l'échine. Excellente occasion pour Louis d'apprendre qu'un roi doit savoir se méfier et être toujours prêt à enfourcher sa monture pour conduire son armée au combat. Au palais de la Cité à Paris, Louis, couronne sur la tête, est assis sur son trône. Assise à ses côtés, somptueusement habillé, c'est Margueritte, fille du comte de Provence. Louis IX l'a épousée en 1234 quand il avait vingt ans. Elle en avait quatorze.

Maintenant, Louis est vraiment roi. Mais sa mère conduit toujours avec autant de fermeté les affaires du royaume. C'est avec elle que le roi travaille chaque jour pendant de longues heures. Blanche traite ce roi adulte comme un enfant. Elle se montre d'une telle exigence que Louis n'a même pas le droit, au cours de la journée, de la quitter pour rejoindre sa jeune femme qu'il aime pourtant de tout son cœur. Mais les affaires du royaume doivent passer avant tout.

Sous Louis IX, la France est riche. Le roi lui a donné une monnaie solide, l'écu d'or. La paix favorise le commerce. Les villes devenues florissantes s'agrandissent, Paris atteint 200 000 habitants et le royaume compte 15 millions de Français. Louis IX, debout à la proue de son navire, découvre devant lui, le 4 juin 1249, les côtes de l'Egypte. Avec ses 35 000 croisés, dont 2 500 chevaliers, son but est de vaincre les Egyptiens et marcher sur Jérusalem pour délivrer le tombeau du Christ de nouveau aux mains des Infidèles. Hélas, son armée va être décimée par le scorbut et la dysenterie, maladies contre lesquelles on ne pouvait pas lutter. Les Egyptiens capturent le roi et 12 000 hommes, tout ce qui subsiste des 35 000 croisés. Louis doit payer une énorme rançon : 400 000 écus. Quand il est libéré, il conduit son armée en Terre sainte où il s'installe tout en ne cessant de guerroyer. L'aventure ne dure pas moins de quatre ans. Quand Louis apprend la mort de Blanche de Castille, alors seulement il décide de rentrer en France.

Allongé sur son lit, Louis IX, les mains jointes sur la poitrine, agonise.

Il ne s'est jamais remis de son échec égyptien. Dès son retour à Paris il n'a plus songé qu'à repartir. En l'an 1270, il cingle vers la Tunisie, dont il veut faire le port d'attache d'une nouvelle expédition vers la Terre sainte. Tout comme en Egypte, la maladie fond sur son armée à peine débarquée : la peste, si justement redoutée par tous les gens de ce temps.

Louis est frappé à son tour.

Le 25 août il expire. Son corps est rapporté en France.

Le roi de fer Quand Philippe IV, fils de Philippe III le Hardi, petit-fils de Saint-Louis, monte sur le trône de France en 1285, il est âgé de dix-huit ans. Il est grand, il est blond, il est beau : cette beauté le fera surnommer Philippe le Bel. Il va devenir l'un des plus grands rois de France. Avec une obstination, un entêtement, un orgueil également remarquables, le roi poursuit son grand dessein : renforcer le pouvoir royal.

Tout plie devant la volonté de Philippe. Par mariages, héritages, traités, le domaine royal finit par couvrir 59 départements actuels, sur lesquels 39 baillis et sénéchaux exercent au nom du roi un pouvoir que nul n'ose plus discuter. Désormais, tout Français qui croit avoir à se plaindre d'un jugement prononcé par les seigneurs peut faire appel aux représentants du roi et, au parlement royal qui siège au palais de la Cité. La chambre des comptes est chargée d'examiner les recettes et les dépenses du royaume. Cinq cents personnes, appelées officiers royaux, entourent le roi pour former l'administration de la France. A Paris, on peut compter plus de cent professions remarquablement organisées : les métiers ou corporations. Des milliers de jeunes gens étudient sur la rive gauche, à l'université, dans l'une des quatre facultés (droit, médecine, théologie, arts libéraux) : c'est le quartier Latin, ainsi appelé parce que l'enseignement y est donné en latin. Si l'on traverse la Champagne, on découvre des foires gigantesques qui attirent des foules immenses. Le problème est que, pour administrer ce royaume, il faut de l'argent, de plus en plus d'argent. Philippe doit sans cesse décréter de nouveau impôts. Il s'empare sans vergogne des biens des Juifs et des Lombards (banquiers venus d'Italie). Philippe osera-t-il taxer le clergé ? Le pape Boniface VIII qui redoute cette éventualité prend les devants. Il interdit de soumettre tout prêtre à l'impôt. La colère du roi monte. Il a conscience de sa puissance et ne tolère plus aucune opposition, aucun obstacle. Il expédie, à la tête d'une force armée imposante, son conseiller le terrible Nozaret en Italie, où réside le Saint-Père. Une bande de soldats furieux envahit le palais de Boniface, on brutalise le vieillard, on le jette en prison. L'infortuné pape en mourra peu après. Mais Philippe parviendra à faire élire un pontife prêt à lui obéir. Désormais les papes seront français et résideront en Avignon. Décidément, Philippe le Bel gagne sur tous les terrains.

