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l'histoire de France, Charlemagne

L'armée Franque vient de faire halte. Dressé sur ses étriers, Charles Martel regarde devant lui aussi loin que peut porter son regard. Ce chef doté d'une force physique peu commune est infatigable. Ce qu'il cherche à deviner, là-bas, à l'horizon, c'est si l'armée ennemie qu'il veut écraser n'est pas visible. Au début de ce mois d'octobre 732, les sarrasins, autrement dit les arabes, ne sont pas au rendez-vous. Charles Martel lui-même a-t-il jamais entendu parler de l'Arabie ? Sait-il que ce désert si lointain a donné naissance à un homme du nom de Mahomet qui a enseigné à ses frères de race une nouvelle religion, les invitant à se soumettre à la volonté du Dieu unique, Allah. Cette soumission, il l'a appelée Islam. Les règles de vie pour les musulmans se retrouvent dans le Coran. Avant de mourir, Mahomet a ordonné à ses disciples d'annoncer la nouvelle religion au monde entier. A ceux qui combattaient pour sa foi, il a promis le Paradis. Alors les croyants se sont mis en marche. La « guerre sainte » commençait.

Les arabes se sont avancés sur le pourtour de la Méditerranée en remportant de prodigieux succès à Damas en 635, à Alexandrie en 641, à Tolède en 713. Ayant occupé l'Espagne, c'est le royaume des Francs qu'ils se sont mis en tête de conquérir. Depuis Clovis, le royaume s'est beaucoup affaibli. En ce temps, quand un roi meurt, on partage le domaine entre tous ses fils. Le drame, c'est que la plupart du temps ces héritiers ne s'entendent pas entre eux. Ils se font la guerre ou s'entre-tuent. La famille des Mérovingiens qui règne sur la Gaule et que déchirent des intrigues de toutes sortes, n'a cessé de voir diminuer son autorité. Peu à peu, la totalité du pouvoir est passée aux mains des majordomes chargés de l'administration des domaines du roi : les maires du palais. Ce sont eux qui, dans les faits, gouvernent et le roi s'incline devant leurs décisions. Charles Martel est précisément un de ces maires du palais. L'un des plus puissants que les Francs aient connu. Charles a juré de briser l'avance des Arabes – les Francs préfèrent les appeler les Sarrasins – venus d'Espagne pour conquérir la Gaule. Pendant une semaine les deux armées vont s'observer. Et puis, le 17 octobre 732, à vingt kilomètres de Poitiers, les deux armées se rencontrent. On se bat toute la journée, nul n'est épargné. On fend les crânes, on coupe les têtes, on éventre, on égorge. Les cadavres arabes et francs imprègnent de leur sang la terre gauloise. Quand vient la nuit, chaque armée, épuisée, se retire dans son camp. Mais le sommeil fuit Charles Martel. Le lendemain, écrasera-t-il définitivement les Sarrasins ? La croix du Christ triomphera-t-elle du Croissant de Mahomet ?

Quand le jour se lève, c'est la stupéfaction : les Arabes, reconnaissant leur infériorité, se sont enfuis ! Charles Martel est vainqueur.

Toute la Gaule franque va acclamer son sauveur. Qui oserait lui dénier désormais le pouvoir absolu ?

Charles Martel, tel un vrai souverain, partagera à sa mort le royaume des Francs, comme s'il était le sien, entre ses fils. Un seul d'eux, Pépin, va hériter de ce pouvoir après avoir évincé ses frères. Pépin, surnommé Pépin le Bref car il est de petite taille, est désormais le roi le plus redoutable d'Europe occidentale. Il a fait demander au pape Etienne II, de venir jusqu'à la basilique de Saint-Denis, à Paris, pour se faire sacrer roi des Francs. Le pape a accepté de venir sacrer Pépin et il s'est mis en route en compagnie de deux envoyés du roi franc, de ses principaux conseillers et de six cardinaux. Le jeune homme qui chevauche près de lui est le fils de Pépin. Il s'appelle Charles. A vrai dire, dans sa famille on l'appelle plutôt Karl, car on y parle plus volontiers la langue germanique des Francs que le latin. Mais c'est en latin que Charles a été baptisé sous le nom de Carolus. Qui aurait pu prévoir ce jour-là qu'il deviendrait Carolus magnus, autrement dit Charles le Grand, autrement dit Charlemagne ? Et qu'il fonderait une dynastie : les Carolingiens ? A la mort de Pépin, en 768, va commencer l'un des règnes les plus éclatants, les plus glorieux, les plus mémorables de l'histoire de France. Charles monte sur le trône. Il a vingt-six ans.

