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l'histoire de France, Napoléon - Premier consul et Empereur

Les flammes des bougies fument. La nuit s'avance. Les hommes qui se trouvent au palais des Tuileries, de part et d'autre de la longue table, luttent difficilement contre le sommeil. Certains dodelinent de la tête, d'autres sont incapables de garder leurs yeux ouverts. Il y a de si longues heures que l'on travaille! Au bout de la table, le petit homme qui préside s'écrie: - Allons, citoyens! Il faut mériter l'argent que le gouvernement nous paye ! Ainsi Bonaparte, qu'aucune fatigue ne semble atteindre jamais, tient-il ses ministres en haleine. Il est vrai qu'il y a tant à faire dans cette France reprise en main, et qu'il a tant fait déjà! En franchissant les Alpes avec son artillerie - exploit que l'on jugeait impossible - et en remportant la victoire de Marengo, Bonaparte a rendu l'Italie à la France. Après quoi, il a pu oublier la guerre et se consacrer - ce qu'il préférait - aux grandes tâches qui l'attendaient dans la paix. Les Français, divisés en républicains et royalistes, se haïssaient. Bonaparte, appelant les uns et les autres à servir l'État avec lui, les a réconciliés. Il a restauré les finances, créé la Banque de France, fondé une monnaie nouvelle - le franc germinal - qui fera la conquête de l'Europe et durera cent vingt ans. Il va créer l'Université, ouvrir les premiers lycées. Il fait rédiger un Code civil qui renferme toutes les lois de la nation. La Légion d'honneur est son œuvre. Il met sur pied une organisation administrative et judiciaire - conseil d'État, tribunaux, préfets, maires, etc. - qui existe encore aujourd'hui. La Révolution avait voulu anéantir cette religion catholique à laquelle les Français, depuis des siècles, étaient attachés. Bonaparte rouvre les églises et rétablit le catholicisme, « religion de la majorité des Français », dans tous ses droits en signant avec le pape un traité appelé « Concordat ».

Tous ceux qui l'ont vu au travail se sont émerveillés: il dicte parfois à quatre secrétaires en même temps. Il s'éveille en pleine nuit pour appeler auprès de lui l'un de ses conseillers et travailler des heures durant. Sa mémoire est fabuleuse.

Bonaparte est maintenant président de la République italienne. La Suisse l'a désigné comme son « médiateur» et les États allemands qui bornent le Rhin, réunis en Confédération, l'ont appelé comme « protecteur »; Ce jour-là, 2 décembre 1804, un peu avant midi, par un froid de moins 3° et cependant qu'un soleil pâle perce avec difficulté les nuages, un énorme carrosse, étincelant d'or, tiré par huit chevaux empanachés de blanc, escorté par sept mille cavaliers - sept mille ! - s'arrête devant Notre- Dame de Paris. Sur le parvis, dans toutes les rues et avenues avoisinantes, attendent plus de cent mille Parisiens qui, au son du canon et des cloches sonnant à la volée, trépignent et hurlent ... Un homme et une femme, enveloppés dans des manteaux de velours pourpre, descendent de ce carrosse. Ce sont Napoléon et Joséphine. Ils pénètrent dans la nef de la basilique, où se presse une cohue si dense que sûrement on n'y ajouterait pas sans risque dix personnes de plus. Quand ils paraissent, cette foule se dresse, d'un seul élan, et pousse la même acclamation qui fait trembler les vitraux: - Vive l'Empereur! Ce jour-là, Napoléon vit l'heure la plus exaltante d'une carrière sans exemple. Sept mois plus tôt, le Sénat a proclamé que, désormais, un Empereur régnerait en France et que la dignité impériale s'exercerait, au sein de la famille Bonaparte, de père en fils. Les Français avaient jusque-là vécu sous trois dynasties : les Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens. Une quatrième leur est offerte: les Napoléoniens. Appelés à voter, ils vont l'accepter à une énorme majorité. Pour couronner le nouvel Empereur, le pape Pie VII est venu de Rome.

Des fanfares triomphales retentissent. Très pâle, Napoléon s'avance vers le trône qui l'attend, face à celui du pape. Quand l'instant sera venu du couronnement, au moment où Pie VII s'apprêtera à poser la couronne sur la tête du nouvel Empereur, Napoléon la lui prendra des mains et s'en couvrira seul. À la face de tous il a voulu montrer qu'il ne doit l'Empire qu'à lui-même. Il se penche vers son frère aîné et murmure: _ Joseph, si notre père nous voyait! Cet Empire qui vient de naître sera plus encore que le Consulat centré sur la personne de Napoléon. Celui-ci exige des citoyens, civils et militaires, une obéissance absolue. Les années passant, l'État donne une place toujours plus grande à la police. Les journaux n'impriment que ce que permet le gouvernement. Le jour viendra même où la seule signature de l'Empereur suffira pour jeter quelqu'un en prison. On est revenu à ces abus que les Français condamnaient si fort en 1789.

