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l'histoire de France, La France Ressuscitée

Sur la plaine couverte de neige, un long hurlement s'élève. Qui, au temps du roi Charles VII, pourrait s'y méprendre ? Ce cri, chacun le connaît : c'est celui du loup. Les derniers combats de la guerre de Cent Ans avait à ce point ruiné la France, que les paysans, désertant les campagnes infestées de brigands, s'étaient réfugiés dans les villes. Les loups, sortis des forêts, s'étaient multipliés sans que nul ne s'y oppose. Leur audace n'avait plus connu de limite : à plusieurs reprises des bandes de fauves affamés avaient envahi Paris, courant et hurlant dans les rues, enlevant les enfants attardés. Il a fallu à Charles VII, après la mort de Jeanne d'Arc, vingt années pour achever de « bouter » les Anglais hors de France. Les victoires de Formigny (1450) et de Castillon (1452) ont redonné à la France la Normandie et la Guyenne. Il ne reste aux Anglais que Calais.

Il faut qu'elle revive cette France à bout de force. Charles VII a fait organiser de grandes chasses pour libérer les campagnes des loups qui les avaient envahies !

Peu à peu, les paysans, souvent exemptés d'impôts pour plusieurs années, sont rentrés chez eux. La campagne est redevenue belle et prospère. Le roi crée une armée permanente qui le libère de la dépendance des chevaliers toujours prêts à regagner leurs châteaux. Il favorise les entreprises de grands marchands qui enrichissent le pays, il fait exploiter les mines, creuser des ports, créer une flotte pour commercer avec toute la Méditerranée.

Quand Charles VII meurt en 1461, il laisse un royaume florissant. Une aubaine pour son fils qui attend ce moment depuis dix ans en trépignant d'impatience. Son propre fils Louis, mortellement brouillé avec lui et réfugié chez le plus acharné des ennemis de Charles, Philippe le bon, duc de Bourgogne.

C'est justement lui, le nouveau roi Louis XI que les habitants de Reims attendent pour le sacre. Quand ils voient paraître, au milieu de quelques serviteurs, un avorton au teint jaune, au long nez, au gros ventre et aux jambes grêles, habillé comme un miséreux, la tête enfermée dans une sorte de casquette noire qui ne ressemble à rien, ils ressentent une immense déception : quoi ! C'est çà le roi de France, le plus grand roi du monde ! Certains marmonnent qu'il ressemble davantage à un valet qu'un chevalier. Ils ont raison. Louis XI, même au comble de sa gloire, gardera un sens de l'économie qui va un peu trop loin. Au fond, ce roi a les mêmes réflexes que les bourgeois, eux-mêmes acharnés à épargner.

Il quitte le Louvre trop grandiose pour s'installer à l'hôtel des Tournelles, plus simple. Il voyage sans cesse. Il répète qu'un roi doit visiter son peuple aussi souvent qu'un bon jardinier visite son jardin. De son royaume, il veut tout savoir, tout connaître. Ce n'est pas par vaine curiosité, mais pour mieux tenir ses sujets à sa merci. Il flatte les bourgeois, se proclame leur ami, mais en même temps les écrase d'impôts. Il répète qu'il est le protecteur des villes, mais il leur impose des maires de son choix. Tout cela n'est pas pour faire de lui un roi aimé. Peu lui importe. Il préfère être un roi bien servi.

La grandeur de la France l'obsède, mais s'il ne néglige rien pour y atteindre, il déteste la guerre. Il dit qu'elle est toujours une calamité pour les paysans. Il préfère user de son arme favorite, la diplomatie. Rien ne le rend plus heureux de nouer des intrigues ou de préparer des complots. Il estime que tromper ses ennemis est permis quand cela favorise la bonne cause : et à ses yeux, la sienne est toujours bonne. Ses mensonges ne l'empêchent pas d'être très pieux. Il est très généreux avec les églises et les abbayes. Ses conseillers trembles qu'il ne se ruine pour tous les saints du paradis. Louis XI se montre sans pitié. Sa police fait peser sur les français un joug implacable. Il fait décapiter ceux de ses vassaux qui ne plient pas devant lui.