En fait, à la mort de Pépin, le royaume a été divisé entre Charles et Carloman. Par chance pour l'unité française, Carloman va mourir trois ans plus tard. En Gaule, personne ne conteste l'autorité de Charlemagne, mais au-delà des frontières, certains restent avides de se jeter sur le pays. Charlemagne a toujours préféré attaquer le premier, que ce soient les musulmans d'Espagne ou ces gens venus de l'Est qui rêvent toujours de franchir le Rhin et dont certains restent païens. Charles se sent chargé d'une double mission : il lui faut bien sûr protéger son royaume, mais il n'oubliera jamais qu'un jour, à Saint-Denis, l'huile sainte a coulé sur son front. Depuis ce jour, il se considère comme le représentant de Dieu sur la terre. Il doit donc défendre la religion du Christ partout où il peut.

En Allemagne, les Saxons refusent d'abandonner leurs anciens dieux, ceux que l'on prie depuis tant de siècles dans la forêt germanique. Pendant plus de trente ans, Charles va conduire contre eux de violentes expéditions. Des prêtres accompagnent l'armée, chargés d'expliquer aux Saxons la religion chrétienne. Mais les Saxons ne veulent ni de la loi de ce roi franc, ni de ses missionnaires. Alors les armées de Charles font régner la terreur. On brûle les villages dont les habitants refusent de se faire chrétiens. On pend ou on égorge les hommes. On emmène les femmes et les enfants en esclavage. Vous trouvez une telle violence affreuse ? Mais un homme comme Charlemagne ne réagit pas comme nous. S'il use de brutalité – le mot est faible – tous les peuples en font autant. La vie humaine ne comptait guère à cette époque.

En fin de compte, Charlemagne annexera la Saxe, il écrasera la rébellion des Bavarois, il soumettra les Frisons au nord du Rhin et même les Avars le long du Danube. Au titre de la protection qu'il a promise au pape, il interviendra en Italie où il battra entre autres les Lombards. L'Italie presque entière devient une province du royaume franc. Une fois de plus, Charlemagne s'en est allé en Espagne affronter ces « infidèles » musulmans qui périodiquement cherchent à envahir son royaume. Il est sur le chemin du retour et le gros de son armée a déjà franchi les pyrénées. Il a confié le commandement de l'arrière-garde à Roland, un seigneur de la suite du roi et dont le courage fait l'admiration de tous. En cet après-midi du 15 août 778, l'air est torride et l'on étouffe dans l'étroit défilé où la cavalerie progresse péniblement, au milieu de roches échauffées par le soleil. On chemine en longues files et, à chaque pas, les chevaux butent contre les éboulis. Le col que l'on vient de franchir s'appelle Roncevaux. Parce qu'un poème, l'un des plus célèbres de la littérature française, la Chanson de Roland va, deux siècles plus tard, raconter cette histoire, le nom de Roncevaux restera désormais dans la mémoire de tous les Français. Ce que l'histoire nous enseigne se résume en peu de mots. Un peuple qui vivait sur la frontière, les Vascons, ancêtres des Basques d'aujourd'hui, a dressé une embuscade contre l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne. Cette arrière-garde toute entière a péri dans l'embuscade, y compris le courageux Roland. Mais la « chanson », la première écrite en vers français et non plus en latin, rendra Roland immortel.

Le jour venu où ses conquêtes l'on rendu maître de territoires immenses, Charlemagne a compris qu'il fallait disposer de ce que nous appelons une « capitale ». Il va faire édifier sur une colline un palais tel qu'on n'en avait jamais vu en Occident. Dans sa splendide demeure, on traverse d'abord le rez-de-chaussée où d'innombrables chambres accueillent les serviteurs. Puis on emprunte un escalier majestueux et au premier étage se trouve une immense salle de réception que prolonge la salle du trône. A côté se trouvent les chambres du roi et de sa famille. Les meubles son incrustés d'or. Sur un mur, la carte du monde tel qu'on l'imaginait à l'époque est accrochée. Partout des tentures, des vases en or ou en argent. Plus loin encore se trouvent la bibliothèque et les archives. Ensuite voilà l'immense piscine où plus de cent personnes peuvent nager. Tous ceux qui dépendent de Charles, travaillent pour lui ou pour sa cour, se sont installés autour du palais. Une ville est née : Aix-la-Chapelle, digne de son fondateur.

