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l'histoire de France, Mes ancêtres les Gaulois

Il y a 2 700 ans, des cavaliers galopent sur leurs chevaux domptés, brandissant leurs lances et leurs épées – de fer, cette fois, incontestable supériorité sur le bronze – et s'abritant derrière des boucliers de bois. Ils viennent du centre de l'Europe et rien ne les arrête. Sur leur passage, ils détruisent, ils incendient, ils massacrent. Rien ne les réjouit davantage que les corps à corps avec leurs ennemis. A ceux-ci, ils ne consentent aucune grâce : les prisonniers sont aussitôt décapités d'un coup d'épée. Qui sont ces sauvages ?

Et bien ce sont mes ancêtres : les Celtes. Les Romains préfèreront les appeler les gaulois, nom qui leur est resté. Leur intention est claire et le seul fait que les guerriers soient suivis de chariots où s'entassent leurs familles prouve qu'ils ne sont pas seulement de passage, mais entendent bien s'installer ici. La France est un pays où il fait bon vivre. On parlera à juste titre de la douce France.

Les Gaulois ne se le font pas dire deux fois.

Deux hommes vêtus de blanc, grimpés dans un chêne que l'hiver a dépouillé de ses feuilles, s'approchent d'une touffe de gui. L'un deux lève une serpe d'or et tranche la plante. Le gui tombe dans une étoffe blanche tenue par l'autre homme. Alors, un long cri de joie monte de la foule assemblée sous le chêne : le rite est accompli, les druides ont rendu grâce aux dieux.

Pour tous ceux qui vivent en Gaule, le chêne rouvre est l'arbre que les dieux aiment le plus. Si par bonheur ils aperçoivent une touffe de gui, ils pensent qu'elle arrive du ciel. C'est sûrement l'un des dieux gaulois qui l'a placée là. Ils ne sont pas moins de quatre cents, ces dieux, invisibles mais présents, surtout dans la forêt et partout où se trouve de l'eau. Seuls les druides ont le droit de couper le gui parce que les druides sont les prêtres des gaulois.

Entrons avec eux dans le village voisin. Les hommes portent des tuniques de couleurs bigarrées comme les kilts des Ecossais d'aujourd'hui. Les femmes sont vêtues de simples robes droites, blanches ou grises et serrées à la taille.

Partout s'élèvent des maisons rondes, construites en pierres sèches, en argile et surtout en bois. Elles sont couvertes d'un toit de chaume. Les ponts qui enjambent les rivières sont en bois et font, par l'audace de leur construction, l'admiration des voyageurs. Les fortifications qui entourent les villes et les villages sont en bois également. Le bois ne se conservant pas comme la pierre, nous n'avons gardé aucun témoignage de cette architecture gauloise. Dans ce village, les agriculteurs sont les plus nombreux et ils sont les meilleurs de leur temps. Ils ont imaginé la moissonneuse tirée par des bœufs, qui coupe les épis de blé et en charge automatiquement une voiture. Ils ont inventé la charrue avec soc en fer qui laboure en profondeur, les engrais qui doublent ou triplent le rendement du sol. Le tonneau pour conserver l'huile et le vin et tellement supérieur aux amphores romaines est encore une invention gauloise. Tout cela n'est pas rien. D'autres habitants sont allés ouvrir leurs boutiques. Le menuisier a retrouvé son établi et le forgeron sa forge. Le charcutier a repris ses préparations : têtes de porc, lard, saindoux et jambon fumé qui font la réputation de la cuisine gauloise.

