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Un coin de paradis, Un coin de paradis - 5ème partie

Après une longue mais facile descente, nous atteignons la vallée, royaume des marécages. Ce n'est jamais vraiment agréable de se trouver piégé dans ces zones boueuses, et marcher sur ce genre de sol n'est vraiment pas facile. Bientôt nous rencontrerons une végétation de toundra, faite d'herbe, d'arbustes, de mousse et de lichen. Après le sol caillouteux de la montagne, déambuler sur ce souple tapis de végétation est vraiment relaxant.

A l'abri du vent au fond de cette vallée, nous sentons la douce chaleur du soleil nous réchauffer les épaules. Nous longeons la rive de la rivière Moby Dick. En hiver, seul un mince filet d'eau serpente tranquillement au fond de son lit, mais au printemps, à la fonte des neiges, un impétueux torrent dévale les pentes jusqu'au bout de la vallée, arrachant des pans entiers de terre de ses rives. A la fin du printemps, la rivière encore gonflée, coule plus paisiblement. Des éléphants de mer nagent nonchalamment en descendant son cours jusqu'à la plage à l'embouchure de la rivière. Là, les femelles mettent bas un unique bébé surnommé « bonbon », probablement parce qu'ils sont une espèce de friandise pour les orques qui patrouillent habituellement le long les rivages de l'île chaque année à la même époque. A mesure que nous approchons de la mer, nous discernons plus précisément le chant guttural des manchots rassemblés sur le rivage. Sont-ils conscients de la présence des baleines tueuses ?

Le sable a remplacé l'herbe et les mousses. On peut suivre très facilement la trace des éléphants de mer qui ont rampé dans le sable gris. Les mères sont à la recherche de la meilleure place pour mettre bas leur petit. Les femelles se rassemblent en harem autour d'un male dominant qui peut peser jusqu'à deux tonnes. De temps en temps, de furieux combats éclatent entre deux males. Le vainqueur dominera le harem. Au cours de ces combats, les males se soucient peu des petits, et un grand nombre de ces derniers sont écrasés par ces mastodontes. La plage est couverte des restes de manchots et de bébés d'éléphants de mer qui sont rapidement dévorés par les nombreuses espèces nécrophages. Seuls restent quelques ossements qui seront définitivement éparpillé par les vents violents.

Nous marchons silencieusement. Nous n'éprouvons pas le besoin de parler. Nous avons simplement envie de nous fondre parmi toutes ces espèces sauvages qui vivent et meurent ici depuis des millénaires. Notre chalet dénature un peu le côté sauvage de l'endroit, même s'il est minuscule et rudimentaire. Il n'y a ni eau courante, ni électricité. Un minuscule panneau solaire fourni suffisamment d'énergie pour alimenter un émetteur radio, seul lien avec la base et la civilisation. Un chauffage au gaz, aussitôt allumé, distille une douce chaleur dans le chalet. Nous cuisinons des boites de conserve sur une antique gazinière coincée entre deux lits superposés, une table et deux bancs. L'endroit est si exigu qu'il n'y a pas de place pour le surplus. Malgré ces conditions de vie spartiates, nous nous sentons en paix dans notre demeure. Ce soir, une faible lumière vacille dans la pénombre, seule preuve d'une présence humaine. Basile est assis face à moi. Il mange à peine. Je devine qu'il est épuisé, mais je sais qu'il aura malgré tout du mal à trouver le sommeil. Il va probablement voir défiler de nombreuses images de cette interminable journée imprimées dans son esprit.

- « Il faut qu'on dorme un peu maintenant, demain il y a encore du chemin à faire pour arriver sur la base. » - « Je présume qu'on va rentrer à pieds ? » - « Je ne me fais pas de souci pour ça, je suis sûr que tu seras en forme demain. » - « Finalement, tu as raison, ce chalet est un vrai palace ! Je pense que je passerai tous mes week-ends ici. » Moi, je sais que je ne le reverrai plus jamais. Dans quelques jours, je vais quitter cette île merveilleuse pour toujours, je vais quitter ce coin de paradis à jamais. J'essuie d'un revers de main la petite larme qui court sur ma joue. Il est temps de tourner la page…

 

Après une longue mais facile descente, nous atteignons la vallée, royaume des marécages. Ce n'est jamais vraiment agréable de se trouver piégé dans ces zones boueuses, et marcher sur ce genre de sol n'est vraiment pas facile. Bientôt nous rencontrerons une végétation de toundra, faite d'herbe, d'arbustes, de mousse et de lichen. Après le sol caillouteux de la montagne, déambuler sur ce souple tapis de végétation est vraiment relaxant.