Charles a considérablement accru le rôle des fonctionnaires, les « missi dominici – qui veut dire en latin « les envoyés du maître » - et qui s'en vont porter aux quatre coins du royaume les décisions du roi. Dès qu'ils ont quitté Aix, ils deviennent les dépositaires de la volonté royale. Charles veut que la justice règne dans son royaume. Les missi dominici l'aident à l'imposer. Il a aussi pris une décision dont les conséquences se perpétueront dans le pays pendant des siècles. Il exige un serment de fidélité des hommes libres. Parmi ces derniers, il y a des grands seigneurs. On dit qu'ils sont devenus ses vassaux. Des seigneurs moins puissants vont devenir les vassaux de ces seigneurs de plus haut rang. Seul le roi n'est le vassal de personne. Ce qui est en train de se créer, c'est ce qu'on appellera : « la féodalité ». Charlemagne a eu aussi le grand mérite de ressusciter les écoles qui existaient déjà sous diverses formes. Il voulait que tous ces sujets aient accès à l'instruction. Il a ouvert dans son palais une école qui devait être le modèle pour toutes les autres. Il a ordonné que, dans chaque évêché on ouvre une école semblable, précisant que les gens pauvres aussi bien que riches aient droit à ce même privilège : apprendre.

En l'an 800, à la basilique Saint-Pierre de Rome, il est sacré empereur par le pape Léon II. La gloire de Charlemagne rayonne du nord au midi, de l'est à l'ouest. Nul roi n'oserait se comparer à lui. Il est lui-même comme le roi de tous les rois.

Il parachèvera son œuvre en transmettant de son vivant le titre impérial à son fils Louis et mourra le 28 janvier 814 à l'âge de soixante-douze ans, après avoir régné quarante-six ans. Charlemagne a exercé un pouvoir absolu sur toute l'Europe de l'Ouest, mais l'empire qu'il a édifié est démesuré. Va-t-il pouvoir lui survivre ?

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L'armée Franque vient de faire halte. Dressé sur ses étriers, Charles Martel regarde devant lui aussi loin que peut porter son regard. Ce chef doté d'une force physique peu commune est infatigable. Ce qu'il cherche à deviner, là-bas, à l'horizon, c'est si l'armée ennemie qu'il veut écraser n'est pas visible.

Au début de ce mois d'octobre 732, les sarrasins, autrement dit les arabes, ne sont pas au rendez-vous.

Charles Martel lui-même a-t-il jamais entendu parler de l'Arabie ? Sait-il que ce désert si lointain a donné naissance à un homme du nom de Mahomet qui a enseigné à ses frères de race une nouvelle religion, les invitant à se soumettre à la volonté du Dieu unique, Allah. Cette soumission, il l'a appelée Islam. Les règles de vie pour les musulmans se retrouvent dans le Coran. Avant de mourir, Mahomet a ordonné à ses disciples d'annoncer la nouvelle religion au monde entier. A ceux qui combattaient pour sa foi, il a promis le Paradis. Alors les croyants se sont mis en marche. La « guerre sainte » commençait.

Les arabes se sont avancés sur le pourtour de la Méditerranée en remportant de prodigieux succès à Damas en 635, à Alexandrie en 641, à Tolède en 713. Ayant occupé l'Espagne, c'est le royaume des Francs qu'ils se sont mis en tête de conquérir.

 

Depuis Clovis, le royaume s'est beaucoup affaibli. En ce temps, quand un roi meurt, on partage le domaine entre tous ses fils. Le drame, c'est que la plupart du temps ces héritiers ne s'entendent pas entre eux. Ils se font la guerre ou s'entre-tuent. La famille des Mérovingiens qui règne sur la Gaule et que déchirent des intrigues de toutes sortes, n'a cessé de voir diminuer son autorité. Peu à peu, la totalité du pouvoir est passée aux mains des majordomes chargés de l'administration des domaines du roi : les maires du palais. Ce sont eux qui, dans les faits, gouvernent et le roi s'incline devant leurs décisions.

Charles Martel est précisément un de ces maires du palais. L'un des plus puissants que les Francs aient connu. Charles a juré de briser l'avance des Arabes – les Francs préfèrent les appeler les Sarrasins – venus d'Espagne pour conquérir la Gaule.