Il lui reste une dernière force à abattre : les Templiers. Ces moines-soldats ont quitté la Terre sainte depuis que celle-ci est perdue. Ils ont installé dans l'Europe entière leurs commanderies : des forteresses inexpugnables où les nobles et les bourgeois ont pris l'habitude de déposer leur fortune. Les templiers se sont peu à peu changés en banquiers. Le nombre et la dispersion de leurs commanderies facilitent les transferts d'argent. Désormais, quand on dépose une somme chez les Templiers de Paris, par exemple, on emporte un reçu. Si on présente ce reçu aux templiers de Marseille, on récupère la somme sans avoir à la transporter avec soi : les Templiers ont inventé le chèque bancaire. Ces Templiers représentent une telle force que Philippe le Bel renonce à s'attaquer à elles. Après plusieurs hésitations, il se décide enfin. Les forces royales attaques le 13 octobre 1307 toutes les commanderies du royaume, arrêtent les Templiers et les jettent en prison.

Accusés de crimes parfaitement imaginaires, les moines-soldats subissent d'affreuses tortures et finissent par « avouer ». Un grand nombre sont brûlé vifs. L'or des Templiers ? Philippe le Bel s'en approprie la plus grande part. Etrange « roi de fer ». Le petit-fils de Saint-Louis nous apparaît très exactement comme le contraire de son grand-père. Il mourra entouré de haine tenace.

Cent ans de guerres Le 26 août 1346, au bas des pentes de Crécy l'armée du roi anglais Edouard III, rangée en bon ordre et solidement retranchée, attend l'armée française du roi Philippe VI. Celle-ci est forte de 50 000 hommes et logiquement, elle devrait écraser les Anglais en bien plus petit nombre.

Philippe VI de France contre Edouard III d'Angleterre: vous vous demandez ce que veut dire cet affrontement. En fait, il n'est pas surprenant pour les gens de l'époque familiers des guerres de succession et d'héritage. Cependant, le dernier roi de France Louis X est mort sans héritier, ses deux frères Philippe V et Charles IV vont régner et mourront aussi sans héritiers mâles. Les barons français se sont donc trouvés face à deux candidatures: celle de Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel, et celle d'Edouard d'Angleterre, petit-fils du même souverain. Les droits d'Edouard, descendant direct du « roi de fer », semblent primer sur ceux d'un simple neveu, mais les barons choisissent tout de même de proclamer roi Philippe de Valois, Edouard III, furieux, refuse de s'incliner et adresse un défi à Philippe de Valois qui se dit roi de France. La guerre qui va alors s'engager, avec des alternances de combats et de trêves, va durer 138 ans. On l'appelle la guerre de Cent Ans. C'est à Crécy qu'elle commence vraiment, Philippe VI a donné comme instruction à ses chevaliers d'attendre ses ordres pour attaquer. Mais dès que les seigneurs qui chevauchent l'avant-garde aperçoivent les Anglais, c'est pour eux comme un coup de sang. Philippe VI lui-même, en les voyant, perd la tête; sa haine prend le dessus. Les chevaliers enfermés dans les armures qui les alourdissent, chargent, Hélas, toutes les attaquent vont se briser contre de véritables murailles de flèches meurtrières. Les arbalétriers du camp français sont littéralement dominés par les archers anglais. Et voici que retentit un fracas inconnu, semblable au tonnerre: les Anglais viennent de mettre en batterie les premiers canons que l'on ait utilisés en Occident. Parmi les Français, l'épouvante est telle qu'elle entraîne le chaos. Mille cinq cents chevaliers et plusieurs milliers de gens à pied vont périr.

