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En Chine, Les cérémonies

Les cérémonies

Les Chinois n'ont pas de dimanches, ils ne connaissent pas les jours de chômage. Mais ils ont institué un certain nombre de fêtes annuelles.

Celle du premier jour de l'an est la plus importante; on la célèbre dans tout l'empire par plusieurs jours de repos et de réjouissances; on échange des visites, des souhaits, des présents. Dès le matin, une foule nombreuse emplit les rues, les jeunes garçons prennent d'assaut les boutiques des marchands de friandises; on accroche des banderoles, on tire des pétards et le soir, tout est illuminé. Quand ils sont loin de leur pays, les Chinois ne manquent jamais de fêter, à sa date, le commencement de l'année chinoise. Dans toutes les ambassades ou légations, les fils du Céleste Empire se réunissent, et fêtent ensemble la patrie absente.

Voici le compte-rendu d'une de ces cérémonies qui eût lieu, il y a quelques années, à Paris: «Hier, samedi, premier jour de la première lune de la trente et unième année du règne de l'empereur Kouan-Su, une animation joyeuse régnait à la légation de Chine, où les Célestes fêtaient la nouvelle année Chinoise. «Dès la veille, les étudiants, éparpillés dans les écoles de banlieue et de province, prenaient le train pour Paris, et, aussitôt arrivés, échangeaient des visites et des présents, se donnaient rendez-vous le lendemain matin à la légation, dans ce petit coin de Paris, où flotte l'étendard jaune, sur lequel se cambre le Dragon Impérial, et qui est en ce moment terre chinoise. «C'est au No. 57 de la rue de Babylone, qu'est situé l'hôtel de la légation. Un magnifique pavillon chinois, acheté jadis à une exposition universelle, flanque l'habitation, et c'est, sans doute, sa silhouette à la fois imprévue et familière qui a décidé le ministre à se fixer là. «Les toits relevés en pointes d'ailes, les parois sculptées, les lions chimériques ont retrouvé leur raison d'être et formaient un décor tout à fait superbe et harmonieux aux costumes de cérémonie—damas et satins, riches fourrures, chapeaux globuleux ornés de glands rouges—des visiteurs qui montaient hier matin le perron de l'hôtel. «À neuf heures et demi, ils étaient tous réunis dans le grand salon, où ils formaient des groupes chatoyants. Un certain nombre d'entre eux, cependant, qui ont adopté le costume européen pour circuler plus à l'aise dans nos villes, se dissimulaient derrière les autres, un peu honteux de leur triste déguisement, qui ne les avantage pas du tout, il faut l'avouer. «À dix heures, Son Exc. Soueng-Pao-Ki, accompagné de ses secrétaires, fit son entrée, et la cérémonie officielle commença.

«Sur une table, placée devant la cheminée et recouverte d'une draperie de satin jaune à dragons brodés, étaient posées les tablettes de l'Empereur et de l'Impératrice douairière. Devant elles, un brûle-parfum de bronze à demi plein de braise-ardente, sur laquelle on jeta de la poudre de santal.

«Tandis que la fumée odorante monte et tournoie, le ministre d'abord, puis tous les assistants, par rang de grade, dans le plus grand ordre, et le plus respectueux silence, viennent rendre hommage aux souverains, personnifiés par les tablettes sur lesquelles leurs noms sont inscrits. Cet hommage consiste à exécuter le solennel salut appelé 'ko-tao,' qui exige que l'on approche par trois fois le front du sol. «Quand les saluts furent terminés, on servit le thé, et, après échange de nombreux compliments, souhaits et congratulations, le ministre congédia ses hôtes qu'il invita pour le soir à un banquet. «Les dames chinoises n'assistaient pas à la réception; mais au premier étage de l'hôtel, elles recevaient de leur côté, en belles robes de brocard pourpre, et accomplissaient aussi la cérémonie rituelle. «Le soir, elles n'étaient pas non plus présentes au dîner, qui réunissait cinquante-deux convives, tous Chinois. «Le ministre, présidant la table d'honneur, avait à sa droite M. Tsien, premier secrétaire à la légation de Pétersbourg, qui est en ce moment à Paris avec Mme. Tsien, une grande lettrée et une poétesse exquise; à sa gauche, M. Ouen-Pou, le doyen des secrétaires à Paris; puis, par ordre hiérarchique, étaient placés tous les convives.