 

Pendant une semaine les deux armées vont s'observer. Et puis, le 17 octobre 732, à vingt kilomètres de Poitiers, les deux armées se rencontrent. On se bat toute la journée, nul n'est épargné. On fend les crânes, on coupe les têtes, on éventre, on égorge. Les cadavres arabes et francs imprègnent de leur sang la terre gauloise. Quand vient la nuit, chaque armée, épuisée, se retire dans son camp. Mais le sommeil fuit Charles Martel. Le lendemain, écrasera-t-il définitivement les Sarrasins ? La croix du Christ triomphera-t-elle du Croissant de Mahomet ?

Quand le jour se lève, c'est la stupéfaction : les Arabes, reconnaissant leur infériorité, se sont enfuis ! Charles Martel est vainqueur.

Toute la Gaule franque va acclamer son sauveur. Qui oserait lui dénier désormais le pouvoir absolu ?

Charles Martel, tel un vrai souverain, partagera à sa mort le royaume des Francs, comme s'il était le sien, entre ses fils. Un seul d'eux, Pépin, va hériter de ce pouvoir après avoir évincé ses frères.

Pépin, surnommé Pépin le Bref car il est de petite taille, est désormais le roi le plus redoutable d'Europe occidentale. Il a fait demander au pape Etienne II, de venir jusqu'à la basilique de Saint-Denis, à Paris, pour se faire sacrer roi des Francs.

Le pape a accepté de venir sacrer Pépin et il s'est mis en route en compagnie de deux envoyés du roi franc, de ses principaux conseillers et de six cardinaux. Le jeune homme qui chevauche près de lui est le fils de Pépin. Il s'appelle Charles. A vrai dire, dans sa famille on l'appelle plutôt Karl, car on y parle plus volontiers la langue germanique des Francs que le latin. Mais c'est en latin que Charles a été baptisé sous le nom de Carolus. Qui aurait pu prévoir ce jour-là qu'il deviendrait Carolus magnus, autrement dit Charles le Grand, autrement dit Charlemagne ? Et qu'il fonderait une dynastie : les Carolingiens ?

A la mort de Pépin, en 768, va commencer l'un des règnes les plus éclatants, les plus glorieux, les plus mémorables de l'histoire de France. Charles monte sur le trône. Il a vingt-six ans.

En fait, à la mort de Pépin, le royaume a été divisé entre Charles et Carloman. Par chance pour l'unité française, Carloman va mourir trois ans plus tard.

En Gaule, personne ne conteste l'autorité de Charlemagne, mais au-delà des frontières, certains restent avides de se jeter sur le pays. Charlemagne a toujours préféré attaquer le premier, que ce soient les musulmans d'Espagne ou ces gens venus de l'Est qui rêvent toujours de franchir le Rhin et dont certains restent païens.

Charles se sent chargé d'une double mission : il lui faut bien sûr protéger son royaume, mais il n'oubliera jamais qu'un jour, à Saint-Denis, l'huile sainte a coulé sur son front. Depuis ce jour, il se considère comme le représentant de Dieu sur la terre. Il doit donc défendre la religion du Christ partout où il peut.

En Allemagne, les Saxons refusent d'abandonner leurs anciens dieux, ceux que l'on prie depuis tant de siècles dans la forêt germanique. Pendant plus de trente ans, Charles va conduire contre eux de violentes expéditions. Des prêtres accompagnent l'armée, chargés d'expliquer aux Saxons la religion chrétienne. Mais les Saxons ne veulent ni de la loi de ce roi franc, ni de ses missionnaires. Alors les armées de Charles font régner la terreur. On brûle les villages dont les habitants refusent de se faire chrétiens. On pend ou on égorge les hommes. On emmène les femmes et les enfants en esclavage. Vous trouvez une telle violence affreuse ? Mais un homme comme Charlemagne ne réagit pas comme nous. S'il use de brutalité – le mot est faible – tous les peuples en font autant. La vie humaine ne comptait guère à cette époque.

En fin de compte, Charlemagne annexera la Saxe, il écrasera la rébellion des Bavarois, il soumettra les Frisons au nord du Rhin et même les Avars le long du Danube. Au titre de la protection qu'il a promise au pape, il interviendra en Italie où il battra entre autres les Lombards. L'Italie presque entière devient une province du royaume franc.