Telle fut la première grande bataille de la guerre de Cent Ans. Une bataille perdue, comme le seront celles de Poitiers et d'Azincourt. Le royaume de France ira désormais de catastrophe en catastrophe.

Pour comble, une effroyable épidémie fond sur l'Europe: la peste noire, Elle est propagée par les rats. Quand une puce pique un rat pesteux et s'en prend ensuite à un être humain, celui-ci meurt dans les trois jours. A la Toussaint de 1347, la peste touche Marseille. Au début de 1348, elle ravage le Languedoc, remonte la vallée du Rhône, atteint la Bourgogne, puis Paris, l'Ile-de-France, la Normandie, la Bretagne, les provinces du Nord et de l'Est. La peste noire a tué en Europe entre le quart et la moitié des habitants: 25 millions. En France, certaines régions voient disparaître jusqu'aux deux tiers de la population. Pourtant, la guerre avec les Anglais reprend. A la bataille de Poitiers, le roi Jean II le Bon est fait prisonnier par les Anglais. Son fils Charles qui gouverne en son absence lève de nouveaux impôts pour payer la rançon de son père. Par le traité de Brétigny, Jean le Bon doit livrer le tiers du royaume aux Anglais. Cependant, Charles refuse d'accepter ce traité. Il confie la réorganisation de l'armée à un noble breton: Du Guesclin. Celui-ci reconquiert presque tous les territoires perdus. Le pays respire et retrouve peu à peu sa prospérité. Paris redevient la plus belle ville d'Europe. La France va-t-elle triompher définitivement de l'Angleterre? Non. Trop de luttes d'influence entre héritiers pour obtenir le pouvoir divisent et affaiblissent la France. Charles VII, un roi sans capitale, sans pouvoir et quasiment sans ressources donc sans espoir dirige ce qui reste de la France, depuis Bourges dont il se contente pour capitale.

La sainte de Lorraine Pour Charles, à cette époque, tout va de plus en plus mal. Les Anglais menacent Orléans. Le petit roi, comme le surnomment ses ennemis, songe même à se réfugier à Grenoble. En Lorraine, Robert de Baudricourt, le capitaine de la cité fortifiée de Vaucouleurs où vit le roi, a reçu deux fois la visite d'une jeune fille nommée Jeanne, habitant Domrémy. Celle-ci lui raconte qu'une voix s'était manifestée à elle, qui lui avait dit que « Dieu avait grande pitié du royaume de France » et qu'il fallait qu'elle rejoigne le roi pour l'aider à reconquérir son trône. L'incrédule Baudricourt a fini par donner libre cours à son émotion et à se laisser convaincre de faire venir la fille auprès du roi. Baudricourt désigne donc une escorte pour l'accompagner jusqu'à Chinon, Dans la grande salle du château, Charles attend cette inconnue. La voilà, portant un justaucorps noir, les cheveux courts, taillés en rond à la hauteur des tempes. Elle s'avance d'un pas assuré droit vers le roi, lui fait la révérence et de sa voix claire lui lance: « Dieu vous donne longue vie, gentil Dauphin! Je te le dis de la part de Dieu, tu es le vrai héritier de France et fils de roi; et il m'a envoyé à toi pour te conduire à Reims et que tu reçoives ton couronnement et ta consécration, si tu le veux. » Le roi tressaille! Sa mère, Isabeau de Bavière, n'a cessé de répéter qu'il n'était pas le fils de Charles VI. Elle l'a publiquement dénoncé comme bâtard. Un bâtard n'a pas le droit d'accéder au trône de France. Et voilà que cette Jeanne vient d'effacer ce doute affreux. Charles prend la jeune fille par le bras et cause un long moment à l'écart avec elle, Après quoi, Charles confiera que Jeanne lui avait parlé d' »un certain secret » connu de lui seul et qui donc ne pouvait venir que de Dieu. Bientôt le roi lui confie les soldats qu'elle réclame. Des chefs de guerre reconnus se mettent à ses ordres. A la tête de sept à huit mille hommes d'armes, elle marche sur Orléans toujours assiégé par les Anglais. Elle mène elle-même l'attaque, est blessée par une flèche qui lui traverse l'épaule. On la soigne, elle repart. Il ne lui faut que huit jours. Huit jours, et les Anglais lèveront le siège!

