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French audio gazette, Gîtes ruraux : le tourisme vert au secours de l'agriculture

Gîtes ruraux, fermes-auberges, tables d'hôtes... : l'hébergement se décline de mille et une façons dans les campagnes françaises. Une herse, un tracteur, des vignobles... Le mas Bruguière ne se différencie en rien des fermes visibles ici et là dans la région du Pic Saint Loup, dans le sud de la France. Pourtant cette façade cache quelque chose d'inhabituel : ici, on reçoit les touristes à bras ouverts. Pas de maître d'hôtel ou de garçon en livrée, Isabelle et Guilhem Bruguière s'occupent eux-mêmes de leurs hôtes. Dans la cour de la ferme, quelques Parisiens et des Belges que trahit leur teint pâle, profitent du soleil d'été pour faire leur mue annuelle. Ils sont en famille et au bout d'une semaine, leurs frais de séjour, non compris la restauration, s'élèveront à 1500 FF. Une rentrée d'argent que ne néglige pas Guilhem, même si elle ne représente qu'une infime partie de ses revenus. "C'est une activité rentable , reconnaît-il, car je me suis contenté d'aménager une ancienne écurie, une bergerie et un élevage de vers à soie désaffecté." Aidé de son beau-père, un maçon à la retraite, Guilhem a aménagé ses locaux sans se ruiner. En effet, les frais de restauration de ces bâtisses, souvent centenaires, sont très élevés. Transformer sa ferme en gîte est une opération coûteuse. D'où le recours aux crédits et aux subventions octroyés d'abord par le ministère de l'Agriculture puis par les collectivités locales et la Communauté européenne. Cette prime d'encouragement à une agriculture en crise a permis aux paysans de diversifier leurs revenus et parallèlement le décollage du tourisme vert. Celui-ci marque aujourd'hui le pas après avoir connu une phase d'euphorie. Vivre au vert : un privilège Cette année, les gîtes ruraux de France ont soufflé leurs 41 bougies. Créés en 1954, ils visaient deux objectifs : développer le tourisme en zone rurale par la rénovation de l'habitat rural d'une part et promouvoir d'autre part les échanges villes-campagnes. Aujourd'hui, la France compte près de 50 000 gîtes ruraux auxquels il faut ajouter les chambres et tables d'hôtes, les gîtes de groupes, les campings à la ferme et de nombreuses activités de loisirs. Au fil des années, les gîtes se sont professionnalisés au point de faire parfois de l'ombre à l'hôtellerie classique. C'est le cas dans l'Hérault. En l'espace de dix ans, le nombre de gîtes y a doublé, passant de 400 en 1977 à 767 dont le mas Bruguière. Les citadins, en majorité d'origine rurale, renouent ainsi avec leurs racines. Des retrouvailles dont profitent surtout les enfants. Jean-Claude Cavalier, un agriculteur du Gard, confirme : "Les petits citadins apprennent beaucoup. Ils découvrent d'où vient l'oeuf, ils ne savent pas à quoi ressemble une poule. Pour eux, c'est une cuisse au supermarché" . Le phénomène de mode et l'acquisition de connaissances mis à part, les gîtes attirent la clientèle à cause de la qualité de la vie dans les campagnes et de leur coût relativement bas. Avec un taux de remplissage qui atteint parfois les 100 % durant l'été, la plupart des propriétaires de gîtes de l'Hérault sont des entrepreneurs comblés. Mais les débuts en 1968 n'ont pas été faciles. "Les paysans se méfiaient des touristes dont ils avaient une mauvaise image" , se rappelle Gilles Bonhomme, le directeur du relais départemental des gîtes de l'Hérault, à Montpellier. Lui-même a dû subir les railleries de ses collègues qui l'appelaient "le touriste" pour lui faire comprendre l'impossibilité de sa mission. Mais "le touriste" ne se décourage pas pour autant. Fin connaisseur de la mentalité paysanne, il ne cesse de prêcher la bonne parole. Lors de ces tournées de sensibilisation, il inscrivait en gros caractères au tableau son credo : "Il faut une prédisposition naturelle à l'accueil. C'est l'une des conditions indispensables au tourisme" . Bien des années plus tard, Guilhem a compris le sens de cette remarque. "Contrairement à l'hôtelier qui ne reçoit pas les gens dans sa famille, le propriétaire du gîte doit pratiquement ouvrir son chez soi à la clientèle. Il doit faire preuve d'une ouverture d'esprit et tomber sur des gens sympathiques, sinon l'opération tourne au cauchemar." Un risque néanmoins faible, qui fait des gîtes ruraux des espaces de convivialité très recherchés.

