En avant le français
Traduire? Et alors, c'est fastoche! Vous vous procurez un p'tit dico anglais-français, français-anglais, et hop! Allez-y! Du mot-à-mot, des paroles bien alignées, avec une correspondance une à une par rapport à l'original, où est le problème? Eh ben, non. Ça, vous voyez, ça ne marche pas tout à fait comme ça, la traduction. Au bout du compte, ce n'est malheureusement pas une conclusion renoncée — pardon! Je veux dire, ce n'est pas dit qu'un mot, ne serait-ce long que d'une lettre, aura un sens unique, comme des petites rues. Un exemple, me demanderiez-vous? Voyons; vous pensiez peut-être que le « a » français se traduisait en anglais par les trois lettres h , a et s ? Du tout, du tout! Là-bas, dans l'Hexagone, on « a » un certain âge; on a même un âge certain (quatre-vingt balais, par exemple)... Essayez de dire aux Françaises « votre bébé est un an vieux ». Vous verrez bien la réaction. En effet, francophoniquement on « a » plein de choses qu'on « est », anglophoniquement: faim, soif (oh, le petit coup de rouge! ), sommeil.
Au Québec c'est un peu différent. Là-bas on déjeune en se levant et on dîne à midi, tandis que de l'autre côté de l'Atlantique on déjeune à une heure et on dîne à une heure... civilisée, c'est à dire neuf heures du soir, quoi. Quoi? Pourquoi « quoi », au juste ? Quoi que soit la traduction de « ouate? » (mot anglais, mais si, mais si; dites-le à haute voix, vous verrez bien), il se glisse çà et là dans le langage parlé, sans sens quelconque pour quiconque autre qu'un point-à-la-ligne articulé. Ai-je parlé de langage parlé? Alors là, j'sais pas si j'vais causer de ça, non mais. Y'a trente-six trucs que t'es pas prêt à dégoter dans un dico. Au niveau de la causerie au zinc c'est pas de la tarte. Le dico? Cause toujours! Enfin, quand même, bref. Pas fastoche, hein?