Voici réalisée la prophétie de Jeanne: Orléans est délivrée le 8 mai 1429. Elle nettoie le pays de Loire, bat les Anglais à Patay, ouvre à Charles VII la route de Reims.

Comme elle l'a encore prédit, elle est aux côtés du roi dans la cathédrale quand l'archevêque peut enfin poser la couronne sur la tête de celui-ci. Charles, devenu le seul vrai roi de France, reprend de l'assurance. Il se sent sûr de l'emporter par la négociation. Jeanne ne l'entend pas ainsi: c'est tout de suite qu'elle veut bouter les Anglais hors de France. Avec de nouvelles troupes, peu nombreuses, elle tente de prendre Paris, est blessée, échoue. Elle décide de délivrer Compiègne, se lance contre les Bourguignons de Jean de Luxembourg. Tout à coup elle se voit cernée, tirée à terre par un archer. Jeanne est prisonnière.

Elle ne sortira plus de prison, sera livrée aux Anglais, conduite à Rouen, jugée et condamnée à être brûlée vive le 30 mai 1431.

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Deux saints pour la France Two saints for France

Louis, petit-fils de Philippe Auguste, fils de Louis VIII, devient à douze ans Louis IX (1226). Sa mère, Blanche de Castille, qui gouverne le royaume en attendant que Louis soit en âge d'en prendre la charge, se montre dotée d'une volonté, d'une ténacité, d'une force de caractère qui font trembler la cour entière. Elle aime son fils passionnément, mais elle estime qu'il ne faut pas faire de lui une poule mouillée. En tout elle exige qu'il soit le premier : le meilleur cavalier, le meilleur escrimeur, le meilleur nageur, le meilleur chasseur. Ses professeurs ne lui ont laissé aucun répit et il a tiré de leurs leçons plus de profit que tout autre enfant de son âge.

Blanche a exigé que dans ce programme, Dieu ait toujours la première place. L'enfant-roi assiste chaque jour à la messe et à quantité d'offices. Louis se sent particulièrement proche de Dieu. Il ne supporte pas que des gens puissent être si pauvres qu'ils ne mangent pas à leur faim. Dès qu'il en rencontre, il leur donne le peu d'argent que sa mère lui laisse. Il a horreur des gros mots ; il tient aussi cela de sa mère.

Alors, un enfant parfait, un apprenti saint déjà ? Presque.

Les grands seigneurs dont Philippe Auguste avait rogné les griffes ont pris déjà leur élan, prêts à bondir, en fauves qu'ils restent, sur un royaume confié à une femme et à un enfant. Ils ont été vite remis à leur place par l'intraitable Blanche qui leur a fait plier l'échine. Excellente occasion pour Louis d'apprendre qu'un roi doit savoir se méfier et être toujours prêt à enfourcher sa monture pour conduire son armée au combat. Au palais de la Cité à Paris, Louis, couronne sur la tête, est assis sur son trône. Assise à ses côtés, somptueusement habillé, c'est Margueritte, fille du comte de Provence. Louis IX l'a épousée en 1234 quand il avait vingt ans. Elle en avait quatorze.

Maintenant, Louis est vraiment roi. Mais sa mère conduit toujours avec autant de fermeté les affaires du royaume. C'est avec elle que le roi travaille chaque jour pendant de longues heures. Blanche traite ce roi adulte comme un enfant. Elle se montre d'une telle exigence que Louis n'a même pas le droit, au cours de la journée, de la quitter pour rejoindre sa jeune femme qu'il aime pourtant de tout son cœur. Mais les affaires du royaume doivent passer avant tout.