Quelques enfants ont accompagné un druide dans sa demeure. Ils se sont assis en rond autour de lui. Et le druide s'est mis à parler. Il raconte. C'est sa fonction : raconter. Quand le druide a achevé son récit, il demande aux enfants de répéter très exactement ce qu'il a dit. Si l'un d'eux se trompe d'un seul mot, il doit recommencer. Cet exercice bien singulier, s'explique et se justifie. Pourquoi ? Tout simplement parce que les Gaulois n'écrivent pas .Ils n'ignorent pas vraiment l'écriture, puisqu'ils ont des rapports avec les Romains ou les grecs alors établis à Marseille. La vérité est que les Gaulois ne veulent pas écrire. La science appartient exclusivement aux druides qui n'acceptent de communiquer ce qu'ils ont appris qu'à quelques enfants sélectionnés parmi les familles nobles, c'est-à-dire celles qui possèdent la terre. Ce qu'ils leur enseignent tient en un précepte : honore les dieux, fuis le mal, pratique la bravoure. Les druides prédisent aussi l'avenir en lisant dans les astres. Ils rendent la justice et ils soignent les malades. Cela représente un pouvoir considérable. Mais ce que racontent le plus volontiers les druides, c'est l'histoire de leur peuple. Ce peuple n'est rien d'autre que celui venu si brutalement s'installer chez nous il y a 2 500 ans : les Celtes. Ces dieux que révèrent les Gaulois, ces lois qu'ils ont adoptées, cette hiérarchie qu'ils respectent leur ont été donnés par ces envahisseurs que nous avons désignés, non sans raison, comme des sauvages. Les celtes ont révélé dans la paix des qualités insoupçonnées. Ils ont justifié leur nom : Celte signifie homme supérieur.

C'est grâce à eux que la Gaule est devenue ce pays si techniquement avancé et si florissant. Un voyageur arrive de Rome et débarque à Marseille, ville fondée par les grecs en 600 avant Jésus-Christ. Que voit à Marseille ce voyageur ?

Une grande et belle ville étagée sur les hauteurs et qui domine la mer. Les maisons de bois entassées descendent jusqu'au port qui est alors l'un des plus vaste du monde. Mais Marseille n'est qu'une étape pour ce voyageur. En route ! Rien n'est plus facile que de circuler en Gaule. Partout les Gaulois y ont tracé un réseau de routes bien entretenues. Elles sont carrossables ; on passe les rivières sur des ponts de bois et les marais sur des chaussées de pierre. Au détour d'un chemin – souvent au bord d'une rivière – voici une grande maison isolée. Notre Romain l'appellera aedificium. Il en existe beaucoup en Gaule. Ce sont les résidences des nobles gaulois. Ils y vivent entourés de leurs hommes d'arme, de leurs serviteurs, chassant avec passion, surveillant la culture de leurs terres, l'élevage de leurs troupeaux. Ces nobles jouent un rôle politique important : ils élisent le chef de leur peuple. La Gaule à cette époque est divisée en un grand nombre de petits états indépendants que l'on appelle « cité ». Ces cités s'entendent d'ailleurs rarement entre elles. Les gaulois adorent se quereller. Pour un oui ou pour un non, ils se font la guerre. Pour le malheur de la Gaule.

L'ennui, c'est que trop d'étrangers regardent du côté de cette Gaule trop riche. Dès la fin du IIè siècle avant JC, les Romains ont occupé dans le sud du pays un vaste territoire qui va des Alpes aux Pyrénées, qui est la Provence actuelle.