Pourtant, Louis XI a été bien moins cruel que son ennemi Charles le Téméraire, nouveau duc de Bourgogne à la mort de son père.

Le duché de Bourgogne s'est agrandi démesurément grâce à des mariages habiles. La Bourgogne, la Franche-Comté, la Belgique actuelle, le Luxembourg et une partie de la Hollande en font partie. La richesse de la Flandre se révèle sans égale en Occident. Le port de Bruges est le plus actif d'Europe. Les plus grands artistes, peintres, sculpteurs, architectes, musiciens, travaillent pour les ducs de Bourgogne.

Louis XI ne peut tolérer que la France soit ridiculisée par ce vassal et qu'une telle menace pèse sur elle. Avec une ténacité et une intelligence admirables, il noue contre Charles le Téméraire un réseau d'inimitiés et d'alliances qui finiront par le mettre en échec. Battu par les Suisses et les Lorrains, le Téméraire, pris dans une embuscade, meurt misérablement.

Louis XI va pouvoir annexer la Bourgogne et la Picardie, le Maine, l'Anjou, la Provence et le Roussillon. La France de cette époque a acquis presque son étendue d'aujourd'hui ! Tel est le résultat d'un règne de fer. Pour y parvenir, Louis XI a réduit le parlement à la soumission, le clergé à l'humilité, les Français à l'obéissance. A sa mort en 1483, c'en sera fait de la féodalité et la monarchie absolue sera pour demain. Des Français nouveaux Renaissance: le mot est joli. Il semble que la France s'éveille d'un long sommeil, qu'elle renaît. Il n'en est rien. La France n'a nullement à renaître au XVIème siècle car elle avait retrouvé la lumière au sortir des ténèbres du Moyen-Age. La vérité est que , grâce au coup de foudre des Français pour l'Italie, le pays découvre non seulement des formes d'art oubliées, mais aussi une soif d'apprendre, de connaître, un amour de la beauté, une passion de vivre, un besoin d'entreprises hardies, qui peu à peu forgent des Français nouveaux. Ils s'élanceront à la découverte du monde: les Bretons de Saint-Malo et les Normands de Dieppe vogueront jusqu'en Guinée et jusqu'à Terre-Neuve au Canada. Ils aimeront les artistes, les poètes, les châteaux, les palais, les jardins, se ruineront pour acquérir des bijoux, des étoffes, des objets d'art et seront toujours prêts à donner leur vie pour l'amour d'une femme. Pauvre Charles VIII! A peine âgé de vingt-huit ans, il se heurte le front au linteau d'une porte basse dans son château d'Amboise. Quelques heures plus tard, il est mort (1498).

Son cousin, le duc d'Orléans lui succède et devient Louis XII. Grave problème pour ce Capétien pâle et maigre: la reine Anne devenue veuve, va-t-elle rentrer chez elle en reprenant sa Bretagne qu'elle avait apportée en dot? La solution serait que Louis XII l'épouse à son tour. Malheureusement le nouveau roi est déjà marié avec Jeanne de France. Comment se tirer d'un tel mauvais pas? Louis XII fait reconnaître à Rome qu'il a été contraint par Louis XI d'épouser Jeanne. La pape accepte l'argument et annule le mariage. Louis XII, depuis longtemps amoureux en secret d'Anne, l'épouse. Anne reste reine et la Bretagne demeure française.

