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l'histoire de France, Le siècle des lumières – Louis XVI

Dans une chambre de Versailles, deux jeunes gens attendent. Il a dix-neuf. Elle, dix-huit. Leurs yeux sont rougis par les larmes. Ce jour-là, le 10 mai 1774, Louis, petit-fils de louis XV, sait que, d'un moment à l'autre, il va devenir roi. Marie-antoinette, sa femme, attend d'être reine. Depuis que Louis XV est entré en agonie, on a placé une bougie allumée à la fenêtre de sa chambre.

Tout à coup, un bruit terrible et absolument semblable à celui du tonnerre se fait entendre. Il est 3 heures et quart. A la fenêtre de la chambre du roi, on vient de souffler la bougie dont la flamme vacillante signifiait que le roi vivait encore. Aussitôt, une marée de courtisans – c'est le bruit du tonnerre – a déferlé sur le parquet glissant de la galerie des Glaces. Louis et Marie-Antoinette se regardent : ils ont compris. La porte s'ouvre. Les courtisans font irruption dans la pièce. Alors, louis XVI et Marie-Antoinette tombent à genoux en pleurant : - Mon Dieu, gémissent-ils en se tenant embrassés, mon Dieu, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! La scène est touchante, mais vous admettrez que ces jeunes princes manquent de mémoire : Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, tous trois, n'étaient-ils pas encore enfants quand ils ont régné ? Reconnaissons pourtant que, chez Louis XVI et Marie-Antoinette, le défaut de mémoire n'exclut pas la lucidité : le roi qui vient de mourir laisse à ses successeurs un pays en crise grave. Comme Louis XIV, il est mort impopulaire. Beaucoup de Français lui reprochent d'avoir trop aimé les plaisirs et d'avoir accordé une trop grande place à de jolies femmes telles que Mme de Pompadour et mme du Barry. Louis XV, à qui nous devons l'acquisition de la Lorraine (1766) et celle de la Corse (1768), a lui aussi jeté son royaume dans de longs conflits : la guerre de sept Ans, la guerre avec l'Angleterre qui nous a fait perdre l'Inde et le Canada (1763). La dette de l'Etat a démesurément grossi. Le nouveau roi sait que, si l'on ne prend pas des mesures efficaces, la France court à la faillite. Des mesures, oui, mais quelles mesures ? Telle est la question qui sera posée durant tout le règne de Louis XVI. Quand on voudra y répondre, il sera trop tard. Ce sera la fin de la monarchie.

Les premiers hommes volants Sur la pelouse de la Muette, à Paris, cette étrange sphère qui, le 21 novembre 1783, se balance au souffle du vent, c'est le premier ballon de l'Histoire, inventé par des fabricants de papier, les frères Montgolfier : c'est pourquoi on l'appelle montgolfière. Un jour, Joseph Montgolfier se trouvait devant la cheminée de sa cuisine où un domestique venait d'étendre du linge. Soudain, le fabricant a sursauté : sous ses yeux, une chemise, chauffée par les flammes, se gonflait et cherchait à s'élever. L'idée était née : il suffisait de remplir un grand sac avec de la vapeur et ce sac s'élèverait dans les airs. Lors de la première expérience, c'est ce qui s'est passé : la montgolfière est montée à 2000 mètres d'altitude, pour retomber à une lieue – 4 km – de son point de départ. Aujourd'hui, c'est à une tentative beaucoup plus périlleuse que l'on va assister : deux hommes ont proposé de s'élever dans les airs à bord d'une montgolfière. Louis XVI, après avoir longuement hésité, a fini par donner son autorisation. Les voici, ces deux hommes. Ils s'avancent au milieu d'une foule au comble de l'impatience et de l'enthousiasme. Ils se nomment Pilâtre de Rozier et le capitaine-marquis d'Arlandes. La montgolfière est en papier huilé décoré de fleurs de lis et des initiales du roi. Une galerie a été aménagée à sa base où vont prendre place les deux audacieux voyageurs. Un réchaud alimenté par de la paille doit fournir les vingt mètres cubes d'air chaud qui gonfleront l'enveloppe. Le marquis d'Arlandes saisit avec une fourche une botte de paille, la lève, la secoue au milieu de la flamme. L'effet est immédiat : la montgolfière quitte la terre au milieu des acclamations. Voici le ballon au-dessus de Paris. On survole les Invalides, Notre-dame, le boulevard Saint-Jacques. On frôle les moulins du Petit-Gentilly et l'on se pose enfin. Le voyage a duré vingt-cinq minutes.

Les premiers hommes au monde qui aient « volé » sont des Français.

