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Conversation en Français, Lecture : les lettres de mon moulin "l'installation" 2

Lecture : les lettres de mon moulin "l'installation" 2

Dans notre série des lettres de mon moulin, voici la 2 ème partie de l'installation. Il faut dire qu'en Provence, c'est l'usage, quand viennent les chaleurs, d'envoyer le bétail dans les alpes. Bêtes et gens passent cinq ou six mois là-haut, logés à la belle étoiles, dans l'herbe jusqu'au ventre; puis, au premier frisson de l'automne, on redescend au mas, et l'on revient brouter bourgeoisement les petites collines grises que parfume le romarin (herbe aromatique très présente dans la cuisine provençale) ...Donc hier soir les troupeaux rentraient. Depuis le matin, le portail attendait, ouvert à deux battants, les bergeries étaient pleines de paille fraîche. D'heure en heure on se disait: Maintenant, ils sont à Eyguières, maintenant au Paradou." Puis , tout à coup, vers le soir, un grand cri: "Les voilà !" et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s'avancer dans une gloire de poussière. Toute la route semble marcher avec lui....Les vieux béliers viennent d'abord, la corne en avant, l'air sauvage; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes; les mules à pompons rouges portant dans des paniers les agnelets ( petits agneaux) d'un jour qu'elles bercent en marchant; puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu'à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes. Tout cela défile devant nous joyeusement et s'engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d'averse....Il faut voir quel émoi dans la maison. Du haut de leur perchoir, les gros paons verts et or, à crête de tulle, ont reconnu les arrivants et les accueillent par un formidable coup de trompette. Le poulailler, qui s'endormait, se réveille en sursaut. Tout le monde est sur le pied : pigeons, canards, dindons, pintades. La basse cour est comme folle; les poulets parlent de passer la nuit !...On dirait que chaque mouton a rapporté dans sa laine, avec un parfum d'Alpe sauvage, un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser. C'est au milieu de tout ce train que le troupeau gagne son gîte (sa maison). Rien de charmant comme cette installation. Les vieux béliers s'attendrissaient en revoyant leur crèche (l'endroit ou ils vivent) . Les agneaux, les tout petits, ceux qui sont nés dans le voyage et n'ont jamais vu la ferme, regardent autour d'eux avec étonnement. Mais le plus touchant encore ; ce sont les chiens, ces braves chiens de berger, tout affairés après leurs bêtes et ne voyant qu'elles dans le mas. Le chien de garde a beau les appeler du fond de sa niche ; le seau du puits, tout plein d'eau fraîche, a beau leur faire signe; ils ne veulent rien voir, rien entendre, avant que le bétail soit rentré, le gros loquet poussé sur la petite porte à claire-voie, et les bergers attablés dans la salle basse. Alors seulement ils consentent à gagner le chenil, et là, tout en lapant leur écuellée de soupe, ils racontent à leurs camarades de la ferme ce qu'ils ont fait là-haut dans les montagnes, un pays noir où il y a des loups et de grandes digitales de pourpre pleine de rosée jusqu'au bord. Voilà, ce premier petit compte est fini et j'espère que cette petite histoire vous aura plu. Aussi, n'hésitez pas à la relire et à vous entraîner pour la diction.

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Lecture : les lettres de mon moulin "l'installation" 2 Reading: les lettres de mon moulin "l'installation" 2

Dans notre série des lettres de mon moulin, voici la 2 ème partie de l'installation. Il faut dire qu'en Provence, c'est l'usage, quand viennent les chaleurs, d'envoyer le bétail dans les alpes. Bêtes et gens passent cinq ou six mois là-haut, logés à la belle étoiles, dans l'herbe jusqu'au ventre; puis, au premier frisson de l'automne, on redescend au mas, et l'on revient brouter bourgeoisement les petites collines grises que parfume le romarin (herbe aromatique très présente dans la cuisine provençale) ...Donc hier soir les troupeaux rentraient. Depuis le matin, le portail attendait, ouvert à deux battants, les bergeries étaient pleines de paille fraîche. D'heure en heure on se disait: Maintenant, ils sont à Eyguières, maintenant au Paradou." Puis , tout à coup, vers le soir, un grand cri: "Les voilà !" et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s'avancer dans une gloire de poussière. Toute la route semble marcher avec lui....Les vieux béliers viennent d'abord, la corne en avant, l'air sauvage; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes; les mules à pompons rouges portant dans des paniers les agnelets ( petits agneaux) d'un jour qu'elles bercent en marchant; puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu'à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes. Tout cela défile devant nous joyeusement et s'engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d'averse....Il faut voir quel émoi dans la maison. Du haut de leur perchoir, les gros paons verts et or, à crête de tulle, ont reconnu les arrivants et les accueillent par un formidable coup de trompette. Le poulailler, qui s'endormait, se réveille en sursaut. Tout le monde est sur le pied : pigeons, canards, dindons, pintades. La basse cour est comme folle; les poulets parlent de passer la nuit !...On dirait que chaque mouton a rapporté dans sa laine, avec un parfum d'Alpe sauvage, un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser. C'est au milieu de tout ce train que le troupeau gagne son gîte (sa maison). Rien de charmant comme cette installation. Les vieux béliers s'attendrissaient en revoyant leur crèche (l'endroit ou ils vivent) . Les agneaux, les tout petits, ceux qui sont nés dans le voyage et n'ont jamais vu la ferme, regardent autour d'eux avec étonnement. Mais le plus touchant encore ; ce sont les chiens, ces braves chiens de berger, tout affairés après leurs bêtes et ne voyant qu'elles dans le mas. Le chien de garde a beau les appeler du fond de sa niche ; le seau du puits, tout plein d'eau fraîche, a beau leur faire signe; ils ne veulent rien voir, rien entendre, avant que le bétail soit rentré, le gros loquet poussé sur la petite porte à claire-voie, et les bergers attablés dans la salle basse. Alors seulement ils consentent à gagner le chenil, et là, tout en lapant leur écuellée de soupe, ils racontent à leurs camarades de la ferme ce qu'ils ont fait là-haut dans les montagnes, un pays noir où il y a des loups et de grandes digitales de pourpre pleine de rosée jusqu'au bord. Voilà, ce premier petit compte est fini et j'espère que cette petite histoire vous aura plu. Aussi, n'hésitez pas à la relire et à vous entraîner pour la diction.