Le Premier janvier 1515, Louis XII meurt et c'est François Premier son cousin qui lui succède. Il travaillera constamment à la grandeur de la France. On lui doit l'état civil, grâce auquel sont conservées les dates les plus importantes de la vie de tous les Français: la naissance, le mariage et la mort. Il ordonne que les textes officiels soient dorénavant rédigés en Français, il développe l'imprimerie, fonde le collège de France, agrandit le royaume, bâtit le port du Havre, encourage Jacques Cartier, un marin de Saint-Malo, à explorer et coloniser le Canada. Cartier abordera pour la première fois la terre canadienne en 1534, mais c'est seulement soixante-dix ans plus tard que seront fondés les premiers établissements français. Il cherche à faire alliance avec le roi d'Angleterre Henri VIII, pour contrer l'empereur Charles Quint, dont l'immensité des possessions menace la France d'encerclement. Malheureusement ses plans échouent, et il devra lutter tout le long de son règne contre la puissance de Charles Quint. Battu par ce dernier, il devra cependant, à la fin de son règne, renoncer à la Savoie et à sa suzeraineté sur l'Artois et la Flandre. Mais si François garde une place de choix dans l'histoire de France, c'est parce qu'il s'est placé à l'avant-garde de la Renaissance. Nous lui devons les châteaux de Fontainebleau et de Chambord. Il a fait venir le plus grand peintre d'Italie, Léonard de Vinci qui restera en France jusqu'à sa mort. Il peindra trois de ses plus grand chefs-d'oeuvre, Saint Jean-Baptiste, Sainte Anne et cette extraordinaire toile, La Joconde, que des millions de visiteurs viennent admirer au Musée du Louvre. Henri II succède à son père, François Ier en 1547. Comme lui, il a du lutter contre la puissance de Charles Quint qui, à la fois souverain des Pays-Bas, roi d'Espagne, empereur germanique, maître d'une grande partie de l'Italie, constitue une menace permanente pour la France. De son épouse, Catherine de Médicis, Henri a eu dix enfants dont trois seront roi de France: François II, Charles IX et Henri III.

Il règne depuis dix-sept ans quand il meurt lors d'un grand tournoi, la tête transpercée par la lance de son adversaire. C'est donc François II, un garçon maladif, souffreteux, terrorisé parce qu'il règne à quinze ans, qui va monter sur le trône. Chacun sait déjà que la véritable maîtresse du royaume sera sa mère, Catherine de Médicis.

La guerre entre Français François II n'a régné que dix-huit mois. Une maladie d'oreille l'a emporté en 1560. Son frère est devenu roi sous le nom de Charles IX. Il avait dix ans, il en a maintenant vingt-deux. Charles est un roi qui parle peu, un roi triste, hésitant toujours devant les décisions à prendre et préférant s'en remettre à sa mère. Aujourd'hui pourtant, l'heure est grave, la France traverse une crise dramatique qui menace l'existence du royaume. Pour la première fois depuis la conversion de Clovis, les français se divisent sur la façon de prier Dieu. Pourquoi? Sans doute parce que la religion catholique, depuis tant de siècles, a perdu de sa pureté. Les rois, pour récompenser leurs courtisans, leur font cadeau d'une abbaye ou les nomment curés d'une riche paroisse. Les papes vendent des indulgences grâce auxquelles les croyants obtiennent, contre de l'argent, le pardon des péchés. Le luxe des évêques peut légitimement être pris comme une insulte à la misère des pauvres gens.