A la Muette, un vieillard a assisté à l'envol du ballon. Un grincheux s'est penché vers lui : - A quoi bon, monsieur, peuvent servir les ballons ? Le vieillard lui a répondu en souriant : - Monsieur, à quoi bon peut servir l'enfant qui vient de naître ? Ce vieillard est Américain. Il a inventé le paratonnerre qui empêche la foudre de détruire les maisons. Il s'est battu pour l'indépendance des Etats-Unis. Il s'appelle Benjamin Franklin. La conquête du ciel ne représente que l'un des épisodes d'une immense aventure que traverse la France nouvelle : celle des sciences. Toute notre vie quotidienne va se trouver modifiée par des découvertes qui datent du siècle des Lumières. La chimie moderne naît au XVIIIè siècle grâce aux travaux de Lavoisier. Réaumur invente le microscope – qui permet de se pencher sur l'infiniment petit – et le thermomètre. On découvre l'électricité. On introduit en France la machine à vapeur de l'Anglais Watt. Les filatures usent désormais de métiers mécaniques.

Propriétaires de manufactures, marchands, bourgeois profitent des progrès techniques et d'une production améliorée autant qu'accrue. Les ouvriers eux-mêmes voient leurs salaires augmenter.

On répète aux Français que l'Etat est ruiné. Ils comprennent d'autant moins qu'il leur semble, quand ils regardent autour d'eux, découvrir un pays riche et prospère. Ils n'ont pas tort. De 1715 à 1792, la France n'a connu aucune invasion étrangère. Nous nous sommes toujours battus hors de nos frontières. C'est important. Mieux encore : les terrifiantes épidémies, les épouvantables famines de naguère ne sont plus que de mauvais souvenirs. Les communications se sont améliorées, les échanges commerciaux ont augmenté.

Les « philosophes » se sont beaucoup occupés de l'agriculture et, depuis leurs recherches, l'on obtient un meilleur rendement des cultures. Le bétail est mieux nourri, on a appris à fumer les champs, d'où des récoltes plus abondantes. La météorologie elle-même s'en est mêlée ! Depuis1730, le temps n'a cessé de s'améliorer. Pour les paysans, ce n'est pas la richesse, mais ce n'est plus la misère. Il est moins difficile de survivre.

Les Français, qui étaient 18 millions à la fin du règne de Louis XIV, sont maintenant sous Louis XVI 25 millions. Cet accroissement est encore un signe de prospérité. La France est l'Etat le plus peuplé d'Europe. Elle n'est dépassée de très peu que par la Russie. La vérité est que les Français sont riches, mais que l'Etat est pauvre. Personne ne trouve le moyen de remplir les caisses. Les fêtes offertes à Versailles sont très critiquées. Imprudemment, la reine Marie-Antoinette comble de faveurs et de présents un petit groupe de courtisans. Elle devient impopulaire et on l'appelle « l'Autrichienne ». Les ministres se succèdent – Turgot, Calone, brienne, necker – mais les solutions qu'ils proposent pour renflouer le Trésor échouent. Certes, on pourrait obliger les privilégiés à prendre leur part d'impôts que paye seul le tiers état. Le parlement, qui rêve toujours de partager le pouvoir avec le roi, s'y oppose pour faire pression sur Louis XVI. C'est la politique du pire. Les nobles et les prêtres, eux, refusent de payer quoi que ce soit si l'on ne convoque pas d'abord les états généraux. Seuls, disent-ils, les représentants des trois « ordres » du royaume sont habilités à voter de nouveaux impôts.

La dette de l'Etat est devenue un véritable gouffre. Qui plus est, la récolte de 1788 se révèle mauvaise. Le prix du pain augmente. Le peuple gronde. Les bourgeois enragent parce qu'ils sont traités en inférieurs par les nobles. Un prêtre, l'abbé Sieyès, publie une brochure qui pose cette question : Qu'est-ce que le tiers état ? Il répond : rien. Que devrait-il être ? Tout. Que veut-il être ? Quelque chose.

Ajoutez à cela que les idées des philosophes et de l'encyclopédie ont pénétré profondément toutes les classes de la société, aussi bien les bourgeois que les nobles et les prêtres, comme le prouveront les « cahiers de doléances » qui seront bientôt rédigés dans toutes les villes et dans tous les villages du royaume. Beaucoup de nobles sont allés se battre en Amérique, avec La Fayette, pour l'indépendance des Etats-Unis et en sont revenus enthousiastes de l'idée de liberté. Finalement, Louis XVI a cédé et convoqué ce tiers état dont tant de Français réclamaient la réunion.

En faisant cela, il a donné lui-même le coup d'envoi d'un drame immense, à la fois terrifiant et exaltant : la Révolution Française.