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Gîtes ruraux, fermes-auberges, tables d'hôtes... : l'hébergement se décline de mille et une façons dans les campagnes françaises.

Une herse, un tracteur, des vignobles... Le mas Bruguière ne se différencie en rien des fermes visibles ici et là dans la région du Pic Saint Loup, dans le sud de la France. Pourtant cette façade cache quelque chose d'inhabituel : ici, on reçoit les touristes à bras ouverts. Pas de maître d'hôtel ou de garçon en livrée, Isabelle et Guilhem Bruguière s'occupent eux-mêmes de leurs hôtes.

Dans la cour de la ferme, quelques Parisiens et des Belges que trahit leur teint pâle, profitent du soleil d'été pour faire leur mue annuelle. Ils sont en famille et au bout d'une semaine, leurs frais de séjour, non compris la restauration, s'élèveront à 1500 FF. Une rentrée d'argent que ne néglige pas Guilhem, même si elle ne représente qu'une infime partie de ses revenus. "C'est une activité rentable, reconnaît-il, car je me suis contenté d'aménager une ancienne écurie, une bergerie et un élevage de vers à soie désaffecté."

Aidé de son beau-père, un maçon à la retraite, Guilhem a aménagé ses locaux sans se ruiner. En effet, les frais de restauration de ces bâtisses, souvent centenaires, sont très élevés. Transformer sa ferme en gîte est une opération coûteuse. D'où le recours aux crédits et aux subventions octroyés d'abord par le ministère de l'Agriculture puis par les collectivités locales et la Communauté européenne. Cette prime d'encouragement à une agriculture en crise a permis aux paysans de diversifier leurs revenus et parallèlement le décollage du tourisme vert. Celui-ci marque aujourd'hui le pas après avoir connu une phase d'euphorie.

Vivre au vert : un privilège

Cette année, les gîtes ruraux de France ont soufflé leurs 41 bougies. Créés en 1954, ils visaient deux objectifs : développer le tourisme en zone rurale par la rénovation de l'habitat rural d'une part et promouvoir d'autre part les échanges villes-campagnes. Aujourd'hui, la France compte près de 50 000 gîtes ruraux auxquels il faut ajouter les chambres et tables d'hôtes, les gîtes de groupes, les campings à la ferme et de nombreuses activités de loisirs.

Au fil des années, les gîtes se sont professionnalisés au point de faire parfois de l'ombre à l'hôtellerie classique. C'est le cas dans l'Hérault. En l'espace de dix ans, le nombre de gîtes y a doublé, passant de 400 en 1977 à 767 dont le mas Bruguière. Les citadins, en majorité d'origine rurale, renouent ainsi avec leurs racines. Des retrouvailles dont profitent surtout les enfants. Jean-Claude Cavalier, un agriculteur du Gard, confirme : "Les petits citadins apprennent beaucoup. Ils découvrent d'où vient l'oeuf, ils ne savent pas à quoi ressemble une poule. Pour eux, c'est une cuisse au supermarché". Le phénomène de mode et l'acquisition de connaissances mis à part, les gîtes attirent la clientèle à cause de la qualité de la vie dans les campagnes et de leur coût relativement bas.

Avec un taux de remplissage qui atteint parfois les 100 % durant l'été, la plupart des propriétaires de gîtes de l'Hérault sont des entrepreneurs comblés. Mais les débuts en 1968 n'ont pas été faciles. "Les paysans se méfiaient des touristes dont ils avaient une mauvaise image", se rappelle Gilles Bonhomme, le directeur du relais départemental des gîtes de l'Hérault, à Montpellier. Lui-même a dû subir les railleries de ses collègues qui l'appelaient "le touriste" pour lui faire comprendre l'impossibilité de sa mission.

Mais "le touriste" ne se décourage pas pour autant. Fin connaisseur de la mentalité paysanne, il ne cesse de prêcher la bonne parole. Lors de ces tournées de sensibilisation, il inscrivait en gros caractères au tableau son credo : "Il faut une prédisposition naturelle à l'accueil. C'est l'une des conditions indispensables au tourisme". Bien des années plus tard, Guilhem a compris le sens de cette remarque. "Contrairement à l'hôtelier qui ne reçoit pas les gens dans sa famille, le propriétaire du gîte doit pratiquement ouvrir son chez soi à la clientèle. Il doit faire preuve d'une ouverture d'esprit et tomber sur des gens sympathiques, sinon l'opération tourne au cauchemar." Un risque néanmoins faible, qui fait des gîtes ruraux des espaces de convivialité très recherchés.