«Le ministre a donné à ses invités le régal d'un menu purement chinois. Pas de nids d'hirondelles, pourtant, et cela pour une raison assez amusante: on a apporté de Chine les nids tels qu'on les trouve et des plumes de l'oiseau de mer adhérent encore, par endroits, à la précieuse gélatine. En nettoyer une assez grande quantité pour préparer le potage de cinquante-deux personnes, cela aurait exigé le travail de dix cuisiniers pendant plusieurs jours!...

«Voici le menu du diner: Potage aux oreilles de Boudha (Ce sont des morceaux de pâte moulée et cuits avec des champignons dans du bouillon de poulet) Ailerons de requin au Chio-Yo Carpe à l'huile de ricin Jambon fumé du Tché-Tchouen au sucre candi Oloturies (Limaces bleues de mer) Poulets désossés rôtis sans compter d'innombrables petits plats, des gâteaux farcis et des fruits étranges. Comme boisson le tiède vin de riz, le mei-koué-lou—eau de vie parfumée de roses—et le thé du Dragon noir, cueilli à Canton.

«Mais le vin, si capiteux qu'il soit, ne monte pas à la tête de ces convives qui, pour la plupart, sont de tout jeunes hommes; aucun laisser-aller, pas de gaieté bruyante, la tenue sérieuse et digne qu'impose la présence du Ministre; pas de toast, pas de cris; mais une émotion discrète et forte, la pensée de la famille absente, si lointaine; le sentiment de solidarité qui les réunit tous là, comme en un faisceau; seuls, au milieu de cette civilisation qui les séduit et les effare, qui leur découvre des horizons inconnus et leur fait rêver, pour leur patrie, des destinées nouvelles.

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Les cérémonies The ceremonies

Les Chinois n'ont pas de dimanches, ils ne connaissent pas les jours de chômage. Mais ils ont institué un certain nombre de fêtes annuelles.

Celle du premier jour de l'an est la plus importante; on la célèbre dans tout l'empire par plusieurs jours de repos et de réjouissances; on échange des visites, des souhaits, des présents. Dès le matin, une foule nombreuse emplit les rues, les jeunes garçons prennent d'assaut les boutiques des marchands de friandises; on accroche des banderoles, on tire des pétards et le soir, tout est illuminé. Quand ils sont loin de leur pays, les Chinois ne manquent jamais de fêter, à sa date, le commencement de l'année chinoise. Dans toutes les ambassades ou légations, les fils du Céleste Empire se réunissent, et fêtent ensemble la patrie absente.

Voici le compte-rendu d'une de ces cérémonies qui eût lieu, il y a quelques années, à Paris: «Hier, samedi, premier jour de la première lune de la trente et unième année du règne de l'empereur Kouan-Su, une animation joyeuse régnait à la légation de Chine, où les Célestes fêtaient la nouvelle année Chinoise. «Dès la veille, les étudiants, éparpillés dans les écoles de banlieue et de province, prenaient le train pour Paris, et, aussitôt arrivés, échangeaient des visites et des présents, se donnaient rendez-vous le lendemain matin à la légation, dans ce petit coin de Paris, où flotte l'étendard jaune, sur lequel se cambre le Dragon Impérial, et qui est en ce moment terre chinoise. «C'est au No. 57 de la rue de Babylone, qu'est situé l'hôtel de la légation. Un magnifique pavillon chinois, acheté jadis à une exposition universelle, flanque l'habitation, et c'est, sans doute, sa silhouette à la fois imprévue et familière qui a décidé le ministre à se fixer là. «Les toits relevés en pointes d'ailes, les parois sculptées, les lions chimériques ont retrouvé leur raison d'être et formaient un décor tout à fait superbe et harmonieux aux costumes de cérémonie—damas et satins, riches fourrures, chapeaux globuleux ornés de glands rouges—des visiteurs qui montaient hier matin le perron de l'hôtel. «À neuf heures et demi, ils étaient tous réunis dans le grand salon, où ils formaient des groupes chatoyants. Un certain nombre d'entre eux, cependant, qui ont adopté le costume européen pour circuler plus à l'aise dans nos villes, se dissimulaient derrière les autres, un peu honteux de leur triste déguisement, qui ne les avantage pas du tout, il faut l'avouer. «À dix heures, Son Exc. Soueng-Pao-Ki, accompagné de ses secrétaires, fit son entrée, et la cérémonie officielle commença.

