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l'histoire de France, La gloire des Bourbons - Henry IV

Un petit homme à la barbe poivre et sel, avec un nez long et busqué, des yeux vifs et pétillants d'intelligence, se présente, le 25 juillet 1593, devant les portes de la basilique de Saint-denis. Cet homme-là n'est autre que le roi Henri IV. Tout autour de l'église, se bousculant dans les rues jonchées de fleurs, une foule immense contemple le spectacle le plus extraordinaire et le plus imprévu du monde : le chef des protestants va se faire catholique ! Sa mère, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, épouse d'Antoine de Bourbon qui descendait en droite ligne de Saint-Louis, l'a élevé dans la religion protestante. Il a dû un moment se faire catholique. Puis il est redevenu protestant. La foi d'Henri IV est vive, mais il estime que l'on peut être un bon chrétien dans l'une ou l'autre religion. Surtout, il songe à la France trop longtemps accablée, déchirée et dont il faut, si l'on veut qu'elle survive, réconcilier les habitants. Homme de guerre, il y a des années qu'il se bat, chargeant lui-même à la tête de ses bandes huguenotes auxquelles, depuis qu'il est roi, se sont mêlés des catholiques soucieux comme lui du bien de l'état. C'est précisément parce qu'il a beaucoup fait la guerre qu'il l'a prise en haine. Il a vu les campagnes dévastées, les chemins infestés de brigands. Il est entré dans des villes affamées. Il s'est affligé de voir que ses ennemis n'avaient pas hésité à appeler à leur aide des armées étrangères. Puisque les catholiques se révèlent les plus nombreux et que beaucoup d'entre eux refusent de le reconnaître parce qu'il est protestant, Henri IV s'est résolu à se convertir. - Paris vaut bien une messe ! s'est-il écrié. Aux protestants, il a secrètement fait savoir qu'il ne les oublierait pas et qu'il leur accorderait le droit d'exercer librement leur religion. Maintenant, devant les portes de Saint-Denis, l'archevêque de Bourges l'accueille. Henri s'agenouille et jure devant la face de Dieu tout puissant de vivre et mourir en la religion catholique. Le royaume a de nouveau un roi Très Chrétien.

Les Parisiens détestaient les ligueurs depuis que ceux-ci avaient introduit les Espagnols de Philippe II dans Paris. Le 22 mars 1594, ils vont ouvrir au roi les portes de sa capitale.

Le roi, revêtu de son armure, son casque orné du fameux panache blanc, s'avance au pas lent de son cheval au milieu de la foule qui l'acclame. Comment aurait-il pu imaginer, de la part de ces gens qui le reniaient encore quelques mois plus tôt, un tel délire ? L'après-midi, Henri IV va se poster à une fenêtre de la porte Saint-Denis. Il veut considérer de ses propres yeux le départ des troupes étrangères.

Les catholiques vont se rallier à lui. Henri IV les accueillera à bras ouverts. Il lui faudra encore trois ans pour chasser les ennemis du royaume, Henri IV sera seul maître en France alors. Il a mis fin aux guerres de religion, humilié l'Espagne jusque-là considérée comme la plus grande puissance de l'Europe. Il a replacé la France au premier rang des Etats du continent.

Ce qui frappe tous ceux qui le rencontrent, c'est son attachement à se province d'origine. Il est fier de son surnom de Béarnais. Il a toujours gardé l'accent du Béarn. Il reste en réalité un homme de la terre qui n'aime pas vivre en ville, et tend à administrer le royaume comme il le ferait d'une grande ferme. Henri IV a été un roi absolu, mais cet absolutisme s'est exercé le plus souvent dans la bonne humeur. Sa conversation est vive et riante, il passe avec allégresse d'un sujet à l'autre. Il jouit d'une santé excellente et peut monter à cheval pendant quinze heures de suite, épuisant monture et escorte. Il se livre avec fougue aux sports les plus fatigants, manie aussi bien l'épée que l'arquebuse, le pistolet que la pique et la hallebarde ; il excelle au saut en hauteur, à la course à pied, à la nage et se jette dans toutes les danses. Il raffole aussi de la chasse.

L'ennui, c'est que tout cela le fait transpirer et qu'il a horreur de se laver. Quand il se réveille le matin, il se borne à se tremper le bout de ses doigts dans un peu d'eau. Le résultat est abominable. L'odeur de ses pieds et de ses aisselles le précède en tout lieu. L'une de ses amies les plus chères lui reproche de puer comme une charogne. Cela ne l'encourage pas à se laver davantage, mais au moins, il s'inonde de parfum. Il s'habille sans recherche : ses vêtements sont parfois rapiécés. Il mange beaucoup et rarement des mets raffinés.

