Mardi 16 novembre J'ai encore passé toute la matinée sur ce sacré émetteur, en vain. Après le repas, je suis descendu sur la plage avec Yvan, le technicien que je relève, afin de me changer les idées.
A cette époque de l'année, la majeure partie de la plage est occupée par des dizaines d'éléphants de mer qui allaitent leur petit né il y a à peine deux mois. Nous essayons d'être aussi discrets que possible pour ne pas déranger ces animaux paisibles. Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de gratouiller le ventre des jeunes nés il y a un an et qui rechignent encore à quitter leur mère bien qu'ils aient été sevrés depuis longtemps. Nous avons quitté la plage en fin d'après-midi non sans quelques regrets. Après le repas du soir nous avons assisté à un diaporama présenté par les scientifiques qui nous expliquent ce qu'on peut faire ou pas au milieu de cette vie sauvage. Mercredi 17 novembre Nous avons finalement identifié la panne sur l'émetteur et réussi à le faire fonctionner. J'avais bien mérité une petite pause et donc je suis allé en salle de musculation pour me changer les idées. J'ai les muscles raides et endoloris car je ne me suis plus entraîné depuis que j'ai quitté la France. Demain « l'Albatros », le croiseur de la Marine Nationale va mouiller devant la base dans la Baie du Marin. Cela fait déjà plusieurs mois qu'il patrouille dans les eaux territoriales françaises à la recherche des bateaux de pêche pirates qui infestent les environs de l'archipel. Il tente de les arraisonner et de les prendre en flagrant délit de pêche, et plus particulièrement de la pêche à la légine, un poisson rare et très apprécié, surtout des japonais, pour sa chair tendre.
Jeudi 18 novembre Quand je me suis levé ce matin, l'Albatros était déjà à l'ancre dans la Baie du Marin. Les membres de l'équipage sont descendus à terre à tour de rôle pour passer à la station radio afin de téléphoner à leurs familles qu'ils n'ont pas vues depuis de nombreuses semaines. Ils ont aussi profité de leur passage sur la base pour acheter quelques souvenirs, du nécessaire de toilette et un peu d'alcool à notre coopérative. Le navire a finalement levé l'ancre dans la soirée. Vendredi 19 novembre Le vent n'a pas faibli de toute la nuit et ce matin la base est balayée par une pluie torrentielle. Quelle sale matinée !
La caractéristique principale du climat de cette île est que vous pouvez voir défiler en une journée les quatre saisons de l'année. En effet, juste après dîner, l'été était de retour. Le vent est soudainement tombé et une douce brise a dispersé les derniers nuages qui essayaient désespérément de s'accrocher sur les plus hauts sommets de l'île. La température a augmenté aussi soudainement et j'ai donc abandonné le tapis de course pour aller courir à l'extérieur. Samedi 20 novembre Il n'y avait pas un souffle de vent aujourd'hui et la température a continué à s'élever jusqu'en fin d'après-midi. Je n'ai malheureusement pas pu profiter de ce temps si clément car j'étais surchargé de travail. Demain, pour notre deuxième jour de congé depuis notre arrivée, nous avons prévu de partir en randonnée jusqu'à la « Baie Américaine », une plage de sable gris à environ trois heures de marche difficile sur un sol caillouteux. Deux abris qui ressemblent un peu à des chalets sont installés là-bas et permettent de loger environ huit personnes. Nous prévoyons de rentrer à la base avant la tombée de la nuit et bien sûr si le beau temps se maintient.
