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l'histoire de France, La révolution de 1789 - la Bastille

Le 12 juillet 1789, dans les jardins du Palais-Royal, un jeune homme hors de lui vient de sauter sur une table. Il agite violemment une liasse de papiers. Il crie : - Patriotes, on en veut à notre liberté ! C'est un jeune avocat. Il s'appelle Camille Desmoulins. Aussitôt, la foule des promeneurs, attirée dans les jardins par un temps superbe, accourt, fait cercle autour de lui. Il tremble de colère et d'émotion. Il s'exclame : - Parisiens, ce que la cour de Versailles prépare, c'est une Saint-Barthélemy des patriotes ! Vous vous souvenez sûrement de ce massacre de protestants que Catherine de Médicis avait organisé le jour de la Saint-Barthélemy. Desmoulins affirme donc que la cour veut faire la même chose contre les patriotes. Un frémissement terrifié parcourt la foule. Des cris hostiles s'élèvent : - A bas la cour ! Vive la liberté !

Camille Desmoulins, qui bégaye un peu, dénonce les dernières mesures prises par Louis XVI. Pourquoi le roi a-t-il envoyé 20 000 soldats à Paris ? N'est-ce pas pour écraser les amis de la liberté ? Pourquoi a-t-il renvoyé son ministre Necker, un libéral, qui avait la confiance de tous ? Au temps de Catherine de Médicis les protestants se sont laissés surprendre. Il ne faut pas que les patriotes tombent dans le même piège.

- Aux armes !

crie Desmoulins.

Une immense clameur lui répond.

- Aux armes !

Le 12, le 13, le 14, ce sera l'unique préoccupation des Parisiens : se procurer des armes pour se défendre. On pille les boutiques des armuriers. Le 14 au matin, on envahit l'Hôtel des Invalides. On s'y empare de plusieurs canons et de 32 000 fusils. Un grand cri retentit enfin : - A la Bastille ! Imaginez une énorme masse de trente mètres de hauteur, flanquée de neuf tours énormes, entourée d'une double enceinte et de deux fossés pleins d'eau. La Bastille domine tout le quartier Saint-Antoine, elle écrase les maisons qui l'entourent, les couvents, les jardins. Elle apparaît si redoutable, cette Bastille, que beaucoup la jugent imprenable. Ils oublient que pour la défendre, le gouverneur M. de Launay, ne dispose que de 80 invalides – vieux soldats qui achèvent là paisiblement une vie de combats – et de 30 suisses pour les encadrer.

Une foule énorme a envahi les abords de la forteresse. M. de Launay accepte de recevoir les délégués de ce peuple en furie. On lui demande de livrer la poudre et les armes dont il a la garde. Il refuse. Dès lors, il est perdu.

Quelques instants plus tard, deux colosses parviennent à se hisser sur les énormes chaînes qui maintiennent relevé le pont-levis. Ils les brisent à coup de hache.

Le pont-levis s'abat sur le fossé et les assaillants s'engouffrent à l'intérieur. Launay fait ouvrir le feu sur eux. Une bataille sanglante s'engage qui va durer des heures. Des heures pendant lesquelles la colère du peuple devient de la haine.

Launay espère que l'armée viendra à son secours. Du haut des murailles, il ne peut retenir sa joie quand il voit paraître les gardes Françaises, au nombre de 3 à 400. Ils s'approchent au pas de charge. Sûrement ils vont enfoncer la foule. Pas du tout ! Follement acclamés, les gardes françaises pactisent avec le peuple et tournent leurs cinq canons contre la Bastille !

Launay capitule. La foule, dès qu'elle s'est emparée de lui, le met à mort. Pour la première fois, le sang a coulé pour la liberté.

La Bastille était une prison d'Etat. Longtemps, une simple décision royale avait suffi à y faire incarcérer sans jugement un citoyen. Même si en 1789, on n'en est plus là – il n'y a que sept prisonniers dans la forteresse, un criminel, quatre faussaires et deux fous – la Bastille apparaît toujours comme un symbole de « l'arbitraire », autrement dit d'une autorité à laquelle personne ne peut s'opposer. C'est pour cette raison que la Bastille a représenté aux yeux des Français le début d'une ère nouvelle : celle où les droits des citoyens ont cessé de dépendre de la volonté d'un seul. Pour cette raison aussi que, depuis1880, le 14 juillet est la « fête nationale » de la France.