Les Gaulois ne semblent pas s'être trop alarmés du fait de cette présence, à tort. C'est en revanche avec effroi qu'en l'an 58 avant JC, ils ont appris qu'une masse énorme d'Helvètes – les Suisses d'aujourd'hui – un peu las de leurs montagnes où il fallait tant peiner pour faire pousser de maigres récoltes, voulaient traverser la Gaule pour aller s'installer dans la riche Saintonge. On comprend qu'un tel projet n'ait pas été accueilli d'un bon œil par les Gaulois et en particulier par les Eduens, peuple qui était établi justement entre la Suisse et la Saintonge. Ils redoutaient les ravages qu'auraient causés à travers le pays le passage de 350 000 helvètes que l'on pressentait avides. Les Eduens, pour les tirer de ce mauvais pas, s'adressèrent à l'homme le plus puissant du monde de ce temps-là : Jules César ! Ce n'était pas une bonne idée. César accouru avec ses légions, écrasa les Helvètes, massacrant les deux tiers d'entre eux et contraignant les survivants à regagner leurs montagnes. Dès lors, au pays des Eduens, César est considéré comme chez lui. Un peu plus tard, il entre en Alsace et en chasse les Germains. Orgueilleusement il répète : - Je suis le sauveur de la Gaule ! Les Gaulois auraient dû se dire qu'il n'y a souvent rien de plus dangereux qu'un sauveur. D'une cohésion née d'une discipline de fer, la légion s'avance sur la route gauloise. Derrière la première cohorte, un homme d'un peu moins de 50 ans, maigre et sec, se tient à demi étendu sur une litière portée par des esclaves. Sous une tête chauve, un visage aux traits aigus laisse deviner un mélange d'extrême dureté et d'exceptionnelle intelligence. C'est Jules César qui se trouve sur cette route à la tête de ses légions, dans le but de parachever sa mainmise sur la Gaule. César est l'homme le plus illustre de son temps. Il appartient à l'une des plus anciennes familles romaines et a obtenu les plus hautes charges de Rome. Il s'est fait nommer proconsul en Gaule. Les Romains considèrent les Gaulois comme les plus redoutables de leurs ennemis. Du haut de sa litière, c'est un regard de convoitise que César jette sur cette gaule dont la richesse lui est depuis longtemps connue. Quand il contemple ces champs admirablement cultivés, il ne peut s'empêcher de penser à la terre de son Italie pauvre et stérile. On lui a montré des ateliers où, de la main de milliers d'ouvriers, sortent tous ces objets métalliques qui font la renommée de la Gaule. Partout en Gaule, on exploite des mines de fer, de plomb, de cuivre et même d'or. Trop, c'est trop, doit se dire César. Il est temps de faire de la Gaule une colonie romaine.

Il a cru mainte fois y parvenir, mais chaque fois une nouvelle insurrection éclatait. César l'a appris à ses dépens : le peuple gaulois ne se laisse jamais facilement asservir. A la fin de l'année 53 avant JC, le proconsul est convaincu d'avoir triomphé. C'est compté sans un certain Vercingétorix ! Il est le fils d'un des plus puissants chefs des Arvernes, Celtill, mis à mort trente ans plus tôt, parce qu'il avait voulu s'attribuer le titre de roi. Il rayonne de force généreuse, Vercingétorix. Il offre l'image d'un patriote fier, indomptable, farouchement attaché aux libertés de son pays. Chef des Arvernes, il va se révéler à la fois un grand général et un remarquable homme d'Etat. L'un après l'autre, les peuples de la Gaule se rallient à lui. Un prodigieux élan ameute la Gaule contre l'occupant. Partout on massacre les garnisons romaines.

Quand la révolte a éclaté, César était en Italie. Il accourt avec 20 000 hommes et se porte vers les points menacés. Vercingétorix convainc son peuple et ses alliés de tout détruire devant les armées de César. Nous sommes en février, le but est clair : il faut réduire les légions romaines à la famine. Et la tactique réussit ! Malheureusement, on hésite à brûler Avarcum (Bourges), la plus belle ville des Gaules. César l'assiège, l'affame et la prend après un siège de 2 mois. Encouragé, le Romain marche sur Gergovie, une forteresse redoutable à plus de 700 mètres d'altitude, où Vercingétorix s'est retiré. Fidèle à sa tactique, césar s'est fait appuyer par ses alliés, les Eduens. Devant Gergovie, ceux-ci l'abandonnent pour se rallier à la cause gauloise ! César reconnaît son échec et se retire.

C'est la victoire la plus éclatante de toute l'histoire de Vercingétorix. Cependant, au lieu de continuer sa guerre d'escarmouches, Vercingétorix attaque les légions de César à Dijon. Ayant trop préjugé de ses forces, il est battu.