Certains catholiques on demandé que l'on mette fin à une situation qui mettrait en péril la religion. On ne les a pas écoutés. Alors, d'Allemagne, un appel solennel est venu: Martin Luther (1483-1546) en a appelé à une réforme profonde de l'Eglise. Pour Luther, le salut éternel ne peut pas dépendre des indulgences, mais seulement d'une foi sincère. Le seul chef de l'Eglise sur la terre doit rester Jésus-Christ et on n'a pas besoin d'un pape. En France, Jean Calvin a lui aussi conseillé aux Français de pratiquer une religion purifiée. Comme ceux qui l'écoutent protestent contre les abus de l'Eglise, on les a appelés protestants. Les rois de France, depuis toujours, se veulent les protecteurs de la religion catholique. Ces protestants, ils vont donc les traiter comme des révoltés et les persécuter cruellement. Sous le règne de François Ier, déjà, plusieurs d'entre eux sont brûlés vifs. Dans les premières années du règne d'Henri II s'allument partout des bûchers sur lesquels meurent de véritables martyrs de leur foi. Cependant, tous les protestants ne se résignent pas. De plus en plus nombreux, ils s'arment et livrent contre les catholiques des batailles ouvertes. Bientôt, deux clans s'affrontent sauvagement : les guerres de religion ont commencé. Elles vont durer jusqu'à la fin du siècle. Les grandes familles du royaume sont elles-mêmes divisées. Les Guises, qui affirment descendre de charlemagne, dirigent les catholiques. Les Bourbons, descendants de Saint-Louis et les Montmorency se mettent à la tête des protestants. Les Français meurent parce que certains veulent prier en Français et d'autres en latin. Depuis qu'elle exerce le pouvoir, avec une remarquable intelligence politique, Catherine de Médicis a tenté à plusieurs reprises de réconcilier catholiques et protestants. Mais elle s'inquiète de l'influence prise par un protestant, l'amiral de Coligny, sur l'esprit de Charles IX. Elle tente de faire assassiner Coligny. L'attentat échoue. La fureur de Charles IX se déchaîne. Il ordonne une enquête. Catherine tremble que son fils ne découvre son rôle dans l'affaire. Alors, elle conçoit un plan dont l'exécution pèsera éternellement sur sa mémoire. Elle va convaincre son fils qu'un complot protestant se lève contre sa personne et qu'il faut y faire face sur le champ. Tant qu'il le peut Charles refuse l'ordre fatal. Avec une habileté diabolique, la reine amène son fils à se contredire. Accablé, il se convainc qu'il est incapable d'être un vrai roi. Ce n'est pas contre les protestants que monte sa rage, mais contre lui-même. Les yeux injectés de sang, il ordonne alors qu'on les tue tous sur le champ ! La nuit du 24 août 1572, fête de la Saint-Barthélemy, quand le tocsin sonne, Coligny meurt le premier. On jette son corps par la fenêtre. Ensuite, c'est la tuerie. Toute la nuit on massacre. Après les chefs huguenots, ce sont des inconnus qui tombent. On tue des commerçants chez qui l'on a des dettes, on tue des concurrents, on tue les femmes enceintes, les enfants. On tue même quelques catholiques pour assouvir des vengeances personnelles.

Deux ans plus tard, Charles IX mourra d'une affreuse maladie : des accès de délire furieux. Le frère cadet de Charles devient roi sous le nom de Henri III (1574).

Sa mère l'accueille avec joie et lui conseil de se montrer compréhensif vis-à-vis des protestants. Il veut qu'ils soient libres de pratiquer leur religion et qu'ils aient les mêmes droits que les catholiques. Nouveau drame : Henri n'a pas d'enfants. Et son héritier, un cousin, Henri de Navarre, est protestant ! Les catholiques refusent catégoriquement de voir un protestant devenir roi de France. Une nouvelle guerre civile éclate que l'on appelle la « guerre des trois Henri » (Henri III, Henri de Navarre, Henri de Guise qui est à la tête des catholiques). Sur l'ordre d'Henri III, le duc de Guise est assassiné. Les catholiques, au comble de la fureur, jurent que Henri III ne mérite plus de régner. Pour eux, un seul espoir, la mort d'Henri III. Le 1er août 1589, un moine dominicain, Jacques Clément, parvient à parvenir chez le roi et le poignarde.

Avant de mourir, Henri III confie la couronne à son cousin Henri de Navarre en lui conseillant de changer de religion. Un grand règne va alors commencer, celui de la réconciliation !

