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Mondovino, Mondovino, le film de Jonathan Nossiter sur le monde du vin

Mondovino, le film de Jonathan Nossiter sur le monde du vin

Voir un film dont on a beaucoup entendu parler peut s'avérer la pire des chose, qui plus est quand celui-ci aborde un thème qui vous tient particulièrement à coeur : Le vin ! Quand de plus vous en connaissez la plupart des protagonistes et que vous rentrez de vendanges chez celle par qui il débute : Yvonne Hégoburu du Domaine de Souch à Jurançon, l'inquiétude d'être déçu vous prend. Alors, je dois le dire avec le plus grand des plaisirs, j'ai passé un moment merveilleux dans ce Mondovino , que son réalisateur, Jonathan Nossiter , présente avec raison comme une comédie humaine balzacienne. Le monde viticole se nourrit d'affaires de famille, de transmission, d'héritage Parler de vin que ce soit avec des mots ou en images reste une gageure. Par contre il est éclairant d'entendre ceux qui le font, ceux qui en vivent, et le transmettent en héritage. L'intelligence de Nossiter fut de placer sa caméra au centre, d'attendre que le leurre prenne, que hommes, chiens et autres protagonistes s'en approchent afin d'y délivrer sans fards leurs témoignages. On ne peut qu'être surpris de constater à quel point cet instrument libère la parole, qu'elle soit indécente ou naïve, tissant sa dramaturgie loin de toute complaisance. Nossiter , n'aime ni ne déteste ses personnages, c'est sa force. Il les laisse s'approcher de son objectif. Certains le font de manière abrupte, sûrs de leur fait, d'autres, ceux que l'on préfère, avec tact et délicatesse. Tout ce petit monde là vient nous parler de leur histoire, leur parcours, laissant transparaître en filigrane l'idée que l'on pourrait se faire de leurs vins. Le monde viticole se nourrit d'affaires de famille, de transmission, d'héritage. C'est la lutte de castes où les gros mangent les petits, où les égos enflent et se dilatent. Un couple sympathique mais destructeur Le mérite de ce film, c'est de nous en montrer les rouages, sans nous obliger pour autant à l'adoption d'une thèse, d'un parti-pris. A peine insiste-t-il de façon récurrente sur les compromissions passées par certains avec les régimes fascistes du siècle dernier. Ce qui fait dire à l'un d'entre eux que grâce à Mussolini les trains arrivaient à l'heure ! Dans le vin, comme partout, il y a des millésimes que l'on préfère occulter. Non, le thème central du film, qui convoque cette impressionnante brochette d'individus, c'est celui de la standardisation du goût, sous l'action d'un couple sympathique mais destructeur : Michel Rolland et Robert Parker . Oh ! Il ne s'agit pas le d'un couple de "Sérials Killers", mais de la rencontre au début des années 80 d'un jeune oenologue bordelais, propriétaire à Pomerol du Château Le Bon Pasteur avec son alter ego, un avocat américain rêvant de devenir le Ralph Nader de la critique vineuse, rédacteur de la revue " Wine Advocate ". En ces temps-là les vins maigres proliféraient, au grand dam de nos compères qui se mirent, l'un à élaborer des cuvées de merlot bien mûr, l'autre de décréter qu'il les adorait. C'était leur droit bien sûr, mais le hic, c'est qu'ils furent suivis par toute la profession, toujours avide de messages simples et minimalistes. Aux innombrables clients : le même conseil, la même recette Le film nous montre un Michel Rolland dans sa voiture transformée en bureau adressant à ses innombrables clients le même conseil, la même recette, de micro-oxygéner les vins, c'est-à-dire, grosso modo, de les rendre plus gras, plus ronds, plus souples afin qu'ils puissent se consommer dès leur prime jeunesse. Ce qui est terrifiant n'est pas tant de voir les agissements de ces deux larrons en foire, mais de rencontrer toute une galerie de personnages associés : Nouveaux riches en mal de pseudo-authencité ne pouvant faire du vrai qu'avec