Vaincu, mais non désespéré, il va se réfugier à Alésia.

En s'enfermant dans cette place forte avec 80 000 hommes, Vercingétorix a cru pouvoir réitérer l'opération de Gergovie. César, mieux que personne, sait tirer les leçons de ses défaites. Il n'essaiera pas de prendre d'assaut Alésia. Il va bloquer la place forte, l'entourant par tous les moyens dont il dispose, et ces moyens sont immenses. Autour de la ville, César établit 23 postes fortifiés qui abritent chacun 1 600 à 1 800 hommes. Il creuse deux fossés larges de 4 mètres, et chacun de profondeur égale. Il remplit d'eau le fossé intérieur. Derrière, il construit un terrassement surmonté d'une palissade d'une hauteur de 3,50 mètres. Il fait planter des pieux taillés en pointes acérées où tout attaquant viendra s'empaler. Il a atteint son but : non seulement il n'est plus possible à aucun gaulois de sortir d'Alésia, mais aucune autre armée gauloise ne pourra venir délivrer la ville. Le jour vient où il n'y a plus de grain de blé dans la ville assiégée. Dans la citadelle, les guerriers sont à bout de force. Vont-ils périr jusqu'au dernier ? Non. L'héroïque Vercingétorix, pour sauver ceux qui restent en vie, décide de s'offrir en victime expiatoire. Le chef arverne sort de la ville sur sa plus belle monture et jette ses armes aux pieds de César.

Vercingétorix est conduit à Rome, jeté en prison pour y croupir pendant six ans. Il sera finalement étranglé devant le temple de Jupiter.

C'en est fait, la Gaule est devenue romaine. C'est dans cette défaite qu'elle va puiser les fondements d'un stupéfiant renouveau. De tout ce sang répandu, va naître pour mon pays un nouvel âge d'or.

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Il y a 2 700 ans, des cavaliers galopent sur leurs chevaux domptés, brandissant leurs lances et leurs épées – de fer, cette fois, incontestable supériorité sur le bronze – et s'abritant derrière des boucliers de bois.

Ils viennent du centre de l'Europe et rien ne les arrête. Sur leur passage, ils détruisent, ils incendient, ils massacrent. Rien ne les réjouit davantage que les corps à corps avec leurs ennemis. A ceux-ci, ils ne consentent aucune grâce : les prisonniers sont aussitôt décapités d'un coup d'épée.

Qui sont ces sauvages ?

Et bien ce sont mes ancêtres : les Celtes. Les Romains préfèreront les appeler les gaulois, nom qui leur est resté. Leur intention est claire et le seul fait que les guerriers soient suivis de chariots où s'entassent leurs familles prouve qu'ils ne sont pas seulement de passage, mais entendent bien s'installer ici. La France est un pays où il fait bon vivre. On parlera à juste titre de la douce France.

Les Gaulois ne se le font pas dire deux fois.

 

Deux hommes vêtus de blanc, grimpés dans un chêne que l'hiver a dépouillé de ses feuilles, s'approchent d'une touffe de gui. L'un deux lève une serpe d'or et tranche la plante. Le gui tombe dans une étoffe blanche tenue par l'autre homme.

Alors, un long cri de joie monte de la foule assemblée sous le chêne : le rite est accompli, les druides ont rendu grâce aux dieux.

Pour tous ceux qui vivent en Gaule, le chêne rouvre est l'arbre que les dieux aiment le plus. Si par bonheur ils aperçoivent une touffe de gui, ils pensent qu'elle arrive du ciel. C'est sûrement l'un des dieux gaulois qui l'a placée là. Ils ne sont pas moins de quatre cents, ces dieux, invisibles mais présents, surtout dans la forêt et partout où se trouve de l'eau.

Seuls les druides ont le droit de couper le gui parce que les druides sont les prêtres des gaulois.

