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Mondovino, Michel Rolland vu par ses défenseurs et ses détracteurs

Les polémiques, longtemps feutrées et réservées au monde des initiés, ont éclaté au grand jour avec le film Mondovino, du journaliste et œnologue américain Jonhattan Nossiter . C'est du Brésil où il est installé que celui-ci nous explique qu'il refuse la « fabrication » du vin comme s'il s'agissait de n'importe quel aliment ou d'une machine. Il ne conteste pas à Rolland un exceptionnel savoir-faire, mais il refuse ses vins fabriqués, des vins « fais pour le concours, pas pour le plaisir ». Pour ce fils d'un ancien journaliste du New York Times, lui-même réalisateur de documentaires, le vin est avant tout une « culture » et il n'y a de culture que locale, incarnée dans des hommes et des femmes portant des traditions. « Il n'y a pas de culture mondialisée, s'emporte-t-il. C'est entre des identités fortes qu'on peut établir des dialogues, l'uniformisation ne permet pas les échanges ». C'est la même passion et les mêmes révoltes qui animent Bruno Quénioux , le responsable de Lafayette Gourmet. « J'aime la diversité, renchérit-il. Et ce n'est pas seulement le terroir. Dans le vin, il y a aussi l'homme qui le fait. On ne peut pas faire sa cave comme certains font leur bibliothèques en achetant des livres au mètre ». Pour lui, quand il y a trop d'interventions mécaniques ou chimiques sur le vin, celui-ci devient « mort, momifié. Avec ces techniques, on segmente le vivant et personne ne tombe amoureux d'un corps séquencé. On finit par boire des vins stagnants, s'emporte-t-il, comme on boirait de l'eau stagnante ! ».

Comme Nossiter il estime que les vins Rolland-Parker sont des « vins de concours », faits pour être dégustés et classés « pas pour être bus ». Tous les deux affirment qu'on n'ouvre pas ce genre de bouteilles dans les réunions entre copains, car ce sont des vins « trop lourds, trop épais, c'est de la confiture et on arrive pas même à finir la bouteille ». Roger feuilly , un des animateurs du mouvement Slow Food, porte le même regard sur ces questions. «Le bois neuf [les tonneaux en bois neufs utilisés pour donner le goût boisé], lâche-t-il, c'est la mort du vin. La consommation de Bordeaux n'a plus grand intérêt, elle s'est banalisée et les vins du nouveau monde sont meilleurs dans cette catégorie ». « Il y a une dérive des prix et de la technologie, explique-t-il, mais ces gens là vont mourir de leur propre mort ». Plus largement, quand il réfléchit à la crise du vin en France, il estime que « s'il y a une crise, c'est aussi parce qu'il y a trop de mauvais vins ». Jancis Robinson , la très célèbre critique œnologique du Financial Times, est d'accord sur ce dernier point, mais elle se méfie de la virulence de certaines critiques. Certes, elle admet que « le consommateur avisé s'est lassé des vins trop boisés et industriels », elle avoue même avoir une faiblesse personnelle pour les vins « bios », du moins ceux qui sont élaborés avec une vraie compétence professionnelle. Elle se risque encore à expliquer qu'elle « n'est pas convaincue que Michel Rolland ait été bénéfique pour Bordeaux », faisant plus confiance à de nouveaux jeunes « wine makers » plus respectueux des terroirs, de l'originalité et de la variété des cépages. Mais elle craint aussi qu'au nom d'un retour au terroir, « on oublie un peu facilement qu'en France aussi il y a trop de « vins industriels » et surtout, elle redoute que trop de gens croient qu'il suffit d'être vigneron français pour faire du bon vin» et qu'ils négligent le gros travail qu'implique tout bon vin. « Il ne faut pas croire que toute intervention doive être assimilée à la mondialisation », souligne-t-elle. Enfin, dit-elle, il y a de plus en plus de producteurs, hors de France qui font du bon vin de terroir. « Je vois le grand soin, l'accent mis sur la qualité et la subtilité qu'on trouve aujourd'hui dans la Napa Valley de Californie », explique-t-elle. « On y utilise des cartes et des images de satellites, explique-t-elle, mais juste pour savoir précisément quel est le meilleur moment pour vendanger ».

Jean-Christophe Piquet-Boisson , ancien sommelier de Taillevent et aujourd'hui négociant en vins, est lapidaire : « L'œnologue, lâche-t-il, est l'ennemi du bon vin. On a du bon vin quand on peut en boire trois verres sans avoir mal à la tête et pour le reste, le goût c'est de l'imagination. Et ceux qui font du bon vin, sans se lancer dans de grandes surfaces, sont très recherchés et souvent très riches. Il n'y a pas de fatalité dans la vigne ».

