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Vol libre en Argentine, Les chercheurs d’or 12e jour, 25 mars

Cinq heures d'une route de montagne difficile et accidentée dans un décor naturel envoûtant, surprenant dans sa variété de formes et de couleurs. Les roches passent d'un camaïeu gris, puis ocre, puis rouge et rose. Le torrent chargé de limonite véhicule une eau d'un ocre pur, c'est aussi la vallée des chercheurs d'or, certaines mines abandonnées, à ciel ouvert, témoignent du passage de ces grands solitaires qu'étaient ces aventuriers en quête d'une vie meilleure sur des terres inviolées. Une bergerie isolée du monde abrite une famille qui semble vivre en totale autarcie, le troupeau de chèvres, l'âne et les deux chevaux en sont l'unique richesse. Les pannes fréquentes, les multiples difficultés rencontrées au détour d'une ravine, un rocher sur le passage, le lit du torrent incertain, pied dans l'eau, pied à terre, il faut pousser, tirer, c'est l'aventure à chaque entrave que la nature met sur notre route. Nous croisons un gaucho solitaire, symbole de l'homme libre et son troupeau de moutons. On entre alors dans un univers beaucoup plus minéral, la végétation se fait rare et ne survivent que des variétés de cactus ras et touffus, le thé sauvage et l'herbe aphrodisiaque, larca. Au cœur de la montagne, à 3000m, une formation géologique curieuse fait apparaître une architecture minérale à la polychromie étonnante, le vert de gris naît de la terre, sa complémentaire rouge suit pour céder la place au blanc craie, sans transition, la terre ocre laisse transparaître le vert végétal des rares épineux. La piste étroite, tout juste praticable, nous mène à un ancien refuge, déserté depuis quelques décennies par les chercheurs d'or, et plus haut, au téléphérique, à l'abandon, vestige de leur fébrile activité, vision fantôme d'un autre temps. Nous sommes à 4500m. A l'horizon, les 6200m de Famatina n'ont pas la noblesse et la majesté de nos sommets alpins mais ce joyau blanc qui semble préservé de l'homme, dans son écrin de rocailles hostiles inspire respect et humilité. Ce vol tant attendu, seuls trois pilotes le réaliseront, en partie, puisqu'il leur faudra plus de cinq heures de marche pour trouver trace de civilisation. Les autres, punis du mauvais choix du versant subiront la violence des rouleaux d'un front naissant. Nous aurions atteint le sommet une heure plus tôt et le rêve devenait réalité. La haute montagne appartient à ceux qui se lèvent tôt et cette malheureuse expérience fut la deuxième du voyage, c'est regrettable. Les effets de l'altitude se font sentir, malaise indéfinissable, maux de tête et nerfs à fleur de peau. Cinq heures pour redescendre au campement, cahoté dans les ornières de ce chemin qui n'en finit plus. Le soir, les eaux transparentes du torrent sont un bain de jouvence pour notre physique et notre psychique malmenés.

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Cinq heures d'une route de montagne difficile et accidentée dans un décor naturel envoûtant, surprenant dans sa variété de formes et de couleurs. Les roches passent d'un camaïeu gris, puis ocre, puis rouge et rose. Le torrent chargé de limonite véhicule une eau d'un ocre pur, c'est aussi la vallée des chercheurs d'or, certaines mines abandonnées, à ciel ouvert, témoignent du passage de ces grands solitaires qu'étaient ces aventuriers en quête d'une vie meilleure sur des terres inviolées.

Une bergerie isolée du monde abrite une famille qui semble vivre en totale autarcie, le troupeau de chèvres, l'âne et les deux chevaux en sont l'unique richesse.

Les pannes fréquentes, les multiples difficultés rencontrées au détour d'une ravine, un rocher sur le passage, le lit du torrent incertain, pied dans l'eau, pied à terre, il faut pousser, tirer, c'est l'aventure à chaque entrave que la nature met sur notre route. Nous croisons un gaucho solitaire, symbole de l'homme libre et son troupeau de moutons. On entre alors dans un univers beaucoup plus minéral, la végétation se fait rare et ne survivent que des variétés de cactus ras et touffus, le thé sauvage et l'herbe aphrodisiaque, larca.

Au cœur de la montagne, à 3000m, une formation géologique curieuse fait apparaître une architecture minérale à la polychromie étonnante, le vert de gris naît de la terre, sa complémentaire rouge suit pour céder la place au blanc craie, sans transition, la terre ocre laisse transparaître le vert végétal des rares épineux. La piste étroite, tout juste praticable, nous mène à un ancien refuge, déserté depuis quelques décennies par les chercheurs d'or, et plus haut, au téléphérique, à l'abandon, vestige de leur fébrile activité, vision fantôme d'un autre temps.

Nous sommes à 4500m. A l'horizon, les 6200m de Famatina n'ont pas la noblesse et la majesté de nos sommets alpins mais ce joyau blanc qui semble préservé de l'homme, dans son écrin de rocailles hostiles inspire respect et humilité. Ce vol tant attendu, seuls trois pilotes le réaliseront, en partie, puisqu'il leur faudra plus de cinq heures de marche pour trouver trace de civilisation. Les autres, punis du mauvais choix du versant subiront la violence des rouleaux d'un front naissant. Nous aurions atteint le sommet une heure plus tôt et le rêve devenait réalité. La haute montagne appartient à ceux qui se lèvent tôt et cette malheureuse expérience fut la deuxième du voyage, c'est regrettable.

Les effets de l'altitude se font sentir, malaise indéfinissable, maux de tête et nerfs à fleur de peau. Cinq heures pour redescendre au campement, cahoté dans les ornières de ce chemin qui n'en finit plus. Le soir, les eaux transparentes du torrent sont un bain de jouvence pour notre physique et notre psychique malmenés.