Pourtant Napoléon restera longtemps populaire. Comment l'expliquer? Une petite histoire suffit peut-être.

Un jour que Napoléon passe au milieu de la foule qui l'acclame, une femme du peuple crie plus fort que les autres: - Vive l'Empereur ! Un aristocrate, agacé, lui dit: - Pourquoi êtes-vous si contente? Il est devenu pareil à ce roi que vous avez envoyé à la guillotine.

- Non, répond la femme, celui-ci est des nôtres!

« Monsieur mon frère, appelé au trône de France par la Providence et par les suffrages du Sénat, du peuple et de l'armée, mon premier sentiment est un vœu de paix. » C'est au roi George d'Angleterre que Napoléon, un mois jour pour jour après avoir été couronné empereur, offre de mettre fin à la guerre qui sévit toujours entre les deux pays. L'Angleterre va refuser. Elle ne supporte pas qu'une trop grande puissance s'établisse sur le continent et en vienne à menacer la sienne. Le rêve de Napoléon serait de pouvoir unifier l'Europe et d'en faire une union - on dit: confédération - d'États. Il voudrait l'organiser comme il a organisé la France. Toujours l'Angleterre s'acharnera à l'en empêcher. Comme elle sait que seule elle ne peut vaincre Napoléon, elle va sans cesse susciter contre lui des associations - on dit: coalitions - de pays qui vont lui faire la guerre et contre lesquels il devra pendant dix ans exercer son incomparable génie militaire.

Au moment même où, à Boulogne-sur-Mer, il réunit des forces considérables dans le but d'envahir enfin cette irréductible Angleterre, les Russes et les Autrichiens, encouragés par la même Angleterre - comme c'est curieux! - l'attaquent au centre de l'Europe, cependant que l'amiral anglais Nelson anéantit sa flotte à Trafalgar. En quelques jours, l'armée française - marchant parfois 80 km par jour - va se retrouver dans ce qui est aujourd'hui la Tchéquie. Pour l'anniversaire de son sacre, Napoléon écrase ses ennemis à Austerlitz (2 décembre 1805). Il en sera de même des Prussiens à Iéna (14 octobre 1806), des Russes à Friedland (14 juin 1807).

À chacune de ses victoires, Napoléon arrache de nouveaux lambeaux des pays vaincus, ce qui lui permet d'agrandir l'empire français. Celui-ci finira, en 1811, par compter 130 départements!

De ses frères et sœurs, Napoléon a dit: - J'en fais une famille de rois qui se rattacheront à mon système fédératif.

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Les flammes des bougies fument. La nuit s'avance. Les hommes qui se trouvent au palais des Tuileries, de part et d'autre de la longue table, luttent difficilement contre le sommeil. Certains dodelinent de la tête, d'autres sont incapables de garder leurs yeux ouverts. Il y a de si longues heures que l'on travaille!

Au bout de la table, le petit homme qui préside s'écrie:

- Allons, citoyens! Il faut mériter l'argent que le gouver­nement nous paye !

Ainsi Bonaparte, qu'aucune fatigue ne semble atteindre jamais, tient-il ses ministres en haleine.

Il est vrai qu'il y a tant à faire dans cette France reprise en main, et qu'il a tant fait déjà!

En franchissant les Alpes avec son artillerie - exploit que l'on jugeait impossible - et en remportant la victoire de Marengo, Bonaparte a rendu l'Italie à la France. Après quoi, il a pu oublier la guerre et se consacrer - ce qu'il préférait - aux grandes tâches qui l'attendaient dans la paix.

Les Français, divisés en républicains et royalistes, se haïs­saient. Bonaparte, appelant les uns et les autres à servir l'État avec lui, les a réconciliés.

Il a restauré les finances, créé la Banque de France, fondé une monnaie nouvelle - le franc germinal - qui fera la conquête de l'Europe et durera cent vingt ans. Il va créer l'Université, ouvrir les premiers lycées. Il fait rédiger un Code civil qui renferme toutes les lois de la nation. La Légion d'honneur est son œuvre. Il met sur pied une organisation administrative et judiciaire - conseil d'État, tribunaux, préfets, maires, etc. - qui existe encore aujourd'hui.

La Révolution avait voulu anéantir cette religion catholique à laquelle les Français, depuis des siècles, étaient attachés. Bonaparte rouvre les églises et rétablit le catholicisme, « religion de la majorité des Français », dans tous ses droits en signant avec le pape un traité appelé « Concordat ».

Tous ceux qui l'ont vu au travail se sont émerveillés: il dicte parfois à quatre secrétaires en même temps. Il s'éveille en pleine nuit pour appeler auprès de lui l'un de ses conseillers et travailler des heures durant. Sa mémoire est fabuleuse.