Sous Louis IX, la France est riche. Le roi lui a donné une monnaie solide, l'écu d'or. La paix favorise le commerce. Les villes devenues florissantes s'agrandissent, Paris atteint 200 000 habitants et le royaume compte 15 millions de Français. Louis IX, debout à la proue de son navire, découvre devant lui, le 4 juin 1249, les côtes de l'Egypte. Avec ses 35 000 croisés, dont 2 500 chevaliers, son but est de vaincre les Egyptiens et marcher sur Jérusalem pour délivrer le tombeau du Christ de nouveau aux mains des Infidèles. Hélas, son armée va être décimée par le scorbut et la dysenterie, maladies contre lesquelles on ne pouvait pas lutter. Les Egyptiens capturent le roi et 12 000 hommes, tout ce qui subsiste des 35 000 croisés. Louis doit payer une énorme rançon : 400 000 écus. Quand il est libéré, il conduit son armée en Terre sainte où il s'installe tout en ne cessant de guerroyer. L'aventure ne dure pas moins de quatre ans. Quand Louis apprend la mort de Blanche de Castille, alors seulement il décide de rentrer en France.

Allongé sur son lit, Louis IX, les mains jointes sur la poitrine, agonise.

Il ne s'est jamais remis de son échec égyptien. Dès son retour à Paris il n'a plus songé qu'à repartir. En l'an 1270, il cingle vers la Tunisie, dont il veut faire le port d'attache d'une nouvelle expédition vers la Terre sainte. Tout comme en Egypte, la maladie fond sur son armée à peine débarquée : la peste, si justement redoutée par tous les gens de ce temps.

Louis est frappé à son tour.

Le 25 août il expire. Son corps est rapporté en France.

Le roi de fer Quand Philippe IV, fils de Philippe III le Hardi, petit-fils de Saint-Louis, monte sur le trône de France en 1285, il est âgé de dix-huit ans. Il est grand, il est blond, il est beau : cette beauté le fera surnommer Philippe le Bel. Il va devenir l'un des plus grands rois de France. Avec une obstination, un entêtement, un orgueil également remarquables, le roi poursuit son grand dessein : renforcer le pouvoir royal.

Tout plie devant la volonté de Philippe. Par mariages, héritages, traités, le domaine royal finit par couvrir 59 départements actuels, sur lesquels 39 baillis et sénéchaux exercent au nom du roi un pouvoir que nul n'ose plus discuter. Désormais, tout Français qui croit avoir à se plaindre d'un jugement prononcé par les seigneurs peut faire appel aux représentants du roi et,  au parlement royal qui siège au palais de la Cité. La chambre des comptes est chargée d'examiner les recettes et les dépenses du royaume. Cinq cents personnes, appelées officiers royaux, entourent le roi pour former l'administration de la France. A Paris, on peut compter plus de cent professions remarquablement organisées : les métiers ou corporations. Des milliers de jeunes gens étudient sur la rive gauche, à l'université, dans l'une des quatre facultés (droit, médecine, théologie, arts libéraux) : c'est le quartier Latin, ainsi appelé parce que l'enseignement y est donné en latin. Si l'on traverse la Champagne, on découvre des foires gigantesques qui attirent des foules immenses. Le problème est que, pour administrer ce royaume, il faut de l'argent, de plus en plus d'argent. Philippe doit sans cesse décréter de nouveau impôts. Il s'empare sans vergogne des biens des Juifs et des Lombards (banquiers venus d'Italie). Philippe osera-t-il taxer le clergé ? Le pape Boniface VIII qui redoute cette éventualité prend les devants. Il interdit de soumettre tout prêtre à l'impôt. La colère du roi monte. Il a conscience de sa puissance et ne tolère plus aucune opposition, aucun obstacle. Il expédie, à la tête d'une force armée imposante, son conseiller le terrible Nozaret en Italie, où réside le Saint-Père. Une bande de soldats furieux envahit le palais de Boniface, on brutalise le vieillard, on le jette en prison. L'infortuné pape en mourra peu après. Mais Philippe parviendra à faire élire un pontife prêt à lui obéir. Désormais les papes seront français et résideront en Avignon. Décidément, Philippe le Bel gagne sur tous les terrains.