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Les polémiques, longtemps feutrées et réservées au monde des initiés, ont éclaté au grand jour avec le film Mondovino, du journaliste et œnologue américain Jonhattan Nossiter. C'est du Brésil où il est installé que celui-ci nous explique qu'il refuse la « fabrication » du vin comme s'il s'agissait de n'importe quel aliment ou d'une machine. Il ne conteste pas à Rolland un exceptionnel savoir-faire, mais il refuse ses vins fabriqués, des vins « fais pour le concours, pas pour le plaisir ». Pour ce fils d'un ancien journaliste du New York Times, lui-même réalisateur de documentaires, le vin est avant tout une « culture » et il n'y a de culture que locale, incarnée dans des hommes et des femmes portant des traditions. « Il n'y a pas de culture mondialisée, s'emporte-t-il. C'est entre des identités fortes qu'on peut établir des dialogues, l'uniformisation ne permet pas les échanges ».

C'est la même passion et les mêmes révoltes qui animent Bruno Quénioux, le responsable de Lafayette Gourmet. « J'aime la diversité, renchérit-il. Et ce n'est pas seulement le terroir. Dans le vin, il y a aussi l'homme qui le fait. On ne peut pas faire sa cave comme certains font leur bibliothèques en achetant des livres au mètre ». Pour lui, quand il y a trop d'interventions mécaniques ou chimiques sur le vin, celui-ci  devient « mort, momifié. Avec ces techniques, on segmente le vivant et personne ne tombe amoureux d'un corps séquencé. On finit par boire des vins stagnants, s'emporte-t-il, comme on boirait de l'eau stagnante ! ». Comme Nossiter il estime que les vins Rolland-Parker sont des « vins de concours », faits  pour être dégustés et classés « pas pour être bus ». Tous les deux affirment qu'on n'ouvre pas ce genre de bouteilles dans les réunions entre copains, car ce sont des vins « trop lourds, trop épais, c'est de la confiture et on arrive pas même à finir la bouteille ».

Roger feuilly, un des animateurs du mouvement Slow Food, porte le même regard sur ces questions. «Le bois neuf [les tonneaux en bois neufs utilisés pour donner le goût boisé], lâche-t-il, c'est la mort du vin. La consommation de Bordeaux n'a plus grand intérêt, elle s'est banalisée et les vins du nouveau monde sont meilleurs dans cette catégorie ». « Il y a une dérive des prix et de la technologie, explique-t-il, mais ces gens là vont mourir de leur propre mort ». Plus largement, quand il réfléchit à la crise du vin en France, il estime que « s'il y a  une crise, c'est aussi parce qu'il y a trop de mauvais vins ».

Jancis Robinson, la très célèbre critique œnologique du Financial Times, est d'accord sur ce dernier point, mais elle se méfie de la virulence de certaines critiques. Certes, elle admet que « le consommateur avisé s'est lassé des vins trop boisés et industriels », elle avoue même avoir une faiblesse personnelle pour les vins « bios », du moins ceux qui sont élaborés avec une vraie compétence professionnelle. Elle se risque encore à expliquer qu'elle « n'est pas convaincue que Michel Rolland ait été bénéfique pour Bordeaux », faisant plus confiance à de nouveaux jeunes « wine makers » plus respectueux des terroirs, de l'originalité et de la variété des cépages.

Mais elle craint aussi qu'au nom d'un retour au terroir, « on oublie un peu facilement qu'en France aussi il y a trop de « vins industriels » et surtout, elle redoute que trop de gens croient qu'il suffit d'être vigneron français pour faire du bon vin» et qu'ils négligent le gros travail qu'implique tout bon vin. « Il ne faut pas croire que toute intervention doive être assimilée à la mondialisation », souligne-t-elle. Enfin, dit-elle, il y a de plus en plus de producteurs, hors de France qui font du bon vin de terroir. « Je vois le grand soin, l'accent mis sur la qualité et la subtilité qu'on trouve aujourd'hui dans la Napa Valley de Californie », explique-t-elle. « On y utilise des cartes et des images de satellites, explique-t-elle, mais juste pour savoir précisément quel est le meilleur moment pour vendanger ».

Jean-Christophe Piquet-Boisson, ancien sommelier de Taillevent et aujourd'hui négociant en vins, est lapidaire : « L'œnologue, lâche-t-il, est l'ennemi du bon vin. On a du bon vin quand on peut en boire trois verres sans avoir mal à la tête et pour le reste, le goût c'est de l'imagination. Et ceux qui font du bon vin, sans se lancer dans de grandes surfaces, sont très recherchés et souvent très riches. Il n'y a pas de fatalité dans la vigne ».