 

Entrons avec eux dans le village voisin. Les hommes portent des tuniques de couleurs bigarrées comme les kilts des Ecossais d'aujourd'hui. Les femmes sont vêtues de simples robes droites, blanches ou grises et serrées à la taille.

Partout s'élèvent des maisons rondes, construites en pierres sèches, en argile et surtout en bois. Elles sont couvertes d'un toit de chaume. Les ponts qui enjambent les rivières sont en bois et font, par l'audace de leur construction, l'admiration des voyageurs. Les fortifications qui entourent les villes et les villages sont en bois également. Le bois ne se conservant pas comme la pierre, nous n'avons gardé aucun témoignage de cette architecture gauloise.

Dans ce village, les agriculteurs sont les plus nombreux et ils sont les meilleurs de leur temps. Ils ont imaginé la moissonneuse tirée par des bœufs, qui coupe les épis de blé et en charge automatiquement une voiture. Ils ont inventé la charrue avec soc en fer qui laboure en profondeur, les engrais qui doublent ou triplent le rendement du sol. Le tonneau pour conserver l'huile et le vin et tellement supérieur aux amphores romaines est encore une invention gauloise. Tout cela n'est pas rien.

D'autres habitants sont allés ouvrir leurs boutiques. Le menuisier a retrouvé son établi et le forgeron sa forge. Le charcutier a repris ses préparations : têtes de porc, lard, saindoux et jambon fumé qui font la réputation de la cuisine gauloise.

 

Quelques enfants ont accompagné un druide dans sa demeure. Ils se sont assis en rond autour de lui. Et le druide s'est mis à parler. Il raconte. C'est sa fonction : raconter.

Quand le druide a achevé son récit, il demande aux enfants de répéter très exactement ce qu'il a dit. Si l'un d'eux se trompe d'un seul mot, il doit recommencer. Cet exercice bien singulier, s'explique et se justifie.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les Gaulois n'écrivent pas .Ils n'ignorent pas vraiment l'écriture, puisqu'ils ont des rapports avec les Romains ou les grecs  alors établis à Marseille. La vérité est que les Gaulois ne veulent pas écrire. La science appartient exclusivement aux druides qui n'acceptent de communiquer ce qu'ils ont appris qu'à quelques enfants sélectionnés parmi les familles nobles, c'est-à-dire celles qui possèdent la terre.

Ce qu'ils leur enseignent tient en un précepte : honore les dieux, fuis le mal, pratique la bravoure.

Les druides prédisent aussi l'avenir en lisant dans les astres. Ils rendent la justice et ils soignent les malades. Cela représente un pouvoir considérable. Mais ce que racontent le plus volontiers les druides, c'est l'histoire de leur peuple. Ce peuple n'est rien d'autre que celui venu si brutalement s'installer chez nous il y a 2 500 ans : les Celtes. Ces dieux que révèrent les Gaulois, ces lois qu'ils ont adoptées, cette hiérarchie qu'ils respectent leur ont été donnés par ces envahisseurs que nous avons désignés, non sans raison, comme des sauvages. Les celtes ont révélé dans la paix des qualités insoupçonnées. Ils ont justifié leur nom : Celte signifie homme supérieur.

C'est grâce à eux que la Gaule est devenue ce pays si techniquement avancé et si florissant.

 

Un voyageur arrive de Rome et débarque à Marseille, ville fondée par les grecs en 600 avant Jésus-Christ. Que voit à Marseille ce voyageur ?

Une grande et belle ville étagée sur les hauteurs et qui domine la mer. Les maisons de bois entassées descendent jusqu'au port qui est alors l'un des plus vaste du monde.