Bonaparte est maintenant président de la République italienne. La Suisse l'a désigné comme son « médiateur» et les États allemands qui bornent le Rhin, réunis en Confédération, l'ont appelé comme « protecteur »;

 

 

Ce jour-là, 2 décembre 1804, un peu avant midi, par un froid de moins 3° et cependant qu'un soleil pâle perce avec difficulté les nuages, un énorme carrosse, étincelant d'or, tiré par huit chevaux empanachés de blanc, escorté par sept mille cavaliers - sept mille ! - s'arrête devant Notre- Dame de Paris. Sur le parvis, dans toutes les rues et avenues avoisinantes, attendent plus de cent mille Parisiens qui, au son du canon et des cloches sonnant à la volée, trépignent et hurlent ...

Un homme et une femme, enveloppés dans des manteaux de velours pourpre, descendent de ce carrosse. Ce sont Napoléon et Joséphine. Ils pénètrent dans la nef de la basilique, où se presse une cohue si dense que sûrement on n'y ajouterait pas sans risque dix personnes de plus. Quand ils paraissent, cette foule se dresse, d'un seul élan, et pousse la même acclamation qui fait trembler les vitraux:

- Vive l'Empereur!

Ce jour-là, Napoléon vit l'heure la plus exaltante d'une carrière sans exemple. Sept mois plus tôt, le Sénat a proclamé que, désormais, un Empereur régnerait en France et que la dignité impériale s'exercerait, au sein de la famille Bonaparte, de père en fils. Les Français avaient jusque-là vécu sous trois dynasties : les Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens. Une quatrième leur est offerte: les Napoléoniens. Appelés à voter, ils vont l'accepter à une énorme majorité. Pour couronner le nouvel Empereur, le pape Pie VII est venu de Rome.

 

Des fanfares triomphales retentissent. Très pâle, Napoléon s'avance vers le trône qui l'attend, face à celui du pape.

Quand l'instant sera venu du couronnement, au moment où

Pie VII s'apprêtera à poser la couronne sur la tête du nouvel Empereur, Napoléon la lui prendra des mains et s'en couvrira seul. À la face de tous il a voulu montrer qu'il ne doit l'Empire qu'à lui-même. Il se penche vers son frère aîné et murmure:

_ Joseph, si notre père nous voyait!

Cet Empire qui vient de naître sera plus encore que le Consulat centré sur la personne de Napoléon. Celui-ci exige des citoyens, civils et militaires, une obéissance absolue. Les années passant, l'État donne une place toujours plus grande à la police. Les journaux n'impriment que ce que permet le gouvernement. Le jour viendra même où la seule signature de l'Empereur suf­fira pour jeter quelqu'un en prison. On est revenu à ces abus que les Français condamnaient si fort en 1789.

Pourtant Napoléon restera longtemps populaire. Comment l'expliquer? Une petite histoire suffit peut-être.

Un jour que Napoléon passe au milieu de la foule qui l'acclame, une femme du peuple crie plus fort que les autres: - Vive l'Empereur !

Un aristocrate, agacé, lui dit:

- Pourquoi êtes-vous si contente? Il est devenu pareil à ce roi que vous avez envoyé à la guillotine.

- Non, répond la femme, celui-ci est des nôtres!

 

« Monsieur mon frère, appelé au trône de France par la Providence et par les suffrages du Sénat, du peuple et de l'armée, mon premier sentiment est un vœu de paix. »

C'est au roi George d'Angleterre que Napoléon, un mois jour pour jour après avoir été couronné empereur, offre de mettre fin à la guerre qui sévit toujours entre les deux pays. L'Angleterre va refuser. Elle ne supporte pas qu'une trop grande puissance s'établisse sur le continent et en vienne à menacer la sienne.

Le rêve de Napoléon serait de pouvoir unifier l'Europe et d'en faire une union - on dit: confédération - d'États. Il vou­drait l'organiser comme il a organisé la France.

Toujours l'Angleterre s'acharnera à l'en empêcher. Comme elle sait que seule elle ne peut vaincre Napoléon, elle va sans cesse susciter contre lui des associations - on dit: coalitions - de pays qui vont lui faire la guerre et contre lesquels il devra pendant dix ans exercer son incomparable génie militaire.

Au moment même où, à Boulogne-sur-Mer, il réunit des forces considérables dans le but d'envahir enfin cette irréductible Angleterre, les Russes et les Autrichiens, encouragés par la même Angleterre - comme c'est curieux! - l'attaquent au centre de l'Europe, cependant que l'amiral anglais Nelson anéantit sa flotte à Trafalgar. En quelques jours, l'armée françai­se - marchant parfois 80 km par jour - va se retrouver dans ce qui est aujourd'hui la Tchéquie. Pour l'anniversaire de son sacre, Napoléon écrase ses ennemis à Austerlitz (2 décembre 1805). Il en sera de même des Prussiens à Iéna (14 octobre 1806), des Russes à Friedland (14 juin 1807).

À chacune de ses victoires, Napoléon arrache de nouveaux lam­beaux des pays vaincus, ce qui lui permet d'agrandir l'empire français. Celui-ci finira, en 1811, par compter 130 départements!

     De ses frères et sœurs, Napoléon a dit:

- J'en fais une famille de rois qui se rattacheront à mon système fédératif.