 

Une fois de plus, Charlemagne s'en est allé en Espagne affronter ces « infidèles » musulmans qui périodiquement cherchent à envahir son royaume. Il est sur le chemin du retour et le gros de son armée a déjà franchi les pyrénées. Il a confié le commandement de l'arrière-garde à Roland, un seigneur de la suite du roi et dont le courage fait l'admiration de tous.

En cet après-midi du 15 août 778, l'air est torride et l'on étouffe dans l'étroit défilé où la cavalerie progresse péniblement, au milieu de roches échauffées par le soleil. On chemine en longues files et, à chaque pas, les chevaux butent contre les éboulis. Le col que l'on vient de franchir s'appelle Roncevaux. Parce qu'un poème, l'un des plus célèbres de la littérature française, la Chanson de Roland va, deux siècles plus tard, raconter cette histoire, le nom de Roncevaux restera désormais dans la mémoire de tous les Français. Ce que l'histoire nous enseigne se résume en peu de mots. Un peuple qui vivait sur la frontière, les Vascons, ancêtres des Basques d'aujourd'hui, a dressé une embuscade contre l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne. Cette arrière-garde toute entière a péri dans l'embuscade, y compris le courageux Roland. Mais la « chanson », la première écrite en vers français et non plus en latin, rendra Roland immortel.

 

Le jour venu où ses conquêtes l'on rendu maître de territoires immenses, Charlemagne a compris qu'il fallait disposer de ce que nous appelons une « capitale ». Il va faire édifier sur une colline un palais tel qu'on n'en avait jamais vu en Occident. Dans sa splendide demeure, on traverse d'abord le rez-de-chaussée où d'innombrables chambres accueillent les serviteurs. Puis on emprunte un escalier majestueux et au premier étage se trouve une immense salle de réception que prolonge la salle du trône. A côté se trouvent les chambres du roi et de sa famille. Les meubles son incrustés d'or. Sur un mur, la carte du monde tel qu'on l'imaginait à l'époque est accrochée. Partout des tentures, des vases en or ou en argent. Plus loin encore se trouvent la bibliothèque et les archives. Ensuite voilà l'immense piscine où plus de cent personnes peuvent nager.

Tous ceux qui dépendent de Charles, travaillent pour lui ou pour sa cour, se sont installés autour du palais. Une ville est née : Aix-la-Chapelle, digne de son fondateur.

 

Charles a considérablement accru le rôle des fonctionnaires, les « missi dominici – qui veut dire en latin «  les envoyés du maître » - et qui s'en vont porter aux quatre coins du royaume les décisions du roi. Dès qu'ils ont quitté Aix, ils deviennent les dépositaires de la volonté royale.

Charles veut que la justice règne dans son royaume. Les missi dominici l'aident à l'imposer. Il a aussi pris une décision dont les conséquences se perpétueront dans le pays pendant des siècles. Il exige un serment de fidélité des hommes libres. Parmi ces derniers, il y a des grands seigneurs. On dit qu'ils sont devenus ses vassaux. Des seigneurs moins puissants vont devenir les vassaux de ces seigneurs de plus haut rang. Seul le roi n'est le vassal de personne. Ce qui est en train de se créer, c'est ce qu'on appellera : «  la féodalité ».

Charlemagne a eu aussi le grand mérite de ressusciter les écoles qui existaient déjà sous diverses formes. Il voulait que tous ces sujets aient accès à l'instruction. Il a ouvert dans son palais une école qui devait être le modèle pour toutes les autres. Il a ordonné que, dans chaque évêché on ouvre une école semblable, précisant que les gens pauvres aussi bien que riches aient droit à ce même privilège : apprendre.

En l'an 800, à la basilique Saint-Pierre de Rome, il est sacré empereur par le pape Léon II.

La gloire de Charlemagne rayonne du nord au midi, de l'est à l'ouest. Nul roi n'oserait se comparer à lui. Il est lui-même comme le roi de tous les rois.

Il parachèvera son œuvre en transmettant de son vivant le titre impérial à son fils Louis et mourra le 28 janvier 814 à l'âge de soixante-douze ans, après avoir régné quarante-six ans.

Charlemagne a exercé un pouvoir absolu sur toute l'Europe de l'Ouest, mais l'empire qu'il a édifié est démesuré. Va-t-il pouvoir lui survivre ?