Mais Marseille n'est qu'une étape pour ce voyageur. En route ! Rien n'est plus facile que de circuler en Gaule. Partout les Gaulois y ont tracé un réseau de routes bien entretenues. Elles sont carrossables ; on passe les rivières sur des ponts de bois et les marais sur des chaussées de pierre. Au détour d'un chemin – souvent au bord d'une rivière – voici une grande maison isolée. Notre Romain l'appellera aedificium. Il en existe beaucoup en Gaule. Ce sont les résidences des nobles gaulois. Ils y vivent entourés de leurs hommes d'arme, de leurs serviteurs, chassant avec passion, surveillant la culture de leurs terres, l'élevage de leurs troupeaux.

Ces nobles jouent un rôle politique important : ils élisent le chef de leur peuple. La Gaule à cette époque est divisée en un grand nombre de petits états indépendants que l'on appelle « cité ». Ces cités s'entendent d'ailleurs rarement entre elles. Les gaulois adorent se quereller. Pour un oui ou pour un non, ils se font la guerre. Pour le malheur de la Gaule.

 

L'ennui, c'est que trop d'étrangers regardent du côté de cette Gaule trop riche.

Dès la fin du IIè siècle avant JC, les Romains ont occupé dans le sud du pays un vaste territoire qui va des Alpes aux Pyrénées, qui est la Provence actuelle.

Les Gaulois ne semblent pas s'être trop alarmés du fait de cette présence, à tort. C'est  en revanche avec effroi qu'en l'an 58 avant JC, ils ont appris qu'une masse énorme d'Helvètes – les Suisses d'aujourd'hui – un peu las de leurs montagnes où il fallait tant peiner pour faire pousser de maigres récoltes, voulaient traverser la Gaule pour aller s'installer dans la riche Saintonge.

On comprend qu'un tel projet n'ait pas été accueilli d'un bon  œil par les Gaulois et en particulier par les Eduens, peuple qui était établi justement entre la Suisse et la Saintonge.

Ils redoutaient les ravages qu'auraient causés à travers le pays le passage de 350 000 helvètes que l'on pressentait avides.

Les Eduens, pour les tirer de ce mauvais pas, s'adressèrent à l'homme le plus puissant du monde de ce temps-là : Jules César !

Ce n'était pas une bonne idée.

César accouru avec ses légions, écrasa les Helvètes, massacrant les deux tiers d'entre eux et contraignant les survivants à regagner leurs montagnes.

Dès lors, au pays des Eduens, César est considéré comme chez lui. Un peu plus tard, il entre en Alsace et en chasse les Germains. Orgueilleusement il répète :

-         Je suis le sauveur de la Gaule !

Les Gaulois auraient dû se dire qu'il n'y a souvent rien de plus dangereux qu'un sauveur.

 

D'une cohésion née d'une discipline de fer, la légion s'avance sur la route gauloise. Derrière la première cohorte, un homme d'un peu moins de 50 ans, maigre et sec, se tient à demi étendu sur une litière portée par des esclaves. Sous une tête chauve, un visage aux traits aigus laisse deviner un mélange d'extrême dureté et d'exceptionnelle intelligence.

C'est Jules César qui se trouve sur cette route à la tête de ses légions, dans le but de parachever sa mainmise sur la Gaule.

César est l'homme le plus illustre de son temps. Il appartient à l'une des plus anciennes familles romaines et a obtenu les plus hautes charges de Rome. Il s'est fait nommer proconsul en Gaule.

Les Romains considèrent les Gaulois comme les plus redoutables de leurs ennemis. Du haut de sa litière, c'est un regard de convoitise que César jette sur cette gaule dont la richesse lui est depuis longtemps connue.

Quand il contemple ces champs admirablement cultivés, il ne peut s'empêcher de penser à la terre de son Italie pauvre et stérile. On lui a montré des ateliers où, de la main de milliers d'ouvriers, sortent tous ces objets métalliques qui font la renommée de la Gaule. Partout en Gaule, on exploite des mines de fer, de plomb, de cuivre et même d'or.

Trop, c'est trop, doit se dire César. Il est temps de faire de la Gaule une colonie romaine.

