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l'histoire de France, L'épopée industrielle - Louis XVIII

Au palais des Tuileries, où chaque meuble, chaque tableau, chaque tapis rappelle le souvenir de « l'autre» - l'autre, c'est Napoléon - le roi Louis XVIII s'avance à petits pas hésitants vers ses fidèles. Il n'est pas particulièrement exaltant, ce roi serré dans un habit bleu à boutons d'or. Il a soixante ans. Ses jambes, déformées par la goutte et protégées par de longues guêtres, se dérobent souvent sous le poids de son ventre énorme et il est presque incapable de marcher sans aide. Il y a longtemps qu'il ne peut plus monter à cheval. Pourtant, Louis XVIII va se montrer l'un de nos rois les plus intelligents. Parti pour l'exil dès les premiers temps de la Révolution, il a depuis lors vécu à l'étranger. Son grand mérite est d'avoir compris qu'on ne pouvait effacer d'un trait tout ce qui s'était passé dans notre pays de 1789 à 1815. Son frère le comte d'Artois et sa nièce la duchesse d'Angoulême voudraient qu'on revienne tout simplement à la monarchie absolue. Louis XVIII s'y refuse. Il ne veut pas diviser les Français mais au contraire les réconcilier. C'est pourquoi il accorde une Charte qui reconnaît les conquêtes politiques et sociales de la Révolution: le Code civil, l'égalité de tous devant la loi, la possibilité d'accéder à tous les emplois, la liberté de pratiquer sa religion. La Charte prévoit que deux chambres voteront les lois : une Chambre des députés, élue pour cinq ans par les citoyens qui payent 300 F d'impôt - seulement 100000 dans tout le royaume - et une Chambre des pairs nommée par le roi. Louis XVIII va même plus loin. « Trop loin », disent certains royalistes. Sous la Révolution les biens des nobles émigrés et les propriétés de l'Église ont été vendus, la plupart du temps à des bourgeois: on les a appelés des biens nationaux. Louis XVIII décide que ces biens resteront à leurs nouveaux propriétaires.

Bref, le roi se montre sage et modéré. Un grand Premier ministre, le duc de Richelieu, ami du tsar de Russie, obtient que soient allégées les charges qui pèsent sur notre pays. Grâce à lui, les troupes étrangères évacuent rapidement le territoire; la France, avec la paix, retrouve sa prospérité.

Le dimanche 13 février 1820, à la nuit tombée, Paris disparaît sous un épais brouillard. Il fait humide et froid. Rue Rameau, un homme et une femme sortent de l'Opéra: le duc de Berry, neveu de Louis XVIII et héritier du trône, accompagné de son épouse Marie-Caroline. La calèche de Leurs Altesses s'avance. Marie-Caroline y monte. Pendant le spectacle, elle s'est trouvée fatiguée et le duc lui a conseillé de ne pas attendre la fin de la pièce pour rentrer. La voiture va s'ébranler; le duc de Berry se retourne pour gagner le théâtre. À ce moment précis un homme passe comme une flèche entre la voiture et lui. Il tombe littéralement sur le duc.

- Voici un fameux brutal! s'exclame l'héritier du trône. - Prenez donc garde ! lance l'un de ceux qui accompagnent le couple royal en tirant l'inconnu par son habit. Mais l'homme s'est sauvé déjà et disparaît par la rue de Richelieu. Soudain, le duc pousse un cri: - Je suis assassiné! Cet homme m'a tué ! La duchesse saute de voiture, se précipite, éperdue, vers son mari. Celui-ci, appuyé sur une borne, vient d'arracher de sa poitrine une lame aiguë, grossièrement emmanchée dans un morceau de bois. Transporté dans un salon de l'Opéra, il y mourra dans la nuit. On a arrêté son assassin, un certain Louvel. Il avoue avec cynisme qu'en tuant le duc de Berry il espérait anéantir la famille de Bourbon. Comment aurait-il su en effet que la duchesse de Berry attendait un enfant? Quand celle-ci donnera naissance au duc de Bordeaux - plus tard comte de Chambord - les royalistes parleront de l'enfant du miracle. Mais cet assassinat va marquer un tournant dans la politique française. Les Français qui souhaitent obtenir plus de libertés se révèlent de plus en plus nombreux: on les appelle les libéraux. Un grand écrivain devenu ministre, Chateaubriand, va s'écrier: - Le poignard qui a tué le duc de Berry est une idée libérale ! Louis XVIII se voit forcé de mettre fin à la politique modérée qu'incarnait le successeur de Richelieu, le duc Decazes. A sa mort (1824) son frère, qui n'est malheureusement pas doté de la finesse de son prédécesseur, devient roi sous le nom de Charles X. Trois frères, petits-fils de Louis XV, auront donc régné successivement : Louis XVI, Louis XVIII, Charles X. Charles X aggrave les mesures contre les libéraux. En juin et juillet 1830, alors que l'armée française vient de prendre Alger et que logiquement le roi devrait bénéficier de ce grand succès, l'opposition envoie à la Chambre 274 députés opposants contre seulement 143 représentants du parti gouvernemental. Charles X refuse de tenir compte de ce raz de marée.

Il va signer quatre ordonnances qui sont autant de provocations : il s'agit d'accroître le contrôle des journaux, de modifier le mode d'élection des députés, de dissoudre la Chambre et de fixer la date de nouvelles élections. Le président du Conseil, prince de Polignac, affirme à Charles X que Paris ne bougera pas.

Quelle erreur!