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Dans une chambre de Versailles, deux jeunes gens attendent. Il a dix-neuf. Elle, dix-huit. Leurs yeux sont rougis par les larmes. Ce jour-là, le 10 mai 1774, Louis, petit-fils de louis XV, sait que, d'un moment à l'autre, il va devenir roi. Marie-antoinette, sa femme, attend d'être reine.

Depuis que Louis XV est entré en agonie, on a placé une bougie allumée à la fenêtre de sa chambre.

Tout à coup, un bruit terrible et absolument semblable à celui du tonnerre se fait entendre. Il est 3 heures et quart. A la fenêtre de la chambre du roi, on vient de souffler la bougie dont la flamme vacillante signifiait que le roi vivait encore. Aussitôt, une marée de courtisans – c'est le bruit du tonnerre – a déferlé sur le parquet glissant de la galerie des Glaces. Louis et Marie-Antoinette se regardent : ils ont compris. La porte s'ouvre. Les courtisans font irruption dans la pièce. Alors, louis XVI et Marie-Antoinette tombent à genoux en pleurant :

-         Mon Dieu, gémissent-ils en se tenant embrassés, mon Dieu, protégez-nous, nous régnons trop jeunes !

La scène est touchante, mais vous admettrez que ces jeunes princes manquent de mémoire : Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, tous trois, n'étaient-ils pas encore enfants quand ils ont régné ?

Reconnaissons pourtant que, chez Louis XVI et Marie-Antoinette, le défaut de mémoire n'exclut pas la lucidité : le roi qui vient de mourir laisse à ses successeurs un pays en crise grave. Comme Louis XIV, il est mort impopulaire. Beaucoup de Français lui reprochent d'avoir trop aimé les plaisirs et d'avoir accordé une trop grande place à de jolies femmes telles que Mme de Pompadour et mme du Barry. Louis XV, à qui nous devons l'acquisition de la Lorraine (1766) et celle de la Corse (1768), a lui aussi jeté son royaume dans de longs conflits : la guerre de sept Ans, la guerre avec l'Angleterre qui nous a fait perdre l'Inde et le Canada (1763).

La dette de l'Etat a démesurément grossi. Le nouveau roi sait que, si l'on ne prend pas des mesures efficaces, la France court à la faillite.

Des mesures, oui, mais quelles mesures ? Telle est la question qui sera posée durant tout le règne de Louis XVI. Quand on voudra y répondre, il sera trop tard. Ce sera la fin de la monarchie.

 

Les premiers hommes volants

 

Sur la pelouse de la Muette, à Paris, cette étrange sphère qui, le 21 novembre 1783, se balance au souffle du vent, c'est le premier ballon de l'Histoire, inventé par des fabricants de papier, les frères Montgolfier : c'est pourquoi on l'appelle montgolfière. Un jour, Joseph Montgolfier se trouvait devant la cheminée de sa cuisine où un domestique venait d'étendre du linge. Soudain, le fabricant a sursauté : sous ses yeux, une chemise, chauffée par les flammes, se gonflait et cherchait à s'élever. L'idée était née : il suffisait de remplir un grand sac avec de la vapeur et ce sac s'élèverait dans les airs. Lors de la première expérience, c'est ce qui s'est passé : la montgolfière est montée à 2000 mètres d'altitude, pour retomber à une lieue – 4 km – de son point de départ.

Aujourd'hui, c'est à une tentative beaucoup plus périlleuse que l'on va assister : deux hommes ont proposé de s'élever dans les airs à bord d'une montgolfière. Louis XVI, après avoir longuement hésité, a fini par donner son autorisation. Les voici, ces deux hommes. Ils s'avancent au milieu d'une foule au comble de l'impatience et de l'enthousiasme. Ils se nomment Pilâtre de Rozier et le capitaine-marquis d'Arlandes.

La montgolfière est en papier huilé décoré de fleurs de lis et des initiales du roi. Une galerie a été aménagée à sa base où vont prendre place les deux audacieux voyageurs. Un réchaud alimenté par de la paille doit fournir les vingt mètres cubes d'air chaud qui gonfleront l'enveloppe.

Le marquis d'Arlandes saisit avec une fourche une botte de paille, la lève, la secoue au milieu de la flamme. L'effet est immédiat : la montgolfière quitte la terre au milieu des acclamations.

Voici le ballon au-dessus de Paris. On survole les Invalides, Notre-dame, le boulevard Saint-Jacques. On frôle les moulins du Petit-Gentilly et l'on se pose enfin. Le voyage a duré vingt-cinq minutes.

Les premiers hommes au monde qui aient « volé » sont des Français.

A la Muette, un vieillard a assisté à l'envol du ballon. Un grincheux s'est penché vers lui :

       - A quoi bon, monsieur, peuvent servir les ballons ?