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Sur la plaine couverte de neige, un long hurlement s'élève. Qui, au temps du roi Charles VII, pourrait s'y méprendre ? Ce cri, chacun le connaît : c'est celui du loup.

Les derniers combats de la guerre de Cent Ans avait à ce point ruiné la France, que les paysans, désertant les campagnes infestées de brigands, s'étaient réfugiés dans les villes. Les loups, sortis des forêts, s'étaient multipliés sans que nul ne s'y oppose. Leur audace n'avait plus connu de limite : à plusieurs reprises des bandes de fauves affamés avaient envahi Paris, courant et hurlant dans les rues, enlevant les enfants attardés.

Il a fallu à Charles VII, après la mort de Jeanne d'Arc, vingt années pour achever de « bouter » les Anglais hors de France. Les victoires de Formigny (1450) et de Castillon (1452) ont redonné à la France la Normandie et la Guyenne. Il ne reste aux Anglais que Calais.

Il faut qu'elle revive cette France à bout de force. Charles VII a fait organiser de grandes chasses pour libérer les campagnes des loups qui les avaient envahies !

Peu à peu, les paysans, souvent exemptés d'impôts pour plusieurs années, sont rentrés chez eux. La campagne est redevenue belle et prospère. Le roi crée une armée permanente qui le libère de la dépendance des chevaliers toujours prêts à regagner leurs châteaux. Il favorise les entreprises de grands marchands qui enrichissent le pays, il fait exploiter les mines, creuser des ports, créer une flotte pour commercer avec toute la Méditerranée.

 

Quand Charles VII meurt en 1461, il laisse un royaume florissant. Une aubaine pour son fils qui attend ce moment depuis dix ans en trépignant d'impatience. Son propre fils Louis, mortellement brouillé avec lui et réfugié chez le plus acharné des ennemis de Charles, Philippe le bon, duc de Bourgogne.

C'est justement lui, le nouveau roi Louis XI que les habitants de Reims attendent pour le sacre. Quand ils voient paraître, au milieu de quelques serviteurs, un avorton au teint jaune, au long nez, au gros ventre et aux jambes grêles, habillé comme un miséreux, la tête enfermée dans une sorte de casquette noire qui ne ressemble à rien, ils ressentent une immense déception : quoi ! C'est çà le roi de France, le plus grand roi du monde !

Certains marmonnent qu'il ressemble davantage à un valet qu'un chevalier.

Ils ont raison. Louis XI, même au comble de sa gloire, gardera un sens de l'économie qui va un peu trop loin.

Au fond, ce roi a les mêmes réflexes que les bourgeois, eux-mêmes acharnés à épargner.

Il quitte le Louvre trop grandiose pour s'installer à l'hôtel des Tournelles, plus simple.

Il voyage sans cesse. Il répète qu'un roi doit visiter son peuple aussi souvent qu'un bon jardinier visite son jardin.

De son royaume, il veut tout savoir, tout connaître. Ce n'est pas par vaine curiosité, mais pour mieux tenir ses sujets à sa merci. Il flatte les bourgeois, se proclame leur ami, mais en même temps les écrase d'impôts. Il répète qu'il est le protecteur des villes, mais il leur impose des maires de son choix.

Tout cela n'est pas pour faire de lui un roi aimé. Peu lui importe. Il préfère être un roi bien servi.

La grandeur de la France l'obsède, mais s'il ne néglige rien pour y atteindre, il déteste la guerre. Il dit qu'elle est toujours une calamité pour les paysans. Il préfère user de son arme favorite, la diplomatie. Rien ne le rend plus heureux de nouer des intrigues ou de préparer des complots. Il estime que tromper ses ennemis est permis quand cela favorise la bonne cause : et à ses yeux, la sienne est toujours bonne. Ses mensonges ne l'empêchent pas d'être très pieux. Il est très généreux avec les églises et les abbayes. Ses conseillers trembles qu'il ne se ruine pour tous les saints du paradis.