du toc, ayant pour idéal de table familiale celle imaginée pour les besoins du film le Parrain 2, ou ceux pathétiques d'une Italie aristocratique tendance Berlusconnienne vendant les bijoux de famille au concurrent américain qu'en d'autres temps elle aurait méprisé mais qui arrivé au faîte de la réussite économique, elle ne peut plus éconduire. Le vin, il respire dans les yeux et les histoires de ces humbles, ces généreux Alors heureux ces puissants ? Peut-être, mais c'est pas sûr. C'est-là aussi une des grandes qualités du film, savoir surprendre ces moments où le doute et la fêlure viennent battent en brèche ces certitudes dorées. Ce regard triste de Robert Mondavi écoutant son fils délirer sur de futures plantations sur la lune, voire sur Mars. Le désarroi de ces femmes, épouses ou filles de potentats étriqués, lorsqu'on évoque devant elles les turpitudes oubliées de leurs familles pendant les heures noires du nazisme. Et le vin dans tout cela me direz-vous ? Le vin, il respire dans les yeux et les histoires de ces humbles, ces généreux aux chiens à la bonne gueule, ceux-là qui vous parle avec amour de leur pays, de leur culture, de leurs racines, non pas en termes de pouvoirs et d'appropriation, mais en termes de partage, de plaisir, de transmission. Tel ce père émouvant, Hubert de Montille , vigneron bourguignon, agacé par le caractère entier de son fils et invitant sa fille Alix à venir ensoleiller le crépuscule de sa vie. Telle mon amie Yvonne , qui planta à soixante ans un vignoble autour de sa maison, comme une promesse d'éternité pour son défunt époux. Il est là le vin, le vrai, celui qui ne se fabrique pas mais naît de l'attention et de l'amour des gens de bien. Merci à Jonathan Nossiter de le défendre avec tact et intelligence et de nous laisser ce superbe témoignage qui fera date en ces années charnières pendant lesquelles l'homme aura eu entre ses mains les clefs de sa survie, car le vin mort c'est aussi la vie qui disparaîtra !

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Mondovino, le film de Jonathan Nossiter sur le monde du vin Mondovino,乔纳森·诺西特关于葡萄酒世界的电影

Voir un film dont on a beaucoup entendu parler peut s'avérer la pire des chose, qui plus est quand celui-ci aborde un thème qui vous tient particulièrement à coeur : Le vin ! Quand de plus vous en connaissez la plupart des protagonistes et que vous rentrez de vendanges chez celle par qui il débute : Yvonne Hégoburu du Domaine de Souch à Jurançon, l'inquiétude d'être déçu vous prend. Alors, je dois le dire avec le plus grand des plaisirs, j'ai passé un moment merveilleux dans ce Mondovino , que son réalisateur, Jonathan Nossiter , présente avec raison comme une comédie humaine balzacienne. Le monde viticole se nourrit d'affaires de famille, de transmission, d'héritage Parler de vin que ce soit avec des mots ou en images reste une gageure. Par contre il est éclairant d'entendre ceux qui le font, ceux qui en vivent, et le transmettent en héritage. L'intelligence de Nossiter fut de placer sa caméra au centre, d'attendre que le leurre prenne, que hommes, chiens et autres protagonistes s'en approchent afin d'y délivrer sans fards leurs témoignages. On ne peut qu'être surpris de constater à quel point cet instrument libère la parole, qu'elle soit indécente ou naïve, tissant sa dramaturgie loin de toute complaisance. Nossiter , n'aime ni ne déteste ses personnages, c'est sa force. Il les laisse s'approcher de son objectif. Certains le font de manière abrupte, sûrs de leur fait, d'autres, ceux que l'on préfère, avec tact et délicatesse. Tout ce petit monde là vient nous parler de leur histoire, leur parcours, laissant transparaître en filigrane l'idée que l'on pourrait se faire de leurs vins. Le monde viticole se nourrit d'affaires de famille, de transmission, d'héritage. C'est la lutte de castes où les gros mangent les petits, où les égos enflent et se dilatent. Un