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Au palais des Tuileries, où chaque meuble, chaque tableau, chaque tapis rappelle le souvenir de « l'autre» - l'autre, c'est Napoléon - le roi Louis XVIII s'avance à petits pas hésitants vers ses fidèles.

Il n'est pas particulièrement exaltant, ce roi serré dans un habit bleu à boutons d'or. Il a soixante ans. Ses jambes, défor­mées par la goutte et protégées par de longues guêtres, se déro­bent souvent sous le poids de son ventre énorme et il est presque incapable de marcher sans aide. Il y a longtemps qu'il ne peut plus monter à cheval. Pourtant, Louis XVIII va se montrer l'un de nos rois les plus intelligents. Parti pour l'exil dès les premiers temps de la Révolution, il a depuis lors vécu à l'étranger. Son grand mérite est d'avoir compris qu'on ne pouvait effacer d'un trait tout ce qui s'était passé dans notre pays de 1789 à 1815.

Son frère le comte d'Artois et sa nièce la duchesse d'Angoulême voudraient qu'on revienne tout simplement à la monarchie absolue. Louis XVIII s'y refuse. Il ne veut pas diviser les Français mais au contraire les réconcilier. C'est pour­quoi il accorde une Charte qui reconnaît les conquêtes politiques et sociales de la Révolution: le Code civil, l'égalité de tous devant la loi, la possibilité d'accéder à tous les emplois, la liberté de pratiquer sa religion.

La Charte prévoit que deux chambres voteront les lois : une Chambre des députés, élue pour cinq ans par les citoyens qui payent 300 F d'impôt - seulement 100000 dans tout le royaume - ­et une Chambre des pairs nommée par le roi. Louis XVIII va même plus loin. « Trop loin », disent certains royalistes. Sous la Révolution les biens des nobles émigrés et les propriétés de l'Église ont été vendus, la plupart du temps à des bourgeois: on les a appelés des biens nationaux. Louis XVIII décide que ces biens resteront à leurs nouveaux propriétaires.

Bref, le roi se montre sage et modéré. Un grand Premier ministre, le duc de Richelieu, ami du tsar de Russie, obtient que soient allégées les charges qui pèsent sur notre pays. Grâce à lui, les troupes étrangères évacuent rapidement le territoire; la France, avec la paix, retrouve sa prospérité.

 

Le dimanche 13 février 1820, à la nuit tombée, Paris dis­paraît sous un épais brouillard. Il fait humide et froid. Rue Rameau, un homme et une femme sortent de l'Opéra: le duc de Berry, neveu de Louis XVIII et héritier du trône, accompagné de son épouse Marie-Caroline.

La calèche de Leurs Altesses s'avance. Marie-Caroline y monte. Pendant le spectacle, elle s'est trouvée fatiguée et le duc lui a conseillé de ne pas attendre la fin de la pièce pour rentrer. La voiture va s'ébranler; le duc de Berry se retourne pour gagner le théâtre. À ce moment précis un homme passe comme une flèche entre la voiture et lui. Il tombe littéralement sur le duc.

 - Voici un fameux brutal! s'exclame l'héritier du trône.

 - Prenez donc garde ! lance l'un de ceux qui accompagnent le couple royal en tirant l'inconnu par son habit.

Mais l'homme s'est sauvé déjà et disparaît par la rue de Richelieu.

Soudain, le duc pousse un cri:

-         Je suis assassiné! Cet homme m'a tué !

La duchesse saute de voiture, se précipite, éperdue, vers son mari. Celui-ci, appuyé sur une borne, vient d'arracher de sa poitrine une lame aiguë, grossièrement emmanchée dans un morceau de bois. Transporté dans un salon de l'Opéra, il y mourra dans la nuit.

On a arrêté son assassin, un certain Louvel. Il avoue avec

cynisme qu'en tuant le duc de Berry il espérait anéantir la famille de Bourbon. Comment  aurait-il su en effet que la duchesse de Berry attendait un enfant? Quand celle-ci donnera naissance au duc de Bordeaux - plus tard comte de Chambord - ­les royalistes parleront de l'enfant du miracle.

Mais cet assassinat va marquer un tournant dans la politique française. Les Français qui souhaitent obtenir plus de libertés se révèlent de plus en plus nombreux: on les appelle les libéraux. Un grand écrivain devenu ministre, Chateaubriand, va s'écrier:

-         Le poignard qui a tué le duc de Berry est une idée libérale !

Louis XVIII se voit forcé de mettre fin à la politique modérée qu'incarnait le successeur de Richelieu, le duc Decazes. A sa mort (1824) son frère, qui n'est malheureusement pas doté de la finesse de son prédécesseur, devient roi sous le nom de Charles X. Trois frères, petits-fils de Louis XV, auront donc régné successivement : Louis XVI, Louis XVIII, Charles X.

Charles X aggrave les mesures contre les libéraux.

En juin et juillet 1830, alors que l'armée française vient de prendre Alger et que logiquement le roi devrait bénéficier de ce grand succès, l'opposition envoie à la Chambre 274 députés opposants contre seulement 143 représentants du parti gouver­nemental. Charles X refuse de tenir compte de ce raz de marée.

Il va signer quatre ordonnances qui sont autant de provoca­tions : il s'agit d'accroître le contrôle des journaux, de modifier le mode d'élection des députés, de dissoudre la Chambre et de fixer la date de nouvelles élections.

Le président du Conseil, prince de Polignac, affirme à Charles X que Paris ne bougera pas.

Quelle erreur!