Louis XI se montre sans pitié. Sa police fait peser sur les français un joug implacable. Il fait décapiter ceux de ses vassaux qui ne plient pas devant lui.

Pourtant, Louis XI a été bien moins cruel que son ennemi Charles le Téméraire, nouveau duc de Bourgogne à la mort de son père.

Le duché de Bourgogne s'est agrandi démesurément grâce à des mariages habiles. La Bourgogne, la Franche-Comté, la Belgique actuelle, le Luxembourg et une partie de la Hollande en font partie. La richesse de la Flandre se révèle sans égale en Occident. Le port de Bruges est le plus actif d'Europe. Les plus grands artistes, peintres, sculpteurs, architectes, musiciens, travaillent pour les ducs de Bourgogne.

 Louis XI ne peut tolérer que la France soit ridiculisée par ce vassal et qu'une telle menace pèse sur elle. Avec une ténacité et une intelligence admirables, il noue contre Charles le Téméraire un réseau d'inimitiés et d'alliances qui finiront par le mettre en échec. Battu par les Suisses et les Lorrains, le Téméraire, pris dans une embuscade, meurt misérablement.

Louis XI va pouvoir annexer la Bourgogne et la Picardie, le Maine, l'Anjou, la Provence et le Roussillon. La France de cette époque a acquis presque son étendue d'aujourd'hui ! Tel est le résultat d'un règne de fer. Pour y parvenir, Louis XI a réduit le parlement à la soumission, le clergé à l'humilité, les Français à l'obéissance.

A sa mort en 1483, c'en sera fait de la féodalité et la monarchie absolue sera pour demain.

 

Des Français nouveaux

 

Renaissance: le mot est joli. Il semble que la France s'éveille d'un long sommeil, qu'elle renaît. Il n'en est rien. La France n'a nullement à renaître au XVIème siècle car elle avait retrouvé la lumière au sortir des ténèbres du Moyen-Age.

La vérité est que , grâce au coup de foudre des Français pour l'Italie, le pays découvre non seulement des formes d'art oubliées, mais aussi une soif d'apprendre, de connaître, un amour de la beauté, une passion de vivre, un besoin d'entreprises hardies, qui peu à peu forgent des Français nouveaux. Ils s'élanceront à la découverte du monde: les Bretons de Saint-Malo et les Normands de Dieppe vogueront jusqu'en Guinée et jusqu'à Terre-Neuve au Canada. Ils aimeront les artistes, les poètes, les châteaux, les palais, les jardins, se ruineront pour acquérir des bijoux, des étoffes, des objets d'art et seront toujours prêts à donner leur vie pour l'amour d'une femme.

Pauvre Charles VIII! A peine âgé de vingt-huit ans, il se heurte le front au linteau d'une porte basse dans son château d'Amboise. Quelques heures plus tard, il est mort (1498).

Son cousin, le duc d'Orléans lui succède et devient Louis XII. Grave problème pour ce Capétien pâle et maigre: la reine Anne devenue veuve, va-t-elle rentrer chez elle en reprenant sa Bretagne qu'elle avait apportée en dot? La solution serait que Louis XII l'épouse à son tour. Malheureusement le nouveau roi est déjà marié avec Jeanne de France. Comment se tirer d'un tel mauvais pas? Louis XII fait reconnaître à Rome qu'il a été contraint par Louis XI d'épouser Jeanne. La pape accepte l'argument et annule le mariage. Louis XII, depuis longtemps amoureux en secret d'Anne, l'épouse. Anne reste reine et la Bretagne demeure française.