couple sympathique mais destructeur Le mérite de ce film, c'est de nous en montrer les rouages, sans nous obliger pour autant à l'adoption d'une thèse, d'un parti-pris. A peine insiste-t-il de façon récurrente sur les compromissions passées par certains avec les régimes fascistes du siècle dernier. Ce qui fait dire à l'un d'entre eux que grâce à Mussolini les trains arrivaient à l'heure ! Dans le vin, comme partout, il y a des millésimes que l'on préfère occulter. Non, le thème central du film, qui convoque cette impressionnante brochette d'individus, c'est celui de la standardisation du goût, sous l'action d'un couple sympathique mais destructeur : Michel Rolland et Robert Parker . Oh ! Il ne s'agit pas le d'un couple de "Sérials Killers", mais de la rencontre au début des années 80 d'un jeune oenologue bordelais, propriétaire à Pomerol du Château Le Bon Pasteur avec son alter ego, un avocat américain rêvant de devenir le Ralph Nader de la critique vineuse, rédacteur de la revue " Wine Advocate ". En ces temps-là les vins maigres proliféraient, au grand dam de nos compères qui se mirent, l'un à élaborer des cuvées de merlot bien mûr, l'autre de décréter qu'il les adorait. C'était leur droit bien sûr, mais le hic, c'est qu'ils furent suivis par toute la profession, toujours avide de messages simples et minimalistes. Aux innombrables clients : le même conseil, la même recette Le film nous montre un Michel Rolland dans sa voiture transformée en bureau adressant à ses innombrables clients le même conseil, la même recette, de micro-oxygéner les vins, c'est-à-dire, grosso modo, de les rendre plus gras, plus ronds, plus souples afin qu'ils puissent se consommer dès leur prime jeunesse. Ce qui est terrifiant n'est pas tant de voir les agissements de ces deux larrons en foire, mais de rencontrer toute une galerie de personnages associés : Nouveaux riches en mal de pseudo-authencité ne pouvant faire du vrai qu'avec du toc, ayant pour idéal de table familiale celle imaginée pour les besoins du film le Parrain 2, ou ceux pathétiques d'une Italie aristocratique tendance Berlusconnienne vendant les bijoux de famille au concurrent américain qu'en d'autres temps elle aurait méprisé mais qui arrivé au faîte de la réussite économique, elle ne peut plus éconduire. Le vin, il respire dans les yeux et les histoires de ces humbles, ces généreux Alors heureux ces puissants ? Peut-être, mais c'est pas sûr. C'est-là aussi une des grandes qualités du film, savoir surprendre ces moments où le doute et la fêlure viennent battent en brèche ces certitudes dorées. Ce regard triste de Robert Mondavi écoutant son fils délirer sur de futures plantations sur la lune, voire sur Mars. Le désarroi de ces femmes, épouses ou filles de potentats étriqués, lorsqu'on évoque devant elles les turpitudes oubliées de leurs familles pendant les heures noires du nazisme. Et le vin dans tout cela me direz-vous ? Le vin, il respire dans les yeux et les histoires de ces humbles, ces généreux aux chiens à la bonne gueule, ceux-là qui vous parle avec amour de leur pays, de leur culture, de leurs racines, non pas en termes de pouvoirs et d'appropriation, mais en termes de partage, de plaisir, de transmission. Tel ce père émouvant, Hubert de Montille , vigneron bourguignon, agacé par le caractère entier de son fils et invitant sa fille Alix à venir ensoleiller le crépuscule de sa vie. Telle mon amie Yvonne , qui planta à soixante ans un vignoble autour de sa maison, comme une promesse d'éternité pour son défunt époux. Il est là le vin, le vrai, celui qui ne se fabrique pas mais naît de l'attention et de l'amour des gens de bien. Merci à Jonathan Nossiter de le défendre avec tact et intelligence et de nous laisser ce superbe témoignage qui fera date en ces années charnières pendant lesquelles l'homme aura eu entre ses mains les clefs de sa survie, car le vin mort c'est aussi la vie qui disparaîtra !