Dans sa chambre du château de Versailles, son gros ventre gonflant drap et couverture, Louis XVI dort à poings fermés. Une voie le réveille, celle de l'un de ses familiers penchés vers lui : - Sire ! Le roi cligne ses yeux myopes, reconnaît le duc de Liancourt. Celui-ci a l'air inquiet. - Sire, la Bastille est prise !

Du coup, voilà le roi tout à fait réveillé.

- Prise ? fait-il stupéfait.

- Oui, sire, par le peuple. Le gouverneur a été assassiné. On porte sa tête sur une pique par toute la ville.

- Mais alors, c'est une révolte ? - Non sire. C'est une révolution. Louis XVI ouvre de grands yeux. Il ne comprend pas. A mesure que la Révolution marquera des points dans ce « match » qui l'oppose à lui, il comprendra de moins en moins. Pourtant, ce n'est pas la bonne volonté qui lui manque. Pour apaiser ses sujets, il rappelle Necker, renvoie les troupes, accourt à Paris, ne reproche rien à personne, adopte l'insigne – une cocarde bleu et rouge – que se sont donné les Parisiens révoltés. Il se contente d'y ajouter sa propre couleur, celle de la monarchie, le blanc. Du coup, voici que sont nées les couleurs nationales qui restent aujourd'hui celles du drapeau français : bleu, blanc, rouge. Il ne comprend rien, le pauvre roi, quand on lui dit qu'à travers les campagnes commence à se répandre ce que les gens appellent une « grande peur ». Les paysans redoutent que les nobles, par haine de la révolution, ne veuillent, par la force, tout rétablir comme avant. Alors, ils prennent les devants et attaquent les châteaux. Partout ils brûlent les antiques documents où sont inscrites les corvées qu'ils doivent effectuer pour le seigneur et les redevances qu'ils sont contraints de lui verser. Comment Louis XVI comprendrait-il ? Tout cela est pour lui si inattendu, si nouveau !

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Le 12 juillet 1789, dans les jardins du Palais-Royal, un jeune homme hors de lui vient de sauter sur une table. Il agite violemment une liasse de papiers. Il crie :

-         Patriotes, on en veut à notre liberté !

C'est un jeune avocat. Il s'appelle Camille Desmoulins.

Aussitôt, la foule des promeneurs, attirée dans les jardins par un temps superbe, accourt, fait cercle autour de lui. Il tremble de colère et d'émotion. Il s'exclame :

-         Parisiens, ce que la cour de Versailles prépare, c'est une Saint-Barthélemy des patriotes !

Vous vous souvenez sûrement de ce massacre de protestants que Catherine de Médicis avait organisé le jour de la Saint-Barthélemy. Desmoulins affirme donc que la cour veut faire la même chose contre les patriotes. Un frémissement terrifié parcourt la foule. Des cris hostiles s'élèvent :

-         A bas la cour ! Vive la liberté !

Camille Desmoulins, qui bégaye un peu, dénonce les dernières mesures prises par Louis XVI. Pourquoi le roi a-t-il envoyé 20 000 soldats à Paris ? N'est-ce pas pour écraser les amis de la liberté ? Pourquoi a-t-il renvoyé son ministre Necker, un libéral, qui avait la confiance de tous ? Au temps de Catherine de Médicis les protestants se sont laissés surprendre. Il ne faut pas que les patriotes tombent dans le même piège.

-         Aux armes ! crie Desmoulins.

Une immense clameur lui répond.

-         Aux armes !

Le 12, le 13, le 14, ce sera l'unique préoccupation des Parisiens : se procurer des armes pour se défendre. On pille les boutiques des armuriers. Le 14 au matin, on envahit l'Hôtel des Invalides. On s'y empare de plusieurs canons et de 32 000 fusils. Un grand cri retentit enfin :

-         A la Bastille !

