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Les contes merveilleux d'Andersen. Le stoïque soldat de plomb, Partie 3

Soudain le bateau entra sous une large planche couvrant le ruisseau. Il y faisait aussi sombre que s'il avait été dans sa boîte. - "Où cela va-t-il me mener? pensa-t-il. C'est sûrement la faute du diable de la boîte. Hélas! Si la petite demoiselle était seulement assise à côté de moi dans le bateau, j'accepterais bien qu'il y fit deux fois plus sombre." A ce moment surgit un gros rat d'égout qui habitait sous la planche. - "Passeport! cria-t-il, montre ton passeport, vite!" Le soldat de plomb demeura muet, il serra seulement un peu plus fort son fusil. Le bateau continuait sa course et le rat lui courait après en grinçant des dents et il criait aux épingles et aux brins de paille en dérive.

- "Arrêtez-le, arrêtez-le, il n'a pas payé de douane, ni montré son passeport!" Mais le courant devenait de plus en plus fort. Déjà, le soldat de plomb apercevait la clarté du jour là où s'arrêtait la planche, mais il entendait aussi un grondement dont même un brave pouvait s'effrayer. Le ruisseau, au bout de la planche, se jetait droit dans un grand canal. C'était pour lui aussi dangereux que pour nous de descendre en bateau une longue chute d'eau. Il en était maintenant si près que rien ne pouvait l'arrêter. Le bateau fut projeté en avant, le pauvre soldat de plomb se tenait aussi raide qu'il le pouvait, personne ne pourrait plus tard lui reprocher d'avoir seulement cligné des yeux. L'esquif tournoya deux ou trois fois, s'emplit d'eau jusqu'au bord, il allait sombrer. Le soldat avait de l'eau jusqu'au cou et le bateau s'enfonçait toujours davantage, le papier s'amollissait de plus en plus, l'eau passa bientôt par-dessus la tête du navigateur. Alors, il pensa à la ravissante petite danseuse qu'il ne reverrait plus jamais, et à ses oreilles tinta la chanson : Tu es en grand danger, guerrier! Tu vas souffrir la malemort !

Le papier se déchira, le soldat passa au travers ... mais, au même instant, un gros poisson l'avala.

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Soudain le bateau entra sous une large planche couvrant le ruisseau. Il y faisait aussi sombre que s'il avait été dans sa boîte.

- "Où cela va-t-il me mener? pensa-t-il. C'est sûrement la faute du diable de la boîte. Hélas! Si la petite demoiselle était seulement assise à côté de moi dans le bateau, j'accepterais bien qu'il y fit deux fois plus sombre."

A ce moment surgit un gros rat d'égout qui habitait sous la planche.

- "Passeport! cria-t-il, montre ton passeport, vite!"

Le soldat de plomb demeura muet, il serra seulement un peu plus fort son fusil. Le bateau continuait sa course et le rat lui courait après en grinçant des dents et il criait aux épingles et aux brins de paille en dérive.

- "Arrêtez-le, arrêtez-le, il n'a pas payé de douane, ni montré son passeport!"

Mais le courant devenait de plus en plus fort. Déjà, le soldat de plomb apercevait la clarté du jour là où s'arrêtait la planche, mais il entendait aussi un grondement dont même un brave pouvait s'effrayer. Le ruisseau, au bout de la planche, se jetait droit dans un grand canal. C'était pour lui aussi dangereux que pour nous de descendre en bateau une longue chute d'eau.

Il en était maintenant si près que rien ne pouvait l'arrêter. Le bateau fut projeté en avant, le pauvre soldat de plomb se tenait aussi raide qu'il le pouvait, personne ne pourrait plus tard lui reprocher d'avoir seulement cligné des yeux.

L'esquif tournoya deux ou trois fois, s'emplit d'eau jusqu'au bord, il allait sombrer. Le soldat avait de l'eau jusqu'au cou et le bateau s'enfonçait toujours davantage, le papier s'amollissait de plus en plus, l'eau passa bientôt par-dessus la tête du navigateur. Alors, il pensa à la ravissante petite danseuse qu'il ne reverrait plus jamais, et à ses oreilles tinta la chanson :

Tu es en grand danger, guerrier!
Tu vas souffrir la malemort !

Le papier se déchira, le soldat passa au travers ... mais, au même instant, un gros poisson l'avala.