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En Chine, La poésie, II

La poésie, II

Thou-Fou est considéré comme l'égal de Li-Tai-Pé, sans que les Chinois aient osé décider lequel surpasse l'autre: «Lorsque deux aigles ont pris leur essor, disent-ils, et s'élèvent à perte de vue, qui donc pourrait reconnaître lequel des deux a volé le plus près du ciel?» Thou-Fou naquit à King-Tcheou, dans la province de Chen-Si (montagne occidentale); ses parents étaient fort pauvres, mais remarquant chez leur fils une intelligence peu commune, ils l'envoyèrent néanmoins aux écoles. Thou-Fou obtint le grade de bachelier, puis celui de licencié, puis il échoua au doctorat. Il ne s'obstina pas à courir une seconde fois la chance du concours, et se laissa aller à la passion qui l'entraînait vers la poésie. L'envergure de son esprit lui permit d'embrasser tous les genres à la fois: «Il fut,» disent les Chinois, «éloquent, sublime, délicat, brillant.» Il aimait la nature par dessus tout, et son plus grand bonheur était de la chanter. Avec moins d'étrangeté, moins d'imprévus, les poésies de Thou-Fou sont presque aussi pittoresques que celles de Li-Tai-Pé, le grand ami qu'il proclamait son maître; elles sont plus aisément traduisibles ayant plus de naturel, de tendresse compatissante, d'émotion devant les douleurs de l'humanité. Lisez ce poème qui est un de ses meilleurs: LE BEAU PALAIS DE JADE «En faisant mille circuits, le ruisseau court, sous les sapins, entre lesquels le vent s'allonge. Les rats gris s'enfuient vers les vieilles tuiles. À quel roi fut ce palais, on ne le sait plus. Le toit, avec les murailles, au pied de ce rocher à pic, tout est tombé. Les Feux-Esprits, nés du sang des soldats tués, hantent la ruine. Sur la route détruite, les sources qui s'écoulent, semblent sangloter des regrets... Et du bruit de toutes ces eaux vives, les échos forment une véritable musique. La couleur de l'automne jette sa douce mélancolie sur toutes choses. Hélas! la beauté de celles, qui, là furent belles, devient maintenant de la poussière jaune... À quoi servit, alors, d'admirer le charme factice du fard et même la vraie beauté qui s'en ornait, non moins que lui, éphémère!... Et ce roi! qu'est devenue la garde fringante qui accompagnait son char doré!... De tant de biens, de tant de créatures, que lui reste-t-il aujourd'hui?... Rien de plus qu'un cheval de pierre sur son tombeau. Une profonde mélancolie me vient; sur la natte que m'offre l'herbe douce, je m'assieds. Je commence à chanter.... Mes larmes, qui débordent mouillent mes mains, me suffoquent... Hélas, tour à tour, chacun s'avance sur le chemin. Et tous savent bientôt qu'il ne conduit à rien.» En voici une de Li-Tai-Pé, intitulée: JEUNESSE «L'insouciant jeune homme qui habite sur le chemin des tombes impériales non loin du Marché d'or de l'est, sort de sa demeure au pas cadencé de son cheval blanc sellé d'argent. Puis il le lance au galop à travers le vent printanier.

Sous les sabots, c'est comme un éclaboussement de pétales, car les fleurs tombées forment partout un épais tapis. Il ralentit sa course, indécis... Où irais-je? Où donc m'arrêter?... Un rire clair et léger, un rire de femme lui répond d'un bosquet voisin. Voilà qui le décide: c'est à ce cabaret qu'il s'arrêtera.» De tous temps, les poètes chinois ont uni la poésie à la musique, et ont chanté leurs vers. Ils les chantent encore, et très probablement sur les mélopées d'autrefois!

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La poésie, II Poetry II

Thou-Fou est considéré comme l'égal de Li-Tai-Pé, sans que les Chinois aient osé décider lequel surpasse l'autre: «Lorsque deux aigles ont pris leur essor, disent-ils, et s'élèvent à perte de vue, qui donc pourrait reconnaître lequel des deux a volé le plus près du ciel?» Thou-Fou naquit à King-Tcheou, dans la province de Chen-Si (montagne occidentale); ses parents étaient fort pauvres, mais remarquant chez leur fils une intelligence peu commune, ils l'envoyèrent néanmoins aux écoles. Thou-Fou obtint le grade de bachelier, puis celui de licencié, puis il échoua au doctorat. Il ne s'obstina pas à courir une seconde fois la chance du concours, et se laissa aller à la passion qui l'entraînait vers la poésie. L'envergure de son esprit lui permit d'embrasser tous les genres à la fois: «Il fut,» disent les Chinois, «éloquent, sublime, délicat, brillant.» Il aimait la nature par dessus tout, et son plus grand bonheur était de la chanter. Avec moins d'étrangeté, moins d'imprévus, les poésies de Thou-Fou sont presque aussi pittoresques que celles de Li-Tai-Pé, le grand ami qu'il proclamait son maître; elles sont plus aisément traduisibles ayant plus de naturel, de tendresse compatissante, d'émotion devant les douleurs de l'humanité. Lisez ce poème qui est un de ses meilleurs: LE BEAU PALAIS DE JADE «En faisant mille circuits, le ruisseau court, sous les sapins, entre lesquels le vent s'allonge. Les rats gris s'enfuient vers les vieilles tuiles. À quel roi fut ce palais, on ne le sait plus. Le toit, avec les murailles, au pied de ce rocher à pic, tout est tombé. Les Feux-Esprits, nés du sang des soldats tués, hantent la ruine. Sur la route détruite, les sources qui s'écoulent, semblent sangloter des regrets... Et du bruit de toutes ces eaux vives, les échos forment une véritable musique. La couleur de l'automne jette sa douce mélancolie sur toutes choses. Hélas! la beauté de celles, qui, là furent belles, devient maintenant de la poussière jaune... À quoi servit, alors, d'admirer le charme factice du fard et même la vraie beauté qui s'en ornait, non moins que lui, éphémère!... Et ce roi! qu'est devenue la garde fringante qui accompagnait son char doré!... De tant de biens, de tant de créatures, que lui reste-t-il aujourd'hui?... Rien de plus qu'un cheval de pierre sur son tombeau. Une profonde mélancolie me vient; sur la natte que m'offre l'herbe douce, je m'assieds. Je commence à chanter.... Mes larmes, qui débordent mouillent mes mains, me suffoquent... Hélas, tour à tour, chacun s'avance sur le chemin. Et tous savent bientôt qu'il ne conduit à rien.» En voici une de Li-Tai-Pé, intitulée: JEUNESSE «L'insouciant jeune homme qui habite sur le chemin des tombes impériales non loin du Marché d'or de l'est, sort de sa demeure au pas cadencé de son cheval blanc sellé d'argent. Puis il le lance au galop à travers le vent printanier.

Sous les sabots, c'est comme un éclaboussement de pétales, car les fleurs tombées forment partout un épais tapis. Il ralentit sa course, indécis... Où irais-je? Où donc m'arrêter?... Un rire clair et léger, un rire de femme lui répond d'un bosquet voisin. Voilà qui le décide: c'est à ce cabaret qu'il s'arrêtera.» De tous temps, les poètes chinois ont uni la poésie à la musique, et ont chanté leurs vers. Ils les chantent encore, et très probablement sur les mélopées d'autrefois!