Il s'est marié deux fois : avec Marguerite – la reine Margot – fille d'Henri II et de Catherine de Médicis, dont il s'est séparé, puis avec l'Italienne Marie de Médicis qui lui a donné six enfants. Il les adore. Il veut que ses enfants l'appellent papa et non monsieur comme le veut l'étiquette. Il leur accorde beaucoup de temps, se promène et joue longuement avec eux.

En 1597, il s'agit de restaurer les finances alors que les caisses du royaume sont vides et que l'on doit faire face à des dettes énormes accumulées depuis quarante ans. C'est à son ministre des finances Sully que la tâche incombe. Le royaume est partout en ruine, le bétail est en grande partie détruit, de sorte que l'on ne peut plus labourer. La population dans les villes a parfois diminué des deux tiers. Les fabriques ont fermé leurs portes.

Ce qu'a voulu Henri IV, en nommant Sully surintendant des Finances, c'est remettre en ordre les affaires de la France. Il connaît bien les qualités essentielles de son ami : le bon sens et l'acharnement au travail. Sully punit impitoyablement les fonctionnaires qui volent. Il va réduire la dette de 30%, augmenter les recettes de 50%, le tout sans accabler les Français d'impôts. Non seulement il parvient à rétablir un équilibre, mais à la mort d'Henri IV, il aura déposé à la Bastille un trésor de 13 millions en or. Sully avance armé d'une certitude : seule la terre est source de richesses. Donc, avant toute chose, il va remettre à l'honneur l'agriculture, soutenir la paysannerie, encourager la petite noblesse, jusque-là accaparée par la guerre, à rentrer chez elle pour faire fructifier ses terres. Il fait venir de Hollande des spécialistes de l'assèchement des marais, il refait à neuf les routes de France afin de faciliter la circulation des denrées et d'éviter les famines toujours menaçantes. Le paysage Français que l'on connaît aujourd'hui est en grande partie celui d'Henry IV et de son ministre. Sully qui ne veut pas que l'or français sorte du royaume pour l'achat de produits étrangers, soutient aussi l'industrie. A la mort d'Henry IV, 48 manufactures travailleront en France : 40 auront été crées par Sully. L'industrie de la soie, l'imprimerie, le textile, les fabriques de tapisserie, les chantiers navals sont si bien encouragés qu'ils connaissent bientôt une remarquable prospérité. De nouveau la France, si longtemps repliée sur elle-même pour cause de guerre civile, peut regarder loin devant elle : en 1603, Samuel Champlain, au nom du roi de France, fonde la ville de Québec.

Henry IV a tenu les promesses faites aux protestants : chaque Français s'est vu reconnaître la liberté de conscience et le droit de pratiquer la religion de son choix. Protestants et catholiques jouissent de la même égalité devant les lois.

Le royaume s'est agrandi et la France a retrouvé la paix. Elle vit heureuse et prospère. Certes, en 1610, la guerre menace de nouveau. Le roi s'est allié aux princes protestants d'Allemagne. Les Habsbourg, souverains catholiques d'Espagne et d'Autriche, l'ont fort mal pris. Mais aussi de nombreux Français dont certains ont juré la perte du roi. De part et d'autre on s'arme. Henry IV rassemble trois armées, l'une destinée à attaquer l'Italie, la deuxième qui doit envahir l'Espagne, la troisième, que le roi veut commander lui-même, se portera vers les Pays-Bas. Le roi va-t-il mettre le feu aux poudres ? Il n'en aura pas le temps. Le 14 mai 1610, le carrosse royal s'engage dans une rue étroite de Paris. Un géant roux vêtu de vert, un certain Ravaillac, prenant appui sur une borne, saute sur le marchepied, brandit un couteau et frappe le roi en pleine poitrine.

Arrêté sur le champ, Ravaillac sera jugé, condamné à mort et écartelé par quatre chevaux attachés à ses jambes et à ses bras qui lui arracheront les membres.

Henry IV n'est plus. Catholiques et protestants l'avaient alternativement critiqué. Tous vont se retrouver pour pleurer sa mort. Il leur semble qu'avec la disparition d'Henry IV, la France a perdu son bonheur. De tous les souverains Français, Henry IV restera le plus populaire, le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire.