Il a cru mainte fois y parvenir, mais chaque fois une nouvelle insurrection éclatait. César l'a appris à ses dépens : le peuple gaulois ne se laisse jamais facilement asservir.

A la fin de l'année 53 avant JC, le proconsul est convaincu d'avoir triomphé.

C'est compté sans un certain Vercingétorix !

Il est le fils d'un des plus puissants chefs des Arvernes, Celtill, mis à mort trente ans plus tôt, parce qu'il avait voulu s'attribuer le titre de roi. Il rayonne de force généreuse, Vercingétorix. Il offre l'image d'un patriote fier, indomptable, farouchement attaché aux libertés de son pays.

Chef des Arvernes, il va se révéler à la fois un grand général et un remarquable homme d'Etat.

L'un après l'autre, les peuples de la Gaule se rallient à lui. Un prodigieux élan ameute la Gaule contre l'occupant. Partout on massacre les garnisons romaines.

Quand la révolte a éclaté, César était en Italie. Il accourt avec 20 000 hommes et se porte vers les points menacés. Vercingétorix convainc son peuple et ses alliés de tout détruire devant les armées de César. Nous sommes en février, le but est clair : il faut réduire les légions romaines à la famine. Et la tactique réussit ! Malheureusement, on hésite à brûler Avarcum (Bourges), la plus belle ville des Gaules. César l'assiège, l'affame et la prend après un siège de 2 mois.

Encouragé, le Romain marche sur Gergovie, une forteresse redoutable à plus de 700 mètres d'altitude, où Vercingétorix s'est retiré. Fidèle à sa tactique, césar s'est fait appuyer par ses alliés, les Eduens. Devant Gergovie, ceux-ci l'abandonnent pour se rallier à la cause gauloise ! César reconnaît son échec et se retire.

C'est la victoire la plus éclatante de toute l'histoire de Vercingétorix.

Cependant, au lieu de continuer sa guerre d'escarmouches, Vercingétorix attaque les légions de César à Dijon. Ayant trop préjugé de ses forces, il est battu.

 Vaincu, mais non désespéré, il va se réfugier à Alésia.

En s'enfermant dans cette place forte avec 80 000 hommes, Vercingétorix a cru pouvoir réitérer l'opération de Gergovie.

César, mieux que personne, sait tirer les leçons de ses défaites. Il n'essaiera pas de prendre d'assaut Alésia. Il va bloquer la place forte, l'entourant par tous les moyens dont il dispose, et ces moyens sont immenses.

Autour de la ville, César établit 23 postes fortifiés qui abritent chacun 1 600 à 1 800 hommes. Il creuse deux fossés larges de 4 mètres, et chacun de profondeur égale. Il remplit d'eau le fossé intérieur. Derrière, il construit un terrassement surmonté d'une palissade d'une hauteur de 3,50 mètres.

Il fait planter des pieux taillés en pointes acérées où tout attaquant viendra s'empaler. Il a atteint son but : non seulement il n'est plus possible à aucun gaulois de sortir d'Alésia, mais aucune autre armée gauloise ne pourra venir délivrer la ville.

Le jour vient où il n'y a plus de grain de blé dans la ville assiégée. Dans la citadelle, les guerriers sont à bout de force. Vont-ils périr jusqu'au dernier ?

Non. L'héroïque Vercingétorix, pour sauver ceux qui restent en vie, décide de s'offrir en victime expiatoire. Le chef arverne sort de la ville sur sa plus belle monture et jette ses armes aux pieds de César.

Vercingétorix est conduit à Rome, jeté en prison pour y croupir pendant six ans. Il sera finalement étranglé devant le temple de Jupiter.

C'en est fait, la Gaule est devenue romaine.

C'est dans cette défaite qu'elle va puiser les fondements d'un stupéfiant renouveau. De tout ce sang répandu, va naître pour mon pays un nouvel âge d'or.