Il lui reste une dernière force à abattre : les Templiers. Ces moines-soldats ont quitté la Terre sainte depuis que celle-ci est perdue. Ils ont installé dans l'Europe entière leurs commanderies : des forteresses inexpugnables où les nobles et les bourgeois ont pris l'habitude de déposer leur fortune. Les templiers se sont peu à peu changés en banquiers. Le nombre et la dispersion de leurs commanderies facilitent les transferts d'argent. Désormais, quand on dépose une somme chez les Templiers de Paris, par exemple, on emporte un reçu. Si on présente ce reçu aux templiers de Marseille, on récupère la somme sans avoir à la transporter avec soi : les Templiers ont inventé le chèque bancaire. Ces Templiers représentent une telle force que Philippe le Bel renonce à s'attaquer à elles. Après plusieurs hésitations, il se décide enfin. Les forces royales attaques le 13 octobre 1307 toutes les commanderies du royaume, arrêtent les Templiers et les jettent en prison.

Accusés de crimes parfaitement imaginaires, les moines-soldats subissent d'affreuses tortures et finissent par « avouer ». Un grand nombre sont brûlé vifs. L'or des Templiers ? Philippe le Bel s'en approprie la plus grande part. Etrange « roi de fer ». Le petit-fils de Saint-Louis nous apparaît très exactement comme le contraire de son grand-père. Il mourra entouré de haine tenace.

Cent ans de guerres Le 26 août 1346, au bas des pentes de Crécy l'armée du roi anglais Edouard III, rangée en bon ordre et solidement retranchée, attend l'armée française du roi Philippe VI. Celle-ci est forte de 50 000 hommes et logiquement, elle devrait écraser les Anglais en bien plus petit nombre.

Philippe VI de France contre Edouard III d'Angleterre: vous vous demandez ce que veut dire cet affrontement. En fait, il n'est pas surprenant pour les gens de l'époque familiers des guerres de succession et d'héritage. Cependant, le dernier roi de France Louis X est mort sans héritier, ses deux frères Philippe V et Charles IV vont régner et mourront aussi sans héritiers mâles. Les barons français se sont donc trouvés face à deux candidatures: celle de Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel, et celle d'Edouard d'Angleterre, petit-fils du même souverain. Les droits d'Edouard, descendant direct du « roi de fer », semblent primer sur ceux d'un simple neveu, mais les barons choisissent tout de même de proclamer roi Philippe de Valois, Edouard III, furieux, refuse de s'incliner et adresse un défi à Philippe de Valois qui se dit roi de France. La guerre qui va alors s'engager, avec des alternances de combats et de trêves, va durer 138 ans. On l'appelle la guerre de Cent Ans. C'est à Crécy qu'elle commence vraiment, Philippe VI a donné comme instruction à ses chevaliers d'attendre ses ordres pour attaquer. Mais dès que les seigneurs qui chevauchent l'avant-garde aperçoivent les Anglais, c'est pour eux comme un coup de sang. Philippe VI lui-même, en les voyant, perd la tête; sa haine prend le dessus. Les chevaliers enfermés dans les armures qui les alourdissent, chargent, Hélas, toutes les attaquent vont se briser contre de véritables murailles de flèches meurtrières. Les arbalétriers du camp français sont littéralement dominés par les archers anglais. Et voici que retentit un fracas inconnu, semblable au tonnerre: les Anglais viennent de mettre en batterie les premiers canons que l'on ait utilisés en Occident. Parmi les Français, l'épouvante est telle qu'elle entraîne le chaos. Mille cinq cents chevaliers et plusieurs milliers de gens à pied vont périr.

Telle fut la première grande bataille de la guerre de Cent Ans. Une bataille perdue, comme le seront celles de Poitiers et d'Azincourt. Le royaume de France ira désormais de catastrophe en catastrophe.

Pour comble, une effroyable épidémie fond sur l'Europe: la peste noire, Elle est propagée par les rats. Quand une puce pique un rat pesteux et s'en prend ensuite à un être humain, celui-ci meurt dans les trois jours. A la Toussaint de 1347, la peste touche Marseille. Au début de 1348, elle ravage le Languedoc, remonte la vallée du Rhône, atteint la Bourgogne, puis Paris, l'Ile-de-France, la Normandie, la Bretagne, les provinces du Nord et de l'Est. La peste noire a tué en Europe entre le quart et la moitié des habitants: 25 millions. En France, certaines régions voient disparaître jusqu'aux deux tiers de la population. Pourtant, la guerre avec les Anglais reprend. A la bataille de Poitiers, le roi Jean II le Bon est fait prisonnier par les Anglais. Son fils Charles qui gouverne en son absence lève de nouveaux impôts pour payer la rançon de son père. Par le traité de Brétigny, Jean le Bon doit livrer le tiers du royaume aux Anglais. Cependant, Charles refuse d'accepter ce traité. Il confie la réorganisation de l'armée à un noble breton: Du Guesclin. Celui-ci reconquiert presque tous les territoires perdus. Le pays respire et retrouve peu à peu sa prospérité. Paris redevient la plus belle ville d'Europe. La France va-t-elle triompher définitivement de l'Angleterre? Non. Trop de luttes d'influence entre héritiers pour obtenir le pouvoir divisent et affaiblissent la France. Charles VII, un roi sans capitale, sans pouvoir et quasiment sans ressources donc sans espoir dirige ce qui reste de la France, depuis Bourges dont il se contente pour capitale.