 

Le Premier janvier 1515, Louis XII meurt et c'est François Premier son cousin qui lui succède. Il travaillera constamment à la grandeur de la France. On lui doit l'état civil, grâce auquel sont conservées les dates les plus importantes de la vie de tous les Français: la naissance, le mariage et la mort. Il ordonne que les textes officiels soient dorénavant rédigés en Français, il développe l'imprimerie, fonde le collège de France, agrandit le royaume, bâtit le port du Havre, encourage Jacques Cartier, un marin de Saint-Malo, à explorer et coloniser le Canada. Cartier abordera pour la première fois la terre canadienne en 1534, mais c'est seulement soixante-dix ans plus tard que seront fondés les premiers établissements français.

Il cherche à faire alliance avec le roi d'Angleterre Henri VIII, pour contrer l'empereur Charles Quint, dont l'immensité des possessions menace la France d'encerclement. Malheureusement ses plans échouent, et il devra lutter tout le long de son règne contre la puissance de Charles Quint. Battu par ce dernier, il devra cependant, à la fin de son règne, renoncer à la Savoie et à sa suzeraineté sur l'Artois et la Flandre.

Mais si François garde une place de choix dans l'histoire de France, c'est parce qu'il s'est placé à l'avant-garde de la Renaissance. Nous lui devons les châteaux de Fontainebleau et de Chambord. Il a fait venir le plus grand peintre d'Italie, Léonard de Vinci qui restera en France jusqu'à sa mort. Il peindra trois de ses plus grand chefs-d'oeuvre, Saint Jean-Baptiste, Sainte Anne et cette extraordinaire toile, La Joconde, que des millions de visiteurs viennent admirer au Musée du Louvre.

 

Henri II succède à son père, François Ier en 1547. Comme lui, il a du lutter contre la puissance de Charles Quint qui, à la fois souverain des Pays-Bas, roi d'Espagne, empereur germanique, maître d'une grande partie de l'Italie, constitue une menace permanente pour la France.

De son épouse, Catherine de Médicis, Henri a eu dix enfants dont trois seront roi de France: François II, Charles IX et Henri III.

Il règne depuis dix-sept ans quand il meurt lors d'un grand tournoi, la tête transpercée par la lance de son adversaire.

C'est donc François II, un garçon maladif, souffreteux, terrorisé parce qu'il règne à quinze ans, qui va monter sur le trône. Chacun sait déjà que la véritable maîtresse du royaume sera sa mère, Catherine de Médicis.

 

La guerre entre Français

 

François II n'a régné que dix-huit mois. Une maladie d'oreille l'a emporté en 1560. Son frère est devenu roi sous le nom de Charles IX. Il avait dix ans, il en a maintenant vingt-deux. Charles est un roi qui parle peu, un roi triste, hésitant toujours devant les décisions à prendre et préférant s'en remettre à sa mère. Aujourd'hui pourtant, l'heure est grave, la France traverse une crise dramatique qui menace l'existence du royaume.

Pour la première fois depuis la conversion de Clovis, les français se divisent sur la façon de prier Dieu. Pourquoi? Sans doute parce que la religion catholique, depuis tant de siècles, a perdu de sa pureté. Les rois, pour récompenser leurs courtisans, leur font cadeau d'une abbaye ou les nomment curés d'une riche paroisse. Les papes vendent des indulgences grâce auxquelles les croyants obtiennent, contre de l'argent, le pardon des péchés. Le luxe des évêques peut légitimement être pris comme une insulte à la misère des pauvres gens.

Certains catholiques on demandé que l'on mette fin à une situation qui mettrait en péril la religion. On ne les a pas écoutés. Alors, d'Allemagne, un appel solennel est venu: Martin Luther (1483-1546) en a appelé à une réforme profonde de l'Eglise.

Pour Luther, le salut éternel ne peut pas dépendre des indulgences, mais seulement d'une foi sincère. Le seul chef de l'Eglise sur la terre doit rester Jésus-Christ et on n'a pas besoin d'un pape. En France, Jean Calvin a lui aussi conseillé aux Français de pratiquer une religion purifiée. Comme ceux qui l'écoutent protestent contre les abus de l'Eglise, on les a appelés protestants.