«Sur une table, placée devant la cheminée et recouverte d'une draperie de satin jaune à dragons brodés, étaient posées les tablettes de l'Empereur et de l'Impératrice douairière. Devant elles, un brûle-parfum de bronze à demi plein de braise-ardente, sur laquelle on jeta de la poudre de santal.

«Tandis que la fumée odorante monte et tournoie, le ministre d'abord, puis tous les assistants, par rang de grade, dans le plus grand ordre, et le plus respectueux silence, viennent rendre hommage aux souverains, personnifiés par les tablettes sur lesquelles leurs noms sont inscrits. Cet hommage consiste à exécuter le solennel salut appelé 'ko-tao,' qui exige que l'on approche par trois fois le front du sol. «Quand les saluts furent terminés, on servit le thé, et, après échange de nombreux compliments, souhaits et congratulations, le ministre congédia ses hôtes qu'il invita pour le soir à un banquet. «Les dames chinoises n'assistaient pas à la réception; mais au premier étage de l'hôtel, elles recevaient de leur côté, en belles robes de brocard pourpre, et accomplissaient aussi la cérémonie rituelle. «Le soir, elles n'étaient pas non plus présentes au dîner, qui réunissait cinquante-deux convives, tous Chinois. «Le ministre, présidant la table d'honneur, avait à sa droite M. Tsien, premier secrétaire à la légation de Pétersbourg, qui est en ce moment à Paris avec Mme. Tsien, une grande lettrée et une poétesse exquise; à sa gauche, M. Ouen-Pou, le doyen des secrétaires à Paris; puis, par ordre hiérarchique, étaient placés tous les convives.

«Le ministre a donné à ses invités le régal d'un menu purement chinois. Pas de nids d'hirondelles, pourtant, et cela pour une raison assez amusante: on a apporté de Chine les nids tels qu'on les trouve et des plumes de l'oiseau de mer adhérent encore, par endroits, à la précieuse gélatine. En nettoyer une assez grande quantité pour préparer le potage de cinquante-deux personnes, cela aurait exigé le travail de dix cuisiniers pendant plusieurs jours!...

«Voici le menu du diner: Potage aux oreilles de Boudha (Ce sont des morceaux de pâte moulée et cuits avec des champignons dans du bouillon de poulet) Ailerons de requin au Chio-Yo Carpe à l'huile de ricin Jambon fumé du Tché-Tchouen au sucre candi Oloturies (Limaces bleues de mer) Poulets désossés rôtis sans compter d'innombrables petits plats, des gâteaux farcis et des fruits étranges. Comme boisson le tiède vin de riz, le mei-koué-lou—eau de vie parfumée de roses—et le thé du Dragon noir, cueilli à Canton.

«Mais le vin, si capiteux qu'il soit, ne monte pas à la tête de ces convives qui, pour la plupart, sont de tout jeunes hommes; aucun laisser-aller, pas de gaieté bruyante, la tenue sérieuse et digne qu'impose la présence du Ministre; pas de toast, pas de cris; mais une émotion discrète et forte, la pensée de la famille absente, si lointaine; le sentiment de solidarité qui les réunit tous là, comme en un faisceau; seuls, au milieu de cette civilisation qui les séduit et les effare, qui leur découvre des horizons inconnus et leur fait rêver, pour leur patrie, des destinées nouvelles.