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Un petit homme à la barbe poivre et sel, avec un nez long et busqué, des yeux vifs et pétillants d'intelligence, se présente, le 25 juillet 1593, devant les portes de la basilique de Saint-denis. Cet homme-là n'est autre que le roi Henri IV.

Tout autour de l'église, se bousculant dans les rues jonchées de fleurs, une foule immense contemple le spectacle le plus extraordinaire et le plus imprévu du monde : le chef des protestants va se faire catholique !

Sa mère, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, épouse d'Antoine de Bourbon qui descendait en droite ligne de Saint-Louis, l'a élevé dans la religion protestante. Il a dû un moment se faire catholique. Puis il est redevenu protestant. La foi d'Henri IV est vive, mais il estime que l'on peut être un bon chrétien dans l'une ou l'autre religion. Surtout, il songe à la France trop longtemps accablée, déchirée et dont il faut, si l'on veut qu'elle survive, réconcilier les habitants.

 

Homme de guerre, il y a des années qu'il se bat, chargeant lui-même à la tête de ses bandes huguenotes auxquelles, depuis qu'il est roi, se sont mêlés des catholiques soucieux comme lui du bien de l'état. C'est précisément parce qu'il a beaucoup fait la guerre qu'il l'a prise en haine. Il a vu les campagnes dévastées, les chemins infestés de brigands. Il est entré dans des villes affamées. Il s'est affligé de voir que ses ennemis n'avaient pas hésité à appeler à leur aide des armées étrangères. Puisque les catholiques se révèlent les plus nombreux et que beaucoup d'entre eux refusent de le reconnaître parce qu'il est protestant, Henri IV s'est résolu à se convertir.

-         Paris vaut bien une messe ! s'est-il écrié.

Aux protestants, il a secrètement fait savoir qu'il ne les oublierait pas et qu'il leur accorderait le droit d'exercer librement leur religion. Maintenant, devant les portes de Saint-Denis, l'archevêque de Bourges l'accueille. Henri s'agenouille et jure devant la face de Dieu tout puissant de vivre et mourir en la religion catholique. Le royaume a de nouveau un roi Très Chrétien.

 

Les Parisiens détestaient les ligueurs depuis que ceux-ci avaient introduit les Espagnols de Philippe II dans Paris. Le 22 mars 1594, ils vont ouvrir au roi les portes de sa capitale.

Le roi, revêtu de son armure, son casque orné du fameux panache blanc, s'avance au pas lent de son cheval au milieu de la foule qui l'acclame. Comment aurait-il pu imaginer, de la part de ces gens qui le reniaient encore quelques mois plus tôt, un tel délire ? L'après-midi, Henri IV va se poster à une fenêtre de la porte Saint-Denis. Il veut considérer de ses propres yeux le départ des troupes étrangères.

Les catholiques vont se rallier à lui. Henri IV les accueillera à bras ouverts. Il lui faudra encore trois ans pour chasser les ennemis du royaume, Henri IV sera seul maître en France alors. Il a mis fin aux guerres de religion, humilié l'Espagne jusque-là considérée comme la plus grande puissance de l'Europe. Il a replacé la France au premier rang des Etats du continent.

 

Ce qui frappe tous ceux qui le rencontrent, c'est son attachement à se province d'origine. Il est fier de son surnom de Béarnais. Il a toujours gardé l'accent du Béarn. Il reste en réalité un homme de la terre qui n'aime pas vivre en ville, et tend à administrer le royaume comme il le ferait d'une grande ferme. Henri IV a été un roi absolu, mais cet absolutisme s'est exercé le plus souvent dans la bonne humeur. Sa conversation est vive et riante, il passe avec allégresse d'un sujet à l'autre. Il jouit d'une santé excellente et peut monter à cheval pendant quinze heures de suite, épuisant monture et escorte. Il se livre avec fougue aux sports les plus fatigants, manie aussi bien l'épée que l'arquebuse, le pistolet que la pique et la hallebarde ; il excelle au saut en hauteur, à la course à pied, à la nage et se jette dans toutes les danses. Il raffole aussi de la chasse.

L'ennui, c'est que tout cela le fait transpirer et qu'il a horreur de se laver. Quand il se réveille le matin, il se borne à se tremper le bout de ses doigts dans un peu d'eau. Le résultat est abominable. L'odeur de ses pieds et de ses aisselles le précède en tout lieu.

L'une de ses amies les plus chères lui reproche de puer comme une charogne. Cela ne l'encourage pas à se laver davantage, mais au moins, il s'inonde de parfum.