Les rois de France, depuis toujours, se veulent les protecteurs de la religion catholique. Ces protestants, ils vont donc les traiter comme des révoltés et les persécuter cruellement. Sous le règne de François Ier, déjà, plusieurs d'entre eux sont brûlés vifs. Dans les premières années du règne d'Henri II s'allument partout des bûchers sur lesquels meurent de véritables martyrs de leur foi.

Cependant, tous les protestants ne se résignent pas. De plus en plus nombreux, ils s'arment et livrent contre les catholiques des batailles ouvertes. Bientôt, deux clans s'affrontent sauvagement : les guerres de religion ont commencé. Elles vont durer jusqu'à la fin du siècle. Les grandes familles du royaume sont elles-mêmes divisées. Les Guises, qui affirment descendre de charlemagne, dirigent les catholiques. Les Bourbons, descendants de Saint-Louis et les Montmorency se mettent à la tête des protestants. Les Français meurent parce que certains veulent prier en Français et d'autres en latin.

Depuis qu'elle exerce le pouvoir, avec une remarquable intelligence politique, Catherine de Médicis a tenté à plusieurs reprises de réconcilier catholiques et protestants. Mais elle s'inquiète de l'influence prise par un protestant, l'amiral de Coligny, sur l'esprit de Charles IX. Elle tente de faire assassiner Coligny. L'attentat échoue. La fureur de Charles IX se déchaîne. Il ordonne une enquête. Catherine tremble que son fils ne découvre son rôle dans l'affaire. Alors, elle conçoit un plan dont l'exécution pèsera éternellement sur sa mémoire.

Elle va convaincre son fils qu'un complot protestant se lève contre sa personne et qu'il faut y faire face sur le champ.

Tant qu'il le peut Charles refuse l'ordre fatal. Avec une habileté diabolique, la reine amène son fils à se contredire. Accablé, il se convainc qu'il est incapable d'être un vrai roi. Ce n'est pas contre les protestants que monte sa rage, mais contre lui-même.

Les yeux injectés de sang, il ordonne alors qu'on les tue tous sur le champ !

La nuit du 24 août 1572, fête de la Saint-Barthélemy, quand le tocsin sonne, Coligny meurt le premier. On jette son corps par la fenêtre. Ensuite, c'est la tuerie. Toute la nuit on massacre. Après les chefs huguenots, ce sont des inconnus qui tombent. On tue des commerçants chez qui l'on a des dettes, on tue des concurrents, on tue les femmes enceintes, les enfants. On tue même quelques catholiques pour assouvir des vengeances personnelles.

Deux ans plus tard, Charles IX mourra d'une affreuse maladie : des accès de délire furieux.

Le frère cadet de Charles devient roi sous le nom de Henri III (1574).

Sa mère l'accueille avec joie et lui conseil de se montrer compréhensif vis-à-vis des protestants. Il veut qu'ils soient libres de pratiquer leur religion et qu'ils aient les mêmes droits que les catholiques.

Nouveau drame : Henri n'a pas d'enfants. Et son héritier, un cousin, Henri de Navarre, est protestant ! Les catholiques refusent catégoriquement de voir un protestant devenir roi de France. Une nouvelle guerre civile éclate que l'on appelle la « guerre des trois Henri » (Henri III, Henri de Navarre, Henri de Guise qui est à la tête des catholiques).

Sur l'ordre d'Henri III, le duc de Guise est assassiné.

Les catholiques, au comble de la fureur, jurent que Henri III ne mérite plus de régner. Pour eux, un seul espoir, la mort d'Henri III.

Le 1er août 1589, un  moine dominicain, Jacques Clément, parvient à parvenir chez le roi et le poignarde.

Avant de mourir, Henri III confie la couronne à son cousin Henri de Navarre en lui conseillant de changer de religion. Un grand règne va alors commencer, celui de la réconciliation !