Imaginez une énorme masse de trente mètres de hauteur, flanquée de neuf tours énormes, entourée d'une double enceinte et de deux fossés pleins d'eau. La Bastille domine tout le quartier Saint-Antoine, elle écrase les maisons qui l'entourent, les couvents, les jardins. Elle apparaît si redoutable, cette Bastille, que beaucoup la jugent imprenable. Ils oublient que pour la défendre, le gouverneur M. de Launay, ne dispose que de 80 invalides – vieux soldats qui achèvent là paisiblement une vie de combats – et de 30 suisses pour les encadrer.

Une foule énorme a envahi les abords de la forteresse. M. de Launay accepte de recevoir les délégués de ce peuple en furie. On lui demande de livrer la poudre et les armes dont il a la garde. Il refuse. Dès lors, il est perdu.

Quelques instants plus tard, deux colosses parviennent à se hisser sur les énormes chaînes qui maintiennent relevé le pont-levis. Ils les brisent à coup de hache.

Le pont-levis s'abat sur le fossé et les assaillants s'engouffrent à l'intérieur. Launay fait ouvrir le feu sur eux. Une bataille sanglante s'engage qui va durer des heures. Des heures pendant lesquelles la colère du peuple devient de la haine.

Launay espère que l'armée viendra à son secours. Du haut des murailles, il ne peut retenir sa joie quand il voit paraître les gardes Françaises, au nombre de 3 à 400. Ils s'approchent au pas de charge.

Sûrement ils vont enfoncer la foule. Pas du tout ! Follement acclamés, les gardes françaises pactisent avec le peuple et tournent leurs cinq canons contre la Bastille !

Launay capitule. La foule, dès qu'elle s'est emparée de lui, le met à mort. Pour la première fois, le sang a coulé pour la liberté.

La Bastille était une prison d'Etat. Longtemps, une simple décision royale avait suffi à y faire incarcérer sans jugement un citoyen. Même si en 1789, on n'en est plus là – il n'y a que sept prisonniers dans la forteresse, un criminel, quatre faussaires et deux fous – la Bastille apparaît toujours comme un symbole de « l'arbitraire », autrement dit d'une autorité à laquelle personne ne peut s'opposer. C'est pour cette raison que la Bastille a représenté aux yeux des Français le début d'une ère nouvelle : celle où les droits des citoyens ont cessé de dépendre de la volonté d'un seul. Pour cette raison aussi que, depuis1880, le 14 juillet est la « fête nationale » de la France.

 

Dans sa chambre du château de Versailles, son gros ventre gonflant drap et couverture, Louis XVI dort à poings fermés. Une voie le réveille, celle de l'un de ses familiers penchés vers lui :

-         Sire !

Le roi cligne ses yeux myopes, reconnaît le duc de Liancourt. Celui-ci a l'air inquiet.

-         Sire, la Bastille est prise !

Du coup, voilà le roi tout à fait réveillé.

-         Prise ? fait-il stupéfait.

-         Oui, sire, par le peuple. Le gouverneur a été assassiné. On porte sa tête sur une pique par toute la ville.

-         Mais alors, c'est une révolte ?

-         Non sire. C'est une révolution.

Louis XVI ouvre de grands yeux. Il ne comprend pas. A mesure que la Révolution marquera des points dans ce « match » qui l'oppose à lui, il comprendra de moins en moins.

Pourtant, ce n'est pas la bonne volonté qui lui manque. Pour apaiser ses sujets, il rappelle Necker, renvoie les troupes, accourt à Paris, ne reproche rien à personne, adopte l'insigne – une cocarde bleu et rouge – que se sont donné les Parisiens révoltés. Il se contente d'y ajouter sa propre couleur, celle de la monarchie, le blanc. Du coup, voici que sont nées les couleurs nationales qui restent aujourd'hui celles du drapeau français : bleu, blanc, rouge.

Il ne comprend rien, le pauvre roi, quand on lui dit qu'à travers les campagnes commence à se répandre ce que les gens appellent une « grande peur ». Les paysans redoutent que les nobles, par haine de la révolution, ne veuillent, par la force, tout rétablir comme avant. Alors, ils prennent les devants et attaquent les châteaux. Partout ils brûlent les antiques documents où sont inscrites les corvées qu'ils doivent effectuer pour le seigneur et les redevances qu'ils sont contraints de lui verser.

Comment Louis XVI comprendrait-il ? Tout cela est pour lui si inattendu, si nouveau !