A l'abri du vent au fond de cette vallée, nous sentons la douce chaleur du soleil nous réchauffer les épaules. Nous longeons la rive de la rivière Moby Dick. En hiver, seul un mince filet d'eau serpente  tranquillement au fond de son lit, mais au printemps, à la fonte des neiges, un impétueux torrent dévale les pentes jusqu'au bout de la vallée, arrachant des pans entiers de terre de ses rives. A la fin du printemps, la rivière encore gonflée, coule plus paisiblement. Des éléphants de mer nagent nonchalamment en descendant son cours jusqu'à la plage à l'embouchure de la rivière. Là, les femelles mettent bas un unique bébé surnommé « bonbon », probablement parce qu'ils sont une espèce de friandise pour les orques qui patrouillent habituellement le long les rivages de l'île chaque année à la même époque.

A mesure que nous approchons de la mer, nous discernons plus précisément le chant guttural des manchots rassemblés sur le rivage. Sont-ils conscients de la présence des baleines tueuses ?

Le sable a remplacé l'herbe et les mousses. On peut suivre très facilement la trace des éléphants de mer qui ont rampé dans le sable gris. Les mères sont à la recherche de la meilleure place pour mettre bas leur petit. Les femelles se rassemblent en harem autour d'un male dominant qui peut peser jusqu'à deux tonnes. De temps en temps, de furieux combats éclatent entre deux males. Le vainqueur dominera le harem. Au cours de ces combats, les males se soucient peu des petits, et un grand nombre de ces derniers sont écrasés par ces mastodontes. La plage est couverte des restes de manchots et de bébés d'éléphants de mer qui sont rapidement dévorés par les nombreuses espèces nécrophages. Seuls restent quelques ossements qui seront définitivement éparpillé par les vents violents.

Nous marchons silencieusement. Nous n'éprouvons pas le besoin de parler. Nous avons simplement envie de nous fondre parmi toutes ces espèces sauvages qui vivent et meurent ici depuis des millénaires. Notre chalet dénature un peu le côté sauvage de l'endroit, même s'il est minuscule et rudimentaire. Il n'y a ni eau courante, ni électricité. Un minuscule panneau solaire fourni suffisamment d'énergie pour alimenter un émetteur radio, seul lien avec la base et la civilisation. Un chauffage au gaz, aussitôt allumé, distille une douce chaleur dans le chalet. Nous cuisinons des boites de conserve sur une antique gazinière coincée entre deux lits superposés, une table et deux bancs. L'endroit est si exigu qu'il n'y a pas de place pour le surplus. Malgré ces conditions de vie spartiates, nous nous sentons en paix dans notre demeure. Ce soir, une faible lumière vacille dans la pénombre, seule preuve d'une présence humaine.

Basile est assis face à moi. Il mange à peine. Je devine qu'il est épuisé, mais je sais qu'il aura malgré tout du mal à trouver le sommeil. Il va probablement voir défiler de nombreuses images de cette interminable journée imprimées dans son esprit.

-          « Il faut qu'on dorme un peu maintenant, demain il y a encore du chemin à faire pour arriver sur la base. »

-          « Je présume qu'on va rentrer à pieds ? »

-          « Je ne me fais pas de souci pour ça, je suis sûr que tu seras en forme demain. »

-          « Finalement, tu as raison, ce chalet est un vrai palace ! Je pense que je passerai tous mes week-ends ici. »

Moi, je sais que je ne le reverrai plus jamais. Dans quelques jours, je vais quitter cette île merveilleuse pour toujours, je vais quitter ce coin de paradis à jamais. J'essuie d'un revers de main la petite larme qui court sur ma joue. Il est temps de tourner la page…