La sainte de Lorraine Pour Charles, à cette époque, tout va de plus en plus mal. Les Anglais menacent Orléans. Le petit roi, comme le surnomment ses ennemis, songe même à se réfugier à Grenoble. En Lorraine, Robert de Baudricourt, le capitaine de la cité fortifiée de Vaucouleurs où vit le roi, a reçu deux fois la visite d'une jeune fille nommée Jeanne, habitant Domrémy. Celle-ci lui raconte qu'une voix s'était manifestée à elle, qui lui avait dit que «  Dieu avait grande pitié du royaume de France » et qu'il fallait qu'elle rejoigne le roi pour l'aider à reconquérir son trône. L'incrédule Baudricourt a fini par donner libre cours à son émotion et à se laisser convaincre de faire venir la fille auprès du roi. Baudricourt désigne donc une escorte pour l'accompagner jusqu'à Chinon, Dans la grande salle du château, Charles attend cette inconnue. La voilà, portant un justaucorps noir, les cheveux courts, taillés en rond à la hauteur des tempes. Elle s'avance d'un pas assuré droit vers le roi, lui fait la révérence et de sa voix claire lui lance: « Dieu vous donne longue vie, gentil Dauphin! Je te le dis de la part de Dieu, tu es le vrai héritier de France et fils de roi; et il m'a envoyé à toi pour te conduire à Reims et que tu reçoives ton couronnement et ta consécration, si tu le veux. » Le roi tressaille! Sa mère, Isabeau de Bavière, n'a cessé de répéter qu'il n'était pas le fils de Charles VI. Elle l'a publiquement dénoncé comme bâtard. Un bâtard n'a pas le droit d'accéder au trône de France. Et voilà que cette Jeanne vient d'effacer ce doute affreux. Charles prend la jeune fille par le bras et cause un long moment à l'écart avec elle, Après quoi, Charles confiera que Jeanne lui avait parlé d' »un certain secret » connu de lui seul et qui donc ne pouvait venir que de Dieu. Bientôt le roi lui confie les soldats qu'elle réclame. Des chefs de guerre reconnus se mettent à ses ordres. A la tête de sept à huit mille hommes d'armes, elle marche sur Orléans toujours assiégé par les Anglais. Elle mène elle-même l'attaque, est blessée par une flèche qui lui traverse l'épaule. On la soigne, elle repart. Il ne lui faut que huit jours. Huit jours, et les Anglais lèveront le siège!

Voici réalisée la prophétie de Jeanne: Orléans est délivrée le 8 mai 1429. Elle nettoie le pays de Loire, bat les Anglais à Patay, ouvre à Charles VII la route de Reims.

Comme elle l'a encore prédit, elle est aux côtés du roi dans la cathédrale quand l'archevêque peut enfin poser la couronne sur la tête de celui-ci. Charles, devenu le seul vrai roi de France, reprend de l'assurance. Il se sent sûr de l'emporter par la négociation. Jeanne ne l'entend pas ainsi: c'est tout de suite qu'elle veut bouter les Anglais hors de France. Avec de nouvelles troupes, peu nombreuses, elle tente de prendre Paris, est blessée, échoue. Elle décide de délivrer Compiègne, se lance contre les Bourguignons de Jean de Luxembourg. Tout à coup elle se voit cernée, tirée à terre par un archer. Jeanne est prisonnière.

Elle ne sortira plus de prison, sera livrée aux Anglais, conduite à Rouen, jugée et condamnée à être brûlée vive le 30 mai 1431.