Le vieillard lui a répondu en souriant :

 - Monsieur, à quoi bon peut servir l'enfant qui vient de naître ?

Ce vieillard est Américain. Il a inventé le paratonnerre qui empêche la foudre de détruire les maisons. Il s'est battu pour l'indépendance des Etats-Unis. Il s'appelle Benjamin Franklin. La conquête du ciel ne représente que l'un des épisodes d'une immense aventure que traverse la France nouvelle : celle des sciences.

Toute notre vie quotidienne va se trouver modifiée par des découvertes qui datent du siècle des Lumières. La chimie moderne naît au XVIIIè siècle grâce aux travaux de Lavoisier. Réaumur invente le microscope – qui permet de se pencher sur l'infiniment petit – et le thermomètre. On découvre l'électricité. On introduit en France la machine à vapeur de l'Anglais Watt. Les filatures usent désormais de métiers mécaniques.

Propriétaires de manufactures, marchands, bourgeois profitent des progrès techniques et d'une production améliorée autant qu'accrue. Les ouvriers eux-mêmes voient leurs salaires augmenter.

On répète aux Français que l'Etat est ruiné. Ils comprennent d'autant moins qu'il leur semble, quand ils regardent autour d'eux, découvrir un pays riche et prospère. Ils n'ont pas tort.

De 1715 à 1792, la France n'a connu aucune invasion étrangère. Nous nous sommes toujours battus hors de nos frontières. C'est important.

Mieux encore : les terrifiantes épidémies, les épouvantables famines de naguère ne sont plus que de mauvais souvenirs. Les communications se sont améliorées, les échanges commerciaux ont augmenté.

Les « philosophes » se sont beaucoup occupés de l'agriculture et, depuis leurs recherches, l'on obtient un meilleur rendement des cultures. Le bétail est mieux nourri, on a appris à fumer les champs, d'où des récoltes plus abondantes. La météorologie elle-même s'en est mêlée ! Depuis1730, le temps n'a cessé de s'améliorer.

Pour les paysans, ce n'est pas la richesse, mais ce n'est plus la misère. Il est moins difficile de survivre.

Les Français, qui étaient 18 millions à la fin du règne de Louis XIV, sont maintenant sous Louis XVI 25 millions. Cet accroissement est encore un signe de prospérité. La France est l'Etat le plus peuplé d'Europe. Elle n'est dépassée de très peu que par la Russie.

La vérité est que les Français sont riches, mais que l'Etat est pauvre. Personne ne trouve le moyen de remplir les caisses. Les fêtes offertes à Versailles sont très critiquées. Imprudemment, la reine Marie-Antoinette comble de faveurs et de présents un petit groupe de courtisans. Elle devient impopulaire et on l'appelle « l'Autrichienne ».

 

Les ministres se succèdent – Turgot, Calone, brienne, necker – mais les solutions qu'ils proposent pour renflouer le Trésor échouent. Certes, on pourrait obliger les privilégiés  à prendre leur part d'impôts que paye seul le tiers état. Le parlement, qui rêve toujours de partager le pouvoir avec le roi, s'y oppose pour faire pression sur Louis XVI. C'est la politique du pire.

Les nobles et les prêtres, eux, refusent de payer quoi que ce soit si l'on ne convoque pas d'abord les états généraux. Seuls, disent-ils, les représentants des trois « ordres » du royaume sont habilités à voter de nouveaux impôts.

La dette de l'Etat est devenue un véritable gouffre. Qui plus est, la récolte de 1788 se révèle mauvaise. Le prix du pain augmente. Le peuple gronde. Les bourgeois enragent parce qu'ils sont traités en inférieurs par les nobles.  Un prêtre, l'abbé Sieyès, publie une brochure qui pose cette question : Qu'est-ce que le tiers état ? Il répond : rien. Que devrait-il être ? Tout. Que veut-il être ? Quelque chose.

Ajoutez à cela que les idées des philosophes et de l'encyclopédie ont pénétré profondément toutes les classes de la société, aussi bien les bourgeois que les nobles et les prêtres, comme le prouveront les « cahiers de doléances »  qui seront bientôt rédigés dans toutes les villes et dans tous les villages du royaume. Beaucoup de nobles sont allés se battre en Amérique, avec La Fayette, pour l'indépendance des Etats-Unis et en sont revenus enthousiastes de l'idée de liberté. Finalement, Louis XVI a cédé et convoqué ce tiers état dont tant de Français réclamaient la réunion.

En faisant cela, il a donné lui-même le coup d'envoi d'un drame immense, à la fois terrifiant et exaltant : la Révolution Française.