Il s'habille sans recherche : ses vêtements sont parfois rapiécés. Il mange beaucoup et rarement des mets raffinés.

 

Il s'est marié deux fois : avec Marguerite – la reine Margot – fille d'Henri II et de Catherine de Médicis, dont il s'est séparé, puis avec l'Italienne Marie de Médicis qui lui a donné six enfants. Il les adore. Il veut que ses enfants l'appellent papa et non monsieur comme le veut l'étiquette. Il leur accorde beaucoup de temps, se promène et joue longuement avec eux.

 

En 1597, il s'agit de restaurer les finances alors que les caisses du royaume sont vides et que l'on doit faire face à des dettes énormes accumulées depuis quarante ans. C'est à son ministre des finances Sully que la tâche incombe.

Le royaume est partout en ruine, le bétail est en grande partie détruit, de sorte que l'on ne peut plus labourer. La population dans les villes a parfois diminué des deux tiers. Les fabriques ont fermé leurs portes.

Ce qu'a voulu Henri IV, en nommant Sully surintendant des Finances, c'est remettre en ordre les affaires de la France. Il connaît bien les qualités essentielles de son ami : le bon sens et l'acharnement au travail.

Sully punit impitoyablement les fonctionnaires qui volent. Il va réduire la dette de 30%, augmenter les recettes de 50%, le tout sans accabler les Français d'impôts. Non seulement il parvient à rétablir un équilibre, mais à la mort d'Henri IV, il aura déposé à la Bastille un trésor de 13 millions en or.

Sully avance armé d'une certitude : seule la terre est source de richesses. Donc, avant toute chose, il va remettre à l'honneur l'agriculture, soutenir la paysannerie, encourager la petite noblesse, jusque-là accaparée par la guerre, à rentrer chez elle pour faire fructifier ses terres.

Il fait venir de Hollande des spécialistes de l'assèchement des marais, il refait à neuf les routes de France afin de faciliter la circulation des denrées et d'éviter les famines toujours menaçantes.

Le paysage Français que l'on connaît aujourd'hui est en grande partie celui d'Henry IV et de son ministre.

Sully qui ne veut pas que l'or français sorte du royaume pour l'achat de produits étrangers, soutient aussi l'industrie. A la mort d'Henry IV, 48 manufactures travailleront en France : 40 auront été crées par Sully. L'industrie de la soie, l'imprimerie, le textile, les fabriques de tapisserie, les chantiers navals sont si bien encouragés qu'ils connaissent bientôt une remarquable prospérité.

De nouveau la France, si longtemps repliée sur elle-même pour cause de guerre civile, peut regarder loin devant elle : en 1603, Samuel Champlain, au nom du roi de France, fonde la ville de Québec.

Henry IV a tenu les promesses faites aux protestants : chaque Français s'est vu reconnaître la liberté de conscience et le droit de pratiquer la religion de son choix. Protestants et catholiques jouissent de la même égalité devant les lois.

Le royaume s'est agrandi et la France a retrouvé la paix. Elle vit heureuse et prospère. Certes, en 1610, la guerre menace de nouveau. Le roi s'est allié aux princes protestants d'Allemagne. Les Habsbourg, souverains catholiques d'Espagne et d'Autriche, l'ont fort mal pris. Mais aussi de nombreux Français dont certains ont juré la perte du roi. De part et d'autre on s'arme. Henry IV rassemble trois armées, l'une destinée à attaquer l'Italie, la deuxième qui doit envahir l'Espagne, la troisième, que le roi veut commander lui-même, se portera vers les Pays-Bas. Le roi va-t-il mettre le feu aux poudres ? Il n'en aura pas le temps.

Le 14 mai 1610, le carrosse royal s'engage dans une rue étroite de Paris. Un géant roux vêtu de vert, un certain Ravaillac, prenant appui sur une borne, saute sur le marchepied, brandit un couteau et frappe le roi en pleine poitrine.

Arrêté sur le champ, Ravaillac sera jugé, condamné à mort et écartelé par quatre chevaux attachés à ses jambes et à ses bras qui lui arracheront les membres.

Henry IV n'est plus.

Catholiques et protestants l'avaient alternativement critiqué. Tous vont se retrouver pour pleurer sa mort. Il leur semble qu'avec la disparition d'Henry IV, la France a perdu son bonheur.

De tous les souverains Français, Henry IV restera le plus populaire, le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire.