Lundi 14 février Comme il fallait s'en douter, nous reprenons le travail alors que le temps s'est remis au beau ! Et dire que je suis coincé à la station depuis que Erick est parti en randonné tôt ce matin.
Heureusement cette journée a été plus calme que la dernière fois où je me suis retrouvé tout seul. Pas de problème particulier à déplorer.
En fin de soirée, je suis allé voir un film au cinéma pour tuer le temps jusqu'à minuit, heure à laquelle j'ai passé un coup de fil à ma famille – décalage horaire oblige -. Mardi 15 février Le temps est toujours aussi magnifique, les randonneurs ont bien de la chance ! D'après les dernières nouvelles, la Réunion se trouve en alerte cyclonique. Le bateau va-t-il prendre du retard ?
Le bateau de pêche, le « Cap Kersaint », qui navigue dans les eaux territoriales, nous a contacté par radio. Il y a un marin malade à bord et l'équipage va faire une brève escale, le temps de faire soigner leur malade par notre toubib. En fin d'après-midi, le temps a brusquement changé ; le vent s'est levé, un épais brouillard est tombé et la pluie a fait son apparition un peu plus tard. Quelle triste soirée !
Mercredi 16 février Le temps a empiré dans la nuit au point qu'on se demandait sur la base si le bateau allait pouvoir mouiller dans la baie. Autant j'avais le cafard d'être enfermé dans la station hier, autant aujourd'hui j'ai apprécié la douce chaleur de mon bureau. Le bateau est finalement arrivé, le malade a débarqué, il a été ausculté par le médecin et a réembarqué à l'issue de la consultation. Le tout n'a duré que 2 heures, mais ces 2 heures ont représenté en fait pour le bateau une journée complète de perdue ! Les bateaux en campagne de pêche pour 4 mois environ, ne peuvent se permettre de perdre du temps. Pendant la campagne, l'équipage ne connaît ni dimanches, ni jours fériés ni jours de fête. En fin d'après-midi, le temps s'est arrangé et les premiers randonneurs étaient de retour sur la base, gelés mais pas trop mouillés. Tout le monde s'est retrouvé au cinéma après le repas, pas vraiment intéressé par le film mais plutôt par les péripéties que les randonneurs se faisaient un plaisir de nous raconter en détails. Il y avait une chaude ambiance !
Jeudi 17 février Comme on s'y attendait, le « Marion Dufresne » n'avait toujours pas quitté le port ce matin à cause de l'alerte cyclonique. Il faudra compter de 2 à 3 jours de retard sur le planning prévu.
La centrale électrique donne quelques signes de faiblesse. Ces coupures de courant ne sont pas du tout recommandées pour les installations radios et satellites. Espérons que tous les problèmes seront réglés avant le début de l'hivernage. Après, le ravitaillement en pièces de rechange sera plus problématique.
Vendredi 18 février Toujours pas de nouvelle du « Marion ». La vie sur la base continue quand même comme si de rien n'était. Aujourd'hui, nous avons mené une expérience scientifique du plus haut intérêt pour les générations futures. Il s'agissait de fabriquer des glaçons à partir de rhum au lieu de l'eau habituelle. Etant donné le degré d'alcool élevé du rhum - 40° - nous avons eu recours aux congélateurs du laboratoire scientifique qui congèle jusqu'à -80°C. Il suffit après de mettre quelques glaçons de rhum dans un verre de jus d'orange et ça vous donne un cocktail assez détonnant. Apparemment, le jus d'orange n'était pas très frais car les gens rajoutaient sans arrêt de nouveaux glaçons dans leurs verres. Ce genre d'expérience a tendance à convaincre les plus sceptiques de l'intérêt de la recherche au service de l'humanité. Samedi 19 février Nouvelle expérience ce matin : combien il faut de temps à un cachet d'aspirine pour agir sur le mal de tête ? Je suis sûr que le jus d'orange avait passé la date de péremption ! Quel est le meilleur moyen de récupérer d'une cuite - si l'aspirine n'est pas efficace- ? Réponse : partir en randonnée. En fait il ne s'agissait pas d'une randonnée habituelle, mais plutôt de monter au point culminant de l'île afin de changer l'antenne du relais radio qui s'y trouve. La météo était si favorable ce matin que je me suis mis en route avec Dominique - tout de suite après le cachet d'aspirine - en direction du relais radio. Malheureusement, le temps s'est gâté à mesure que nous approchions. Nous avons gravi les derniers hectomètres à quatre pattes tant le vent était violent. La réparation a duré 1 heure et demie, et à l'issue, nous sommes descendu à « Pointe Basse », rejoindre une équipe de cinéastes en tournage sur l'île pendant au moins un mois. Ils viennent filmer des scènes sur les albatros, que nous pourrons admirer dans le film « Le peuple migrateur » qui sortira sur les écrans d'ici 2 ou 3 ans. Nous passerons le dimanche avec eux puis nous rentrerons le lundi matin.
